lundi 5 février 2018 - par Daniel MARTIN

Nouvelles intelligences artificielles, difficultés à venir ?...

La nouvelle révolution des intelligences artificielles risque fort de n’être point un long fleuve tranquille…

Depuis 2010, avec la nouvelle révolution des intelligences artificielles, les experts du forum économique mondial de Davos considèrent que nous sommes en train de nous extraire de la 3eme révolution industrielle qui a débuté dans les années 1970 et marquait le départ de la production automatisée, de l’informatique industrielle, du développement de l’électronique puis de la communication interpersonnelle via l’Internet et de la délocalisation des unités de production. La nouvelle révolution des intelligences artificielles (ou quatrième révolution industrielle), fondée sur le transfert de l’intelligence humaine aux robots avec le couplage des technologies de l’Internet et des énergies nouvelles, malgré les espoirs qu’elle peut susciter, implique que si nous ne savons pas anticiper par des mesures adaptées, l’avenir risque de se dessiner par de sombres perspectives…

Lorsque Jeremy RIFKIN, spécialiste de prospective économique et scientifique, et conseiller de diverses personnalités politiques constate que : « Notre civilisation industrielle est à un tournant. Le pétrole et les autres énergies fossiles touchent à leur fin, tandis que les technologies issues de ces énergies ou alimentées par ces dernières sont devenues obsolètes. Toute l’infrastructure industrielle fondée sur ces énergies fossiles est dans un état d’obsolescence avancée »… Il s’agit d’une évidence que l’on ne peut que partager, par contre quand il affirme : « il faut se projeter dans une Troisième révolution industrielle, fondée sur le couplage des technologies de l’Internet et des énergies nouvelles ». Or, il ne s’agit pas d’une simple évolution de la troisième révolution industrielle, vers plus d’informatisation et d’automatisation, mais depuis le début de la décennie 2010 c’est vraiment une nouvelle révolution en tant que telle. Cette nouvelle révolution du numérique sera une grosse consommatrice de terres rares, nouvel « or noir » du XXIe, siècle. Faut-il rappeler que les métaux issus de ces terres rares sont indispensables au couplage des technologies de l’Internet et des énergies nouvelles (solaire, éolien) cher à Mr. RIFKIN. Mais également d’électricité, pour laquelle, vu la croissance démographique, les énergies nouvelles ne pourront compenser les énergies fossiles nécessaire à sa production (Gaz, Pétrole, charbon, uranium…) En une quarantaine d’année, avec près d’un doublement de la population mondiale, la consommation d’électricité par habitant à triplé. De 1199,775 KWH par habitant en 1971 nous sommes passé à 3126,326 KWH par habitant en 2014 et elle ne cesse d’augmenter annuellement depuis ( https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/EG.USE.ELEC.KH.PC ).

 « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs » déclarait Jacques CHIRAC le 2 septembre 2002 lors du sommet mondial du développement durable à Johannesburg en Afrique du sud.

Cette déclaration de Jacques CHIRAC qui lui fut suggérée par Nicolas HULOT actuel Ministre d’Etat, pourrait fort bien illustrer le vide politique actuel qui caractérise les responsables politiques par rapport aux effets de la nouvelle révolution du numérique. Cette révolution des nouvelles intelligences artificielles va totalement impacter nos sociétés Occidentales, avec des effets aujourd’hui difficile, sinon impossible d’apprécier.

Mutation anthropologique entre espoirs et craintes

Avec la nouvelle révolution des intelligences artificielles (ou 4e révolution industrielle) ce sera encore une nouvelle mutation anthropologique qui va profondément affecter les sociétés moderne, avec un risque accru de creuser l’écart entres pays riches et pays pauvres. Si en plus des difficultés à venir en production d’électricité et en approvisionnement des terres rares, on y ajoute les conflits inter- culturels d’ordre cultuel qui s’accompagne d’une sixième extinction des espèces et d’une nouvelle série d’explosion de la bombe démographique génératrice de vagues migratoires, on ne peut que s’inquiéter des effets du cocktail explosif que nous léguons à la prochaine génération. D’autant plus que les pouvoir politiques ne s’attardent généralement que sur l’aspect global de ce qu’ils considèrent comme positif des nouvelles intelligences artificielles pour certains intérêts économiques de court terme, laissant seule « maître à bord » la techno-science du numérique tout réguler… 

Actuellement les nouvelles intelligences Artificielles (I.A.) « trans-humaniste » restent somme toute très rustique à coté des développements des I.A. à venir… Dans tous les domaines : entreprises, services, santé, hôpitaux, enseignement, transports, militaires etc. désormais l’I.A. va s’installer partout avec des applications de substitution totale de l’intervention humaine aux robots par phases successives. Nul doute qu’elle va susciter des espoirs, parfois surréalistes, mais aussi des craintes apocalyptiques, dont certaines peuvent être justifiées, compte tenu de notre culture actuelle et du recours trop réactif à la violence.

