Contre toute logique le basculement du paysage politique français vers
la droite se poursuit. L’émergence du MODEM après l’élection
présidentielle de 2007, sa présence significative deux années plus tard
le confirme. Le parti présidentiel de F.Bayrou s’est installé
durablement dans le paysage politique français. Et, pas au détriment de
l’UMP.
La droite décomplexée a peu de soucis à se faire. La décomposition idéologique a atteint le stade critique du néant politique. L’incompétence par le jeu du marketing et de la stratégie électorale offre maintenant la récompense du pouvoir. Dans la démocratie du moment, grâce aux ego infatués, un bilan exécrable agrémenté de salves quotidiennes de balivernes permet aux hiérarques de l’UMP un accaparement constant du pouvoir. Sept années de gouvernement, trois à venir, et plus si tout s’agence bien. Comme partenaire, l’ambitieux leader du MODEM tient parfaitement son rôle. Exécute admirablement la partition. À la tête d’une armée mexicaine, composée de proto UDF, de frustrés du socialisme et d’opportunistes en tout genre, l’ancien ministre de Balladur vibrionne dans le paysage politique français. Parfaitement certain de son destin, il veut incarner une alternative lors des prochaines présidentielles.
Bien engoncé entre le PS et l’UMP, il a réussi à parachever le discrédit du parti de J.Jaurès. Il lui arrive même, lors de diatribes, de le doubler par gauche. R.Dati déclarait que F.Bayrou était “le meilleur socialiste”. Mais un socialiste de droite.
Le PS a fait beaucoup de chemin en trente ans. Il est allé si loin que personne ne croit en son projet, en ses hommes. La moindre mesure sociale avancée par le parti de M.Aubry fait au mieux sourire. Le leader du mouvement démocrate par son positionnement tactique maintient la prise d’étranglement du PS. Déjà deux années de suffocation sous l’œil amusé de l’Élysée.
Le MODEM n’a pas de programme et se garde bien d’en élaborer un. L’objectif du parti : durer jusqu’en 2012. Ne pas cocufier ouvertement et avant le scrutin les militants et électeurs. Car il y aura des déçus. Beaucoup. Mais la stratégie est payante, stérile de toute proposition, il pèse. Alors pourquoi précipiter la tombée des masques ?
Enrober le discours économique de la mystique “humaniste” parait suffisant aux supporters orange. F.Bayrou manie judicieusement des hochets pour militants à basse intensité : une devanture ripolinée tango, un projet nébuleux, des concepts politiques vaporeux. Les vieux UDF tendance catholique utilisent cet artifice depuis des lustres, ils en comprennent le code, en attendent le pouvoir. Les nouveaux adhérents, exaltés, y voient un nouveau concept prodigieux pour faire “de-la-politique-autrement”. Autrement, avec des nomades idéologiques comme J.L.Benhamias qui siège avec le groupe vert européen ou la jupette C.Lepage de Cap 21, qui veut “dépasser-le-clivage-gauche-doite-en-écologie”. Et des soutiens bigarrés tels J.Peyrelevade ou le libéral démissionnaire C.Saint-Etienne. Au mieux, le MODEM sera un PS sans l’histoire. Amnésique de la grande Histoire sociale, celle des luttes, des victoires, du progrès.
Le “centre” n’existe pas. En politique, les “sans étiquettes”, les “apolitiques”, “divers”, et les centristes finissent toujours à droite. Un tropisme qui veut qu’invariablement à la fin, entre droite et gauche, le balancier tombe infailliblement à droite.
La dislocation complète du PS rendrait l’élection présidentielle risquée pour N.Sarkozy. Face au béarnais, il serait probablement perdant. Ce dernier, effet répulsif aidant, bénéficierait d’une grande partie des voix de la gauche. Une piètre consolation pour les progressistes, qui, au lieu d’élire un libéral inculte, hériterait d’un libéral modéré.
Le maintien du statu quo, avec un PS exténué, un MODEM à 14% profitera à l’Élysée. La répétition du scenario de 2007 étant plus que probable. A la clef, un tour supplémentaire avec l’UMP.
