samedi 3 novembre 2018 - par Mmarvinbear

Par la volonté du Peuple ?

Par rapport a bien d’autres nations, la France se révèle être un pays parfois très difficile à gérer et à gouverner. Bien des politiques, plus ou moins bien intentionnés et compétents, auront quitté les allées du pouvoir avec le sentiment d’avoir fait ce qu’ils ont pu, au lieu d’avoir fait ce qu’ils avaient vraiment voulu.

Les vicissitudes électorales du XXè siècle et après font oublier que juste cent ans avant, la situation était pire encore sur tous les points. Le XIXè siècle a ainsi vu 7 régimes politiques différents se succéder au fil des révolutions et des révoltes. Commencé sous l’égide de la Ière république, le XIXè siècle s’achève sous celui de la IIIè après être passé par deux empires, deux régimes monarchiques et une république intermédiaire. De quoi interloquer un continent européen uniquement monarchique et qui se demande bien quelle mouche révolutionnaire a pu piquer les Français autrefois si dociles.

Cette effervescence politique a pour origine profonde le siècle des Lumières, un moment de bouillonnement intellectuel et scientifique qui fait craquer l’antique couvercle de la religion et de l’absolutisme monarchique. La remise en cause des croyances religieuses, bibliques et politiques se diffuse au fil des publications et même la puissante censure royale ne permet pas d’endiguer le mouvement et la contestation de se répandre, en premier lieu parmi les lettrés et la bourgeoisie. Privé en grande partie d’accès à l’école, le Peuple ne verra sa conscience politique et sociale d’éveiller que plus tardivement.

C’est ainsi que le premier grand bouleversement politique et social, la Révolution Française, est avant tout un mouvement urbain et bourgeois. La prise de la Bastille n’est qu’une péripétie populaire alors que le fond du changement consiste en une libéralisation de la monarchie et la fin de l’arbitraire absolutiste instaurée par Louis XIV. En 1789, il n’est point question de république mais de monarchie constitutionnelle. Il n’est point non plus question de suffrage universel, mais censitaire, et les élections se font par degrés, excluant de plus en plus de citoyens au fil du processus pour ne garder que « l’élite », qui seule peut avoir accès aux commandes : ainsi en 1789, on ne compte que 7 millions d’électeurs sur une population de 40 millions de Français.

Le Peuple se fait avant tout connaitre par son insurrection et ensuite, utilisé par des massacres issus de manipulations politiques dans le cadre des affrontements initiés entre clubs politiques rivaux. La fuite du Roi provoque la chute de la monarchie et la République est proclamée. Se perdant ensuite dans des luttes internes de plus en plus violentes ou le soupçon suffit désormais à envoyer n’importe qui à la guillotine, le régime périclite et ne trouve son salut que sous une direction de plus en plus autoritaire qui culmine avec le couronnement de Napoléon, empereur qui prend en charge la République. Sa chute définitive en 1815 ramène les Bourbons sur le trône. Roi avisé et prudent, Louis XVIII joue la carte de la charte constitutionnelle que Charles X dénature par ses excès de lecture au premier degré. Sa fuite met en place une nouvelle monarchie, tout aussi libérale-autoritaire que la précédente et qui connait la même fin. La IIè république ne vit que 4 ans, victime de sa constitution mal équilibrée et soumise à des bloquages internes importants. Son président élu, Louis-Napoleon, finit par s’opposer aux Chambres qui refusent les réformes nécessaires. Il joue du rejet du gouvernement de la part du Peuple pour y trouver le soutien populaire nécessaire au succès du retour de l’empire.

Sous Napoléon III, le pays connait de grands changements économiques alors que la société reste elle bloquée par la volonté impériale de grandement limiter les droits politiques et sociaux, arguant d’un nécessaire conservatisme pour éviter les excès de 1793 qui sont encore frais dans les mémoires.

La France du Second Empire bénéficie d’une période de paix civile qui tranche avec les décennies précédentes. La paix militaire permet à la démographie de se redresser rapidement et aux rendements agricoles de progresser de façon régulière avec le progrès technique.

