mercredi 17 mai 2017 - par CNAFAL

Non à la diffusion de l’idéologie anti-laïque et communautariste à l’Espé de l’Académie de Créteil ! 

Le CNAFAL, avec d’autres organisations laïques, a découvert avec stupeur que, dans le cadre de l’École supérieure du professorat et de l’éducation (Espé) de Créteil, étaient organisées deux « journées d’étude » programmées les 19 et 20 mai prochains, sur un axe qui n’est rien de moins que celui de la remise en cause de la loi du 15 mars 2004, d’interdiction des signes religieux ostensibles dans l’école publique. De prétendus chercheurs en sciences sociales comptent y développer des thèses bien connues, détournant la lutte contre les discriminations pour contester la laïcité et les lois de la République qui y sont attachées. Drôle de programme pour les futurs enseignants censés apprendre à transmettre les valeurs de l’école publique, de sa Charte de la laïcité.
 
Les intitulés des communications en disent long sur cette démarche : « L’institution scolaire au risque de l’islamophobie : pistes de réflexion à partir de la question du devoir de neutralité ». On sait ce que l’on doit au terme « islamophobie », qui sert à justifier l’amalgame de toute critique de l’islam avec un racisme antimusulman, concourant au rétablissement du délit de blasphème. L’intervenant, Marwan Mohammed, que l’on ne présente plus, mène un combat permanent contre la laïcité, la neutralité qu’elle impose aux élèves dans l’éducation étant présentée comme discriminatoire, désignée comme n’existant que pour empêcher les musulmans de pratiquer leur religion, avec en toile de fond la mise en accusation d’un racisme d’Etat. Autre intitulé : « Comment l’institution scolaire fabrique le « problème musulman », la discussion étant animée par Hanane Karimi, autre militant pour l’abrogation de la loi du 15 mars 2004 ! Dans un autre intitulé on parle « d’école pos-coloniale » ou encore « Surveiller et sanctionner au nom de la loi du 15 mars 2004. Approche intersectionnelle des enjeux de la discipline laïque à l’école ».
 
L’intersectionnalité (de l'anglais intersectionality) est une notion employée en sociologie et en réflexion politique, qui désigne la situation de personnes subissant simultanément plusieurs formes de domination ou de discrimination dans une société. Terme forgé aux Etats-Unis dans le contexte d’une société divisée en communautés identitaires séparées et concurrentes, il est aujourd’hui plaqué sur la situation française où, précisément, la République a su faire prévaloir l’égalité par-delà nos différences, et éviter cette séparation pour favoriser au contraire le mélange, meilleur rempart contre le racisme. Loin de nier les différences, la laïcité les protège toutes à n’en favoriser aucune.
 
Une approche qui entend brouiller la distinction entre analyse scientifique et engagement politique. Le politologue Laurent Bouvet souligne ainsi que « ce concept est utilisé, aujourd’hui, en France, essentiellement pour rendre acceptables les revendications identitaires et culturalistes de minorités en les assimilant à des luttes sociales menées au nom de l’égalité ».On voit cela encore mieux à travers l’intitulé suivant, qui ré-introduit la notion de race de façon nauséabonde dans le débat sur l’école : « La prise en compte du genre et de la race par les enseignant.e.s du premier degré : perspectives comparées et intersectionnelles »…Tout ceci a pour toile de fond, une idéologie qui tient dans l’accusation d’une France postcoloniale où le blanc serait le dominant et héréditairement raciste.


 
Cette manifestation ne saurait ainsi être présentée, comme s’inscrivant dans un débat pluraliste des idées sous le signe de la recherche universitaire. En réalité, il ne s’agit de rien d’autre que de la propagande des milieux anti-laïques et communautaristes, auquel on entend laisser dans ce lieu hautement symbolique, libre cours.

Nous appelons à la déprogrammation de cette manifestation inacceptable, par les autorités qui ont entre leurs mains la responsabilité d’agir pour l’empêcher. La laisser se produire serait une faute politique et un grave manquement aux obligations relatives au contenu de l’enseignement dispensé dans les Espé, qui forment les futurs enseignants des écoles, collèges et lycées, pour une toute autre mission d’intérêt collectif et social.
 
Après plusieurs interpellations de la rectrice de l’académie de Créteil, il n’y a à ce jour de sa part aucune réaction. Quant au cabinet de la ministre de l’Education nationale sollicité avant le départ de celle-ci, il a été confirmé seulement le retrait de cette information du site de l’Espé et le fait que les enseignants en formation à Créteil ne seraient pas conviés à ces journées. Mais le mal du côté de cette information a malheureusement déjà été fait.
 
Nous engageons tous les républicains et laïques à réagir pour peser afin d’obtenir que ne puisse se tenir cette pure provocation, dans les locaux et avec le soutien de l’Espé et, de fait, en l'état, de l’Académie de Créteil, du Ministère de l’Éducation nationale et de celui de l’Enseignement supérieur et de la Recherche1.

 
 

  1. [email protected] et [email protected]

 
 
CNAFAL, le 17 mai 2017.



