jeudi 4 janvier 2007 - par Nicolas Cadène

Nicolas Hulot, une candidature non avisée ?

Nicolas Hulot, hypothétique candidat à l’Elysée, a déjà récolté cent trente promesses de parrainage sur les cinq cents nécessaires, a certifié mercredi Gérard Feldzer, directeur du Musée de l’air et de l’espace, et directeur officieux d’une éventuelle campagne de l’animateur de télévision et militant écologiste.

"Il faut se préparer parce qu’après ce sera trop tard. Nous allons chercher les signatures. On en est à cent trente aujourd’hui", a déclaré Gérard Feldzer, interrogé par Europe 1. "Pour un candidat non déclaré, avoir cent trente signatures en quinze jours, ce n’est pas mal", a-t-il estimé en se déclarant "assez optimiste" pour la suite, "au cas où". C’est en effet un nombre important de promesses, même si ces dernières ne sont pas des signatures.

L’animateur de l’émission Ushuaïa diffusée sur TF1 a indiqué qu’il se présenterait à l’Elysée si les candidats déclarés ne s’engageaient pas de façon satisfaisante sur les propositions de son Pacte écologique qui vise à placer l’écologie au cœur de la campagne.

Le pacte, lancé le 7 novembre, avait recueilli mercredi 430 622 signatures de soutien, ce qui est énorme, selon le site Internet de la fondation Nicolas Hulot. Nicolas Hulot a indiqué à plusieurs reprises à la fin de l’an dernier qu’il déciderait au plus tard début janvier s’il se présentait à l’élection présidentielle.

Au vu des engagements pris par Ségolène Royal, supérieurs à ceux du Pacte qu’elle a d’ailleurs signé, on ne comprendrait guère que Nicolas Hulot, dont l’engagement militant est par ailleurs nécessaire, se présente à l’élection présidentielle, élection à un poste dont les responsabilités ne se limitent pas à l’environnement.

L’investissement personnel de Nicolas Hulot en faveur de l’écologie est remarquable et doit être salué, car il permet la promotion d’une défense accrue des milieux naturels, de la faune et de la flore.

Mais une telle candidature ne serait-elle pas susceptible d’aller à l’encontre de cet objectif ?

Nicolas Hulot, qui ne souhaite pas se positionner politiquement, ne risque-t-il pas d’attirer un plus grand nombre d’éventuels électeurs de gauche que de droite ?

Sans doute, car malgré les « belles paroles » de M. Sarkozy (qui n’a pas mentionné une seule fois l’environnement dans sa déclaration de candidature), il est certain que le sujet est, ne serait-ce qu’un peu plus, pris en compte plus par les sympathisants de gauche que par ceux de droite.

Comme l’a écrit mardi 21 novembre un lecteur de Libération : « L’écologie vue par la droite, c’est quelques ours relâchés dans les Pyrénées par Madame Olin. Oh ! Bien sûr, tout n’est pas « vert » à gauche ! Mais c’est pourtant là que l’on trouve les hommes et les femmes qui pensent et agissent à long terme. »

En effet, gouverner c’est également choisir, et les considérations écologiques ne transgressent pas toujours la politique.

On ne peut pas dire que les politiques néolibérales (aucune ou peu de contraintes législatives ou politiques face aux actions industrielles dangereuses pour l’environnement) prônées par Nicolas Sarkozy ou par ses fidèles soutiens soient très efficaces pour protéger l’environnement, bien au contraire.

Il est également utile de rappeler qu’en tant que ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy est aussi en charge de l’aménagement du territoire et que son action (ou plutôt son inaction) parle contre lui.

Notons donc que si Nicolas Hulot veut investir le champ politique - et c’est bien entendu son droit -, il faudra qu’il investisse le champ de l’action et du choix.

Or, à droite, il y a beaucoup de « mots », mais peu d’actions dans le domaine environnemental.

Simplement, comme exemple, rappelons qu’au niveau de son département -les Hauts-de-Seine-, selon le groupe politique des Verts, Nicolas Sarkozy, en matière d’alimentation pour les collégiens du département :

- a refusé de s’opposer à la présence d’organismes génétiquement modifiés (OGM) dans les plats servis aux collégiens alors que ces produits inutiles sont dénoncés pour leur dangerosité tant pour la santé que pour la menace irréversible qu’ils font peser sur les écosystèmes et l’environnement

- a refusé d’introduire, même partiellement, des produits issus de l’agriculture biologique, agriculture non polluante, durable, créatrice d’emplois et offrant des aliments exempts de produits chimiques.