Ce progrès bénéficie aussi aux industries et aux transports. La Révolution Industrielle couvre le pays de voies ferrées et l’urbanisation s’accélère. Le transport ferroviaire, limité aux marchandises s’ouvre au public et permet de relier Lille à Marseille en une journée pleine seulement.

Pour autant, la situation n’est pas rose, mais noire et poussiéreuse. La vapeur exige de grosses quantités de fer et de charbon et les mines du Forez sont vite complétées par celles du Nord et de la Lorraine.

Le commerce prospère et enrichit les gros négociants qui font leur place parmi la haute bourgeoise et les derniers nobles.

Contrairement à l'image posée visible ici, les enfants au travail à la forge ne maniaient pas les outils, mais étaient chargés du feu.

 

 

 

Les grands perdants, ce sont les pauvres et le reste du Peuple.

Dans le dernier tiers du XIXè siècle, le pays reste très majoritairement rural : 85 % des Français vivent à la campagne mais peu possèdent leur propre terre. Pour la plupart, les paysans sont des journaliers qui doivent parfois suivre les moissons et les récoltes pour trouver du travail. Dans le Nord et en Lorraine, une grande partie de cette main d’oeuvre s’est reconvertie dans les mines ou ils y trouvent des salaires aussi faibles qu’avant.

En ville, les ouvriers et les artisans n’ont pas un sort plus enviable. Les salaires sont bas et il n’existe aucune protection sociale autre que les offices de charité publique tenus par les religieux et financés en partie par la bourgeoisie locale.

La retraite, l’ouvrier ne la prends en général qu’à sa mort. Il aura le plus souvent commencé à travailler vers 5 ou 7 ans dans les premières filatures et durant son enfance il n’aura pour ainsi dire pas d’instruction. L’école n’est encore réservée qu’aux enfants des nantis et des chanceux.

Pour autant, l’ouvrier n’est pas un imbécile et comprends que son travail enrichit plus le patronat et les premiers actionnaires, qui ne laissent que des miettes pour survivre. Il va vite en comprendre la profonde injustice et écouter de façon attentive ceux qui dénoncent malgré la censure cet état de fait. C’est sur ces terres que « Germinal » va illustrer ensuite que germent les premières idées sociales et socialisantes, qui insistent en général sur un meilleur partage des ressources et une meilleure égalité des chances, quitte parfois à accélérer le processus à grand coup de pendaisons publiques des nantis locaux et nationaux. Heureusement, la bonne morale bourgeoise veille à ce que les écrits trop iconoclastes ne puissent circuler trop facilement mais l’exemple des philosophes des Lumières avait pourtant montré que ce genre de combat d’arrière garde ne pouvait plus jamais se finir de la bonne façon.

C’est ce qui va, entre mars et mai 1871, alimenter les feux de la seule révolution vraiment populaire jamais connue par la France qui se déclenche dans un Paris affamé par la guerre.

 

Poussé par son gouvernement et sa femme, Napoléon III jette son empire dans une guerre qu’il ne pensait pas perdre. Mais la profonde impréparation de l’armée, l’incompétence de l’Etat-Major et la parfaite préparation de l’armée adverse provoquent la défaite contre la Prusse. L’empereur enfermé dans Sedan est contraint de capituler. A Paris, la nouvelle de sa capture laisse le champ libre à ses opposants politiques qui proclament la fin de l’empire et l’établissement d’une nouvelle république.

Pourtant, le gouvernent provisoire a du mal à établir son pouvoir. Il est tiraillé entre deux factions, l’une qui estime, sous Thiers, que la guerre est perdue et que la capitulation est inévitable. D’autres, comme Gambetta, estiment au contraire que les armées françaises sont encore capables de renverser la situation.

Coeur politique, social, économique et culturel du pays, Paris concentre l’essentiel des leviers de commande de la France. Mais ce coeur est soumis à la proximité de sa population, nombreuse et influente.

En 1840, les quartiers extérieurs de Paris sont encore très largement ruraux.

