Occupy Wall Street.. Bon anniversaire l’OWS !
Le capitalisme se meurt, selon Ionesco, il ne serait pas conscient de sa fin prochaine. Mais l'OWS se porte très bien, apparu il y a quatre mois par un frais dimanche de septembre 2011 à New York.
Le capitalisme se meurt, le capitalisme est mort, vive le capitalisme ! Façon de dire.. Si ce n’est aujourd'hui, ce sera pour demain, ou l'an prochain. Qu'est-ce qu'une année à l'échelle de l'histoire ? Une petite journée à peine, perçue dans la perspective du temps humain.
Le capitalisme est en état de mort clinique, son état de santé ne s'est pas amélioré depuis le dernier bilan du 24 décembre 2011. Mais les "experts", les docteurs à faux nez continuent de nier, ils parlent de crise, comme crise de dents, crise de goutte, crise de colique néphrétique (les douleurs paroxystiques sont bien là, violentes, spontanées ou provoquées, secousses de la fosse lombaire..),tout cela va finir par s'arranger entend-on partout.
Les courtisans et le haut-clergé se déchirent les reliefs de richesse, s'étripent allègrement, s'échinent pour sauver les meubles, profiter des derniers immenses privilèges, quitte à forcer le bastringue de tour de vis en tour de vis, de tour de vices en tours de vices.
Et le bon petit peuple, hallucinés, tout formaté à coup de H et de spectron, assommé d'informations, tout occupé à jouer avec ses nouvelles sonnettes, inconscient "des enjeux" comme dit la novlangue, se dispute les dernières miettes du festin et s'étourdit dans les dernières flamboyances de l'orgie.
Course à l'abîme sans la moindre préoccupation d'ordre éthique, encore moins d'ordre esthétique ou philosophique, encore moins d'ordre pratique.
C’est du tout-à-l’économique-tout-à-fric.
Quel puissant et obscène symbole que celui de ce prétentieux rafiot couché sur le flanc !
Annonces rigolotes de "pilules d'immortalité", de voyages sur la Lune, sur Mars, de découvertes de gisements d'huile illimités.
Et ils y croient les pauvres bougres, ils y croient.
Question : qu'est-ce qu'on fait des déchets ?
Question : que se passe-t-il si demain, comme c'est leur fantasme quotidien (bien légitime en regard des nôtres), 4 milliards d'Indiens et de Chinois vivent comme des Américains ?
Question : sont-ils heureux ? Ou même, sont-ils certain de n'être pas malheureux ces soutiers exténués et malades du capitalisme ?
LFC notait déjà, il y a 70 ans, que le capitalisme est une grande galère sur laquelle tout le monde rame.. Et encore, il n'avait pas vu les monstrueux échafaudages du capitalisme financier de notre temps, celui qui crée des milliards et des milliards sans avoir plus aucun besoin d’autres réalités qu’un amas de computers et d’ "instruments financiers".
Est-ce pour cela que l’Homme serait sorti du néant ? Fabriquer et trafiquer des marchandises à longueur de vie ? Chevaucher en hordes serrées des absurdes ferrailles ?
Question : le capitalisme et le consumérisme constituent ils une civilisation ?
Mais là ne sont pas les questions. La fin est imminente car elle est immanente, inscrite dans leurs gènes.
Personne ne s'est encore aperçu que l'évangile du développement permanent est une hérésie en regard des lois de la nature. Personne.. Hormis peut-être les banksters eux-mêmes, les "experts", le haut-clergé, les grands serviteurs de sa majesté Capitalisme, cette mince frange des 1% dénoncés par l'OWS.
Les caciques de la politique quant à eux n'ont jamais remis le dogme en doute, ne le remettent jamais, ne le remettront jamais en doute, en aucune circonstance.
Mélanchon a bien dit que Madame Le Pen et son Front sont "les chiens de garde du capitalisme", capitalisme qui trouve ses partisans sur l'ensemble de la palette politique, de la droite à la gauche tout confondu, sauf bien évidemment pour le "Front de Gauche", dont il serait l'ennemi.
