vendredi 16 décembre 2016 - par Janine Akl

Nouvelle tendance : le tapis d’Orient

Depuis 2013, on voit de plus en plus défiler sur les podiums des grands couturiers, des vêtements imprimés "tapis Persans". Hermes, Givenchy et d'autres créateurs de mode deviennent de plus en plus en plus accrocs aux ornementations des tapis de Perse, sauf....ceux qui devraient être les principaux intéressés : les décorateurs, qui depuis quelques décennies boudent le tapis d'Orient dans leurs décors. Plusieurs raisons probables on dû s'accumuler pour que les principaux concernés par les tapis d'Orient, ne le soient plus depuis quelques temps :

1 - La décadence dans la confection des tapis depuis la fin du XIXe siècle, qui consiste à tricher en faisant des noeuds frauduleux pour diminuer le temps de travail ainsi que l'introduction des couleurs a l'aniline moins onéreuses que les couleurs végétales, ont entraîné un désastre dans la qualité des tapis d'Orient confectionnés à partir de cette période ; à prendre en considération que la décadence de l'art du tapis ne s'est pas faite du jour au lendemain et partout en Orient ; fort heureusement, certains ateliers et tisserands libres on senti la supercherie et ont continué a maintenir la qualité de leurs tissages, cependant, le tapis de qualité est devenu très rare a trouver et très onéreux, ce qui a dû décourager certains décorateurs.

2 - La chute du mur de Berlin et la fin du communisme, ont fait déferler dans le "monde libre" un tas de tapis d'Orient authentiques très anciens venus de l'Est a très bas prix, ce qui a fait chuter le prix du tapis d'Orient antique pendant une période et ruiné quelques commerçants qui avaient payé cher leur marchandise auparavant et qui ont dû la brader ou fermer boutique.

3 - L'Iran, pendant cette même période, avait facilité l'exportation de tapis Iraniens commerciaux, pour se débarrasser des stocks d' invendus dans ses dépôts pour cause embargo. Des tapis Iraniens de qualité moyenne et médiocre, ont commencé à envahir le marché ( noir) du tapis, ce qui a fini par achever le commerce du tapis d'Orient, ce dernier devenait moins cher que la moquette pur acrylique.

4 - Autres détracteurs, les nouveaux ateliers en Anatolie, en Ouzbekistan, en Afghanistan..., qui proposent de tisser et d'adapter les dessins des créateurs en tapis noués, avec les dimensions voulues. Le tapis noué main devient ainsi une industrie sur-mesure, comme les moquettes et perd son identité ancestrale. Cette confection sur commande a fait énormément chuter la vente de tapis déjà confectionnés selon la tradition et dont les décors sont plus orientaux, plus authentiques. Elle contribue également a tuer la créativité des tisserands d'Orient en les limitant à devenir de simples ouvriers.

4 - La politique qui a crée le malaise Orient/Occident a dû faire rejeter - sans doute - par les Occidentaux tout ce qui vient d'Orient, les tapis ne faisant pas exception a la règle.

Toutes ces causes, martyrisent un art vieux de plus de 5000 ans, qui a connu des passages à vide tout au long de son histoire, toujours suivis d' une renaissance. Indétrônable élément de décor de toute demeure, le tapis d'Orient est aujourd'hui au tournant d'une énième renaissance.

BREF HISTORIQUE DU TAPIS D'ORIENT.

Le tapis d'Orient est au départ un art tribal qui concerne surtout certaines contrées d'Asie du nord d'est en ouest, c'est à dire, l'Anatolie,le Kurdestan, le Caucase, le Turkmenistan, l'Afghanistan, le nord de l'Inde, la Mongolie, le Tibet, une partie de la Chine et surtout la Perse (Iran) qui fait exception a la règle, du fait que tout son territoire du nord au sud est peuplé de tribus qui maîtrisent l'art du tapis à merveille.

Quant aux tribus des déserts très chauds d'Asie et d'Afrique ( Arabes, Touaregs...) l'art du tissage est resté rudimentaire chez eux, simplement pour usage domestique des nomades qui consiste en sacs de selles, sacs de sel, coussins, couvertures, tapis "matelas" ou tapis "nappes de table", vestes....bref tout ce dont le nomade a besoin pour vivre et qu'il peut tirer de son cheptel. Ce qui ne veut pas dire que les tissages à usages domestiques de ces nomades du sud manquent de charme esthétique, mais ils sont loins de rivaliser avec les oeuvres des nomades du nord ( Perses, Kurdes, Turcs, Caucasiens...).