La nouvelle révolution des intelligences artificielles (4e révolution industrielle) est marquée par le changement de statut des robots

 La troisième révolution industrielle qui a commencé au cours des années 1970 avec l’informatique allait permettre de remplacer l’Homme par des robots dans des taches répétitives, sales et souvent dangereuses. Au fond, le robot, même s’il convient de distinguer celui qui fait seul aujourd’hui le travail qu’accomplissait hier une myriade d’ouvriers, par exemple sur une chaine de montage automobile dans les années 1960 ou celui qui tond la pelouse, ou encore celui qui va vous réveiller le matin ou celui qui va faire le café, ils ont en commun la nécessité de l’intervention Humaine pour la programmation, la mise en route, l’arrêt ou la surveillance.

Avec la nouvelle révolution numérique ou 4e révolution industrielle, ainsi définie par les experts du forum économique mondial de Davos, dans laquelle nous entrons à marche forcée depuis le début des années 2010 les robots changent de statut. De simples esclaves mécaniques, outils au service de l’Homme, grâce aux nouvelles intelligences artificielles et à l’interconnexion entre eux, les robots peuvent désormais, pour des taches intellectuelles ou nécessitant une dextérité des gestes, se substituer à l’homme avec une plus grande efficacité. 

Aujourd’hui on est en mesure de confier des taches sélectives de décision, notamment, pour la justice, la médecine, l’enseignement, mais aussi faire déplacer des véhicules sans chauffeur ou des drones-taxis sans pilote, y compris faire fonctionner des usines sans aucune intervention humaine grâce aux interconnexions de l’intelligence numérique entre les machines, avec toutes les conséquences d’éthique que cela suppose. Par exemple, s’agissant de la justice pour désengorger les tribunaux, lorsque cela ne relève pas de décisions concernant des jugements dans des situations complexes, où elles doivent être prises en « son âme et conscience », les robots peuvent très bien suppléer les magistrats pour prononcer des sanctions en fonction de critères très précis.

Entre la confiance dans l’intelligence artificielle et la peur du grand remplacement par les robots dans les emplois, on ne pense pas à ce qui permet aux robots de fonctionner

Selon les sondages, les Français se déclarent plutôt confiants dans l’Intelligence artificielle, ils reconnaissent son apport pour faciliter la vie quotidienne. En revanche, ils sont réellement inquiets sur les conséquences de ces technologies sur les questions d’emplois. Une sorte de peur du grand remplacement par les robots rôde dans l’opinion, mais celle-ci ne semble pas se préoccuper des ressources fossiles nécessaires aux robots de fonctionner, alors qu'à terme ces ressources sont tarissables... 

Le mathématicien Cédric VILLANI, député LREM de l’Essonne, vice-président de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, est chargé par le président de la République et le Premier ministre d’un rapport sur la stratégie nationale face à l’Intelligence artificielle. Son travail est presque achevé mais ne devrait pas être dévoilé avant le mois de mars, pour qu’en parallèle le gouvernement élabore des mesures qui seront dévoilées au même moment.

Ne retenir que les seuls rapports entre l’homme et les robots dans la redéfinition du rapport au travail, bien que ce fût absolument nécessaire, serait insuffisant si l’on n’aborde pas les problématiques démographiques avec les besoins exponentiels inhérents en électricité et les approvisionnements en terres rares. Espérons que dans son rapport Mr. VILLANI évoque ces questions…

En ne visant que l’aspect positif n’oublie-t-on pas de s’attarder sur les effets négatifs ?