Alors, plutôt que de se présenter à la présidence de la République, ne serait-il pas plus judicieux que M. Hulot continue son formidable travail de militant et dénonce largement les inconséquences de la majorité actuelle en matière de protection de l’environnement, comme il pourrait d’ailleurs éventuellement dénoncer, grâce à son indépendance politique, les inconséquences d’une nouvelle majorité si elle ne respectait pas ses engagements ?



12 réactions


  • T.B. T.B. 4 janvier 2007 13:00

    Je défie l’auteur de cet article, généreux certes mais aussi naïf que les 430 622 signataires, de me donner les éléments fondamentaux qui prouvent et font la différence entre le programme « écolo » de Hulot et celui de Sarkozy ... Quant à Ségo elle n’a, du coup, aucun mal à proposer mieux ...

    Le Pacte Ecologique est une vaste fumisterie. Les 5 propositions que Hulot préconise, si tu les étudies de près et ça je le souligne trois fois, ne revêtent aucune urgence pour faire appliquer des soit-disantes solutions qui ne s’attaquent absolument pas aux lobby agro-alimentaires, chimiques, pharmaceutiques, nucléaires, pétroliers et gaziers. C’est du blabla qui consiste uniquement à alimenter les caisses de sa fondation et à occulter, avec la complicité des medias, les vraies solutions environnementales qui existent pourtant.

    Son site propose, exemple commercial parmi tant d‘autres, le livre de Nicolas Hulot lui-même « Comité de Veille Écologique » 286 pages, 18 € , édité par Calmann-Lévy qui fait partie du groupe Hachette Livre, le premier groupe d’édition français, avec un chiffre d’affaires annuel de 2 milliards d’euros. Hachette Livre fait partie de Lagardère Media, le groupe de médias du groupe industriel Lagardère (lequel détient EADS, ses contrats avec le ministère de la Défense, MBDA dont le directeur scientifique est Imad Lahoud cité dans plusieurs affaires politico-financières, en particulier l’affaire Clearstream 2..)

    Les droits d’auteur du livre sont versés à la Fondation Nicolas Hulot pour la « Nature et l’Homme » . Cette fondation est également financée par les lobby français tel que l’Oréal qui produit les déodorants USHUAIA (dénoncés cancérigènes par Cosmetox de Greenpeace), EDF et ses déchets radioactifs ingérables, ADEME qui roule pour EDF et fait semblant de s’intéresser aux énergies renouvelables alors qu’elles sont moins chères à mettre en œuvre et beaucoup plus développées partout ailleurs qu’en France.

    Je n’oblige personne à faire comme moi. Depuis plusieurs années je me déplace principalement à vélo, j’ai réduit par 3 ma consommation à tous les niveaux et je m’en porte très bien, travaille ou 6 mois par an ou à mi-temps (ayant réduit mes besoins sans aucune difficultés) et jamais pour les lobby. Si on était 1 français sur 3 à vivre ainsi (nous ne sommes que 4 %, pifomètre personnel) ce serait une véritable révolution, une véritable bouffée d’air pur sur tous les plans, avec une meilleure qualité de vie et sans attendre bêtement que les « politiques » agissent ... Et nous pourrions vraiment peser, politiquement et sociologiquement, dans des choix environnementaux vraiment écolos, libérateurs et pour un moindre coût.

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    • gedm (---.---.4.203) 4 janvier 2007 14:22

      J’ai déjà lu ce commentaire il y a moins d’un mois... smiley

      Tu as peut-être raison sur le fond, je ne me permets pas de juger car je ne connais pas bien la question.

      Mais :
      - avoir un avis, concernant l’écologie, sur la scène politique, qui soit aussi écouté que celui de Hulot (si si, tout le monde en parle, un présentateur qui se présente [aux élections]) ça fait pas banal), c’est très bien. Cela suscite pour la première fois des remous dans le monde politique, cela soulève des débats parmi la population ; bref ça fait bouger les choses, c’est une évolution

      - des mesures RELLEMENT utiles, c’est envisageable, mais seulement pour des gens qui voient beaucoup plus loin que le bout de leurs clés de voitures, et ce n’est certainement pas le cas des 4/5 de la population européenne ni des 5/5 des politiques influents, il faut commencer par des choses qui ne seront pas rejetées d’emblée

      - même si on prenait les (seules) mesures qu’il faut pour aider l’environnement, cela devrait être fait à une échelle plus grande que nationale ; pour bien faire, à l’échelle mondiale, sinon c’est inefficace. Je reprends là des propos de Hubert Reeves qui était venu en parler à mon université

      Je salue toute initiative qui tente à faire bouger les choses, et forcer les autres hommes/femmes (et enfants) politiques à y repenser. Ne nous leurrons pas, la population ne se mettra jamais à un rythme de vie sain comme le tien ou le mien. N’oublions pas que « les gens sont des épais ».

