Options pour la crise irano-américaine
Les États-Unis ont détruit une maquette d’une installation nucléaire iranienne à 80 mètres sous terre, a rapporté récemment le New York Times. Selon le journal, Washington a construit il y a 10 ans un modèle de taille similaire à l’installation nucléaire de Fordow, située à environ 100 kilomètres au sud de la capitale iranienne, Téhéran. Le modèle a été bombardé dans le cadre d’une simulation avec une MOAB ou « Mother of All Bombs » pesant environ 13 tonnes et demi.
Le journal a également révélé dans son rapport que des responsables israéliens ont étudié la possibilité de lancer une attaque militaire contre l’Iran, avec ou sans l’approbation des États-Unis. Les responsables israéliens pensent que le président américain Donald Trump ne s’opposera peut-être pas à une telle attaque, contrairement à son prédécesseur Barack Obama. Il y a un écart entre M. Trump et M. Obama en ce qui concerne le traitement de la menace iranienne, a rapporté le journal.
Certains observateurs ont considéré ce rapport comme une indication d’une possible escalade de la crise iranienne, et qu’il existe une forte probabilité d’une frappe militaire soudaine sur les installations nucléaires iraniennes. Mais l’expérience passée suggère que de telles préparations sont conventionnelles pour une superpuissance comme les Etats-Unis. Toutes les options stratégiques doivent être sur la table devant le leader américain, le commandant suprême des forces armées, comme outils diplomatiques contre la menace iranienne aux intérêts stratégiques des Etats-Unis.
En Israël, de telles discussions seraient naturellement une priorité absolue pour les stratèges, dans un contexte d’escalade avec les mandataires iraniens, menés par le Hezbollah libanais.
Mais il y a des conclusions importantes. La première est qu’Israël ne s’aventurera probablement pas en conflit direct avec le régime iranien à moins que les capacités des agents iraniens à contre-attaquer profondément en Israël ne soient limitées.
Le Président Trump n’est pas du tout enclin à la guerre. Le signe le plus évident n’est pas la façon dont il traite avec l’Iran, mais avec les talibans. Le président américain prévoyait de rencontrer les dirigeants à Camp David à l’occasion de l’anniversaire des attentats du 11 septembre pour signer un accord. Une grande partie des forces américaines stationnées en Afghanistan se retireraient en vertu de l’accord.
Il serait inconcevable que la Maison-Blanche s’efforce de mettre fin à l’engagement de ses forces en Afghanistan et d’ouvrir un front à côté avec les Iraniens, et à un moment critique. Les États-Unis sont à la veille de l’année de l’élection présidentielle.
Un autre signal important a été donné lors de la visite surprise du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou à Londres. Au plus fort de la crise politique du Royaume-Uni dans le contexte de la crise Brexit, il était clair que les pourparlers portaient essentiellement sur la manière de traiter avec l’Iran.
Netanyahou craint un sommet surprise entre les présidents Trump et Rouhani en marge de l’Assemblée générale de l’ONU ce mois-ci. Malgré la diminution des chances d’un tel sommet, les faucons du régime iranien faisant pression sur Rouhani et son ministre des Affaires étrangères Zarif pour qu’ils freinent leur empressement à dialoguer avec l’administration Trump, Netanyahou craint que des accords secrets et non divulgués ne soient conclus pour tenir le sommet.
M. Netanyahou a laissé entendre lors d’une séance d’information à l’intention des journalistes à Londres que de telles consultations étaient probables. « De toute évidence, je ne dis pas au président des États-Unis quand et avec qui il doit se réunir, » a-t-il dit. Il a ajouté qu’il présenterait une approche plus affirmée et plus rationnelle que celles présentées jusqu’à présent.
Ne pouvant nier carrément la possibilité d’un sommet, Netanyahou semble convaincu que la poignée de main entre Trump et Rouhani est devenue une question de temps. La poignée de main recherchée par les Etats-Unis affaiblit la main de Nétanyahou et limite ses chances de gagner les élections le mois prochain. Il parie sur un scénario de confrontation avec l’Iran et ses alliés régionaux, contrairement à son allié Trump, qui espère parvenir à un accord avec les mollahs.
Il est clair que le régime iranien pense à ce qui vient après la poignée de main, à la Corée du Nord. Elle tente donc de retarder la poignée de main jusqu’à ce qu’elle obtienne des concessions de l’administration américaine, en utilisant toutes les cartes, y compris l’abandon progressif de ses obligations aux termes de l’accord nucléaire signé en 2015.
Il est également clair que Nétanyahou ne que se rallier au Président Trump pour ne pas risquer de perdre son soutien lors des élections et de tenir ses promesses dans le cadre de l’accord du siècle.