Manifeste de « Nuit Debout » sur l’éducation : entre poncifs et démagogie bobo
Ils ont décidé de changer le monde, en commençant par la société française toute entière. Ils ont finalement dû se contenter d'occuper quelques places publiques, à Paris notamment, et d'envahir un cinéma à Rennes. Quelques dommages collatéraux ont accompagné nos révolutionnaires en basket : commerces vandalisés (les petits, pas les grands protégés par des sociétés de sécurité), policiers blessés, intellectuels insultés (Finkielkraut), voie publique souillée etc.
"Ils", ce sont les activistes de "Nuit debout". Des militants qui n'ont rien inventé de bien original. Des sit-in avec discours orientés, des propositions votées à main levée comme en RDA il y a quarante ans, un refus du débat contradictoire et une volonté d'en découdre avec les forces de l'ordre. Bref, une "révolte" d'adolescents attardés comme la France en connait régulièrement depuis 1968.
Bien que ces gens ne représentent qu'eux-mèmes - on rappelera que l'extrême-gauche ne pèse qu' 1% des suffrages aux élections démocratiques - ils entendent donner leur avis sur tous les sujets, dont l'éducation. En l'occurence, leurs propositions font autant sourire que laisser dubitatif sur les influences de leurs auteurs.
Le site café pédagogique a estimé utile de publier ce "manifeste pour l'éducation". Pour faire simple, on y apprend que l'école est méchante avec les pauvres, qu'il y a des discriminations et du racisme, trop de sélection, du stress, que l'éducation dresse les enfants, qu'elle est aux ordres du grand capital (!), qu'il faut en faire un lieu de convivialité festive... Bref, les âneries classiques râbachées par les démagogues depuis des lustres.
Il convient toutefois de dissiper un malentendu. Ce ne sont pas les "soixantuitards" qui cautionnent ces "propositions". Dans les années 1970, les courants type école émancipée et de pédagogie active avaient pour objectif de faire progresser tous les élèves, dont les plus modestes. Il s'agissait de mettre le savoir à disposition du plus grand nombre. Les essais de méthode semi-globale de lecture, par exemple, entraient dans ce cadre. Cette génération a échoué en partie, mais qu'on le veuille ou non, elle souhaitait faire avancer les choses. Or "Nuit debout" ne propose rien d'autre que la fin de l'école ; apprendre ses leçons, faire des efforts, respecter des règles de vie, tout cela sonne "facho" pour nos agitateurs au smartphone dernier cri.
L'auteur de l'article a enseigné durant des années en banlieue populaire. Les aspirations des gens des quartiers ne sont pas celles de l'extrême-gauche bobo. Autorité, ordre, travail bien fait et respect des valeurs familiales étaient les repères en vigueur chez ces familles modestes, souvent issues de l'immigration, qui essayaient d'éduquer leurs enfants malgré le climat d'inversion des valeurs qui prédomine dans l'hexagone depuis quelques années.
"Nuit debout" ne s'interesse pas à la violence en milieu scolaire, au niveau en lecture des mômes et aux insuffisances en matière de lien avec les entreprises pour insérer les lycéens, ni à la question de l'apprentissage sous-développé en France par rapport à l' Allemagne. La préoccupation de nos rebelles est de faire la révolution, celle des groupuscules alergiques à la république. On aura beau jeu de s'alarmer de l'extrême-droite, quand l'autre extrême agresse nos policiers et vandalise les petits commerces. Que ces gens se présentent aux élections s'ils souhaitent faire passer leurs opinions...
Pour conclure, recommandons aux auteurs de ce manifeste pour l'éducation de s'appliquer un principe de base pour élever leurs enfants, et favoriser leurs apprentissages à l'école : dormir la nuit, au moins huit heures. Cela permet de récupérer et d'être intellectuellement disponible dans la journée. Compte-tenu de la médiocrité des échanges de la Place de la République, qu'ils pratiquent "Nuit couchée" : riverains, policiers et braves gens les en remercieront.