Le problème, c'est que ni la problématique démographique, ni les besoins en électricité qui vont croître démesurément ou les Terres Rares qui sont aussi une énergie tarissable venant du sous-sol ne semble pas être la première préoccupation des responsables politiques, espérant probablement que les futurs robots apporteront une réponse ?… Sans terres rares, pas d’intelligence artificielle (IA), pas de robots « intelligents », pas d'Ipad, pas d'écrans plasma ni LCD. Impossible de produire une voiture hybride ou à pile à combustible, pas d'ampoules LED basse consommation. Dans une technologie donnée où elles sont utilisées, les Terres Rares sont difficilement substituables, ou alors au détriment de la qualité et des performances. Il peut en revanche y avoir des basculements de technologies, or, aujourd'hui, la situation est alarmante. En effet, la demande de terres rares est explosive, notre dépendance totale et l'offre est sur le point de s'assécher violemment. Il n'existe peu de matières premières, dont la demande, a été multiplié par 30 fois en 50 ans.

Les terres rares, enjeu majeur de la nouvelle révolution du numérique

Rappel : Les Terres Rares (TR) sont un ensemble de 16 à 17 éléments métalliques du tableau périodique de Mendeleïev, aux propriétés chimiques très voisines, qui se trouvent pratiquement toujours associés dans leurs gisements et qui comprend classiquement l'ensemble des 15 lanthanides. C'est-à-dire les 15 éléments portant les numéros atomiques successifs 57 à 71 : lanthane (La), cérium (Ce), praséodyme (Pr), néodyme (Nd), prométhium (Pm), samarium (Sm), europium(Eu), gadolinium (Gd), terbium (Tb), dysprosium (Dy), holmium (Ho), erbium (Er), thulium (Tm), ytterbium (Yb) et lutétium (Lu) dont seuls 14 existent dans la nature, le prométhium n'ayant pas d'isotopes stables et l’yttrium (Y), de numéro atomique 39, qui n’est pas un lanthanide, mais dont les propriétés atomiques et chimiques et le rayon ionique sont si proches de ceux des lanthanides qu’il s'y trouve toujours associé dans leurs différents gisements. Certains rattachent aussi au groupe des Terres Rares le scandium (Sc), de numéro atomique 21. Mais le scandium ne se concentre pas dans les mêmes gisements, sa problématique d'approvisionnement est distincte de celle des autres Terres Rares. L'yttrium, bien que plus léger que tous les lanthanides, est généralement classé parmi les Terres Rares lourdes du fait qu'il y est préférentiellement associé dans ses gisements.

La demande des terres rares ne cesse d’augmenter très rapidement…

C´est le cas notamment dans les technologies militaires, de l’énergie verte (solaire, éolien), smart-phones, tablettes, ordinateurs etc. et les risques d’approvisionnement demeurent. Avec les nouvelles applications d’intelligences artificielles, on peut imaginer l’explosion de la consommation et de la production accrue par l’explosion démographique et ses besoins correspondant… Quelques exemples de production depuis 1965 : en 1965 : 5 000 tonnes, 1975 : 20 000t, 1985 : 30 000t, 1995 : 55 000t, 2005 : 110 000t, 2015 : 145 000t.

Il faut rappeler que l’extraction des terres rares et son raffinage ont un coût considérable pour l’environnement, ainsi que pour la santé des habitants riverains et des ouvriers sur place qui se plaignent de problèmes de santé avec des taux de cancer importants et des difficultés respiratoires. En cause les poussières, l’utilisation de produits chimiques en grande quantité et même radioactivité pour ce qui est du thorium.

Près de 4 kilos de terres rares sont produits chaque seconde, soit près de 126 000 tonnes de terres rares produits annuellement dans le monde, dont 97% en Chine. Dans les années 1980, c'était les États-Unis qui fournissaient environ la moitié de la production mondiale.

La Chine est désormais devenue leader dans la transformation métallurgique de métaux issus de ces terres rares et elle importera bientôt des terres rares de Suède ou du Groenland pour nous les restituer sous la forme de produits finis. La demande chinoise de terres rares par exemple serait susceptible d´augmenter de plus de 50% dans les cinq prochaines années. Chen ZHAGNHEN, vice-secrétaire général de la Chambre d´industrie des Terres rares Chinoises, prévoit une augmentation de la consommation intérieure de près de 9% cette année, passant à 97 700 tonnes, et pourrait atteindre près de 150 000 tonnes à la fin de la décennie, contre 90 000 tonnes consommées en 2014. http://www.reuters.com/article/china-rareearths-idUSL4N11N0PB20150917

Avec les terres rares, la Chine tient les rênes, ce qui peut se révéler problématique, voire conflictuel à terme

La Chine, c'est 90 à 95% de la production mondiale (2013) des terres rares : elle alimente à elle seule toute la planète en terres rares. En 10 ans, elle a éradiqué la quasi-totalité de ses concurrents occidentaux par une guerre de prix destructive, à laquelle très peu ont survécu. Elle est devenue totalement « maître du jeu ». Alors qu'elle n'abrite sur son sol que 23% des réserves mondiales de ces ressources et ne détient que 37 % des réserves mondiales, elle contrôle 90 à 97 % de leur exploitation et réduit chaque année les quotas d’exportation.

