mercredi 10 janvier 2007 - par Gilles BERTIN

Notre santé et l’assurance-maladie

Notre santé publique nous coûte très cher, pour un service qui se restreint tous les jours comme une peau de chagrin. Mais nous avons inventé une protection sanitaire qui mélange la carpe et le lapin, ou le feu et l’eau.

La santé est un sujet récurrent, pour l’ensemble de la société française, mais la santé en France est pour la classe politique, toutes tendances confondues, d’un irrationnel qui me semble tenir plus de l’esprit de conservation que d’une analyse économique.

Je m’explique : comment voulez-vous gérer une activité éminemment libérale, dans tous les sens du terme, avec la liberté du malade de choisir son praticien et le métier de médecin qui est une profession non réglementée (tout titulaire d’un diplôme peut s’installer où bon lui semble) ?

La Sécurité sociale fonctionne comme une banque dans laquelle toutes les corps de santé piochent allègrement, sans que tout cela soit bien contrôlé afin de ne fâcher personne, surtout que dans ce milieu il y a du si beau monde, à qui nos puissants doivent souvent leur longue carrière, ou leur survie.

Je crois qu’il faut bien appeler un chat un chat, les professionnels de santé se servent de notre caisse de Sécurité sociale comme d’une chasse d’eau, et il faudra bien un jour y mettre un terme.

Je suis au regret de penser que c’est hélas la privatisation de cet organisme qui résoudrait le mieux cette situation, car si les compagnies d’assurance assuraient la gestion de la Sécurité sociale, les malades auraient des choix et une garantie d’être choyés. Par contre, les médecins vont être confrontés à la dure réalité des lois du marché, ils devront allier bonne pratique et meilleur coût.

Ce qui laisse supposer que le privé pourrait tirer une rentabilité de 15% pour ses actionnaires ; de là à penser que les prestations seraient amputées de 15%, je vous laisse seul juge.

Notre santé publique ne coûtera pas moins cher, mais elle ne sera plus une rente de situation pour certains.

Notre santé sera, quoi que l’on fasse, à la charge de la collectivité nationale et financée par notre création de richesses.

Les syndicats, toutes tendances confondues, défendent l’indéfendable : une activité médicale sans garde-fou, où au nom de la santé tout serait permis, au motif que la vie n’a pas de prix.

C’est trop facile, et extrêmement réducteur d’une corporation qui vit depuis un siècle dans un univers très ancien régime, de mandarins et de chefs de service tout-puissants, et où des secrets sont très lourds à porter.

Au nom du sacro-saint « secret professionnel », des incompétences dangereuses et criminelles ont été couvertes sous le voile de l’aléa médical, et jamais dénoncées.

Cette attitude est à verser à un corporatisme imbécile et contre-productif qui ne conduit nulle part. Il aveugle ceux qui le pratiquent, et pour la société, fait perdurer les aberrations qu’il engendre.

Le problème de l’hôpital de Decazeville est édifiant, Tous ceux qui comptent dans cette ville militent pour le maintien de l’hôpital, ce qui est logique, mais s’est-on posé la question suivante : qui va vouloir aller s’enterrer à Decazeville ? S’est-on préoccupé de demander aux étudiants en médecine leur avis sur la question ? Car sans eux, point d’hôpital !

Ou alors on fera comme à Pethiviers, l’hôpital fonctionnera avec des médecins étrangers que l’on soustrait à leur pays. Médecins sous payés, corvéables à merci, mais pour combien de temps ?



18 réactions


  • (---.---.132.252) 10 janvier 2007 12:04

    Ouhlala, il va falloir penser à investir dans un correcteur d’orthographe !

    Et ne pas hésiter, en prime, à acheter quelques virgules et points.


    • Gilles BERTIN Gilles BERTIN 10 janvier 2007 13:23

      SVP, soit gentil tu me le renvoi corrigé, Je pourrais me faire rembourser mon correcteur d’orthographe français que j’ai acheté fort cher. Merci à toi. ABN+


  • Bourricot Zerth 10 janvier 2007 13:33

    Voici un article que j’ai rédigé récemment qui apporte largemen t contribution au débat sur la Sécurité Sociale :

    http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=17005

    Une idée parmi d’autres : Ce n’est pas la privatisation de l’Assurance Maladie qui va régler le problème. Si telle solution devait s’imposer, les inégalités de protection ne feront alors que se renforcer.


  • malade (---.---.113.139) 10 janvier 2007 16:04

    Voir les Etats Unis pour la protection sécurité sociale = nulle, sauf pour les nantis. Par contre, le prix de la double consultation pour voir un spécialiste a-t-il été évalué ? (médecin + spécialiste). Pour le malade la perte en temps et en argent (pour ceux qui sont sans mutuelle), et le rique que les troubles s’aggravent au cours de cette procédure. Je suis tout de même étonné de voir que ce qui a été possible au sortir de la 2e guerre mondiale, dans une situation de crise, ne soit plus possible dans notre belle société mondialisée. L’aspirateur à fric ne fonctionne que vers le haut. De l’art et de la manière de se servir intelligemment d’un correcteur orthographique pourrait faire l’objet d’une rubrique spéciale (voir la presse écrite, les commentaires écrits à la télé, etc.)


