vendredi 15 janvier 2010 - par Jean Claude BENARD

Nicolas Sarkozy icône de la communication de la société TASER ?

Cela aurait pu être un communiqué de presse publicitaire comme en publient les entreprises tous les jours. Sauf, que cette fois-ci, c’est une une déclaration de Nicolas Sarkozy qui est reprise pour devenir ... un argument publicitaire !

"Le ministre de la justice Brésilien a déclaré que « l’acquisition des Taser était un mouvement vers la modernité et l’amélioration des performances de la police Brésilienne » mot a mot ce que le ministre de l’intérieur Nicolas Sarkozy avait déclaré en novembre 2006 ! " écrit la société Taser dans un communiqué publié sur le site Conférence de Presse Virtuelle le 7 janvier 2010

Depuis quand, peut-on utiliser le nom du Chef de l’Etat pour faire sa publicité ? Et bien depuis ... maintenant, puisque, à notre connaissance, aucun rappel à l’ordre du fabricant n’a été fait par l’Elysée ou un autre service de l’Etat !

Nonobstant cette "nouveauté", on est bien obligé de constater que Nicolas Sarkozy a beaucoup fait pour la renommée de la marque : ".../... Aux commandes du ministère de l’Intérieur en 2002, Nicolas Sarkozy amorce une politique sécuritaire. Le symbole en sera le pistolet à impulsion électronique Taser X 26, déjà décrié aux USA ... / ... " Source Fluctuat

Nous avons pour preuve cette réponse du Ministre de l’intérieur et de l’aménagement du territoire à la question du Sénateur Jacques Mahéas publiée dans le JO Sénat le 09/11/2006 - page 2829

" ... / ... Il s’agit d’un dispositif complémentaire et intermédiaire d’intervention destiné à neutraliser une personne menaçante ou dangereuse pour elle-même ou pour autrui en minimisant les risques de blessures tant pour les personnes interpellées que pour les agents des forces de l’ordre ... / ... "

Il ne faut donc pas s’étonner que ces propos (bien que datant de 2006) prennent tout leur sens dans un autre communiqué de la société TASER du 5 janvier 2010 : "Un forcené armé maîtrisé sans aucun dommage avec un TASER"

"Mardi 5 janvier, à Mont de Marsan, les hommes du GIPN ont maîtrisé un quadragénaire armé qui s’était retranché dans sa maison et menaçait sa famille et ses voisins avec un fusil et des explosifs. Meurtri par le départ de son épouse et dans un état dépressif, un homme de 45 ans s’est barricadé dans sa maison. Après plusieurs heures de négociation les policiers du GIPN de Bordeaux ont pris la décision d’intervenir et d’utiliser leur TASER.

Quand la police arrive en fin de journée, la situation est devenue critique : barricadé sous l’emprise de calmants et d’alcool il menace les policiers et ses parents avec un fusil de chasse. La famille indique qu’il aurait stocké des explosifs. Malgré les immenses dobermans qui gardent la maison, les 14 policiers du GIPN et les pompiers accompagnés par le procureur, le représentant du préfet, le maire et le substitut, déclenchent l’assaut.

« On était très inquiet, la situation était très tendue. Nous ne savions pas quel type d’arme il avait en sa possession, s’il avait oui ou non réellement des explosifs. Jusqu’au dernier moment, nous ne savions pas s’il était seul dans la maison ou s’il avait pris des otages », précise le procureur de la République . « Les hommes du GIPN ont été très pédagogues » ajoute-il. Les policiers enfoncent la porte d’entrée, amadouent les chiens, et tirent au Taser sur le forcené qui est neutralisé sans blessures. Un premier inventaire montre que plusieurs poignards et une arme à feu chargée étaient à la disposition du forcené". (en gras dans le communiqué NDLR)

Ce qu’oublie de dire la société Taser dans son communiqué de presse, c’est le contexte "rocambolesque" de cette affaire racontée par le journal Sud Ouest :

"Mardi, Frédéric s’enferme chez lui et refuse d’ouvrir à ses parents et à son frère. « Je ne parle pas à ma famille de ma vie intime », explique-t-il. Mais les proches insistent, défoncent même la porte d’entrée. Alors, Frédéric, alcoolisé (alors qu’il ne boit jamais) a « une mauvaise idée. » « Enfin, une bonne idée puisqu’elle a marché, mais trop bien. »

L’idée ? « Je leur ai crié : Tirez-vous de la maison, elle est piégée ! » « Piégée avec quoi ? », demande le père. « J’ai chopé une savonnette, que j’ai fait passer pour un explosif. Je leur ai montré, j’ai dû être persuasif, ils m’ont cru. » et que : "Le quadragénaire retranché dans sa maison mardi et délogé par le GIPN a été libéré. ... / ... Jeudi soir, vers 22 heures, Frédéric a retrouvé la liberté. Placé toutefois sous contrôle judiciaire strict et mis en examen pour menace de destruction, détention d’une arme de première catégorie : Une grenade démilitarisée trouvée à Menasse, ancien terrain de tir .../ ...."

