mardi 17 novembre 2009 - par Philippe Sage

Mais Au Fait, Où Est-Elle, La “France D’Après” ?

Te souviens-tu d’un clip de campagne du candidat Nicolas Sarkozy, un clip qui fête ses trois ans ce mois-ci, puisque datant de novembre 2006 (“Jo-yeuuuux anniiiii-ver-sairrrre, le clip de campagne de Nicolas !”) ?
Sur une musique non pas d’ascenseur (social ?) mais typique de celle illustrant ces spots publicitaires vantant qui une assurance, qui une banque, qui une agence-intérim-de winners-où-tout-le-monde-il-est-beau-et-sourit, Nicolas récitait un texte, le ton pausé, rassurant. C’est ce que l’on appelle un slam.
Il portait un titre, ce slam : “Imaginons La France d’Après !

Je te propose d’y retourner, aidé d’un café corsé ou, à défaut, d’un schnaps carabiné, ensuite de quoi, j’en suis certain, tu te battras bec et ongles contre cette absurde proposition, celle d’un "droit à l’oubli" (il n’en est pas question, madame NKM, car ce serait alors nous priver de ce nectar, ce document que je qualifie sans barguigner d’historique, ce clip qui doit mordicus rester sur le Net afin d’instruire nos mémoires trop souvent sélectives ou capricieuses quand ce n’est point branlantes ..) :


Quelle émotion - et à la fois, quel choc ! - n’est-ce pas, nous éprouvons et ressentons à l’écoute et la vision de ce clip !
Ce slam d’une minute et quarante cinq secondes qui vire, au final, en comédie musicale de pacotille chantée (?) par de jeunes godelureaux, aussi creux que fats (“On peut tous imaginer-ié-ié-iéééé/Mumh, mumh, mumh”) !
Ah, mais quel sublime désastre de l’art contemporain et numérique ! A ce point, que vois-tu, plutôt que d’enseigner - au nom d’une identité nationale (pathétique cache-misère, vil subterfuge !) - à nos enfants une sanguinaire Marseillaise, je me plais à imaginer que l’on fît, chaque matin dans toutes les écoles, tous les collèges et lycées de France, récitation de ce texte riche de deux cent vingt-trois mots, afin que chacun se souvienne qu’un jour, alors que l’hiver et Legrand Augustin toquaient à notre porte, un homme nous contait une France où le vent caressait les coquelicots ; une "France d’Après".

Une France où le salarié, extatique, victorieux, déambule, bras levés, dans son entreprise, ou croule de bonheur sous des dossiers multicolores.
Une France où l’égalité des chances, c’est pouvoir, dès haut comme trois pommes, contempler à perpette et derrière de frimeuses lunettes, les neiges éphémères de nos pistes skiables.
Une France où la liberté, c’est se fendre, acrobate, d’une roue dans la rue, jeter son corps sur un duvet de fleurs.
Une France aux visages multiples, bigarrés, éclatants, invariablement souriants.
Une France où, cadre supérieur, tu fais le con sur un vélo ; à bout de bras, projettes, envoies virevolter ton enfant dans le ciel bleu.

Une France dont l’ambition est de montrer au monde un chemin original, chemin symbolisé à l’image par un avion s’envolant, et tiens donc, on pense – trois ans après, qui pourrait nous le reprocher ? – à trois afghans qui seraient dans cet avion, trois afghans retournant, via Air Besson, dans leur pays dévasté par la guerre et les privations. Comme chemin, comme ambition, ça oui, c’est pour le moins “original” …
Oh j’en conviens, c’est faire preuve de bien mauvais esprit, que de relever cela. En même temps, comment ne pas le relever, les images aidant ! – c’est terrible, non, les images ? Mais à vouloir ne vivre (et régner) que par l’image, il fallait bien se douter, qu’elles se vengeraient, les braves salopes ! C’est comme une épée, une image ! Ceusses qui l’utilisent comme un glaive, un jour, par elles périront.
Oui, c’est terrible, l’image, car vois-tu, afghans nonobstant, cette France promise il y a trois ans, cette "France d’Après", elle n’existe (toujours) pas.

Trois ans après, c’est une France où le chômage, la précarité et la souffrance croissent. Point de vent caressant paisiblement un champ de coquelicots, mais - sous prétexte d’une crise qui jamais n’atteint ni ne touche le puissant - une pluie de licenciements balayant les pots de terre que nous sommes.

