Louis Aliot dans le colimateur de la police judiciaire pour une affaire d’emploi fictif
Ce vendredi 21 juin, Louis Aliot a été interrogé par la Police Judiciaire de Montpellier. Candidat à la mairie de Perpignan et actuel député RN des Pyrénées-Orientales, Louis Aliot a été entendu en audition libre concernant l’emploi fictif dont aurait bénéficié son ancien assistant parlementaire, Mohamed Bellebou. Il est arrivé à cette convocation accompagné de son avocat.
A nouveau soupçonné
Ce n’est pas la première fois que Louis Aliot est impliqué dans une enquête pour un emploi fictif. La chasse aux faux assistants parlementaires RN et à leurs employeurs eurodéputés l’avait déjà jeté en pâture en 2014. A l’origine, c’était un courrier anonyme qui avait saisi l'office européen de lutte antifraude (OLAF) et attiré son attention sur les « possibles fraudes » le concernant ainsi que Florian Philippot, tous deux assistants à mi-temps de l'eurodéputée Marine Le Pen.
Louis Aliot avait été évoqué dans cette affaire par Médiapart comme étant le compagnon de Marine Le Pen. Le site en ligne dénonçant un « conflit d’interêt » s’était procuré son contrat de travail à 5 000 euros bruts par mois et l’avait révélé. Problème : Ce type d’embauche est formellement proscrit. C’est une infraction au réglément du parlement européen qui stipule clairement qu’aucun député ne devrait : « financer les contrats permettant l’emploi ou l’utilisation des services des conjoints des députés ou de leurs partenaires stables non matrimoniaux ». La présidente du parti Marine Le Pen avait porté plainte contre le quotidien pour diffamation.
Cette accusation avait fait l’objet d’une enquête. Les poursuites sont finalement abandonnées. Pour M. Le Pen, il n’y avait aucun lieu de considérer son assistant comme « conjoint » ou « partenaire stable non matrimonial ». Cependant, entre 2017 et 2018, d’autres investigations s’approfondissent et les soupçons s’étendent sur tout le fonctionnement du parti ainsi que les pratiques financières douteuses le finançant. 14 personnes eurodéputés et leurs assistants sont mises en examen parmi lesquelles Louis Aliot, Timothée Houssin, Thierry Légier, Nicolas Bay, Guillaume L'Huillier, Micheline Bruna, Bruno Gollnisch. La nouvelle affaire n’est pas liée à celle-ci.
Mohamed Bellebou plaçé en garde à vue
La police judiciaire cible Mohamed Bellebou, assistant de Louis Aliot, alors qu’il était député européen de 2014 à 2016. Pendant cette même période, l’homme aurait également eu un contrat le reliant à une imprimerie à Limoges. Cette société nommée Imprimatur serait par la même occasion l'un des imprimeurs réguliers de l'ancien-FN.
Placé en garde à vue, Mohamed Bellebou proche de Louis Aliot depuis une quinzaine d'années et par ailleurs conseiller municipal de Perpignan, a été libéré en fin de l’après-midi du 21 Juin . Il a été entendu par la division économique et financière de la Police Judiciaire de Montpellier qui s'interroge sur cette double activité qui lui aurait permis de toucher tout de même la mirobolante somme de 22.800 euros des fonds publics, pendant la période du contrat. Notons que le jeudi 14 mars dernier dans les locaux municipaux du Rassemblement national à Perpignan, une perquisition avait déjà été effectuée le cadre de la même enquête.
« Ce qu'on me reproche ne repose sur rien. Ces auditions sont la suite logique de l'enquête et des perquisitions effectuées en mars 2019 à Perpignan. Les conditions de l'emploi de M. Bellebou nous interrogent. il était employé d'une entreprise d'imprimerie et également à la disposition du Front National. Quelles sont les conditions de cet emploi, c'est ce que nous cherchons à savoir » précise le procureur Jean-Pierre Fagni sur l’indépendant.fr .
« Victime d’une cabale »
Louis Aliot s’est dit serein et pas inquiet au sortir de son audition : « Nous considérons que l'audition s'est bien passée, j'ai apporté tous les éléments de preuve que l'emploi a bel et bien été occupé. Nous attendons un classement sans suite », a déclaré à l'AFP le député M. Aliot.
Contacté par France Bleu Roussilon le même jour, il a dénoncé fermement la médiatisation rapide de cette audition à la PJ de Montpellier en déclarant qu’il s’agirait en réalité d’une affaire politique. Il a annoncé à ce sujet son intention de déposer une plainte pour violation du secret de l'enquête et pour diffamation, contre les propos tenus à son sujet par le procureur de Perpignan : « Je n'en resterai pas là. Je remarque que nous sommes dans une affaire politique », a-t-il affirmé sur 20 minutes.fr. Le compagnon de Marine Le Pen se dit victime d'une cabale, confirmée par des dénonciations calomnieuses lancée par un adversaire politique.