Déjà des tensions autour de la Chine

En 2011, la Chine avait établi des quotas d'exportation sur ses terres rares, afin de « protéger ses ressources naturelles ». Elle a eu tort de le faire, a estimé un groupe d'experts de l'OMC, qui donne ainsi raison aux Etats-Unis, au Japon et à l'Union européenne. Les Etats-Unis, l'Union européenne et le Japon s'étaient sentis discriminés par les mesures de quotas et avaient porté plainte devant l'OMC, qui a mis en place en 2012 un panel chargé de trancher le litige. Un groupe d'experts rassemblés par l'OMC a estimé en mars 2014 que les quotas chinois concernant l'exportation des terres rares n'avaient pas lieu d'être. Le problème c’est que pour nous, notre industrie technologique et stratégique est totalement dépendante des approvisionnements chinois. La demande en terres augmente de 10% à 20% l'an et elle a doublé en sept ans. Et ce rythme de hausse est en train de devenir exponentiel. 

Pour conclure

En ne visant généralement que l’aspect positif de la nouvelle révolution numérique, les responsables politiques délaissent les effets négatifs. Passons sur la voiture sans chauffeur ou le drone taxi, les robots joueurs ou tueurs pour l’armée, la nouvelle révolution des intelligences artificielles avec une « robotisation intelligente » totale des entreprises, c'est-à-dire sans une intervention humaine, selon certains experts, entraînera la perte de plus de 5 millions d'emplois d’ici à 2025. Mais pour d’autres, grâce à de nouvelles activités que l’on ne peut imaginer aujourd’hui, comme en 1980 nous ne pouvions imaginer les activités résultant, par exemple des plateformes numériques, ce ne sera pas pour autant la fin du travail, avec des millions de nouveaux emplois créés. Au-delà de ces prospectives d’experts, parfois contradictoires, il y a les besoins liés à une croissance démographique non maitrisée et aux robots, dont les ressources fossiles indispensables à leur fonctionnement ne sont pas inépuisables. Après les guerres pour le pétrole, les guerres pour les terres rares, le nouvel « or noir » du 21e siècle de tous les dangers…



30 réactions


  • Gabriel Gabriel 5 février 2018 08:29

    Bonjour Daniel,


    Les décideurs ( Davos, le Bilderberg etc...) ne cherchent pas le bien de l’humanité mais celui de leur prospérité. Le problème majeure de la surpopulation engendrant l’épuisement des ressources de matière première, ils vont le régler sans tarder. Dans leurs pauvres petites têtes de malade, l’humanité ne peut être viable à ce jour et pour leur confort personnel, à un milliard d’individus maximum. Je vous laisse imaginer les scénarios à venir dans les 20 années qui vont suivre.

  • baldis30 5 février 2018 09:24

    bonjour,

    "Il faut rappeler que l’extraction des terres rares et son raffinage ont un coût considérable pour l’environnement, ainsi que pour la santé des habitants riverains et des ouvriers sur placll

    C’est parfait et malheureusement vrai pour la pollution ...

    allons les faire extraire et préparer en Chine .. ce qui est le cas comme pour la fabrication du silicium ....Au moins là-bas les ouvriers ne rechignent pas et s’ils rechignent .... il n’y aura pas de problème la solution - ( voire la dissolution ...) existe !


  • Francis, agnotologue JL 5 février 2018 10:30

    ’’La nouvelle révolution des intelligences artificielles (4e révolution industrielle) est marquée par le changement de statut des robots’’
     
    Il ne faut pas confondre une marionnette androïde avec une IA qui ne se voit même pas, ce que sont les véritables IA.
     
    On ne va tout de même pas accorder un statut d’humain à un « doudou » qui sait dire bonjour ! Il faut arrêter ce délire.


    • Francis, agnotologue JL 5 février 2018 10:33

      @JL
       
      Ce délire est du même tonneau que celui d’aller vivre sur d’autres planètes. Ces gens auraient-ils l’intention de rendre la Terre rédhibitoirement inhabitable ?