Les nomades du sud n'utilisent pour leurs tissages que la technique de tissage plat, communément appelée "Kilim" ou "Henbel" au Maghreb ( tissage des textiles). Tandis que les nomades du nord de l'Asie ont élaboré plusieurs techniques de tissage, dont celle du point noué ( velours), une technique qui remonterait a des millénaires comme en témoigne le tapis de Pazyryk ( musée de st.Petersbourg), trouvé lors de fouilles de tombeaux Schistes dans le Mont-Altaï. La glace avait envahi les tombeaux, ce qui a fait préserver - entre autres textiles - un grand tapis carré posé sur le sol qui daterait - selon la datation au carbone - de 2600 ans. La technique très élaborée de sa confection laisse présager que l'art du nouage du tapis était déjà florissant bien avant 2600 ans. Des fragments de tissages plus anciens ont été trouvés en Sibérie, en Alaska et en Chine, mais la technique de ces derniers est le tissage plat, ce qui fait du tapis de Pazyryk le plus ancien spécimen de tapis noué main arrivé jusqu'a nous.

DE L'ARTISANAT NOMADE AUX MANUFACTURES IMPÉRIALES.

De tout temps, les nomades confectionnent des tapis en Asie, ce qui leur sert en plus de leur utilisation propre a des fins domestiques, de troc pour échanger contre des denrées utiles dont ils ont besoin. Les palais des riches empereurs de jadis étaient tous meublés de tapis somptueux noués et créés par ces mêmes tribus qui avaient développé une sensibilité artistique inégalable dans la manipulation de la laine.

Un des plus légendaires tapis, le plus précieux de tous les temps est celui de Khosro 1er dit "le juste" ( 531-578). Le tapis est connu sous le nom de "printemps de Khosro". Souverain de l'empire Sassanide ( empire Perse) Khosro souhaitait pouvoir se promener été comme hiver dans un jardin fleuri. Les nomades lui avait confectionné un immense tapis ( 120 m x 30 m) qui représentait un jardin au printemps avec des bordures ou les fleurs étaient figurées par des pierres précieuses de toutes les couleurs, d'autres pierres pures comme le cristal donnaient l'illusion de l'eau, les plantes étaient tissés en soie et portaient des fruits formés encore de joyaux, la couleur de la terre était mélangée a des fils métalliques en or...Des allées étaient dessinées afin que le souverain puisse se promener autour de toute cette végétation luxuriante et admirer les fleurs et les fruits de pierres précieuses. Il est supposé que le tapis fut tissé à même le sol dans la pièce du palais qu'il devait orner. Malheureusement, deux siècles plus tard, les conquérants Arabes arrivés sur les lieux, fascinés par le tapis, ont dû le découper en plusieurs morceaux pour pouvoir l'emmener comme butin. Le "printemps de Khosro " a vécu depuis, dans les écrits des chroniqueurs Arabes et dans les vers des poètes Persans.

Arrive l'époque des Turcs Séljoukides et des Osmanlis en Asie Mineure ainsi que des Mamelouks en Égypte du XIIe au XVIe siècle. C'est l'âge d'or du tapis et des premières grandes manufactures. A cette période, l'histoire du tapis, - art pratiqué depuis des millénaires -, se confond abusivement avec l'histoire de l'Islam conquérant. La production est florissante à cette période, les tapis devenaient un luxe presque inaccessible, et étaient destinés pour meubler les riches palais des Califes, des Sultans mais aussi de tous les souverains d'Orient et plus tard d'Occident. Le point culminant de cet art sera atteint en Perse entre de XVIe et le XVIIe siecle, dans les manufactures princières de Tabriz, Cachan, Ispahan, Kerman, Hérat ou on été crées les tapis les plus somptueux du point de vue artistique, répondant aux plus hautes exigences.

LE TAPIS D' ORIENT FASCINE L' EUROPE.

Le commerce des tapis d'Orient atteint l'Europe au retour des croisades, au XIe siècle. Au XIVe siècle, il faisait tellement partie du décor, qu'il figure sur les tableaux des peintres. Objets de luxe, les tapis sont le plus souvent posés sur des tables, quasiment jamais - a quelques exceptions prés - sur le sol.

L'engouement d'Henri IV ainsi que de nombreuses personnes de sa coure pour les tapis d'Orient, pesa lourd sur les finances en France. Henri IV proposa alors de développer l'industrie du tapis noué en France, qui sera connue sous le nom de Savonnerie. Des ouvriers Anatoliens sont emmenés sur le terrain pour former des tisserands français à l'art du nouage des tapis.

Pareil pour les Espagnols et les Portugais ; lors de leurs expéditions en mer, ils ont découverts et ramené avec eux les fascinants tapis des Indes qu'ils ont commencé a reproduire d'abord sur canevas au point de natte et par la suite au point noué, avec une technique élaborée typiquement espagnole, inspirée de la technique du point noué d'Orient. 

DÉCADENCE PUIS RENAISSANCE DU TAPIS EN PERSE.