    • panama (---.---.198.59) 10 janvier 2007 16:30

      « Voir les Etats Unis pour la protection sécurité sociale = nulle, sauf pour les nantis. »

      Il parait que c’est faux. Une amie américaine m’a dit qu’il existait une couverture médicale pour tous comme chez nous.

      Qui pourrait infimer ou confirmer ce point ?


    • Anthony Meilland Anthony Meilland 10 janvier 2007 16:46

      Il existe bien medicare pour les retraités et les hanidcapés et médicaid pour certains pauvres, mais 46 millions d’état-uniens sont sans aucune protection médicale dont beaucoup d’enfants.

      Je ne connais pas les critères d’éligibilité à ces aides mais il doivent être draconiens comparés aux notre vu le nombre d’exclus.

      Les écarts de santé entre pauvres et riches sont plus important aux USA comparés à ceux de l’Europe, la mortalité infantile est 60% plus élevé qu’en France par exemple (0.68% contre 0.42%), l’espérance de vie est sensiblement plus faible (1.4 ans pour les hommes et 3.1 ans pour les femmes) alors que les dépenses de santé sont bien supérieures (14.7% du PIB contre 9.7% en France).


    • Jason Nicolas 10 janvier 2007 23:13

      @ Panama,

      Oui,, il y a quelque chose qui s’appelle « Medicare » pour les plus faibles revenus. Voir le site Internet sur ce sujet.


  • ZEN zen 10 janvier 2007 16:44

    Une nouvelle langue de bois qui se répand, sans analyse sérieuse des causes et des conséquences.

    « qui va vouloir aller s’enterrer à Decazeville ? » ou à Charleville-Mezières ? Personne, il n’y a même pas de Multiplex..Rien que des bouzeux smiley


    • cdg (---.---.206.166) 10 janvier 2007 21:21

      alors pourquoi on ne trouve pas de medecins dans certaines regions et trop dans d autres ??

      C est pas un interet financier. dans des regions ou il n y a que des vieux et pas de concurrence, c est l assurance de se faire « des couilles en or »

      Mais probleme :

      1) madame travaille et veut pas s enterrer dans un trou paume et quitter son job

      2) pourquoi travailler 60-70h par semaine pour se faire raquetter par l etat (OK c est aussi lui qui fait que tous tes clients viennent te voir quasiment gratuitement mais ca aucun professionnel medical le reconnait !)


  • Xavier Lainé (---.---.189.93) 11 janvier 2007 06:03

    Cher Monsieur, vous entretenez vous-même la confusion, en ne précisant pas ce qu’il conviendrait d’entendre par « Santé ».

    Ce qui coûte cher à l’heure actuelle, ce n’est pas la santé de la population, c’est que derrière ce que les gouvernements de toutes obédiences appellent une politique de santé publique, on se contente de mettre en place une poilitique soins.

    A ce que je sache, aucun médecin, aucun soignant en France n’est actuellement formé, ou s’il l’est c’est qu’il en a fait une démarche d’éthique personnelle, à être à la fois le soignant qu’il se doit d’être devant la survenue d’une pathologie, mais aussi l’éducateur de santé qui aide son patient à ne pas perdre la santé. Car la santé, c’est ce qui existe en l’absence de toute pathologie. Faute d’un travail en amont visant à éduquer une population aux règles élémentaires du maintien en bonne santé, il ne faut pas s’étonner que la pathologie prenne le dessus, pour le plus grand bénéficie de Big brother, ce monstre multinational dont le lobby est derrière chaque décision politique dans ce domaine.

    Or, il me semble que l’état français est adhérent de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et donc qu’à ce titre, il est signataire de la déclaration d’Alma-Ata de 1978 (disponible sur le site européen de cette organisation)qui précise dans son article 1 : « La santé, qui est un état complet de bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en l’absence de maladie ou d’infirmité, est un droit fondamental de l’être humain[...] ».

    Dans la charte d’Ottawa de 1986, signée elle aussi par nos représentants gouvernementaux, il est dit ceci en ce qui concerne la « Promotion de la santé » : « La promotion de la santé est le processus qui confère aux populations les moyens d’assurer un plus grand contrôle sur leur propre santé, et d’améliorer celle-ci », et, plus loin, sur les « Conditions préalables à la santé » : « Les conditions et ressources préalables sont, en matière de santé : la paix, un abri, de la nourriture et un revenu. Toute amélioration du niveau de santé est nécessairement solidement ancrée dans ces éléments de base. »

    Faudra-t-il un jour un tribunal pénal international pour poursuivre les dirigeants qui, confiant dans l’ignorance de leur population, se permettent de signer des accords internationaux qu’ils s’empressent de ne pas respecter ?