En tout état de cause, et malgré la déroute idéologique du libéralisme et de l’individualisme comme projet de société, devant la crise dévastatrice qui frappe les plus fragiles, la droite qu’elle soit modérée, conservatrice, décomplexée, de F.Bayrou à N.Sarkozy a un bel l’avenir.
Je crains hélas que vous n’ayez mille fois raison ! Et le comportement actuel du PS ne me donne pas vraiment confiance en l’avenir. Il est plus facile pour des éléphantes de se crêper le chignon que doit s’asseoir autour d’une table et tenter de préparer un programme qui soit réalisable dans les années à venir. La situation est de toutes façons biaisée dès le départ : depuis 26ans (fin du gouvernement Mauroy), le PS a résolu de jouer dans le domaine où la droite excelle, le libéralisme, sans comprendre que c’était commencer le match avec un handicap quasi inssurmontable. C’est triste à admettre, mais ne rêvons plus...Nous ne connaitrons jamais une vie dans laquelle les valeurs ne sont pas celles de l’argent, mais plutôt celles du respect de l’autre et de nôtre environnement, du partage de valeurs et dans laquelle nos enfants s’épanouiraient sans avoir à se soucier trop de leur avenir.
"mais ne rêvons plus...Nous ne connaitrons jamais une
vie dans laquelle les valeurs ne sont pas celles de l’argent, mais
plutôt celles du respect de l’autre et de nôtre environnement, du
partage de valeurs et dans laquelle nos enfants s’épanouiraient sans
avoir à se soucier trop de leur avenir".
Il y a des politiciens dont le cynisme est connu. Leur partisans voient cela comme une qualité : un sens pragmatique, quelque chose qui ressemble à du réalisme et de l’efficacité. Cela se conçoit. Sans reconnaître le cynisme comme un talent, personne ne va jusqu’à faire de la naïveté une qualité.
Il y a par ailleurs des politiciens qui tentent de jouer la carte de la vertu, de la conviction, des valeurs. Tant qu’ils s’en tiennent à ce jeu, du moins publiquement, leurs chances de satisfaire leur ambition restent intactes. Mais ils doivent veiller sans cesse à garder la posture, sans jamais laisser percer les signes par lesquels le cynisme ordinaire du politicien se laisse voir.
Cela implique, à l’occasion, de laisser à l’humour la lourde charge de défendre l’orgueil blessé. Mais ceux qui voient la difficulté de l’exercice comme une pure affaire de contrôle de soi ou de sang froid se trompent. C’est avant tout une question d’organisation. De préparation. De préméditation. C’est parce que tout sens critique a déserté l’organisation et l’entourage de Bayrou qu’il en est venu à préméditer soigneusement l’erreur fatale de sa contre-attaque sans rencontrer les objections tactiques qu’elle méritait.
La droite s’est attaqué à Bayrou sur le thème : « il est le plus cynique d’entre nous ». Cohn Bendit a choisi au contraire de s’attaquer à des traits de naïveté, en tournant en dérision l’attachement de Bayrou au catholicisme.
Il ne servait à rien de démentir les propos de l’un, si c’était pour confirmer ceux des autres. Bayrou devra désormais se résigner à ne trouver de soutien que parmi ceux qui connaissent son cynisme, l’un des plus dévorant que l’on puisse rencontrer, ainsi que parmi ceux qui ne veulent pas le voir, de moins en moins nombreux.
Les ressorts du tremplin présidentiel sont cassés. Tant mieux. L’exercice du pouvoir, qu’il soit de droite ou de gauche, doit être mieux inspiré, ou mieux entouré. Il ne doit en aucun cas être confié à quelqu’un d’aussi malchanceux, d’aussi maladroit, d’aussi seul.
Vous qui avez l’oreille de Bayrou, parviendrez-vous à le convaincre de nous révéler les preuves de la manipulation des sondages qu’il nous promettait avant les européennes ?
Agora Vox ne reconnait manifestement plus les bons articles des mauvais. Arrêtez de juger tous les articles à travers un prisme idéologique, c’est lassant.