 

Dans les années 1800, Paris est une ville en pleine croissance. La barrière des Fermiers Généraux n’est plus apte à contenir sa population qui déborde de l’enceinte. Elle est détruite et remplacée par une autre, construite plus loin du centre. Son tracé est facile à repérer, c’est celui du Périphérique d’aujourd’hui. Il ne faut pas croire pourtant que la ville est pleinement urbanisée entre les deux enceintes, loin de là. Ces espaces sont encore très largement ruraux et parsemés de fermes, de longues avenues vides et arborés relient les villages vers les quartiers du centre comme le décrit si bien Hugo dans « les misérables ».

Cette enceinte possède deux fonctions : une militaire, pour protéger la ville. Mais rapidement, les progrès de l’artillerie vont rendre cette fonction obsolète et en 1870, la plupart des redoutes et des forts extérieurs ont été déclassés et désarmés. La guerre avec la Prusse leur redonne un rôle mais l’armement reste partiel, le plus souvent avec des canons de marine rapatriés des forts du littoral atlantique.

Sa seconde fonction est économique : les marchandises sont soumises à péage et le fait de forcer les commerçants à passer par les Portes permet de taxer de façon efficace les denrées alimentaires.

Isolée du reste du pays par l’avancée des troupes prussiennes, Paris va résister longuement. Pour être honnête, les prussiens ne vont pas beaucoup se fatiguer à attaquer, préférant laisser la famine jouer son rôle.

La ville va soutenir un long siège, isolée du reste du pays par les armées prussiennes durant plus de 4 mois au coeur d’un hiver les plus froids du XIXè siècle. La population va tenir en vivant sur ses réserves et en mangeant tout ce qu’elle pouvait. Chevaux, chats, chiens, rats finissent à la casserole et les animaux du jardin des Plantes vont eux aussi nourrir les clients des restaurants les plus huppés de la capitale.

Estimant donc n’avoir pas failli, le peuple parisien refuse la volonté gouvernementale de capituler. Voulant faire avancer les négociations pour l’armistice afin d’éviter une capitulation trop couteuse en or et en territoires, Thiers commet alors une faute politique en se soumettant à la volonté prussienne de désarmer les forts parisiens. 

Les troupes envoyées pour retirer les canons de Montmartre et de Belleville se retrouvent encerclées par les habitants du quartier qui ne veulent pas céder des armes qu’ils ont largement contribué à financer. L’essentiel de la troupe se range alors du coté des insurgés et malgré les efforts de Clémenceau, alors juste maire d’arrondissement, les officiers généraux sont exécutés par la foule à la grande colère de Thiers.

Face à l’émeute, Thiers prends la décision de faire quitter la ville au gouvernement et aux assemblées qui trouvent refuge à Versailles.

Dans la capitale, les insurgés, constatant le départ du gouvernement, s’érige en pouvoir autonome, la Commune.

Les membres de l'exécutif parisien de l'époque. Ou sont les femmes ?

 

Cette Commune n’est pas la première car elle fait référence à 1789 et au pouvoir populaire civil qui avait pris le contrôle de la ville lors de la Revolution Française, en s’imposant comme pouvoir local légitime face à l’ Assemblée Nationale.

Républicains dans l’âme, les insurgés, face au vide institutionnel et après l’échec de courtes négociations avec Thiers qui n’acceptera jamais rien de moins qu’une capitulation totale, décident de se doter d’un Pouvoir décidé par des élections.

Ce n’est presque pas une nouveauté car depuis les législatives de 1869, il n’y plus de candidats officiels, soutenus par l’empereur désormais déchu. Dans sa dernière décennie, l’Empire avait pris un virage libéral sur le plan politique, ce qui avait permis aux opposants de pouvoir se faire entendre et élire, restant toutefois encore largement minoritaires.

Les insurgés organisent pour le 22 mars un scrutin, reporté d’une semaine en raison des discussions avec Versailles. Leur fin permet la tenue des élections.

Se basant sur les registres électoraux, le suffrage ne réunit qu’un peu moins de la moitié des électeurs potentiels. La répartition des élus sur le plan politique permet de dire que le scrutin a été à peu près honnête : les insurgés emportent un peu moins des deux tiers des sièges au nouveau conseil municipal. Il faut toutefois noter une forte disparité dans la participation : elle a été excellente dans les arrondissements populaires du nord et de l’est, et très faible à l’ouest et au sud.

