lundi 7 septembre 2020 - par C’est Nabum

Noir c’est noir

Il n’y a plus d’espoir.

Les mots passent désormais au crible d’idéologies toujours plus empreintes d’un extrémisme totalement exacerbé. Plus rien n’est possible désormais sans que vous soyez accusé par les uns puis par les autres d’intentions qui viseraient parait-il à nuire à une catégorie de la population, catégorie au demeurant qui en exclut les autres ou les assigne à un rôle particulier.

Ainsi, chaque groupe humain est maintenant non seulement porteur de toute l’histoire de ses ancêtres mais qui plus est, responsable devant l’histoire. À partir de ce postulat radical, plus rien n’est envisageable, à commencer par la coexistence en harmonie. Il y aura toujours un épisode désastreux à mettre sur le compte d’une communauté quelconque et celui-ci va revenir à la face d’héritiers lointains qui n’y sont pour rien.

Il est vrai qu’au bilan global, il y a des héritages plus ou moins pesants, plus ou moins porteurs de lourdes responsabilités. Pour ceux qui sont Européens de souche, il faudrait assumer les fautes d’un colonialisme qui a viré à l'esclavagisme en oubliant que cette horreur absolue n’a jamais été une exclusivité. L’histoire se focalise sur certaines périodes tout en obérant d’autres qui pourraient venir rompre cette commode victimisation anachronique.

Dans cette vague d’intégrisme racial qui contrairement à ses objectifs initiaux, entérine implicitement la notion de race sans que celle-ci ne se fonde sur aucune réalité biologique, les plus mauvaises intentions se cachent derrière des postures de principe. Elle fait amalgame de tout, mélange le passé et la langue, les tournures langagières et les pensées les plus sombres dans une inculture sidérante.

Le pauvre Léopold Sédar Senghor tout comme Aimé Césaire doivent s’indigner du haut de leur olympe littéraire qu’on ne puisse plus évoquer la négritude. Ils ont su transcender un mot terrible, l’élever au-dessus de la fange qui n’était que du seul fait des bourreaux. C’est en agissant de la sorte qu’on élève le débat non en jouant les compères la vertu pour éliminer du lexique un mot qui a largement dépassé sa seule désignation initiale.

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Noir c’est noir au jeu des symboliques qui sont effectivement éminemment culturelles comme en témoigne Michel Pastoureau avec talent. Venir mettre du pastel ou nier l’utilisation des expressions relève du plus profond crétinisme. La langue est porteuse d’une histoire qui n’est jamais toute rose ni même blanche comme neige. Il appartient de lui laisser ses aspérités, ses horreurs, ses travers qui sont point d’appui pour une véritable réflexion qu’aucune prohibition ne pourra jamais permettre.

Noircir la page blanche même pour celui qui n’est que le porte plume d’un auteur factice n’a rien d'ignominieux. Quand la langue se métisse, le nègre est certes le créateur anonyme d’une œuvre signée par un autre mais il conserve toute sa tête et a le mérite de ne pas faire tapisserie dans les salons du livre où les dix petits nègres d’Agatha Christie doivent changer de titre pour en relancer la vente.

Voilà une nouvelle preuve de la dictature de la novlangue en Technicolor. On noie le poisson, on distille le poison d’une langue totalement aseptisée, privée de ses reliefs, de ses aspérités, des particularismes et des idiomes. Tout doit passer dans la moulinette de l’insipide, du conforme, du fade et sans saveur. Les mots eux-mêmes doivent passer les griffes des nouveaux tribunaux de l'inquisition. Le genre lui aussi doit se plier à cette censure de la bonne conscience.

À agir de la sorte, il faut non seulement déboulonner toutes les statues mais plus encore brûler tous les livres qui déplaisent à tel ou tel groupe de pression. Avant de publier un manuscrit, il faudra bientôt faire examiner son manuscrit par des avocats pourvu qu’ils ne soient pas marrons.

Noir&blanchement vôtre.



40 réactions


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 7 septembre 2020 12:25

    Le mot couple devra bientôt être supprimé parce que c’est blesser ceux qui sont célibataires.


  • JPCiron JPCiron 7 septembre 2020 12:26

    brûler tous les livres qui déplaisent à tel ou tel groupe de pression.>

    .

    Par contre sont permis des livres dont certains passages peuvent continuer à pouvoir être compris comme incitation :

    au génocide, à égorger ceux d’une autre foi, à chasser telle ethnie de leurs terres, à perpétrer des actes de barbarie, etc...

    Ces passages devraient être éliminés ou, à défaut, être précédés, chacun, d’une note expliquant au lecteur pourquoi ledit passage est acceptable et ne veut pas dire ce que l’on comprend en le lisant.

    .


    • C'est Nabum C’est Nabum 7 septembre 2020 12:48

      @JPCiron

      Le gros problème c’est l’inculture grandissante des lecteurs
      Lire des horreurs ne serait pas gênant si le lecteur était capable de les considérer comme telles et surtout de se refuser à y adhérer


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 7 septembre 2020 12:28

    Bientôt nous devrons appeler les femmes : humaine. Pas de discrimination.


  • Gasty Gasty 7 septembre 2020 12:36

    Faisons dans la nuance , bannissons les couleurs qui fâchent :

    Sombre

    Clair

    Gris clair

    Gris sombre

    Clair obscure


  • Clocel Clocel 7 septembre 2020 12:44

    Bhâââ, ce qui compte c’est qu’à l’arrivée, tout le monde l’aura dans le fion, noir, blanc, et toutes les nuances de gris.