Les invasions successives Afghanes, Mongoles, Turques, vont finir par ruiner la Perse et les ateliers impériaux des grandes villes vont fermer. L'art du tapis subsistera chez les nomades Perses, Kurdes, Caucasiens, Turcs, Turkmenes, Mongoles, Tibétains..., mais aussi dans les ateliers d' Anatolie et ses environs devenus également l'empire Ottoman, ainsi que dans le reste de ce même empire, en Égypte, en Syrie et au Maghreb, où l'art du nouage du tapis date de bien avant l'empire Ottoman ; il a été introduit par les milliers de mercenaires Perses, Medes et Arméniens que Byzance implantait pour, d'abord déloger les Vandales de Carthage au Maghreb, et surtout - par la suite -, pour contrer l'invasion arabo-musulmane autant au Levant, qu'au Maghreb, en vain. Ces peuples vont finir par se fondre dans la société Berbère, Levantine et Arabe, en apportant toutefois beaucoup de leurs us et coutumes Indo-Européennes. A cette même époque, En Chine, derrière la muraille, l'art du tapis d'atelier était florissant, et évoluait indépendamment de tout le reste de l'Orient.

La renaissance du tapis d'atelier Persan se fera a l'époque des Qajars ( 1786-1925). Les Perses acculés de toute part, par les Russes, par les Turcs et par les Arabes, vont s'ouvrir bon gré mal gré vers l'Occident après deux siècles de rupture obligée. Ils enverront des élites pour faire leur études en Occident. A leur retour, ces élites apportaient avec eux outre des idées progressistes de laïcité, de nouvelles idées pour promouvoir de nouveau l'art en Perse, en particulier celui des tapis. Les manufactures vont rouvrir leurs portes, et les tapis porteront dorénavant la signature de l'atelier d'oú ils sortent. L'influence de leurs ornements gardait un cachet Perse, mais très influencé par les nouvelles tendances en Europe ( Liberty ( mille fleurs), scènes bibliques...). Seuls les tissages nomades ne se "contaminaient " pas d'influence étrangère, et restaient immuablement fidèles aux traditions ancestrales.

La mode Orientaliste au XIXe siècle, eu un regain de faveur pour le tapis d'Orient en Europe, et ce, après deux siècles de néo-classicisme qui avait fait décliner le goût pour les tapis d'Orient. Cette mode prenait une telle ampleur, que les ateliers n'arrivaient plus a satisfaire la demande du marché Occidental. Ils négligèrent alors la qualité livrant des tapis tissés frauduleusement, à la hâte, pour un public mal informé. Le désastre vint surtout avec l'introduction des teintures chimiques à l'aniline vers 1870. Ces couleurs perdaient leur éclat au bout de peu de temps et devenaient terreuses. Elles furent utilisées dans le monde du tapis d'Orient, depuis l'Anatolie jusqu'a la Chine, Une tentative en Perse du gouvernement avait menacé de mutiler le poing des utilisateurs de cette teinture bon marché à la place des teintures végétales traditionnelles. Rien n'y fit, les manufactures en Perse étaient pour la plupart aux mains de sociétés privées appartenant à de gros propriétaires terriens ou à de riches Occidentaux, ce qui fait qu'on ne pris pas en considération la consigne. Seuls, quelques fabricants isolés, soucieux de garder une production de qualité, usaient des teintures traditionnelles.

A l'époque des Pahlavi en Iran, des soins attentifs permirent a l'industrie du tapis de se refaire une réputation et la fabrication des tapis d'Orient devint la première industrie du pays. Seulement, les couleurs végétales n'étaient plus utilisées que chez les tribus. Des teintures chimiques ( de bonne qualité) ont été introduites.ainsi que de la laine ( mérinos) venue d'Australie, de la soie venue des Indes et de Chine et du coton - pour servir de trame - des 4 coins du monde. Le tapis se maintenait du point de vue qualité, mais avait perdu son authenticité, son âme en quelque sorte. Pareil pour tous les autres pays producteurs de tapis noués main.

Actuellement, les teintures végétales ont été réintroduites pour redonner un élan à l'art du tapis d'Orient. Depuis les années 1990, de merveilleux tapis d'Orient venus de tous les coins d'Asie ont envahi le marché, mais le public enthousiaste au départ, s'est vite désenchanté. Le tapis d'Orient est boudé partout en Occident, l'Orientalisme ne fait plus rêver les Occidentaux. Ceci dit, les commerçants d'Orient ne baissent pas les bras, ils ont lancé des rabatteurs partout en Occident pour ramasser tous les tapis d'Orient de valeur a bas prix et les faire revenir à leur source. Une tentative de spéculation très probablement.

 

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COLLECTION GIVENCHY HIVER 2015.

 

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COLLECTION HERMES ÉTÉ 2013.