Monsieur Mélanchon, qui pourrait presque faire le deuxième tour avec Madame, ne s'aperçoit-il pas que son programme n'est qu'une exploitation sous licence du dit capitalisme ? Quelques aménagements, quelques changements de propriétaires suffiront dans sa théorie pour faire l'affaire, on redistribue un peu mieux, on met l'état et ses fonctionnaires au côté des banksters et vogue la galère !
Croissance et développement seraient aussi les deux mamelles des lendemains qui chantent pour la gens prolétaire.
Quant à Hollande, à DSK le socialiste, à Aubry, à toute cette coterie, ce clan clinquant de la social-démocratie, n'en parlons pas ! Les seules concessions qu'ils consentent à l'idée de révolution, c'est la taxe Tobin, un truc vieux de 20 ans, emplâtre sur une jambe de bois, et quelques tours de passe-passe très-élimés.
Personne n'ose le discours politique ajusté à l'époque et aux besoins de l'époque. Personne. Sauf l'OWS, ce mouvement de contestation "global", qui réfute le système dans son ensemble. Pas seulement le capitalisme, qu'il faut purement et simplement détruire, mais tout ce qui va avec, tout ce qui le sous-tend : l'industrie de la réclame, la politique Tartuffe, l'écologie Tartuffe, le sport spectacle, les pratiques institutionnalisées du mensonge, de l'hypocrisie, la société de surconsommation, la société du spectacle et de l'illusion, toutes notions de développement, durable ou pas, toute la paranoïa du désir jamais assouvi, l'idée absurde du toujours plus, les croyances surannées dans l'idée de progrès, la confiance aveugle dans la technologie pour régler les problèmes ici-bas, l'acceptation et la sanctification même de la violence, le massacre sans le moindre état d'âme du monde animal, la dévastation de la planète, l'exportation du modèle de vie des banksters jusque dans les banlieues les plus reculées, jusque dans les chaumières les moins concernées..
Ah ! J’en oublions tant nombreux sont les malformations du capitalisme et de la société de surconsommation..
Le système s'est établi sur des constructions si absurdes qu'il n'a désormais besoin de personne pour s'effondrer.
Songez à la beauté, à la grandeur, à l'incroyable dimension des chiffres : 2000 milliards de dette pour la France (sans compter les engagements sur les retraites), sur le dos de 20 millions de le Guignon, autant que le PIB de l'Inde, vivier de 600 millions de travailleurs candidats peu exigeants à l’état d’exploités.
Le poids des déchets par an a plus que doublé en 40 ans, ne cesse de doubler.. 2500 fois le poids de la tour Eiffel.. Et le développement du continent plastique, et la présence des 32 000 têtes nucléaires..
Tout cela nous fait de malheureux la peinture achevée.
L'OWS n'occupe plus le devant de la scène comme il le faisait avant le temps des démantèlements et des bastonnades, mais il n'est pas mort, calquant ses cycles sur ceux de la nature, ce qui est garant de sa survie. Il hiberne, tout simplement.
Alors certes, il fait les choux gras de la presse Newyorkaise, rubriques faits divers :
- Miss New York critique l'OWS
- Des activistes de L'OWS installe une famille privée de logement dans une maison saisie
- Un groupe de dirigeants du mouvement "African American" fidèle à la mémoire de MLK se joignent à l'OWS pour une marche de Wall Street à Madison Square Garden au nom de la nécessité de continuer le combat pour la justice sociale.
L'OWS est apparu en public le 17 septembre 2011, quatre mois, juste avant l’hiver. Mais il a des racines profondes. D'ici a affirmer que l'OWS est pour quelque chose dans l’avalanche de catastrophes sur catastrophes* provoquée par le capitalisme, il y a loin.
Mais l'OWS semble être le seul visionnaire, le seul Témoin.
Au printemps, plus vivace qu’avant, très-précocement, il refleurira.
* Catastrophe sur catastrophe :
6. John Pierpont Morgan est l'homme qui a compris, (...) que la libre concurrence, (...) avait fait son temps, et qu'à l'anarchie de surenchère qui amenait catastrophe sur catastrophe dans l'industrie, il fallait enfin substituer des alliances entre les puissances productives, ...
Aragon, Les Beaux quartiers, 1936, p. 196.