samedi 14 février 2015 - par ALEA JACTA EST

MARSHLAND... Le film qui fait un carton en Espagne

Cette semaine j'ai vu LA ISLA MINIMA traduit en France sous le titre de MARSHLAND, un film espagnol d'Alberto Rodriguez qui a recolté 10 statuettes à la cérémonie des GOYA ( les Césars espagnols..) : meilleur film et réalisateur, meilleur scénario, meilleur interprète masculin, meilleure photographie...

Afin de ne pas être accusé de parti pris je vous livre ici une critique française un peu moins dithyrambique que celles de leurs collègues espagnols.

 

" Le sud de l’Espagne, 1980. Une série de meurtres brutaux de jeunes adolescentes dans une ville éloignée et oubliée réunit deux personnages disparates – tous deux détectives dans la division homicide – pour investir sur ces cas. Avec de profondes divisions dans leur idéologie, les détectives Juan et Pedro doivent mettre de côté leurs différences pour être capable de pourchasser un meurtrier qui a terrorisé la communauté depuis des années, profitant d’un manque d’intérêt pour les femmes ancré dans un passé misogyne.

Dès les premières images, le film frappe par son ambition formelle, que ce soit au niveau de la reconstitution de cette campagne espagnole du début des années 80 qu’au niveau de la mise en scène léchée avec quelques poursuites en plans séquences du meilleur effet. Si le cinéaste fait le choix de privilégier le réalisme, volonté louable, le film souffre parfois d’un récit un peu trop froid et clinique qui par moments, finit par lasser. Si le film s’inspire clairement du cinéma américain de genre, avec notamment certaines scènes comme tournées en Louisiane, il surprend par son rythme aux antipodes des classiques du genre, donnant cette impression de longueurs un peu gênante pour apprécier pleinement ce bel exercice de style. Le petit twist final réhausse toutefois l’ensemble ! Une semi-déception."

Pour ma part, j'ai d'abord été agréablement surpris par la qualité de la production et des images. Les marais du Guadalquivir sont traités ici comme une des parties prenantes de cette histoire.

Mais surtout ce sont les deux flics qui travaillent ensemble qui retiennent l'attention. L'ancien policier, assez violent dont on devine qu'il a dû avoir un rôle très trouble durant l'époque franquiste, et le petit jeune qui incarne la nouvelle génération qui a à coeur de mettre en oeuvre de nouvelles méthodes plus en accord avec le récent climat de démocratie dont bénéficie le pays.

Au fur et à mesure que se déroule l'intrigue le personnage du flic ex-facho nous subjugue car on le sent désireux de faire acte de rédemption... cette enquête sera l'occasion pour lui de régler des comptes avec lui-même et avec son passé... Il y a des scènes où il est à la fois super sympa, offre sa tournée dans les bars, emballe les gonzesses, et d'autres où d'un seul coup il est d'une extraordinaire violence... Et là, croyez-moi les amis, le film n'en rajoute pas car tous les témoignages que j'ai moi-même recueilli confirment l'usage à l'époque de ces méthodes peu orthodoxes. C'est d' autant plus frappant dans le film que l'interprète est plutôt petit et n' a pas la carrure d'une grosse brute mais cette violence qu'il porte en lui et qu'il a du mal à tempérer éclate littéralement à l'écran...

Je ne veux pas en dire plus mais ce rôle qui évolue au cours de l'histoire est magnifiquement interprété par Javier Gutierrez et mérite à lui seul de voir ce film.Son GOYA est plus que mérité.

Ce film-là me parle, et je sais que ça se passait comme ça même si je n'étais pas encore en Espagne à l'époque des faits...

La musique du film permet de se laisser porter par le climat pesant et parfois angoissant qui règne dans l'île.La photo est sublime parfois... les ciels avec les passages d'oiseaux migrateurs et de flamands roses...

Je vous laisse avec le trailer en espagnol qui vous donnera l'occasion d'apprécier les images magnifiques du film et de vous imprégner de son climat...

 

C'est un film qui a peut-être certaines longueurs et dont le climat est parfois froid, mais moi je suis resté fasciné de bout en bout, par la justesse et par l'authenticité des caractères... et aussi par le personnage interprété par Javier Gutierrez dont je ne veux pas trop parler pour ne rien dévoiler de la trame mais dont l'itinéraire m' a bouleversé... 



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