 

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LE TAPIS DE PAZYRYK. ( Musée de st.Peresbourg)

 

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TAPIS CONTEMPORAIN D’AFGHANISTAN. Qui décrit bien la renaissance de l’art du tapis d’Orient.

 



11 réactions


  • MagicBuster 16 décembre 2016 17:13

    Encore une affaire « tapis » ?


  • fred.foyn 16 décembre 2016 17:20

    Toutes ces grandes maisons de coutures (pour survivre), reçoivent de l’argent des pays du golfe..faut donc rendre la monnaie !


    • Janine Akl oumkoulsoum 21 décembre 2016 19:54

      @fred.foyn
      Le tapis d’Orient n’est pas un art qui concerne les pays du Golf, mais de leurs « ennemis » les Perses. ’Je l’explique clairement dans l’article.


  • Trelawney 16 décembre 2016 18:42

    Le tapis est avant tout affaire de passion. 

    A chaque fois que j’allais en Turquie, Iran, Tunisie, Russie, j’ai toujours acheté un tapis avec un système de dédouanement assez compliqué. Vous payez sur place et ils vous l’envoient ensuite par colis
    La Turquie a crée une organisation efficace et arrive à maintenir ses prix. L’Iran c’est le grand flou et la spéculation à tout va. mais ce sont les plus beaux tapis. La Tunisie subit la crise du tourisme et brade et c’est bien dommage
    De toute façon le tapis n’a jamais été un investissement, c’est juste se fabriquer un petit patrimoine personnel et le transmettre ensuite

    • Janine Akl oumkoulsoum 22 décembre 2016 06:12

      @Trelawney
      Seuls les tapis antiques et authentiques tribaux sont des investissements actuellement, s’ils sont conservés en bon état. Ces tapis de grande valeur ne sont jamais exposés pour les touristes ou l’acheteur « non-initié ». Ils sont interdits de sortie des pays producteurs de tapis sous peine de prison.

      Iraniens, Turcs, Azéris, Arméniens....parcourent le monde pour puiser dans les fonds de greniers des demeures anciennes ou dans les ventes aux enchères afin de ramener les beaux tapis vers leurs pays. Si le tapis n’était pas un investissement, les commerçants d’Orient ne seraient pas aussi focalisés sur la chasse aux tapis d’Orient sur toute la planète.

      Les ateliers qui confectionnent des tapis artisanaux proposent le pire et le meilleur. Cela dépend de la matière première utilisée, de la qualité du tissage et surtout de la créativité artistique. Si par hasard on tombe sur un tapis de qualité, c’est dans le temps qu’il aura sa valeur. Le tapis n’est pas une spéculation à court terme, il faut attendre au moins une génération, sinon plus, pour que ce tapis devienne « en voie de disparition » en tant que qualité artisanale et artistique. Il faut également spéculer sur les caprices des décorateurs et des tendances de décoration.


  • Sergio Sergio57 16 décembre 2016 20:44

    Quand la France instituera un taux de 75 ’Persant’ pour la tranche supérieure de l’impôt sur le revenu, nous déroulerons le tapis rouge aux entreprises françaises 


    Pompé à David William Cameron (2012)

  • Abou Antoun Abou Antoun 17 décembre 2016 07:43

    Il y avait auparavant un marché du tapis d’orient très actif à Beyrouth (zone portuaire). Je ne sais pas ce qu’il en est aujourd’hui.


    • Janine Akl oumkoulsoum 21 décembre 2016 20:02

      @Abou Antoun
      Le marché du tapis du tapis se maintient a Beyrouth, mais pas comme au temps des belles années d’avant la guerre.


    • Janine Akl oumkoulsoum 22 décembre 2016 06:26

      @Abou Antoun

      Le commerce de tapis au Liban a toujours été presque exclusivement le monopole de la famille d’origine Iranienne Maktabi. Tant que les relations avec l’Iran sont bonnes, tant que le commerce du tapis - surtout dans la zone portuaire - se porte bien au Liban.

      Ceci dit, les jeunes générations ne sont plus aussi « mordues » de tapis comme les anciens, ce qui diminue la demande de tapis d’Orient.

      Depuis la guerre en Syrie, de merveilleux tapis antiques ont été acheminés vers le Liban à partir de Damas et d’Alep. Ce sont ces tapis qui intéressent une riche clientèle locale ou étrangère Occidentale. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres ( cruelle vérité).


  • Janine Akl Janine Akl 23 décembre 2016 15:51

    Il y a quelques décennies J.R. Cossimon disait « en l’an 2000 plus de musique ! Et pourtant, c’était beau. » Il n’avait pas tord ; hélas ce n’est pas seulement la musique qui est condamnée, mais tout art et tout artisanat. En l’an 2000 plus rien ! L’art du tapis est bien mort et c’est un commerçant de tapis passionné qui le dit.


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