En partie parce que les habitants de ces quartiers avaient fui l’insurrection, et en partie parce que Thiers avait donné pour consigne aux électeurs demeurés en place de s’abstenir.

Cette césure rend dès lors très difficile toute possibilité de rabibochage entre les camps. L’absence de toute possibilité de concorde future est un présage des événements à venir.

 

Dans le reste du pays, outre le cours de la guerre qui s’éternise, la population, informée par la presse écrite, suit avec attention l’évolution de la situation parisienne.

Dans les grandes villes de provinces, les responsables socialistes politiques et syndicaux voient dans l’insurrection une chance de voir le sort des armes leur devenir favorable. A Lyon, Marseille, Toulouse et même la très bourgeoise Bordeaux, des soulèvements populaires ont lieu sur le modèle parisien mais faute d’effectifs, de dirigeants assez charismatiques pour entretenir la flamme et aussi à cause de l’efficacité gouvernementale qui avait anticipé le risque de propagation, ces Communes locales sont toutes réprimées rapidement, certaines ne vivant même que quelques heures.

 

Les campagnes, elles, ne bougent pas. Ce qui n’est guère étonnant car le monde paysan est par tradition très conservateur, et l’aventurisme politique est très mauvais pour les récoltes et les moissons.

Ce manque de soutient populaire se retrouve aussi dans le monde des arts et des lettres. D’obédience plutôt bourgeoise et nobiliaire, le rejet de l’insurrection y est très violent et marqué.

Socialiste de la première heure, Vallès contera son expérience de la vie et de la continuelle rébellion dans sa trilogie de l'Enfant ou il campe sous le pseudonyme de Jacques Vingtras.

 

Georges Sand parle ainsi de « crise de vomissements, les saturnales de la folie ». Alphonse Daudet compare les insurgés à des « Des têtes de pions, collets crasseux, cheveux luisants » avant de conclure « Pourquoi les ouvriers se sont-ils mêlés de politique ? ».

En fait, les seules personnalités des arts et des lettres favorables à la Commune sont celles qui y participent, comme Jules Vallès qui partagera par la suite son expérience dans « l’insurgé » et Gustave Courbet. Membre de la commission des Beaux-Arts, il protège de son mieux les oeuvres d’art des dégradations mais son influence qui aboutit à la destruction ( qu’il réprouve finalement ) de la Colonne Vendôme le contraindra par la suite à partir en exil.

Dans Paris, une fois le conseil en place et l’exécutif investi, la Commune commence à mettre en place un programme d’action social et politique très en avance sur la politique de l’époque.

Se basant sur les idéaux socialistes inspirés par les maîtres de l’époque tels que Blanqui, la Commune instaure un régime sociétal qui inspirera par la suite les mouvements ouvriers des décennies suivantes.

On peut noter des mesures économiques comme la suspension des loyers en retard, l’établissement de caisses de secours ouvertes à tous.

La Commune se concentre alors sur un programme politique, suivant les forces qui régissent le conseil. La majorité des nouveaux élus communards sont des jacobins et leurs alliés, tels que Delecluzes, Pyat et Grousset, pour qui l’action doit être avant tout politique afin d’impressionner et d’inspirer le reste du pays. Ils sont les alliés objectifs des minoritaires tels que Amouroux et Clément. Des Indépendants, tels que Vallès et Courbet, penchent plus pour ces derniers pour qui l’action politique doit en premier lieu se concentrer sur les questions sociales immédiates.

Cette division a son importance car au fil des semaines, le fossé naturel qui existe entre ces factions va lentement s’élargir. Les Indépendants et les Socialistes ne peuvent ainsi empêcher les Jacobins de doter le Conseil d’un organe exécutif que ces derniers jugent inutile et contre-productif. Ce nouveau Comité de Salut Public installé fin Avril rappelle à beaucoup de sinistres souvenirs. Ces dissensions disparaitront en grande partie quand les soldats de Thiers entreront de force dans la ville.

Pour l’ instant, les Socialistes jugent plus productif de mettre en place des commissions pour gérer l’immédiat et montrer au Peuple son utilité. 

Le Conseil fait malgré tout face a de graves difficultés pratiques : les administrateurs et les fonctionnaires ont pour la plupart quitté la ville et les personnes élues pour les remplacer n’ont le plus souvent ni les qualités, ni l’expérience requise pour la gestion de leurs dossiers.