On ne croule pas de bonheur, non plus, sous les dossiers multicolores, on se suicide, plutôt, à France Télécom, chez Renault, PSA-Citroën, dans la police, chez les agriculteurs, les vieux et les chômeurs. C’est la France qui se suicide plus tôt. Plutôt qu’elle ne se lève.

On ne fait pas plus virevolter son gamin dans le ciel bleu, on devine celui, gris, abyssal, de sa dette, celle que l’on creuse sans compter et qu’il devra combler, moins par le mérite que par ses efforts, toujours et encore, des efforts. Dimanche compris. Suer plus et plus longtemps, jusqu’à, disons, tes soixante huit ans. Pour la prospère tranquillité de - toujours les mêmes, bien que moins nombreux me dit-on - quelques croquants : banquiers, assureurs, hommes d’affaires et/ou de pouvoir.

Bref.

Trois ans après ce slam de Nicolas, il faut bien le constater, la "France d’Après" n’est pas là.
Trois ans après ce slam de Nicolas, la France, en réalité, c’est un ... Grand Corps Malade

NB : Mais ne perdons pas espoir, car comme le dit le slam : il n’y a pas de fatalité, il y a certainement une France d’Après … Après Sarkozy !
 


17 réactions


  • Arcane 17 novembre 2009 12:07


    Ah, si l’Après pouvait venir avant rapidement ...


  • foufouille foufouille 17 novembre 2009 12:30

    ca a marche
    les moutons ont voter


    • pruliere pruliere 17 novembre 2009 14:19

      hélas oui....et tu verras qu’ils revoterons !

      Les américains avec Bush et les italiens avec Berlu ont réélu leur équivalent Sarko ! Il n’ y a pas de raisons qu’il n’en soit pas de même chez nous !


    • bprat bprat 17 novembre 2009 16:10

      C’est bien ça le problème. Les Français ont vraiment la mémoire courte, et les alternatives à Sarkozy dans le paysage politique manquent, ou sinon ce sont les camps extrêmes. Et le risque est que l’histoire se répète avec l’élection d’un hyper extrémiste. C’est dans des climats tels que celui-ci que des guerres ont éclatées. Ça me fait penser à une fable de La Fontaine : Les Grenouilles qui demandent un Roi - Lien vers la fable : http://www.lafontaine.net/lesFables/afficheFable.php?id=47


    • resistance 17 novembre 2009 23:21

      S’il vous plaît, arrêtez de raconter qu’il n’y a pas d’alternatives à Nicolas Sarkozy. C’est faux ! C’est une manière de rentrer dans son jeu, car c’est lui qui a intérêt à dire qu’il n’y a pas d’alternatives à sa propre personne. Personnellement, je suis plutôt du genre : tout sauf Nicolas Sarkozy : il détruit notre République, il détruit nos valeurs (liberté, égalité, fraternité...) Mais comme je n’ai tout de même pas envie de voter pour un politicien incompétent ou faible, je défendrai la candidature de François Bayrou : il veut défendre les valeurs de la République, sa pensée est construite et cohérente, il est honnête. S’il est élu, il n’aura pas la tâche facile... parce que beaucoup se ligueront contre lui, c’est aussi ce qui arrive à B. Obama. Bon, et après ? Si nous voulons que notre pays avance, il nous faut accepter de courir des risques... et que ceux qui sont lucides sur le danger que représente Nicolas Sarkozy se rassemblent.


  • FLORILEGE1975 FLORILEGE1975 17 novembre 2009 13:12

    Et la France d’avant ? Ils ne la regrettent pas ceux qui ont succombé au clip du plus grand menteur de l’histoire, et qui ont voté pour « le sauveur » ?

    Sarkozy est le plus dangereux casseur de France !!

  • fhefhe fhefhe 17 novembre 2009 16:40

    « Quand l’Homme essaie d’imaginer le Paradis sur terre , ça fait tout de suite un enfer convenable »  : Paul Claudel


  • chips 17 novembre 2009 18:35

    Il y aussi le slogan« je serais le président du pouvoir d’achat » nous voyons, il n’a jamais été aussi mauvais depuis des décennies ...

    LA France dans 10 ans elle on peut l’imaginer, bien pire que maintenant, pas sur que l’on puisse s’en relèver un jour de cette présidence ...


  • etiennepsg etiennepsg 17 novembre 2009 20:41

    très bel article
    Le pire c’est que tout le monde, la gauche, le centre et l’extreme gauche avait prévenu que ce serait le désastre si sarko gouvernait, on voit le résultat aujourd’hui ! vivement 2012, pour qu’on en entende plus parler


  • UnGeko 17 novembre 2009 20:58

    @ L’auteur !

