lundi 9 février 2015 - par Le Canard républicain

Objectif démocratie

L’attitude totalitaire de la Banque Centrale européenne envers la Grèce présente au moins, si l’on peut dire, un avantage : elle débarrasse le discours officiel des hypocrisies pharaoniques que les autorités infligent depuis des années aux citoyens. Le discours sur la stabilité monétaire et la lutte contre l’inflation révèle aujourd’hui sa véritable signification politique : il n’est plus question d’affirmer que la démocratie européenne est en train de se construire ou que l’élection de Jean-Claude Junker à la tête de la Commission constitue une étape dans le processus de légitimation des institutions de Bruxelles. L’aveu est proclamé et assumé que le pouvoir appartient, en droit et en fait, aux milieux financiers et que tout contrevenant aux règles édictées par eux sera sévèrement réprimé. Les dirigeants de cet édifice européen monstrueux ne se cachent plus derrière les mots creux de démocratie ou de respect des droits de l’homme. Junker le résume crument : « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens »,

Pas de choix donc en dehors du respect pur et simple de traités adoptés en tordant le bras de peuples qu’on n’ose même plus consulter et qu’on prétend guider pour leur bien, les yeux rivés sur les rapports des agences de notation. Le mépris de la plus simple démocratie est lui aussi ouvertement assumée comme le démontre la violation des résultats des referendums de 2005 en France ou aux Pays-Bas. Le coup d’Etat que représente l’adoption honteuse du traité de Lisbonne a bénéficié du soutien plus ou moins explicite des principales forces politiques. Les traités suivants (traité sur la stabilité et la gouvernance avec sa fameuse « règle d’or »,…) ont reçu les mêmes soutiens de la part de parlements qui s’estiment plus responsables devant les institutions de Bruxelles que devant les peuples qui les ont élus. C’est au nom de ces traités que les politiques antisociales et antidémocratiques ont été et continuent d’être menées en France comme dans les pays du Sud de l’Europe. Et c’est une « troïka » autoproclamée qui fait signer, le fusil sur la tempe, à des gouvernements asservis des « plans de sa sauvetage » plus favorables aux banques qu’aux populations.

Certes, les forces politiques dominantes, de gauche comme de droite, agitent avec raison le risque de l’extrême droite pour appeler les citoyens à les soutenir. Mais c’est précisément leur politique et leur arrogance toute aristocratique qui génère la montée de celle-ci. Deux totalitarismes s’affrontent devant les peuples ne leur offrant que des options mortifères.

Il est donc plus que temps de retrouver le souffle émancipateur de la démocratie et de revenir à ce principe fondamental qu’aucun pouvoir n’est légitime s’il n’a l’accord et le soutien du seul souverain, le peuple, en Grèce comme en France. C’est la volonté de persévérer dans l’erreur dont font preuve les classes dirigeantes et leurs affidés qui est irresponsable et qui pousse à la violence. Une refondation politique est la seule voie pour éviter les extrémismes et reconstruire l’intérêt national. Tel est le sens profond de la Constituante qui donne son sens à la reconstruction du peuple et de sa souveraineté

André Bellon


Président de l’Association pour une Constituante : www.pouruneconstituante.fr/ ,
Ancien Président de la Commission des Affaires Étrangères de l’Assemblée nationale

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LIRE AUSSI...

- La Grèce à la recherche de son destin et de sa vérité. Une Assemblée constituante ?
- Grèce : ils ne se cachent plus…


- Ceci n’est pas une dictature, Éditions Mille et une nuits, septembre 2011, 200 pages. Auteur : André Bellon
- François Hollande et le Traité de Lisbonne ou comment piétiner la souveraineté populaire...

- Rubrique du Canard républicain sur l'Union européenne

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12 réactions


  • Diogène diogène 9 février 2015 08:37

    «   la reconstruction du peuple et de sa souveraineté »


    Dîtes moi :

    - quand le « peuple » a-t-il été souverain en France ?

    - ça veut dire quoi « reconstruction » du peuple ? Il est détruit le « peuple » ?

    On dirait la messe !

    • Le Canard républicain Le Canard républicain 9 février 2015 12:02

      Citoyen diogène,

      A votre question quand le « peuple » a-t-il été souverain en France ?,

      je vous invite à consulter les articles suivants... :

      La Convention, nouvelle assemblée constituante, 22 septembre 1792 - 22 août 1795
      Vidéo - Conférence de Florence GAUTHIER sur la Convention montagnarde 1793 - 1794
      Vidéo - Conférence de Florence GAUTHIER sur ROBESPIERRE

      J.G.


    • Diogène diogène 9 février 2015 16:24

      Vous devez quand même bien savoir que 1789 a permis de renverser un état monarchique, aristocratique et rural affaibli par un état républicain, bourgeois et capitaliste fort, et tellement renforcé dans la foulée par Bonaparte que toutes les tentatives de révolution ultérieures (1848, la commune) se sont heurtées à une répression féroce.


    • Diogène diogène 9 février 2015 16:57

      Le peuple dont se gargarisent certains commentaires ici n’a jamais eu droit au chapitre.

      Deux voix ont essayé de se faire entendre pendant les affrontements qui ont suivi 1789 : Babeuf et Saint-Just, avec le succès que l’on sait.

    • Le Canard républicain Le Canard républicain 9 février 2015 17:50

      Citoyen diogène,

      La Révolution française ne s’est pas arrêtée en 1789. Les différents liens que je vous ai donnés évoquent une phase fondamentale de La Révolution souvent occultée malheureusement.

