« Ne meurent que les pleutres, Artsakh-Arménie »
Je viens de terminer la lecture du livre intitulé Ne meurent que les pleutres, avec le sous-titre Artsakh-Arménie 2021-2024, d’Aram Mardirossian.
Témoignage poignant de la défaite arménienne face à l’agressivité génocidaire de l’Azerbaïdjan du dictateur Aliyev et le nettoyage ethnique opéré en deux fois contre la Haut-Karabagh (Artsakh). Ce nettoyage ethnique annoncé et réalisé avec la contribution substantielle de l’autre « grande démocratie », la Turquie de Recep Tayyip Erdogan.
Aram Mardirossian, universitaire français d’origine arménienne, retrace à travers dix chroniques écrites entre avril 2021 et décembre 2024 la période chaotique qui a vu la mutilation de l’Artsakh (Haut-Karabagh) consécutive à la guerre de l’automne 2020, à la première année qui suit son annihilation pure et simple. Cette époque est aussi caractérisée par le grignotage constant du territoire souverain de la République d’Arménie par l’Azerbaïdjan.
L’Azerbaïdjan qui avec le soutien de la Turquie - en armes, conseillers militaires et djihadistes syriens enrôlés par le régime d’Erdogan - ne cesse de vouloir « finir « le travail génocidaire de ses ancêtres commis au début du vingtième siècle contre les Arméniens, les Grecs et les chrétiens orientaux…
Plus de trente ans après l’indépendance de l’Arménie, les Arméniens n’ont rien fait pour préserver cette indépendance et n’ont cessé d’attendre un chimérique salut qui viendrait de l’extérieur. Ils ont placé leurs espoirs dans la recherche d’une hypothétique protection auprès des puissances étrangères – la Russie, l’Iran, les États-Unis, et plus récemment la France – pour survivre à l’agressivité turco-azérie.
Cette « communauté internationale » et ces « puissances internationales » ont observé de loin le déracinement des arméniens du Haut-Karabagh, les exactions commises par les Azéris et la falsification de l’histoire sans broncher et sans réagir.
L’auteur remarque très justement « qu’aucun pays ne versera une goutte de sang pour les beaux yeux des Arméniens, ni même ne s’opposera à l’annihilation totale de l’Arménie, s’il n’a rien à gagner ». Il exhorte les Arméniens du monde entier à prendre leur destin en main et à se préparer pour affronter le pire, car les azéro-turcs ne s’arrêteront pas là. Leur objectif dans un premier temps, après le Haut-Karabagh, c’est le contrôle du Siounik et la jonction du territoire oriental de l’Azerbaïdjan avec son exclave du Nakhitchevan, lui-même frontalier de la Turquie ; le grand rêve du sultan néo-ottoman Erdogan et de son vassal Aliyev serait alors réalisé…
L’Arménie est en danger de mort et Aram Mardirossian pose lucidement la question et donne des indications sur la seule possibilité de s’en sortir : « Les Arméniens ne doivent compter que sur leurs propres forces (…). Avant toute chose, ils doivent urgemment se surarmer pour se muer en une nation armée et, mieux encore, une armée-nation qui se déploie à l’intérieur d’un pays forteresse ! Parmi les modèles dont Erevan pourrait ici s’inspirer, l’un est fourni par un État ennemi, Israël ; l’autre par un État neutre, la Suisse ».
Aram Mardirossian expose dans ses chroniques le rôle des pays étrangers – la Russie, la Turquie, Israël, entre autres ainsi que la passivité de la communauté internationale - dans la défaite arménienne.
Ne meurent que les pleutres, Artsakh-Arménie, 2021-20124.
Éditions SIGEST, 2025