Sachant être sous l’oeil du pays entier via la presse, le Conseil décide de frapper fort et de mettre en application les points les plus importants du socialisme naissant. Ainsi, toutes leurs décisions sont basées sur l’universalité des bénéficiaires. Si le mariage n’est pas sans valeur à leurs yeux, les concubines et les veuves se voient octroyer les mêmes droits que les épouses légitimes, même chose pour les enfants. Il n’y a plus de distinction entre enfants légitimes et naturels. Des allocations sont mises en place, les ateliers vides sont réquisitionnés et donnés aux corporations pour faciliter le droit au travail pour tous.

Ces mesures semblent aller de soi maintenant mais à l’époque, elles sont véritablement révolutionnaires. Et pour cela, violemment combattues par le pouvoir en place, d’autant plus qu’elles n’émanent pas d’un pouvoir légitime selon l’ Assemblée. Il faudra attendre encore un siècle presque pour les voir presque toutes appliquées pour de bon.

Afin de marquer la différence avec le gouvernement de Versailles, la Commune fait rétablir le calendrier républicain, mesure plus symbolique qu’autre chose pour un peu oublier les difficultés croissantes au sein de la capitale : la levée du siège prussien a permis de remplir les greniers mais Thiers, qui veut en finir, impose un nouveau blocus. Il obéit en cela à des impératifs de politique intérieur et étrangère.

Son gouvernement ne survivra pas s’il se montre incapable d’imposer sa volonté aux insurgés mais surtout, plus les prussiens devront attendre pour la signature du traité de paix, et plus ils seront en droit d’imposer des peines plus lourdes. Dans l’esprit de Thiers, l’ Alsace est déjà perdue et il veut éviter que Berlin ne réclame en plus la Franche-Comté à titre de compensations pour l’attente.

De son côté, Bismarck ne voit pas non plus d’un bon oeil une révolution populaire qui pourrait donner de mauvaises idées à ses propres ouvriers de la Ruhr ou de la Silésie. Aussi, estimant qu’il en est de l’intérêt du nouvel empire allemand, il fait libérer 60 000 soldats français et les fait rapatrier sur Versailles, ou ils vont renforcer les 10 000 soldats fidèles au gouvernement.

A l’intérieur de l’enceinte que Thiers (oh ironie !) avait fait construire trente ans plus tôt pour protéger Paris, la Commune peut compter sur en théorie 190 000 hommes.

En effet, pour la ville, le citoyen est d’office un soldat et dès l’établissement du siège, tout citoyen valide est considéré comme étant enrôlé de fait. En réalité, seulement entre 10 et 40 000 électeurs se retrouveront en effet sous l’uniforme et formeront des bataillons de défense, le restant de la population étant affecté à des tâches techniques à l’image de la France de 1792 quand la Patrie avait été déclarée « en danger ».

 

Ce nouveau coup d’éclat des parisiens ne passe par inaperçu au sein des cours européennes au après des intellectuels étrangers. Mais presque personne ne se range du coté des communards. Même Karl Marx, qui suit en direct l’évolution de la situation, critique vertement dans ses courriers les élus parisiens en blâmant leur inefficacité et leur amateurisme.

Quand au Pape, il ne mâche pas ses mots, d’autant plus que la Commune a prononcé la séparation des Eglises et de l’ Etat de façon unilatérale et pris Darboy, l’archevêque de Paris, en otage parmi d’autres religieux dans le but avoué de l’échanger contre Auguste Blanqui, toujours prisonnier de Thiers et malgré tout élu triomphalement conseiller.

Dans l’enceinte, la situation évolue de façon défavorable selon les minoritaires et les indépendants. Le nouveau blocus a fermé le commerce et la ville s’appauvrit. Les pensions sont de plus en plus mal versées par manque d’argent et faute d’échanges, les travailleurs se retrouvent de plus en plus au chômage. La ville trouve une échappatoire provisoire en multipliant les ateliers d’armes et de munitions mais bientôt le cuivre et la poudre commencent à manquer aussi.