    Là où vous vous tromper c’est que la France d’après n’existe pas ! Vous n’avez pas encore compris que le Yankee de l’Elysée et sa clique de cupides sont là pour déssouder le pays !

    « nous irons ensemble vers le nouvel ordre mondial, et personne, je dis bien personne ne pourra s’y opposer »


    • FLORILEGE1975 FLORILEGE1975 18 novembre 2009 00:57

      Allons, relevons nous et construisons là nous même, la France d’Après, celle que le peuple désire...Dressons nous contre leurs plans machiavéliques, cessons de courber l’échine...
      C’est maintenant qu’il faut agir...


    • Philippe Sage Philippe Sage 18 novembre 2009 12:17

      @ UnGeko : mais n’est-ce pas, justement, ce que je dis dans ce billet : que la France d’Après n’existe pas ..
      En ce qui concerne le but, enfin, celui que vous avancez, « dessouder le pays », ça, par contre, non, je ne l’ai pas dit. Et je ne l’ai pas dit, parce que je ne pense pas que ce soit la réalité ..


  • Voris 18 novembre 2009 09:04

    Le message du clip est pourtant clair : On y voit un enfant virevolter dans le ciel bleu, c’est Jean Sarkozy, le fils choyé de la République à papa. L’image d’après, on voit un gamin lancer un avion, c’est le père Nicolas qui s’offre un palace flottant à 185 millions d’euros grâce à nos sacrifices, dont tout dernièrement l’argent que paieront les accidentés du travail.

    Nous sommes donc bien dans la France d’Après puisque Sarkozy tient ses promesses envers lui-même, envers sa famille et envers ses amis. « What else ? »


    • Philippe Sage Philippe Sage 18 novembre 2009 12:13

      C’est marrant, je pensais comme vous en voyant cet enfant, tous les enfants : dans le ciel, au ski, lançant un avion, je me disais ce sont les fils de Nicolas 1er : Petit Louis et Prince Jean ;)
      Merci de l’avoir dit, d’autant plus que ce n’est pas si faux ...


  • sisyphe sisyphe 18 novembre 2009 10:34

    La France d’après est, comme l’avaient prévu avant, tous ceux qui n’ont pas voté pour le petit Ubu de l’Elysée  : DANS UNE GROSSE MERDE !!!

    Merci encore à ces 20 millions de connards qui nous y ont mis !


  • Le péripate Le péripate 18 novembre 2009 10:49

    Suggestion à Agoravox : cet article me semble être un support publicitaire formidable pour un médicament contre les hémorroïdes. Soyez inventif !

     smiley


  • michel13 18 novembre 2009 18:41
    Il y a de l’espoir, même à l’UMP ils commencent à en avoir marre de sarkozy, de son régime autocratique, du bling blig et du népotisme...

    Témoignages de militants UMP venant de rendre leur carte

    • Sarkozy plus proche de Poutine que de De Gaulle (par Nicolas R)
    Dans ma fédération c’est l’embarras et la langue de bois. Il faut défendre le Président malgré ses actes choquants et provocateurs, tel est le mot d’ordre « non officiel ». Je suis de droite certes, j’ai voté Sarkozy avec enthousiasme certes, mais il y a eu tromperie sur la marchandise. Et c’est l’avis de mes amis adhérents aussi. Nous ne nous sommes pas engagés en politique pour mettre au pouvoir un clan, une famille, un groupe d’amis « bling-bling » se croyant tout permis. Le mode de gouvernance actuel est plus proche de Poutine que de De Gaulle.
    Dans nos groupes de discussions, hélas ! même si tout le monde sait cela, une grande partie essaie de défendre ce président au nom du parti. Ne confondons pas le parti et l’homme ! L’homme n’est pas défendable, il donne une mauvaise image de la France et de la droite. On ne peut pas continuer ainsi. Une opposition interne UMP doit se lever ! On ne peut défendre l’indéfendable, justifier l’injustifiable, sinon on rentre dans un système autocratique dans lequel le chef a le droit de faire ce que bon lui plaît. Après 17 ans, pour la première fois, j’envisage de ne pas renouveler mon adhésion.

    En famille, tout devient possible !