    • Yanleroc Yanleroc 5 février 2018 12:44

      @JL
      "Le changement de statut des robots’’

      Effectivement, Google dénonce préventivement le racisme antirobots !
       

    • zygzornifle zygzornifle 5 février 2018 16:24

      @Yanleroc


      Les pays du maghrebs se posent déjà la question , doit t’on voiler les robots ?


    • Yanleroc Yanleroc 5 février 2018 21:52

      @zygzornifle, ce qu’ il y a de bien, c’ est qu’ on pourra s’ en donner à coeur-joie, pour leur taper dessus, rbocop itou, sans problèmes de conscience, puisque l’ adversaire ne sera plus qu’ une machine......

      ...jusqu’) ce qu’ il revendique son humanité !
      Comme nous d’ ailleurs !
      Frères Robots, même combat contre l’ oppresseur !





    • zygzornifle zygzornifle 6 février 2018 14:57

      @Yanleroc


      Je vois déjà la CGT branche robotique défiler a Paris , SOS robots scander que l’homme est un raciste xénophobe anti-robots et Mélanchon créer son parti « Le Robot insoumis » Haaaa quel belle perspective d’avenir ....

    • V_Parlier V_Parlier 7 février 2018 17:23

      @JL
      "Ce délire est du même tonneau que celui d’aller vivre sur d’autres planètes. Ces gens auraient-ils l’intention de rendre la Terre rédhibitoirement inhabitable ?« 
      Il semble même qu’ils trouvent cela plus simple que de transporter nos déchets sur les planètes désertes qui nous entourent et sont juste »à côté". Je me demande si un gamin de 5 ans ne serait pas plus capable de prévoir des solutions pour notre futur !


  • Christian Labrune Christian Labrune 5 février 2018 11:25

    à l’auteur,
    L’intelligence artificielle a longtemps paru à ceux qui ne comprennent pas grand chose à l’informatique une espèce de rêverie digne de la science fiction. Au reste, il suffit de lire ce qui s’écrit sur AgoraVox concernant cette question pour constater que les choses n’ont guère changé bien qu’on ne lise quand même plus les mêmes stupidités qu’il y a vingt ans, du genre : il faudra toujours des hommes pour construire les machines et pour les programmer.

    Des avancées considérables et tout à fait inespérées ont eu lieu dans la recherche il y a moins de dix ans quand, à cause d’un accroissement de la rapidité de traitement de l’information et de son transfert dans des réseaux complexes, on a pu mettre au point des algorithmes capables de traiter les big data. D’un seul coup, le changement d’approche concernant la traduction automatisée rendait obsolètes les anciens systèmes très inopérants qui partaient d’une analyse du système des langues et de leur grammaire. Les machines commencent à comprendre les langues naturelles et c’est tout à fait essentiel pour tout ce qui concerne le difficile problème de la reconnaissance des formes dans les images video que fournissent les caméras. Une automobile autonome qui circule dans un espace toujours changeant et qu’elle ne connaît pas, espace qui ne comporte aucun système de guidage, doit être évidemment aussi capable qu’un conducteur humain de mettre des mots sur les objets qui l’environnent et, partant de lâ, en interrogeant les banques de données, de savoir quasi instantanément ce que sont les propriétés de ces objets.

    Vous parlez d’usines fonctionnant sans aucune intervention humaine. Non seulement c’est possible, mais c’est ce qu’on verra dans les quinze prochaines années, et c’est tout le système de production qui, à terme, va s’automatiser. Il n’est pas difficile de concevoir que de l’interconnexion de multiples systèmes commandés par l’IA faible émergera nécessairement, et probablement bien avant le milieu de ce siècle, une IA forte. Il n’y a aucun travail portant sur les objets du monde réel qui ne puisse être réalisé par des machines. A un degré d’abstraction supérieur, rien n’empêche de penser que des machines puissent également, dès lors qu’elles disposeront du langage naturel, manipuler les concepts qui nous servent, depuis les présocratiques, à philosopher. Au reste, chacun sait que dans le développement de l’informatique, ce n’est pas la manipulation des abstractions qui est difficile (il y a déjà longtemps que les machines démontrent des théorèmes ou battent les meilleurs champions aux échecs) mais tout ce qui dépend de la perception du monde réel. Comment restituer cela dans le langage ordinaire ?