Cet "exploit" de la technologie maison permet donc à la société TASER d’écrire : "Paris le 6 janvier 2010 - Fin d’Année spectaculaire pour TASER qui passe la barre des 100 millions de $ de revenus ... / .. " et de placer son fameux : " l’acquisition des Taser était un mouvement vers la modernité et l’amélioration des performances de la police Brésilienne » mot a mot ce que le ministre de l’intérieur Nicolas Sarkozy avait déclaré en novembre 2006 ! "

Avec un peu d’humour, puisqu’il en faut bien, on serait tenté de dire que la société TASER suit "à la trace" les propos de l’ancien ministre de l’intérieur, qui concernaient la protection des jeunes le le 07 juillet 2006

" Le ministre de l’Intérieur a déposé un texte pour la protection des jeunes contre les jeux violents et veut lutter contre la pédophilie sur internet. .../...Le ministre d’Etat va plus loin encore avec une lutte ouverte contre la pédophilie. 30.000€ et 2 ans d’emprisonnement pour une personne majeure qui donnerait un rendez-vous via Internet à une personne mineure. Si le rendez-vous a lieu, la personne majeure serait passible de 5 ans d’emprisonnement et 75.000€ d’amende .... / ... " Source Blog de l’UMP

Car, elle vient d’apporter une réponse à cette inquiétude du ministre de l’intérieur de 2006 en présentant sa dernière création : "Mobile Protector"

Présentée au grand salon de l’électronique (CES) de Las Vegas : "Mobile Protector", une application conçue par Taser, permet de prendre de fait le contrôle du téléphone portable des enfants. "Parce que (sinon), quand vous donnez un téléphone portable à votre enfant, vous ne savez pas à qui il parle, ce qu’il envoie par texto...", explique M. Smith de la société TASER.

Avec ce programme, un tableau de bord apparaît sur l’ordinateur ou le téléphone des parents : une alarme se déclenche chaque fois qu’un numéro inconnu appelle le téléphone de l’enfant. Les textos, courriels, photos et vidéos peuvent être passés en revue pour détecter gros mots ou contenus osés : "vous pouvez voir un cliché et décider si vous laissez passer ou non".

En y ajoutant une fonction très prisée ces derniers temps : "... / ... Le programme permet également d’écouter des conversations, mais M. Smith assure qu’il ne s’agit pas d’autoriser l’espionnage : "c’est un effort de collaboration", dit-il ... / ...M. Smith assure qu’il est le seul sur le marché à proposer des dispositifs aussi complets" - Source Actu Orange

Elle est pas belle la vie des futures générations ?

TASER est une marque déposée de la société TASER
Photo et copyright


3 réactions


  • Vilain petit canard Vilain petit canard 15 janvier 2010 13:42

    Salut Jean-Claude !
    Tu crois que l’agité du bocal touche, pour ces quelques citations ?
    Bientôt, la banque ING Direct utilisera les discours de Philippe Seguin !


  • Arcane 16 janvier 2010 00:22


    Bravo,

    Article qui ne manque pas d’un fil conducteur, tout en tenant le lecteur au courant. smiley


  • Louisiane 16 janvier 2010 10:33

    Le Chef de l’Etat est le VRP exclusif de beaucoup d’entreprises : Taser, Areva, Dassault...
    M’est avis que tout ceci n’est pas fait gratuitement et qu’en tous cas, c’est fait pour des intérêts particuliers et non pour la France.
    Nous n’avons plus de Président de la République depuis 2007, mais un homme, amis de nombreux lobbyistes, patrons de grosses entreprises qui l’ont placé là dans leur seul intérêt.
    Que le Taser soit potentiellement dangereux, cela importe peu quand cela rapporte beaucoup.
    Quant à la petite historiette du « forcené » dans sa maison piégée et que Taser utilise à des fins commerciales, n’importe quel abruti se poserait des questions sur la véritable dangerosité de ce pauvre monsieur.
    Si quelqu’un défonce ma porte, arrive à amadouer mes chiens « méchants » et essaie de me maîtriser au Taser, si je suis vraiment armé et dangeureux , je lui promets quelques instants difficiles avant qu’il puisse m’approcher d’assez près pour utiliser son joujou. Tout ça pour dire que la publicité fait exagérer bien des choses !


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