vendredi 18 octobre 2019 - par nm72

Nationalisme kurde et manipulation

Une propagande mensongère et misérabiliste est mise en place dans les médias, à propos de la question kurde.

Les kurdes sont citoyens à part entière, dans différents pays, en Turquie, en Iran ; en Irak la région kurde bénéficie d'une large autonome avec frontière, au point qu'un irakien souhaitant se rendre dans cette région doit avoir une sorte de visa, ce qui peut se justifier, mais en même temps la constitution irakienne prévoit que le président du pays doit être kurde.

En Syrie, profitant de la guerre civile, les groupes kurdes de tendance marxiste/nationaliste se sont emparé d'un grand territoire, avec l'aide des américains, dépassant le "Kurdistan". Ceux sont des groupes clairement proches du PKK anti-turc.

Les turcs ayant des millions de réfugiés syriens sur leur sol, Erdogan aimerait les installer en Syrie même, c'est à dire installer des syriens arabes dans les régions contrôlées par les kurdes, faisant ainsi d'une pierre deux coups, décharger la Turquie de la présence des réfugiés et porter un coup aux nationalistes kurdes proche du PKK.

Et qu'est-ce qui explique le soutien des milieux occidentaux et israéliens au séparatisme kurde ? Quel est le projet ? La perspective à moyen terme ?

Leur souhait n'est pas de créer un grand état kurde. Il s'agit de créer plusieurs (quatre) entités kurdes, pas forcément des états, mais des entités dans un système fédéral, sur le modèle irakien, faire la même chose en Syrie, puis en Turquie et en Iran. C'est une façon de partitionner un peu plus le proche orient, comme la création de petits états arabes tel que le Koweït, Emirat, ou Qatar, après la chute de l'empire ottoman.

C'est la stratégie du "diviser pour régner", c'est bon pour Israël, et pour la gouvernance mondiale sous leadership américain.

Trump doit gérer des intérêts divergents, il doit défendre l'impérialisme américain et les intérêts israéliens, comme tous les présidents américains, d'où les sanctions très fortes contre l'Iran, mais sans faire la guerre, car son électorat ne l'a pas élu pour faire des croisades. Et sur le dossier kurde, il doit ménager le demi-allié qu'est la Turquie.

Quelle hypocrisie dans le soutien au séparatisme kurde !

Les mêmes qui disent que la question palestinienne est compliquée, alors que le droit international est en leur faveur, s'enflamment pour la cause kurde, alors que le droit international n'est pas du côté des séparatismes, mais pour les frontières officielles. Les frontières peuvent être remises en question, mais ce n'est pas parce que des groupes prennent des armes en revendiquant quelques choses, qu'il faille les soutenir. Ce serait la porte ouverte aux guerres civiles.

Les mêmes qui défendent le cosmopolitisme en Europe, le vivre ensemble, avec des populations originaires des quatre coins du monde, mais aussi l'union européenne et le dépassement des nations, ces mêmes manipulateurs défendent un séparatisme, sur une base linguistique, entre peuples caucasiens de culture musulmane.

Et dire que les kurdes sont plus laïcs que leur voisins, est encore un mensonge, sachant que les régions kurdes de Turquie, font partie des régions conservatrices du pays, où les crimes d'honneur sont les plus fréquents.
 



6 réactions


  • Rantanplan Columbo 18 octobre 2019 09:52

    « C’est une façon de partitionner un peu plus le proche orient, comme la création de petits états arabes tel que le Koweït, Emirat, ou Qatar, après la chute de l’empire ottoman.  »

    c’est un peu comme l’Europe des régions ?


    • Et hop ! Et hop ! 18 octobre 2019 14:48

      @Columbo

      Non, un État indépendant comme le Khosovo, c’est—à-dire entièrement sous domination des USA qui y installeront une base militaire type Bondsteel et tous leurs trafics d’organes, d’héroïne, d’armes, d’esclaves sexuels, de blanchiement d’argent, etc.


  • soi même 18 octobre 2019 12:23

    Il y a des articles particulièrement bien informé sur le Rojava :

    Tout ce que l’on vous cache sur l’opération turque « Source de paix » .