Les tractations avec Versailles sont de plus en plus difficiles car Thiers refuse de négocier et les envoyés comprennent que le temps leur est compté avant une intervention militaire.

Les tensions montent d’autant plus que les Jacobins affermissent leur pouvoir sur le Comité. Afin de lutter contre le défaitisme, les premiers coups de canif sont donnés dans leurs propres lois avec l’interdiction de la presse pro-versaillaise, ce qui met à mal l’union sacrée qui soudait plus ou moins les différentes factions.

Ultime affront, le 8 mai, Thiers parvient à faire entrer des affiches et à les faire placarder pour donner une dernière chance aux insurgés de se rendre : « si vous n'agissez pas, le gouvernement sera obligé de prendre, pour vous délivrer, les moyens les plus prompts et les plus sûrs. Il le doit à vous, mais il le doit surtout à la France. »

Profitant des relâchements et des erreurs de commandement des insurgés, Thiers fait occuper un à un les forts proches de l’enceinte par ses troupes avant de finalement ordonner l’assaut le 21 mai, profitant de l’absence de gardes porte de Saint Cloud. La Semaine Sanglante commence alors et de façon inexorable, les versaillais vont reprendre Paris aux insurgés d’ouest en est.

Les combats et les massacres sont intenses, alimentés par des troupes gouvernementales revanchardes, des insurgés qui n’ont plus rien à perdre. De nombreux bâtiments vont être victimes des combats. Le Palais des Tuileries, l’Hotel de Ville et le Palais de Justice sont détruits. Plus grave, la destruction de ces deux bâtiments provoque la perte de plus des deux tiers de l’Etat Civil parisien qui ne pourront jamais être reconstitués. Des milliers de livres anciens et précieux partent en fumée suite aux incendies allumés par les combats des deux côtés.

Le déroulement des combats fait perdre au comité tout moyen de contrôle et de commandement par la perte successive des rares officiers compétents que la ville comptait dans ses rangs. Des deux côtés, la fureur des combats est alimentée par la découverte des cadavres d’otages sommairement exécutés. Darboy, l’archevêque, les nonnes du couvent Picpus, seront mis en exergue par le gouvernement pour illustrer les crimes de la Commune.

Dans le pays, la population accueille de façon très favorable la fin de l’insurrection et la répression. Même les républicains modérés, restés à Versailles, approuvent la reprise de la ville, estimant que cela réduira la sentence que la Prusse entends faire peser sur la France.

Informé de la fin de l’aventure, Marx dira pour oraison « Le Paris ouvrier, avec sa Commune, sera célébré à jamais comme le glorieux fourrier d'une société nouvelle. Le souvenir de ses martyrs est conservé pieusement dans le grand cœur de la classe ouvrière » Car il estime que ce que la Commune a semé germera un jour. Ce en quoi il n’a pas tout à fait tort.

Le 28 mai, les combats s’achèvent et les derniers combattants communards qui n’ont pas pu s’échapper sont exécutés de façon sommaire. De retour à Paris, le gouvernement s’empresse de remettre les lois républicaines en vigueur. Tout ce que la Commune avait promulgué est effacé d’un trait de plume.

Pourtant, après les combats, la priorité première de Thiers sera de forcer une réconciliation rapide de la population, sachant parfaitement que continuer à faire des communards des martyrs ne pourrait que raviver les cendres encore chaudes. C’est sans doute pourquoi sur le plan judiciaire les suites sont relativement clémentes. Emile Zola l’a parfaitement compris en écrivant « Le bain de sang que le peuple de Paris vient de prendre était peut-être une horrible nécessité pour calmer certaines de ses fièvres. Vous le verrez maintenant grandir en sagesse et splendeur »

Victor Hugo illustre également ce sentiment en écrivant, malgré son opposition frontale au mouvement : « Qu'un vaincu de Paris, qu'un homme de la réunion dite Commune, que Paris a fort peu élue et que, pour ma part, je n'ai jamais approuvée, qu'un de ces hommes, fût-il mon ennemi personnel, surtout s'il est mon ennemi personnel, frappe à ma porte, j'ouvre. Il est dans ma maison. Il est inviolable. »

La basilique du Sacré-Coeur, qui défigure toujours Montmartre à ce jour.