      Puisque vous évoquez Babeuf, vous avez sans doute lu ceci :
      http://www.lecanardrépublicain.net/spip.php?article543

      Cordialement.

      J.G.


    • Diogène diogène 10 février 2015 07:55

      Et après ?

      Vous faites une interro écrite ?

    • Le Canard républicain Le Canard républicain 10 février 2015 08:52

      Bien sûr que non...
      En tout cas, si vous aimez l’Histoire et si vous êtes prêt à ne pas vous
      contenter des clichés habituels véhiculés par les contre-révolutionnaires sur La Révolution française, vous devriez trouver matière à vous interroger. 

      Bonne lecture et bon courage citoyen...

      J.G.


    • Allexandre 10 février 2015 15:01

      @ auteur,


      Je rejoins Diogène sur tous les points. Jamais la France n’a été une démocratie. La Convention, élue en 1792 au soi-disant suffrage universel direct, ne le fut que par 10 % des citoyens ; autrement dit les plus riches et les plus impliqués politiquement. La dictature napoléonienne ne maintint ce suffrage que pour voir ses plébiscites validés. Ensuite il fallut attendre 1848 pour la restauration du SUD, et encore seulement masculin, et 1944 pour le droit de vote des femmes. En terme de « démocratie », on a vu mieux. Quant à la République, dite jacobine, elle est rapidement devenue bourgeoise et sacro-sainte, au point que depuis 1871, les Français n’ont plus jamais fait de révolution : on ne se révolte pas contre le meilleur des régimes. La propagande républicaine n’a rien à envier aux propagandes dictatoriales, à ceci près qu’elle fut beaucoup plus subtile et insidieuse. Aujourd’hui, on continue de nous faire croire, via l’Education nationale, que le droit de vote, conquis de haute lutte, est un droit et surtout un devoir. En réalité, il n’est là que pour masquer le pouvoir d’une oligarchie qui l’a confisqué depuis longtemps au peuple. Et la situation empire chaque jour avec la volonté affichée des puissants lobbies, d’un Nouvel Ordre Mondial. Vous avez dit DEMOCRATIE ?

    • Le Canard républicain Le Canard républicain 10 février 2015 22:24

      Citoyen Allexandre,

      Avant d’engager éventuellement un débat, je souhaiterais si possible connaître davantage vos représentations et vos sources historiques. Pour ces dernières, cela ne devrait pas être très difficile à fournir étant donné que vous êtes professeur d’histoire-géographie. D’ailleurs, si vous pouviez mettre en ligne votre cours sur La Révolution française...

      De plus, il serait intéressant d’avoir votre analyse du texte de l’historienne Florence Gauthier sur La Convention : http://www.pouruneconstituante.fr/spip.php?article956

      Cordialement,

      J.G.


  • BA 9 février 2015 13:18

    Nous nous dirigeons tranquillement vers un clash systémique en Europe.

    Lundi 9 février 2015, vers 13 heures :

    La Bourse d’Athènes chute, les rendements s’envolent.

    L’indice ASE des marchés d’actions grecs chute de plus de 6% au lendemain du discours, ferme, de politique générale du premier ministre Alexis Tsipras. Les rendements s’envolent, celui à 3 ans frôlant le seuil des 20%.

    Les banques sont une nouvelle fois les plus touchées. Si l’indice général du secteur chute de 7,04%, Banque du Pirée abandonne 8,1%, Euro Bank 6,68%, Banque nationale de Grèce 5,45% et Alpha Bank 8,79%.

    Autre réaction, celle du marché obligataire, avec une poussée du rendement des emprunts d’Etat à dix ans à plus de 10%, à 10,6032%, contre 9,94% vendredi.

    Pour le seul rendement à trois ans, on approche les 20%, à 19,97%, contre 17,48% vendredi.

    Leçon grecque : plus aucun changement possible sans clash systémique.

    http://yetiblog.org/index.php?post/1362


  • BA 9 février 2015 21:29

    Lundi 9 février 2015 :

    Cameron a présidé une réunion consacrée à un éventuel « Grexit ».

    Le Premier ministre britannique David Cameron a présidé lundi une réunion avec des responsables du ministère des Finances et de la Banque d’Angleterre consacrée à la marche à suivre en cas de sortie de la Grèce de la zone euro (« Grexit »), a dit une source du ministère.

    Le ministre des Finances George Osborne a dit dimanche que le pays accélérait ses préparatifs à une telle éventualité, notant que le rapport de forces entre la Grèce et la zone euro augmentait les risques pesant sur l’économie britannique.

    "Il s’est agi d’une réunion entre le Premier ministre et des responsables du Trésor et de la Banque centrale. Personne ne dit que cela (la sortie de la Grèce de la zone) va avoir lieu, mais il paraît judicieux d’examiner ce risque. Qui serait facteur d’une réelle instabilité", a dit la source.

    La Bourse d’Athènes chutait de près de 6% vers 11h35 GMT, au lendemain du discours de politique générale du Premier ministre Alexis Tsipras, qui a réaffirmé vouloir s’affranchir de la « troïka » et en finir avec l’austérité.

    « Une sortie forcée de la Grèce de la zone euro entraînerait la fin de la monnaie unique », a pour sa part affirmé dimanche le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis.

    http://fr.reuters.com/article/frEuroRpt/idFRL5N0VJ25620150209


  • Le p’tit Charles 10 février 2015 08:18

    En 2005 le peuple de France a dit NON...et les politiques se sont assis dessus... !

    Il serait temps de comprendre que cette caste de voyous devrait être en prison et non gouverner un pays...c’est partout la même chose...mais les peuples sont lobotomisés et les remettent au pouvoir à chaque élection.. !


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