    ( La communauté internationale unanime multiplie les condamnations de l’offensive militaire au Rojava et assiste impuissante à la fuite de dizaines de milliers de Kurdes, poursuivis par l’armée turque. Cependant nul n’intervient, considérant qu’un massacre est peut-être la seule issue possible pour rétablir la paix, compte tenu de la situation inextricable créée par la France et des crimes contre l’humanité commis par les combattants et les civils kurdes.

    par Thierry Meyssan. )

    Le Kurdistan, imaginé par le colonialisme français

    Contrairement à une idée reçue, le Rojava n’est pas un État pour le peuple kurde, mais un fantasme français de l’entre-deux guerres. Il s’agissait de créer un État croupion avec des Kurdes équivalent au Grand Israël qui était envisagé avec des Juifs. Cet objectif colonial a été réactivé par les présidents Sarkozy, Hollande et Macron jusqu’au nettoyage ethnique de la région destinée à l’accueillir.

    par Thierry Meyssan.

    Analyse de l’intervention turque au Nord Est de la Syrie

    1 – Les Kurdes, soutenus et armés par les Américains, les Israéliens et les Européens, contrôlaient, jusqu’à ces derniers jours, 28 % du territoire national syrien et 15% de sa population, pour l’essentiel à l’Est de l’Euphrate. Ils représentaient, avec les SDF (Syrian Defense Forces), dont ils constituaient le noyau dur, une épine dans le pied du gouvernement légal syrien de Bachar el Assad. sans l’avoir jamais vraiment affronté.

    Les Kurdes espéraient en effet pouvoir négocier, en position de force, une très large autonomie sur des territoires qu’ils souhaitaient le plus vaste possible. Certains luttaient pour l’autodétermination et se prenaient même à rêver d’un état kurde soutenu par les Américains, par Israël, et par l’Europe, contrôlant les gisements de pétrole à l’Est de l’Euphrate et constituant une sorte d’obstacle à l’influence iranienne dans la région et à sa pénétration en Syrie et au Liban.

    2 – Les Syriens loyalistes contrôlent aujourd’hui 68% du pays et plus de 80% de sa population. Ils sont soutenus par la Russie, l’Iran et le Hezbollah, ainsi que par les milices populaires irakiennes Hachd al-Chaabi majoritairement chiites. Ils reconquièrent peu à peu leur territoire et sont engagés aujourd’hui face aux djihadistes et à l’ASL (armée syrienne libre), soutenus par les turcs et les occidentaux, dans la région d’Idlib.

    Pour que la reconquête de son territoire soit complète, le gouvernement syrien aurait dû, tôt ou tard, régler le problème Kurde-SDF à l’Est de l’Euphrate, soit par la négociation, soit par la force ce qui aurait pu prolonger la guerre civile et causer toujours plus de victimes et de destruction.



  • Odin Odin 18 octobre 2019 12:45

    Bonjour,

    « Quel est le projet ? La perspective à moyen terme ? »

    1 : le plan Oded Yinon, Israël du Nil à l’Euphrate.

    2 : couper la possibilité d’un gazoduc d’Iran vers la méditerranée pour favoriser celui du Qatar.

    3 : couper la route de la soie vers la méditerranée.

    Sans l’intervention principale de la Russie (+ Chine + Iran + Hezbollah) le Kurdistan serait acté avec l’exploitation du gaz et du pétrole syrien par les multinationales US et une déstabilisation totale du Moyen Orient conforme à la stratégie nationalo-sioniste.


    • Pere Plexe Pere Plexe 18 octobre 2019 20:50

      @Odin
      Briser « l’arc chiite » est effectivement la motivation numéro une.
      Et affaiblir les puissances locales pour garantir un accès facile aux ressources.
      Le « sunnistant » de Daesh avait ce rôle.
      Malheureusement la Russie à démoli le projet US.
      Et le marketé Rojava , solution de secours, n’aura pas ce pouvoir. Faute au Sultan qui pousse les Kurdes dans les bras d’Assad.


    • Odin Odin 19 octobre 2019 11:38

      @Pere Plexe

      « Et le marketé Rojava , solution de secours, n’aura pas ce pouvoir. Faute au Sultan qui pousse les Kurdes dans les bras d’Assad »

      C’est exact. Le sultan a choisi son camp, en retournant sa veste, et en choisissant un allié de confiance pour pérenniser ses frontières (achat de S-400) pour contrer la création d’un Kurdistan.

      C’est la raison du retrait progressif des troupes US au grand désarroi des néo-cons et d’Israël via l’Aipac, qui feront tout pour empêcher Trump de continuer dans cette direction.

      Affaire à suivre avec le « Bidengate » à venir.


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