7 réactions


  • CHALOT CHALOT 17 mai 2017 19:37

    Lavigue !


    C’est du n’importe quoi .....
    Informez -vous un peu !

  • guylain chevrier guylain chevrier 18 mai 2017 00:48
    Par-delà les interventions de certains qui me paraissent assez décalées au regard du sujet qui mérite le plus grand sérieux, voici un point de la situation à la veille de ce colloque :

    Après plusieurs interpellations de la rectrice de l’académie de Créteil et du Cabinet ministériel, on a indiqué le retrait de cette information du site de l’Espé et le fait que les enseignants en formation à Créteil ne seraient pas conviés. En attendant, l’information a malheureusement été largement diffusée. S’il a été confirmé que l’Espé n’est pas co-organisatrice de l’événement, pour autant, le site de Bonneuil où il doit se dérouler, l’UPEC, est bien l’un des sites d’enseignement de l’Espé. On apprend que le président de l’UPEC ferait l’ouverture des travaux !? La confusion règne. Un tel colloque qui entend discourir contre le caractère laïque de l’école républicaine sous couvert de débat d’idées et de recherche, est une pure imposture. On laisse là libre cours à un discours anti-laïque et antirépublicain qui participe d’un climat de rejet des valeurs communes qui alimente la radicalisation contre notre société. Si la liberté d’expression est garantie, pour autant, tolérer dans ce lieu ce discours est suicidaire, car on lui donne ainsi un crédit mis au service de la contestation du contenu de l’enseignement que reçoivent les futurs enseignants
    des écoles, collèges et lycées, au lieu de garantir qu’ils puissent transmettre le sens et les valeurs de l’école de la République. De quoi être inquiets pour l’avenir de cette belle école, obligatoire, gratuite et neutre religieusement, c’est-à-dire laïque, que tant de peuples aimeraient avoir ! Un moyen d’éducation sans lequel il n’y a ni émancipation ni liberté. Continuons de nous battre pour l’école laïque, qui permet aux enfants de laisser à sa porte ces particularismes qui constituent autant de prédestinations non choisies, pour qu’ils puissent accéder sans préalable au savoir, à un libre-arbitre, et se construire le chemin de leurs propres choix, de leur propre liberté.

  • Danièle Dugelay Danièle Dugelay 18 mai 2017 05:27

    Merci pour cet article et pour le commentaire sain de Guylain Chevrier. Ces chercheurs se rendent bien compte qu’en attaquant la laïcité, ils attaquent la République. La constitution actuelle ne permet pas l’existence du communautarisme en France. Il me semble que les chercheurs qui s’aventureraient sur ce terrain contraire à notre Loi suprême se trouveraient dans une situation d’atteinte à nos principes républicains. Ce déni de la laïcité républicaine mérite une sanction au même titre que d’autres dénis qui eux sont sanctionnés par la justice, ce que j’approuve bien sûr.

    Aucun signe religieux ostensible à l’école, quelle que soit la religion à laquelle il appartienne. C’est la loi. Elle respecte le caractère laïque de notre école publique et gratuite. De plus, si cette recherche s’applique à la présence de voiles islamiques dans le périmètre scolaire, ces symboles de l’infériorité des femmes parce que femmes, là c’est une atteinte à la Déclaration des Droits de l’Homme qui reconnaît l’égalité entre tous les êtres humains. Allons-nous laisser entrer dans ce lieu protégé de l’enseignement public un tel objet contraire aux valeurs essentielles qui seront enseignées à nos enfants et à notre jeunesse.


  • Olivier Perriet Olivier Perriet 18 mai 2017 10:03

    Entre ça et Marine qui veut prohiber le port du foulard « dans tout l’espace public », on n’est pas rendu smiley


  • franc 18 mai 2017 12:31

    D’accord avec cet article mais il me semble mr Chalot qu’il ya une contradiction à défendre la laïcité et l’islam qui est par nature et par essence antilaïque 


  •  C BARRATIER C BARRATIER 18 mai 2017 17:29


    C’est la technique du grignotage, par lâcheté, on lâche quelque chose. Il faudrait que localement des défenseurs de la République empêchent la réunion de se tenir. A LYON, où RAMADAN venait prêcher la soumission des femmes, nous l’avons privé de ce plaisir par un rassemblement devant l’entrée ...où personne n’est allé. Réunion transformée en combat pour l’égalité hommes/femmes

    Echec par contre lorsque la mouvance de la manif contre le mariage pour tous a bloqué la loi républicaine qui renforçait l’enseignement de l’égalité garçons / filles à l’école dans une déferlement de mensonges sur la théorie du genre en prétendant que le loi disait que garçons et filles étaient identiques. Egalité n’est pas similitude. Mais le gouvernement a lâchement lâché.

    Il a tenu bon sur le voile, tant mieux

    Voir en table des news :

    Voile, ostentations en sorties scolaires : halte aux accommodements

    http://chessy2008.free.fr/news/news.php?id=193

Réagir