     Rien n’interdit d’imaginer qu’on puisse confier un jour la gestion de l’ensemble des ressources de la planète à des machines intelligentes qui calculeraient les besoins des populations, ajusteraient en conséquence le système de production global. Que deviendraient nos politiciens ? Etant donné leur incapacité à prévoir au-delà de la fin de leur mandat, leur remplacement par une raison centrale capable d’harmoniser au mieux la chose publique mondiale ne serait peut-être pas une mauvaise chose.

    Dans vingt ans, la moitié des emplois auront complètement disparu, et pas seulement les moins qualifiés. Il n’y aura évidemment plus de caissières dans les magasins, plus de machinistes dans les bus et les métros, de pilotes dans les avions (qui sont cause de la plupart des catastrophes !), mais les médecins généralistes aussi disparaîtront. Beaucoup d’interventions chirurgicales classiques, même si on préfère ne pas le dire aux patients, sont déjà plus ou moins complètement effectuées par des machines. Et je ne parle pas des enseignants : quand les enfants pourront converser du matin au soir avec une entité omnisciente, ils auront tous un précepteur à la maison.

    Je n’ai pas du tout l’impression que les politiques aient compris cette véritable révolution et encore moins la nécessité de s’y préparer. On parle de l’IA parce que c’est à la mode, mais on n’en voit pas les conséquences. Macron doit se dire que ça n’arrivera pas avant la fin de son mandat. Après nous, le déluge !

    La question des terres rares est actuellement aussi importante que celle du pétrole dans les années 70. On prophétisait alors que les ressources fossiles n’étaient pas inépuisables. A la fin du siècle, ce serait fini, les puits seraient à sec. Mais il y en avait beaucoup plus qu’on ne lepensait : on n’avait même pas envisagé l’exploitation des gaz de schiste. On imaginait, il est vrai, que la fusion atomique serait bientôt maîtrisée. Elle ne l’est toujours pas, mais comme elle est théoriquement possible, elle le sera nécessairement avant la fin de ce siècle, et l’énergie ne coûtera plus grand chose : ce n’est pas l’hydrogène qui manque dans l’univers.


    • gogoRat gogoRat 5 février 2018 14:45

      @Christian Labrune
       
       l’intelligence de la fuite en avant, ou de fuite tout court, devant la question humaine et philosophique, justifiera-t-elle votre credo et votre foi en une régulation ’RAISON CENTRALE’ du vivant qui se voudrait mathématique ? 
       Dieu est mort : vive son remplacement par l’Intelligence Artificielle ?
       
        Voici qui fait atrocement froid dans le dos ! :
      "Etant donné leur incapacité à prévoir au-delà de la fin de leur mandat, leur remplacement par une raison centrale capable d’harmoniser au mieux la chose publique mondiale ne serait peut-être pas une mauvaise chose."


    • Christian Labrune Christian Labrune 5 février 2018 22:16

       Dieu est mort : vive son remplacement par l’Intelligence Artificielle ?
      ...................................................................... ............
      @gogoRat
      L’IA faible existe, vous en avez des preuves tous les jours, ne serait-ce qu’en utilisant un téléphone portable. La probabilité d’existence d’une IA forte est à peu près la même que celle de l’apparition de machines capables de voler, mais plus lourdes que l’air, à l’époque de ce curieux engin auquel Clément Ader avait donné le nom « avion ».
      Ses expériences assez pitoyables (décollage sur 5 ou dix mètres avant un crash !), faisaient beaucoup rigoler les sceptiques, mais peut-être êtes-vous déjà monté dans un boeing ou un A380. Machines sensiblement plus lourdes que l’air, si je ne me trompe ?

      Vous observerez qu’il y a quand même une très grande différence entre Dieu et l’IA : l’IA existe dans le monde phénoménal, et vous allez la rencontrer de plus en plus souvent.

      Et Dieu, est-ce qu’il existe ? Quelques uns, sur ce site, me disent qu’ils ont déjà rencontré Jésus-Christ. Pas moi. Et vous ?


    • V_Parlier V_Parlier 7 février 2018 17:36

      @Christian Labrune
      Vous écrivez : "mais les médecins généralistes aussi disparaîtront. Beaucoup d’interventions chirurgicales classiques, même si on préfère ne pas le dire aux patients, sont déjà plus ou moins complètement effectuées par des machines« .
      Euh... Assistées par des machines, oui, et c’est utile. Mais »complètement effectuées« il me semble que c’est dans vos rêves. En tout cas le jour où ils nous pondront le chirurgien électronique qui a autant de bugs que les scanners médicaux informatisés (pur vécu), que le matériel de programmation des passeports biométriques (vécu aussi), que les équipements de contrôle technique automobile (encore vécu !), alors j’irai me faire opérer dans un pays plus arriéré !

