Mystery strain Covid-19 : à l’attention du monde d’après des éditeurs
Il se dit que nous entrons dans un monde d’après. Il se voit que le monde d’après ressemble en moins bien au monde d’avant. Il n’y a pas d’amélioration mais une aggravation des problèmes doublée de la double contrainte, peur du virus et mesures de distance sociale accompagnées de la crainte du reconfinement. Pourtant, quelques âmes ont muté et sont dans « leur monde d’après ». Les professionnels de secteurs impactés doivent se réinventer pour exister et même survivre. Le monde de l’édition est concerné par cette situation. Il devrait songer à accueillir de nouveaux auteurs et des textes tranchants, et de perdre cette habitude de vouloir coller à l’air du temps et au goût moyen. Il y a un public exigeant. Je suis sur le point d’achever un livre sur ce que traverse notre monde. Il est présenté dans ce petit texte en vue de trouver un éditeur prêt à accepter un risque et réaliser un bel événement dans le monde des idées
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COVID-19
MYSTERY STRAIN
Bernard Dugué
Mystery strain, ce jeu de mots renvoie au livre du journaliste Greil Marcus racontant les débuts du rock’n roll en Amérique. Dans cet essai devenu légendaire et d’une profondeur inégalée, l’auteur proposa une interprétation du changement de société porté par une jeunesse happée par quelques figures légendaires se mettant en scène pour jouer de la musique en se déhanchant. Elvis sont est devenu un mythe, avec ses fidèles, les objets cultes et même un lieu de pèlerinage. De tous temps, les mythes avaient comme utilité d’être des pôles structurant pour une société, offrant à ceux qui y adhèrent un sens particulier à l’existence. Comme si une communauté était embarquée dans un même train. C’est cette idée qui fut explicitée par Marcus, racontant une génération ayant pris un ticket pour embarquer dans un nouveau train, classe unique, réservée aux passagers appartenant à des couches sociales ou générationnelles. Nouveau train, étrange et mystérieux.
Le Mystery strain est un autre jeu de mots traduisant le sentiment de vivre une expérience collective, comme ce fut le cas pour une certaine jeunesse à l’époque d’Elvis. Sauf que ce train embarque non pas une génération mais toute l’humanité, de surcroît dans d’autres voitures ; une humanité sidérée par une pandémie, confinée pour moitié, avec des sociétés éclatées, des secteurs économiques sinistrés, des Etats affolés, des populations apeurées. Tout ça à cause d’une souche virale apparue sans prévenir, le SARS-CoV-2, se propageant et créant une vague de malades nécessitant des soins intensifs. Souche, en anglais strain, et nous voilà tous embarqués dans un train ou un bateau, un même bateau pour reprendre le titre d’un essai de Peter Sloterdijk. Peu importe l’image, nous sommes ensembles, solidaires ou pas, mais tous concernés par ce voyage qui commence à bord du « mystery strain Covid-19 ». Nous savons quand et comment nous avons embarqué, par la force des choses naturelles et des décisions politiques, mais nous ne savons pas où il nous conduira. N’oublions que c’est l’homme qui conduit l’Histoire, le monde, les sociétés, les communautés. Et c’est aussi l’homme qui appréhende dans la mesure de ses capacités le sens du monde et de ce qui arrive.
Ce livre comprend trois parties philosophiques complétées par quelques textes publiés pendant le déroulement de la crise sanitaire, ainsi que des réflexions scientifiques sur le Covid-19 et le virus responsable, le SARS-CoV-2. Cette crise sanitaire nous a embarqué dans un drôle de train et l’on se demandera qui en sont les conducteurs, les passagers et ce que l’on peut comprendre depuis l’intérieur, ou alors en jetant un regard plus vaste, en observant cette machine devenue infernale comme un avènement dans l’Histoire, avec son sens, ses significations pour l’humanité. Cette crise de 2020, comme bien d’autres, a révélé les caractères de l’Homme, permettant de situer notre époque, au moins comme un achèvement d’une succession d’innovations techniques et de transformation sociétales. Trois interrogations se dessinent, l’Homme et le Système, l’Homme et l’Histoire, l’Homme et la Pensée, autrement dit, l’éternelle et universelle grande triade philosophique. Qui vise à interroger l’homme (i) dans son rapport technique et matériel aux choses physiques, biologiques, corporelles, technologiques, (ii) son rapport martial et politique avec ses congénères et (iii) sa manière de penser, de voir, d’accéder à la compréhension de l’existence et la révélation d’une vérité qui résonne.
Ce livre propose une succession d’angles de vue qui forcément, sont choisis par l’auteur et n’ont pas prétention à donner une vision intégrale, tâche du reste impossible tant le monde est diversifié. L’objectif est donc de proposer une analyse transversale, en privilégiant les faits et les concepts permettant de donner du sens à ce qui nous arrive après l’émergence de ce virus. Le sens ne se dessine qu’avec les trois conditions de l’existence connues depuis l’Antiquité, analysées par Dumézil et son concept d’idéologie trifonctionnelle. La société indienne archaïque était divisée en trois genres, les cultivateurs, les guerriers, les prêtres. Cette division correspond à trois relations entre l’Homme et la nature, la société et histoire, puis un troisième terme qu’on désigne comme conscience (gnostique ou religieuse) du cosmos, de la transcendance, du divin. La modernité n’a pas modifié la légitimité de cette triade. Que l’on retrouve dans l’Ancien Régime, avec le Clergé assurant les questions de morale, conscience et relation avec un Dieu trinitaire interprété comme personnel ; la Noblesse aristocratique en charge des territoires, de l’ordre politique, de la guerre entre nations ; et le Tiers-Etat interprétable comme une société civile et fonctionnelle, exerçant tous les métiers possibles, de la terre, de l’exploitation, de l’élevage, des arts et techniques, de la mécanique... Le développement des techniques et industries en Europe n’a fait que modifier le rapport entre l’Homme et les conditions matérielles. Les nouveaux cultivateurs travaillent avec des machines, ils sont des Fonctionnaires au service du technocosme. Les sociétés sont devenues des organismes systémiques, complexes, fonctionnels. La pandémie de Covid-19 a révélé l’extrême interconnexion des hommes et le positionnement des Etats pour gérer cette situation sans précédent. La crise causée par le Covid-19 est non seulement sanitaire, systémique ; elle est devenue dès les commencements une affaire politique, intérieure, puis géopolitique et révèle une crise de civilisation. Situation inédite car c’est la première fois qu’une question sanitaire prend une telle importance. Alors que la géopolitique a toujours eu comme ressort des enjeux territoriaux, des manœuvres militaires, des questions de ressources minières, des considérations idéologiques sur la dictature, la démocratie. L’ampleur de la crise de 2020 confirme avec un intense éclat la sortie des récits historiques et d’une Modernité devenue ancienne pour ne pas dire qu’elle est un ancien monde devenu maintenant éclaté. L’Homme n’a plus la même relation avec l’Histoire. Enfin, cette crise sanitaire accompagnée de mesures inédites a révélé la nécessité d’une vie spirituelle, autant que l’atrophie de cette vie intérieure consécutive à 50 années de développement matériel et de préoccupations hédonistes, matérialistes, puis l’avènement du souci de soi, du corps et de la maladie. Toutes ces questions seront abordées dans ce livre écrit au fil de l’inspiration, sans se soucier des questions de forme et de contenu. Ni des conventions du moment.