      (5 ans d’études supérieures pour en arriver à cette conclusion, j’ai parfois un peu honte de mon analyse mais pas moyen de conclure autre chose !) smiley

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    • T.B. T.B. 4 janvier 2007 15:41

      gedm, ce n’est pas exactement le même commentaire.

      En ce qui me concerne, je suis très optimiste. Tu parles de l’Europe. Laquelle ? Apparemment tu n’as pas visité l’Allemagne, le Danemark ou la Suisse (pas UK là ils n’assurent pas coté écolo) et depuis peu l’Espagne et ses panneaux solaires de plus en plus systématiques. Rien à voir mais alors rien à voir avec notre timide ADEME ... (bonjour aux belges, aux suisses et canadiens au passage).

      Expérience à Berlin, il y a 2 ans, très révélatrice : autour de chaque bouche de métro, un espace vélo est aménagé : 150 à 300 vélos qui attendent leurs propriétaires, à chaque sortie de métro. Et d’autres vélos un peu partout en pleine journée en semaine. Ils n’ont pas attendu Hulot. Je ne connais pas les chiffres exacts mais, à mon avis, 1 berlinois sur 4 utilise principalement son vélo. Et pas de souvenir d’avoir vu des embouteillages monstres comme en France. Une chose est sûre, la France est particulièrement en retard concernant le développement des énergies sans émissions de CO2 et déchets radioactifs. A cause de la politique nucléaire française et de De Gaulle qui voulait sa bombe pour faire comme les russes, les US et le Royaume-Uni qui la détenait au sortir de la 2ème GM. L’image d’Hiroshima et de Nagasaki étant tellement présentes dans les esprits, De Gaulle usa d’un subterfuge en créant le Commissariat à l’Energie Atomique le 18 octobre 1945.

      En 1952, le centre d’études nucléaires de Saclay est ouvert sur un terrain de 271 hectares en plein plateau de Saclay. À Marcoule, sont successivement construits les réacteurs G1 (1956), G2 (1959) et G3 (1960) de type Uranium Naturel-Graphite-Gaz (UNGG). Une usine pour extraire le plutonium du combustible usagé est également construite. Grâce à ces installations, la France peut réaliser son premier essai nucléaire dans le Sahara en 1960, seulement deux ans après que la décision officielle ait été prise. À Pierrelatte, une usine d’enrichissement de l’uranium à usage militaire est construite. À Chinon, le CEA et EDF collaborent à la construction des réacteurs EDF 1 (1962, 68 MW), EDF 2 (1965, 200 MW) et EDF 3 (1967, 500 MW) de type UNGG. EDF, et son monopole de la distribution de l’énergie, était né ... (créée le 8 avril 1946).

      Dans le même temps, l’Etat accorda à tous les agents EDF des prérogatives et avantages sociaux pharaoniques, tels les « régimes spéciaux », pas de cotisation à payer, Comité d’Entreprise dérogeant à toute règle légale, etc, et le tour était joué. 60 ans plus tard il perdure ...Pour les mêmes raisons.

      Quel est l’un des partenaires de la Fondation Nicolas Hulot ? ... EDF !

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    • ropib 4 janvier 2007 16:34

      @gedm

      Je me demande si Hulot n’est pas plus un candidat des médias qu’un candidat médiatique... Sa sincérité est à prouver, son discours me fait penser à celui des verts il y a bien longtemps quand ils ne représentaient pas encore un choix de société. Je ne connais pas vraiment ses objectifs mais je ne pense pas que sa candidature soit une bonne idée pour l’écologie : seul un soutien clair et net aux Verts serait constructif du point de vue de la politique française mais aussi internationale et des ONG où Nicolas Hulot n’est rien et ne représente rien.


  • LE CHAT LE CHAT 4 janvier 2007 14:01

    l’escroc qui pourrait bien faire la surprise de se représenter a pour la première fois parlé de developpement durable dans son discours de voeux , trop fort l’opportuniste ! ils vont tous se dire plus soucieux de notre planète les uns que les autres smiley

    Nicolas Hulot est sûrement plus sincère , mais n’a pas de parti ni la pratique de la gouvernance , le monde est mal fait !


  • Yoyo (---.---.132.225) 4 janvier 2007 14:16

    C’est un article sur Hulot ou pro-Ségo ?