      Vous ajoutez : »Et je ne parle pas des enseignants : quand les enfants pourront converser du matin au soir avec une entité omnisciente, ils auront tous un précepteur à la maison.« 
      -> Les mêmes rêves que ceux qu’avaient les »visionnaires« lors de l’apparition des premiers moyens de transmission du langage et de l’image (d’abord unidirectionnels puis interactifs) : Radio, puis télévision, puis informatique domestique, puis internet, etc... Moyens qui trouvent certes leur utilité mais qui n’ont rien changé au fait que pour étudier il faille simplement travailler et être suivi. »L’entité omnisciente", je l’imagine bien neutralisée après installation d’un crack qui permet de jouer à un jeu vidéo en fournissant un rapport bidon aux parents. smiley


  • biquet biquet 5 février 2018 11:29

    L’intelligence artificielle, une expression qui fait savant de Marseille ; avez-vous déjà vu une intelligence naturelle ? En effet, tout ce qui est naturel peut se voir.


    • Christian Labrune Christian Labrune 7 février 2018 17:54

      En effet, tout ce qui est naturel peut se voir.
      ==========================================
      @biquet
      Bravo ! Si vous êtes capable de voir les rayons Gamma, et même seulement les rayons alpha ou les rayons X, c’est vraiment que vous êtes un surhomme !
      Je suppose que vous entendez aussi très bien les ultra-sons ?
      Quand on pense aux sommes considérables qui ont été englouties pour construire de gigantesques dispositifs capables de détecter les neutrinos, on se dit que c’était bien de la pure folie : il aurait suffi de faire appel à vous.


  • La Voix De Ton Maître La Voix De Ton Maître 5 février 2018 12:30

    Je croirai en l’intelligence artificielle le jour elle ira remplacer un PDG. Or les gens de Davos ont plutôt l’air de s’inquiéter du sort de leur secrétaire trilingue.


  • Ruut Ruut 5 février 2018 12:40

    Un robot qui pense... Mais n’as aucune conscience ni de code moral ni d’étique ni même de la valeur de la vie ni de sa propre survie......

    Il faut arrêter de prendre les charlatans pour des scientifiques, cela aiderait beaucoup.

    Et oui la publicité n’est pas la vérité.....


  • zygzornifle zygzornifle 5 février 2018 16:21

    Vu les boites qui vont les mettre au point et des politiques qui feront pression pour les adapter a leurs désirs on ne risque pas d’avoir des abbés Pierre mais plutôt des CRS ....


    • Ruut Ruut 6 février 2018 08:58

      @zygzornifle
      Bof des CRS hors de prix qui a la moindre IEM sont mort, ça fait déjà moins peur.


  • lejules lejules 5 février 2018 19:59

    rêvons un peu 

    a la renaissance il fut inventé l’imprimerie la correspondance actuelle serait l’ordinateur
    on inventa la perspective ce qui maintenant pourrait s’apparentée a la réalité virtuelle
    il y eut l’apparition de la syphilis auquel peut correspondre le sida contemporain
    sommes nous dans une deuxième renaissance voir les conférences idriss alberkanh qui nous propose de nous servir de notre cerveau d’une autre manière comme Descartes se le proposait dans le discours de la méthode:les prémices du raisonnement scientifique
    ce qu’il y a de merveilleux dans l’avenir c’est qu’il est indéfinissable on ne peut que conjoncturer.
    je ne peux m’empêcher de penser qu’a la découverte des nouveaux mondes correspond la conquête de l’espace. et pourquoi pas avec des robots et de l’intelligence artificielle qui nous préparerait le terrain sur d’ autres planètes. je rêve mais laisser moi rêver un peu
    n’est ce pas a l’homme d’inventer une intelligence consciente d’elle même conçu autrement que sur la biologie ???.