  • Sozenz 7 septembre 2020 15:26

    https://youtu.be/zynO9OlrBc0?t=41

    passe les à la moulinette .

    oui ,ben, hein ;c est pas plus risible que ce qui se passe actuellement ^^


  • eddofr eddofr 7 septembre 2020 15:27

    Est-il normal que je sois sur la défensive chaque fois qu’on me traite de blanc ?

    Il est vrai qu’un phrase qui commence par « Les ... » (les blancs, les noirs, les arabes, les homosexuels, les immigrés, les patrons, les chômeurs, les journalistes, les politiciens, les femmes, ...) ne présage pas d’une suite élogieuse.


    • Sozenz 7 septembre 2020 15:54

      @eddofr
      les seins ...

      Vous voyez y a de l espoir !

      apres faut pas trop en parler non plus ! 


    • C'est Nabum C’est Nabum 7 septembre 2020 16:19

      @eddofr

      Si on vous traite la défense s’impose, si on vous qualifie c’est autre chose


    • Clocel Clocel 7 septembre 2020 16:35

      @eddofr

      Bon, cela dit, il y a des coins en France où un blanc fait tâche...
      Allez vous balader en Occitanie et vous comprendrez que le pays des gaulois, c’est mort.


    • foufouille foufouille 7 septembre 2020 17:19

      @Clocel

      exagèrè vu le soleil tout le temps, même moi, blanc de chez blanc, je suis un peu bronzé.


    • Ruut Ruut 8 septembre 2020 08:24

      @foufouille, moi je rougie, pèle, cloque, mais jamais ne bronze, chanceux :)


    • foufouille foufouille 8 septembre 2020 08:52

      @Ruut

      c’est vraiment léger comme bronzage et juste sur les mains. le reste est plus proche du rouge.


  • Réflexions du Miroir AlLusion 7 septembre 2020 17:48

    Que faire des mots qui fâchent ?

    Petite histoire des dix Petits nègres d’Agatha Christie


  • Octave Lebel Octave Lebel 7 septembre 2020 20:29

    Bravo et merci pour l’article.

    Je pense que la connerie, c’est comme les fusées d’artifice bon marché, un peu de bruit, un pâle éclat et la balayeuse municipale passe puisqu’il n’y a rien à récupérer.


    • C'est Nabum C’est Nabum 8 septembre 2020 07:24

      @Octave Lebel

      ils se tirent une balle dans le pied et ce n’est pas une balle à blanc contrairement à ce qu’ils pensent


  • [email protected] 7 septembre 2020 20:33

    je suis blanc et mes dents l’attestent, ne pas le reconnaitre et elles mordent, sinon elles sourient a toutes les belles inconnues, leur fessier attestant de leur couleur, et cela me suffit


    • C'est Nabum C’est Nabum 8 septembre 2020 07:24

      @[email protected]

      Voyeur

      Je ne puis être qu’un voyeur
      Qui reluque vos rondeurs
      Sans mériter le bonheur
      De conquérir votre cœur

      Je regarde votre cul
      qui chaloupe dans la rue
      Magnifique aperçu
      Que vous offrez à ma vue
      J’en deviens si ému
      Qu’un curieux trouble diffus
      M’accapare, trop confus
      À en avoir la berlue

      J’admire vos belles fesses
      Bien plus douces qu’une promesse
      Toutes en délicatesses
      Elles se veulent enchanteresses
      Mais me mettent en détresse
      Moi qui réclame tendresse
      Dans les bras d’une ogresse
      Refusant mes caresses

      Je lorgne sur vos deux seins
      Ces magnifiques écrins
      Qui se tendent à mes mains
      Dans des désirs de gredins
      Vous repoussez ce dessein
      Que vous jugez fort malsain
      Vous rebroussez le chemin
      Fuyant ce vil muscadin

      Je vois s’enfuir ce beau corps
      Le cœur rempli de remords
      Je m’étais fait matamore
      Pour obtenir votre Amor
      Me voilà plus seul alors
      Recherchant dans ce décor
      L’étoile qui m’indique le nord
      Pour vous retrouver encore


  • juluch juluch 7 septembre 2020 21:28

    Bien d’accord.

    le politiquement correct nous fera perdre notre identité...


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 8 septembre 2020 09:04

    C’est méconnaître le fonctionnement de l’inconscient collectifs. Ce que l’on éjecte par la porte revient toujours en force par la fenêtre. L’être humain est multiple, il est fait d’amour mais aussi de haine. Un peu comme les vases communicants. Nier une partie de soi et celle-ci risque bien de vous revenir en pleine figure. 


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 8 septembre 2020 09:06

    Plus on tentera de nier la différence sexuelle, plus il y aura de racisme. Freud : la femme, ce continent noir....


    • C'est Nabum C’est Nabum 8 septembre 2020 09:15

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.

      Plus on niera toutes les différences

      Acceptons l’unicité de chaque individu, une idée contraire au dogme libéral


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 8 septembre 2020 09:16

    L’histoire n’est pas linéaire mais cyclique. Observez comme les traits de caractère de notre famille sautent souvent une génération. Ce que nos parents ont rejeté, revient souvent chez leurs enfants qui leur balancent leur passé en pleine figure. Raison pour laquelle dans la mythologie, les prophéties annoncent toujours que les enfants d’un « Dieu » va les tuer (Oedipe). C’est pourquoi ils les abandonnent ou se débarrassent de celui-ci. Tuer le père et vous aurez père fouettard sur votre route.


  • zygzornifle zygzornifle 8 septembre 2020 12:12

    Blanc c’est blanc , le poulet a été élevé en batterie ....


  • zygzornifle zygzornifle 8 septembre 2020 12:14

    Lors d’une coloscopie toutes les différences disparaissent ...


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