Chacun
se souviendra que François Bayrou a annoncé qu’il révélerait les
preuves de la manipulation médiatique, causée par les instituts de
sondage, dont lui et son parti auraient été les victimes.
Je lui ai donc écrit afin de lui demander de nous fournir les preuves qu’il détient.
J’invite chaque lecteur à lui envoyer le même message (ci-dessous).
Quand allez-vous nous révéler les preuves de la manipulation des sondages
que vous nous promettiez avant les élections européennes ?
Vous abstenir vous décrédibiliserait totalement.
Bien cordialement,
—
Jean-Pierre Llabrés
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Il faut penser en héros pour, simplement, se comporter en être humain digne de ce nom.
May Sarton.
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II ) Deuxième courriel du mardi 16 juin 2009, 11h24
Cher Monsieur Bayrou,
Vous n’avez pas daigné répondre à mon courriel ci-dessus. J’en tire une
première conclusion : votre silence est la preuve d’une insigne lâcheté.
Quant à la seconde conclusion, elle implique un retour en arrière.
Le 5 juin, Richard Robert écrivait, sur « slate.fr » :
le "4 juin, intervenant sur France Inter à trois jours des élections
européennes, François Bayrou fustigeait les sondages qui signalent en
cette fin de campagne un repli du Mouvement démocrate. « Il y a une
manipulation de la vie politique par les sondages », expliquait-il,
réagissant à une enquête selon laquelle la liste Europe Écologie menée
par Daniel Cohn-Bendit ravirait la troisième place au MoDem. Si le
scrutin montre « que cette affaire était une vaste entreprise pour
essayer de créer un courant, ou en tout cas des mouvements d’opinion
qui n’existent pas en réalité (...) je dirai tout ce que je sais des
sondages et des manipulations. Et je dirai qui et je dirai comment »,
a-t-il ajouté. « S’il y a au pouvoir, ou proche du pouvoir, des gens
qui sont les grands organisateurs de tout cela, alors il va falloir que
l’on regarde de près et que la démocratie se défende. »
On notera votre précaution oratoire :
"Si le scrutin montre « que cette affaire était une vaste entreprise
pour essayer de créer un courant, ou en tout cas des mouvements
d’opinion qui n’existent pas en réalité (...) je dirai tout ce que je
sais des sondages et des manipulations. Et je dirai qui et je dirai
comment ».
Dans le cadre de votre accusation contre les sondeurs, en vue de votre
victimisation pré-électorale, il vous fallait bien prendre cette
précaution oratoire afin, post-électoralement, de n’avoir pas à rendre
de comptes sur votre accusation.
Le scrutin du 7 juin a bien confirmé la tendance des sondages et vous
êtes piteusement resté silencieux. Pas tout à fait silencieux,
cependant, car, selon « Rue 89 », "François Bayrou a été jusqu’à appeler
Brice Teinturier, directeur adjoint de la TNS Sofres, pour reconnaître
que ses soupçons contre les sondages étaient « infondés ».
Beaucoup pensent que vos excuses à Brice Teinturier closent cette affaire.
Je ne partage absolument pas ce point de vue.
En effet, le 4 juin, vous affirmiez disposer de preuves relatives aux sondages et aux manipulations.
Le scrutin n’a aucunement détruit ces preuves.
Ces preuves, vous les déteniez encore le lendemain du scrutin et rien ne vous interdisait de les révéler.
Vous vous êtes refusé à cette révélation. Non parce qu’elle aurait été
inopportune mais parce que, tout simplement, vos prétendues preuves du
4 juin n’ont jamais existé !
Ma seconde conclusion est donc que vous êtes un fieffé menteur ! ! !
Bien cordialement,
—
Jean-Pierre Llabrés
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Il faut penser en héros pour, simplement, se comporter en être humain digne de ce nom.
May Sarton.
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III) mardi 23 juin 2009, 11h00
En vertu du principe selon lequel « qui ne dit mot consent »,
l’obstiné silence de Bayrou légitime la publication de mes courriels.