    • J’ai rendu ma carte (par Maxime C)
    Jeune actif, issu des « quartiers populaires » comme on dit, j’ai adhéré en 2007 pour soutenir Nicolas Sarkozy. J’ai même eu quelques responsabilités aux Jeunes Pop’. Je croyais en sa vision du travail, du mérite et de la modernisation de la politique, nationale et internationale.
    Et puis, j’ai encaissé... J’étais dubitatif sur le bouclier fiscal, je voyant pas en quoi cela favoriserait la France « qui se lève tôt »... Mais j’ai soutenu, me disant que le meilleur allait arriver. L’ouverture, je me suis dit pourquoi pas, il fallait rassembler tout les Français. Mais là, Jean Sarkozy, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase ! Et nous sommes nombreux à le penser dans ma fédération (les Bouches-du-Rhône). La valeur travail, le mérite, entre Bolloré, Lagardère, Dassault et Bouygues, je trouvais ça fort de café, mais je continuais à croire en l’UMP national. Mais maintenant Sarkozy c’est décidé, je rends ma carte, et nous sommes nombreux de mes amis à faire de même...

    • Népotisme (par Sylvain L)
    Je suis un adhérent UMP de longue date. J’ai également été collaborateur d’un député UMP. Mon positionnement politique est donc clair. Mais comment ne pas être ébranlé par l’affaire Jean Sarkozy, que je ressens comme un révélateur. Comment nier qu’il s’agit de népotisme, et donc d’une atteinte à la démocratie ? Les discours des lieutenants du président masquent mal une gêne évidente. Je suis en colère lorsque j’entends ces élus tenter de renverser le sens du scandale en criant à la « chasse à l’homme ». De qui se moque-t-on ? En ce qui me concerne, un virage est pris. Je ne peux soutenir directement ou indirectement une telle pratique du pouvoir. Et j’invite ceux qui ressentent cette colère à faire de même et l’exprimer aux instances de l’UMP.

    • Je voterai sanction par (Philippe L)
    Je suis militant, UMP... enfin je l’étais jusqu’à lundi dernier où j’ai demandé à la fédération de Gironde de me retirer définitivement de leurs fichiers. J’ai toujours voté à droite. Pour les municipales de 2008 j’ai pris ma carte. Je croyais bien faire. J’avais voté Sarkozy aux présidentielles, c’était l’occasion de « régulariser ».
    J’ai rapidement fait connaissance des quelques élus locaux et encadrants UMP de ma circonscription qui est un fief socialiste. Tout se passait bien. Et puis est arrivée, la Hadopi, contre laquelle je me suis battu bec et ongles. C’est là que je me suis réveillé. Je n’ai trouvé aucun écho de soutien auprès des forces UMP que je côtoyais, sinon une forme de consternation qui j’ai eu du mal à admettre. Plus le gouvernement y allait de ses contradictions, plus les tensions devenaient grandes. Je l’écrivais dans la presse sous forme de commentaires, je criais « au loup » mais à l’UMP tout le monde feignait de ne point être sensible à mes arguments. Dernièrement avec l’affaire Polanski, je me suis dit qu’ils étaient obligés de réagir, pour une fois...
    Non, ils ont continué à porter le discours gouvernemental. J’ai décidé à ce moment de me retirer de ce parti, dont les valeurs ne correspondaient plus en rien à celles qui nous avaient unis. L’affaire de l’EPAD n’a fait que confirmer le bien fondé de ma décision. J’ai pour principe de ne pas accepter l’abstention comme alternative de vote. Je ne me retrouve plus nulle part. Contraint, je voterai sanction.

    • Une république bananière (par Eric M.)
    Je suis un simple militant, titulaire d’une carte, très fortement motivé par la nécessité de réformes de notre pays sclérosé. L’épisode de l’EPAD est pour moi totalement inacceptable, pour plusieurs raisons. La plus forte est l’absence totale de compétence du candidat. Ne pas être capable d’avoir un DEUG de droit et briguer un poste complexe de gestionnaire. C’est faire injure aux étudiants et professionnels de ce pays, qui n’en manquent pas. Ensuite le cumul des mandats. Vouloir un troisième mandat quand on est encore étudiant, ce n’est absolument pas sérieux. Nul ne peut croire qu’il travaillerait sérieusement, nul ne croit qu’il n’y ait pas d’intérêt financier à cumuler les indemnités. Il règne la plus grande hypocrisie des politiques sur ce thème qui devient extrêmement sensible. Enfin l’absence de franchise quant à l’élection et non la nomination. Qui osera croire qu’un élu, dans un fief acquis, oserait s’opposer quand on voit la faible autonomie des ministres ? Tout ceci est au mieux digne d’une république bananière. Je dis ceci sans aucune agressivité mais avec une réelle déception.

    Source : lemonde.fr
     

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