    • gedm (---.---.4.203) 4 janvier 2007 14:26

      Bonjour Yoyo,

      pourquoi toujours tout ramener aux pro-ségo / pro-sarko ?

      Sacrés vous tous smiley


  • Reinette (---.---.26.177) 4 janvier 2007 17:31

    L’OREAL parce qu’il le vaut bien !

    Monsieur Hulot est présenté, par ceux de ses détracteurs se réclamant de la décroissance soutenable, comme un homme surmédiatisé, acceptant des fonds de la part d’entreprises polluantes, comme EDF, L’Oréal ou TF1...

    Fondation Nicolas Hulot, site de l’association dont L’Oréal est membre fondateur

    Conseil d’administration L’OREAL :

    Au 25 avril 2006 :

    * Lindsay Owen-Jones

    * Jean-Paul Agon

    * Jean-Pierre Meyers

    * Peter Brabeck-Letmathe

    * Liliane Bettencourt

    * Françoise Bettencourt-Meyers

    * Francisco Castañer Basco

    * Jean-Louis Dumas

    * Xavier Fontanet

    * Bernard Kasriel

    * Werner Bauer

    * Marc Ladreit de Lacharrière

    * Franck Riboud

    * Louis Schweitzer

    Que du « Beau »Monde !

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    • Reinette (---.---.26.177) 4 janvier 2007 17:35

      Nicolas parce qu’il le vaut bien !

      L’OREAL / Ushuaïa

      Produit en contact direct avec le corps, un cosmétique ne doit pas nuire à la santé.

      Dans cette optique, des substances qui sont ou pourraient être dangereuses (plomb, certains éthers de glycols) sont interdites et les fabricants effectuent des tests de tolérance des cosmétiques. Mais cela n’empêche pas les cosmétiques de provoquer parfois des réactions : irritations ou allergies.

      Pour qu’un produit puisse être classé comme cosmétique, les composés utilisés ne doivent pas traverser le derme de la peau. Dans les faits, certains composants, par exemple des ingrédients des crèmes amincissantes, traversent le derme. L’emballage d’un produit cosmétique doit fournir certaines informations comme le nom du fabricant ou la liste complète des ingrédients. Ces ingrédients ne sont pas donnés en français mais sous leur dénomination INCI.

      Le domaine des cosmétiques est régi par une législation stricte (directive européenne 76/768/CEE amendée 7 fois depuis 1976) qui dresse une liste positive pour l’utilisation des colorants et conservateurs ainsi qu’une liste négative contenant entre autre les substances CMR (Cancérigène Mutagène Reprotoxique).

      L’ABUS DE COSMETIQUE NUIT GRAVEMENT A VOTRE SANTE ET A CELLE DE VOTRE ENTOURAGE !

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  • Reinette (---.---.26.177) 4 janvier 2007 17:49

    Le pote à Chirac, Nicolas Hulot, fait chorus en demandant aux écocitoyens un « changement de comportements ».

    Quel beau chargé de com’ du Medef !

    Comme si la masse des citoyens avait le choix entre Charybde et Scylla ! Mais Hulot ne nous dit pas qu’il faut d’abord en finir avec la notion même de profit, revoir le sens du travail et l’utilité des produits, se demander si le bonheur a quelque chose à voir avec la marchandise et la séduction avec la grosseur de la cylindrée !

    Et c’est ainsi que notre société du spectacle (relire les oeuvres complètes de Debord, Quarto, Gallimard, 31 euros) poursuit sa marche vers l’abîme, alors même que la seule solution est l’échafaud pour tout le CAC 40 ! Solution radicale ? Bien sûr : il faut aller à la racine (radix). Désherbants conseillés.


  • gypaete (---.---.58.38) 5 janvier 2007 14:09

    Bonjour à tous, J’aimerai réagir sur le sujet parce qu’il me semble plus qu’urgent de faire souligner la question écologique à notre epoque. Je ne pense pas que chercher à tout prix des faux problemes font avancer les choses(l’oreal,Hachette édition...).De faire remarquer, les problemes écologiques comtemporains et futurs les plus serieux au grand public, sont par définition un geste citoyen ! Politique et Hulot n’est pas la question, que la terre reste une planète viable pour les futures générations et que chacun redevienne un minimum humaniste : oui !


  • Bengalore (---.---.102.41) 11 janvier 2007 20:21

    De grâce, Nicolas Hulot, qu’allez-vous faire dans cette galère ?? vous y perdrez toute crédibilité. Restez en dehors de l’arène... votre voix porterea mille fois mieux... ce n’est que mon opinion..........


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