  • goc goc 6 février 2018 02:51

    @ l’auteur

    Merci pour cet article qui a le mérite d’ouvrir et d’alimenter le débat (même si vous n’y participez pas)

    Je suis totalement d’accord sur le fait que toute cette technologie pourrait bien etre freinée par le manque de ressource

    Permettez-moi d’apporter 3 réflexions en qualité d’informaticien et ex-roboticien

    1 - Nous ne devrons pas parler d’intelligence artificielle, mais plutôt de systèmes performants (enfin plus performant qu’avant). L’intelligence évoque des capacités à résoudre n’importe quel problème, y compris dans des domaines nouveaux, alors que l’IA reste extrêmement spécialisée. Par exemple, les robots ne savent pas apprendre par le jeu, alors que c’est ce que font tous les enfants.

    2 - Si demain on remplace les individus par des robots pour fabriquer des objets, alors qui pourra bien acheter ces objets vu que l’individu sera au chômage et n’aura jamais assez d’argent pour acheter la dernière imerde à 1000 roros, même en étant lobotomisé par Mac’Rond-TV

    3 - Pour ma part la vraie crainte de remplacement des individus par des robots n’est pas tant la monté en puissance des robots mais plutôt l’abrutissement des individus (au motifs qu’ils sont mieux contrôlables).
    Je l’ai constaté très souvent dans mon domaine (celui de la programmation) ou le foisonnement des outils et des langages et leur « puissance » de plus en plus importante,est rendu nécessaire par la faiblesse de niveau des programmeurs, et leur incapacité à résoudre (déboguer) les problèmes de dysfonctionnement de leurs programmes.

    Enfin j’ajouterais en aparté, un dernier point, à savoir : l’IA, oui mais pour quoi faire ?.

    Quand on sait la puissance colossale disponible actuellement sur les processeurs chez Nvidia, ou on parle de milliards de transistors, et qu’au final cela serve actuellement (entre autre) à monter la plus grosse arnaque mondiale depuis l’affaire des tulipes, à savoir le Bitcoin, on est en droit de s’inquiéter pour l’avenir, et donc pour l’utilisation de toute cette IA à des fins mafieuses, et/ou fascistes (voir la NSA).


  • abeille du 64 abeille du 64 6 février 2018 12:25

    Il semble quand même que nous ne maîtrisons plus la technologie, elle a sa propre vie.
    On ne peut plus décider d’arrêter telle ou telle évolution technologique. La seule limite à son évolution est la loi du marché : une évolution qui n’est pas rentable disparaît.


  • L'enfoiré L’enfoiré 6 février 2018 15:23

    @Daniel,

     A voir à ce sujet cet interview


  • L'enfoiré L’enfoiré 6 février 2018 15:37

    Au sujet des terres rares, cela me rappelle mon billet « Chéri, ni parfums, ni or, des terres rares ».
    L’exploitation de ces terres rares pollue l’environnement.
    L’Occident a laissé l’expertise de son exploitation à la Chine.
    C’est une menace pour l’avenir de l’occident dans le numérique. 


  • babadjinew babadjinew 6 février 2018 18:20

    A terme l’IA sera ! Rapidement ou pas mystére....

    En attendant reglons déjà les problémes actuels. Cloud, peer-machine, industrie 2.0, web 3.0 tous cela n’est pas de la science fiction mais existent déjà ici et maintenant !!!

    Comment allons nous anticiper ces nouveaux process, allons nous laisser le dieu marché libre de les utilisés à sa guisse ou allons nous (une fois n’est pas coutume) reffléchir plutot que subir ????

    Wake Up !!!!


  • Taverne Taverne 7 février 2018 15:27

    A la disruption provoquée par les changements rapides dus à l’essor foudroyant de la technologie, il nous faut opposer un accélérateur de la pensée humaine, à savoir une pensée qui se structure au contact même du Vivant et de l’Universel, une pensée qui soit philosophique, poétique, créatrice et tournée vers le Juste. Ces catégories doivent permettre d’insuffler des repères solides dans la pensée et dans l’éducation. Ce sera une pensée rivale à l’intelligence artificielle. Face à la société disruptive, une pensée éruptive, jalonnée et juste.


    • Taverne Taverne 7 février 2018 15:44

      Autrement dit et pour essayer de le dire plus simplement, je dis que, par exemple, là où la vitesse prime nous sommes en perte de repères et de confiance face aux performances de la machine intelligente : calculs, répétitions de tâches, mémorisation et restitution...Mais la pensée ne repose pas que sur la vitesse. Un vaste domaine de pensée (celui qui n’est pas réductible à la forme artificielle de l’intelligence) nous reste à explorer et à développer. Nous pouvons fertiliser les champs de l’imaginaire et de la sagesse.


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