 

La majeure partie des conseillers ont fui Paris puis le pays. Quelques uns sont morts les armes à la main et d’autres ont simplement disparu.

Les procès qui vont suivre apportent la lumière sur les exécutions d’otages versaillais. Les 47 victimes sont plus du fait de groupes indépendants agissant en leur nom propre, le Conseil n’ayant presque pas pu faire appliquer une loi votée début mai et qui ordonnait la mise à mort de trois versaillais pour un parisien exécuté.

Cela explique sans doute la relative clémence des tribunaux : seuls 10 000 parisiens sont condamnés de façon formelle sur toute la population. Moins de 100 sont condamnés à mort et parmi eux, seul un condamné sur 5 est effectivement exécuté. La déportation ne concerne que les figures les plus marquantes de l’insurrection et qui n’ont pas pu fuir, ce qui concerne quand même plus de 4500 personnes.

Et ce d’autant plus que dès 1880, une loi d’amnistie générale relève les condamnés de leurs peines et permet aux exilés de rentrer sans plus de problèmes.

 

Sur le plan extérieur, le traité de Francfort permet au nouvel empire allemand d’annexer l’Alsace (sauf Belfort) et une large partie de la Lorraine et à Thiers de commencer à consolider politiquement le nouveau régime.

La répression militaire a donné de plus une aura de martyr aux mouvements ouvriers et socialistes qui vont en user et en abuser par la suite.

Sur le plan social, la Commune est un échec, car aucune de ses mesures ne lui survit. De plus, la répression politique qui ne s’arrêtera qu’en 1880 va retarder grandement la diffusion de ses idées au sein de la population mais elle va servir d’exemple et de modèle aux mouvements insurrectionnels et son souvenir va perdurer au sein de la population par le biais de l’Histoire mais aussi de chansons populaires.

 

Par la suite, historiens et politiques ont scruté l’événement au plus près afin d’en comprendre les mécanismes de son échec.

Il y a d’abord les raisons de l’insurrection elle-même, qui ne procède pas d’un plan établi, mais d’une réaction à la guerre, au siège et aux conditions imposées par les prussiens pour le désarmement de la capitale. Le peuple a réagi de façon épidermique, sans concertation ni plan d’ensemble. Il s’est retrouvé avec le pouvoir municipal dans les mains sans savoir quoi en faire pour le garder sur une plus longue période.

Il y a ensuite le manque criant de leader. Les municipales ont élu des personnalités locales mais aucune n’avait d’envergure nationale qui aurait pu inspirer les populations des autres villes. Ce manque de leadership s’est révélé criant lors de la Semaine Sanglante ou parfois une troupe d’une dizaine de soldat versaillais avait suffit à s’emparer des points clés d’un arrondissement. Le but du peuple était d’avoir une direction collégiale, démocratique certes, mais au moment du péril, l’autorité exécutive s’est révélé défaillante et incapable de survivre, entrainant la fuite rapide des responsables.

Ensuite, le soutien du peuple français a complètement manqué. La Commune est avant tout un mouvement ouvrier urbain mais en 1871, ils ne représentent que moins de 15 % de la population totale d’un pays encore très fortement rural. Ce qui a manqué aussi pour que la Commune se répande dans les régions.

On l’a vu, Paris pouvait compter en théorie sur près de 200 000 gardes en armes de par la conscription obligatoire. Mais dans les faits, seuls 10 % d’entre eux ont effectivement participé aux combats.

D’une part, les citoyens n’étaient pas des soldats et bien peu acceptaient de l’être. Et ceux qui ont effectivement combattu manquaient complètement d’expérience face aux soldats de métier de Thiers. Si on y ajoute le manque complet d’officiers capables et de stratèges, il est clair que même avec un avantage de un contre dix, les parisiens n’avaient aucune chance face aux versaillais : Thiers l’a compris quand il a vu que la désorganisation complète des forces parisiennes lui ont donné la possibilité d’occuper sans coup férir des forts stratégiques. L’affaire de la porte de Saint Cloud, laissée sans aucune garde, aura aussi accéléré le déroulé des combats.

Sans plan d’ensemble, sans leader, sans soldats expérimentés, la Commune s’est vite effondrée et rien ne pouvait l’en empêcher.