    Faudra-t-il que l’Académie française s’en mêle pour que nous arrêtions d’utiliser notre langue à tort et à travers, sans appeler un chat un chat ?

    Tant que nous n’aurons pas intégré cette dimension essentielle, nous continuerons à nous fracasser sur le mur des budgets sociaux, et ne serons capable que de mesurettes qui enfoncent d’avantage notre peuple dans l’ignorance.... Mais peut-être au fond, une telle situation arrange-t-elle nos chers élus ?


  • ZEN zen 11 janvier 2007 08:50

    @ Xavier

    , « aucun médecin, aucun soignant en France n’est actuellement formé, ou s’il l’est c’est qu’il en a fait une démarche d’éthique personnelle, à être à la fois le soignant qu’il se doit d’être devant la survenue d’une pathologie, mais aussi l’éducateur de santé qui aide son patient à ne pas perdre la santé. Car la santé, c’est ce qui existe en l’absence de toute pathologie. Faute d’un travail en amont visant à éduquer une population aux règles élémentaires du maintien en bonne santé, il ne faut pas s’étonner que la pathologie prenne le dessus, pour le plus grand bénéficie de Big brother, ce monstre multinational dont le lobby est derrière chaque décision politique dans ce domaine. »

    Totalement d’accord avec vous. Il y a une grande réforme des études de médecine à promouvoir .Combien d’heures d’enseignement réservées à la prévention ? à la psychologie du rapport médecin-malade (Balint), à la médecine psychosomatique,etc...Beaucoup de médecins ne se forment qu’à travers les luxueuses revues envoyées gracieusement par les firmes phamaceutiques...


    • ZEN zen 11 janvier 2007 09:41

      J’ajoute que le médecin devrait être formé à la responsabilisation des patients, à une auto-médication raisonnable, à savoir résister à une demande parfois irrationnelle de médicaments... Mais peut-être cela nécessiterait aussi une réforme du statut du médecin...et certainement une réflexion sur le poids des lobbies pharmaceutiques.


  • Aurelien Veron 11 janvier 2007 11:02

    Voici de quoi rassurer ceux qui craignent de voir des citoyens non couverts par une assurance santé : http://www.jetequitte.fr/index.php?page=3


    • ZEN zen 11 janvier 2007 11:43

      Aurélien, auteur de l’article « Pétition protectionniste.. »(aujourd’hui) , vous envoie un message subliminal : adhérez à Alternative Libérale...


  • Briseur d’idoles (---.---.168.152) 11 janvier 2007 12:59

    Automédication encouragée (pourquoi pas !)... Des centaines de médicaments « déremboursés »... Des centaines d’autres, remplacés d’office par les pharmaciens, par des médicaments génériques et la « sécu » ponctionne toujours autant nos salaires !

    Par ailleurs nous payons de plus en plus cher des assurances complémentaires et on nous dit que la sécu est « en déficit » !

    En déficit... pour les assurés.

    Au lieu de se « payer sur la bête » comme les vrais profiteurs de la sécu le font, au détriment de la santé des plus démunis, ne faudrait-il pas mieux réorganiser plus équitablement le système ? supprimer abus et doublons ? encourager la médecine alternative ?

    C’est vrai que cela ne ferait pas les affaires des vrais profiteurs de la sécu au détriment des assurés : pharmaciens, laboratoires, médecins !


    • Gilles BERTIN Gilles BERTIN 12 janvier 2007 10:14

      Par ailleurs nous payons de plus en plus cher des assurances complémentaires et on nous dit que la sécu est « en déficit » !

      Le trou de la sécu c’est équivalent d’une épidemie de gastro,il suffirait de se laver les mains 5 fois par jour pour l’éviter.

      faites vos comptes en fin d’année, et vous verrez que vous êtes systématiquement perdant avec une assurance complémentaire, c’est une arnaque. A+


  • hypocritus interruptus (---.---.220.222) 22 janvier 2007 01:10

    Ca fait longtemps que je m’auto-médique personnellement. Etant bénéficiaire de la CMU, c’est devenu le parcours du combatant pour trouver des praticiens qui acceptent de vous prendre. Pas rentable j’imagine. En fait c’est même plus simple que ça, pour tout ce qui est grippe, gastro, et autre maladies virales, je me soigne pas, j’attends que ça passe tout seul.


    • Gilles BERTIN Gilles BERTIN 22 janvier 2007 11:09

      pourquoi annoncez vous que vous êtes à la CMU ? et si votre médecin ne veux pas vous prendre avec la CMU, vous lui payez sa consultation et vous l’envoyez à votre caisse qui va vous rembourser.

      n’oubliez pas de noter sur la feuille maladie que c’est à cause du refus du médecin de prendre votre CMU que vous procéder ainsi.


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