 

Ce qui en est resté ?

Dans l’immédiat, l’héritage de la Commune est très négatif pour les mouvements socialistes et ouvriers. Pendant presque 10 ans, les partis de gauche sont privés de leurs leaders, emprisonnés ou en exil. Les méthodes et la morale ont hérissé les électeurs contre les mouvements progressistes. Il faudra attendre parfois cent ans pour voir certaines mesures sociales être considérées comme « normales » par la population.

Conséquence plus inattendue et durable : pour « expier » les « crimes » de la Commune, le gouvernement autorise la construction d’une basilique sur les lieux mêmes de l’insurrection. Ce sera le Sacré Coeur, qui domine toujours aujourd’hui telle une grosse pâtisserie vomie les hauteurs de Montmartre. Seuls des dons privés ont financé la construction.

A plus long terme, la Commune laisse l’image d’une révolution populaire ou le romantisme le dispute à l’idéalisme.

Pourtant, sur bien des points, la Commune aurait facilement pu basculer dans un équivalent de la Terreur de 1793 : aux premières difficultés, le Comité de Salut Public a restreint fortement la liberté d’expression qu’elle avait elle-même instaurée. Et le comité a aussi fait voter la loi des otages, faisant des prisonniers de l’autre camp de la chair à canon en complète violation du droit.

Si sur le plan des moeurs la Commune se montrait bien plus sociale que le gouvernement légal, les femmes étaient toujours considérées comme quantité négligeable : les municipales les ont exclues du scrutin et au moment de nommer les membres des commissions, pas une seule femme, pas même Louise Michel, n’a trouvé de place dans l’exécutif.

Sur le plan électoral, l’amnistie ne va pourtant pas permettre aux forces de gauche de progresser vraiment : plus que l’échec de la commune, c’est la division entre les diverses mouvances qui se sont fait jour à cette occasion qui vont handicaper les partis au moment des élections. Jacobins, modérés, indépendants ne vont pas trouver de terrain d’entente et la France va compter jusqu’à une dizaine de partis de gauche qui vont mutuellement se tirer dans les jambes aux premiers tours des scrutins futurs, ce qui avantagera longtemps les partis du centre et de droite. Il faudra attendre Jaurès pour que l’union se fasse et donne enfin plus d’espoir.

Enfin, sur le plan politique, la Commune va inspirer quantité de mouvements et de partis, qui tous vont puiser dans l’imaginaire parisien, quitte à en rajouter dans l’évocation de la répression pour mieux se faire mousser : les historiens partisans de la Commune vont ainsi répandre des chiffres impressionnants de 20 ou 30 000 fusillés lors de la semaine sanglante, propre à enflammer l’imaginaire révolutionnaire.

Pourtant, l’étude des archives et de l’Etat Civil permet de démontrer qu’en réalité, moins de 1500 communards ont été passé sommairement par les armes.

Cette propension à l’exagération, on la retrouvera au PCF qui en 1945 se définira comme le parti aux 75 000 fusillés quand moins de 15 000 victimes, tous bords politiques confondus, auront en fait été exécutées. On le voir encore aujourd’hui quand la moindre manifestation CGT réuni selon la direction plus de 100 000 personnes quand les images montrent une foule 10 fois moins importante.

Que ne ferait-on pas pour remplir un plein panier de cerises ?



7 réactions


  • Clark Kent NEMO 3 novembre 2018 12:24

    Ce ne sont pas les idées philosophiques qui transforment la société, ce sont les rapports de production et les rapports de classes. Les idéologues ne font que décrire. Le « siècle des lumières » n’est pas spécifiquement français.

    Ce qui a provoqué les bouleversements politiques au 19ème siècle en France est le retard technique et commercial accumulé dans une monarchie absolue centralisée qui maintenait par la violence un état féodal alors que l’aristocratie anglais avait su sacrifier son pouvoir économique au profit de la bourgeoisie pour conserver son pouvoir politique et ses propriétés foncières qu’elle a toujours.

    Pour rattraper le retard, la bourgeoisie française a tiré à hue et à dia, jusqu’à reconstituer une nouvelle noblesse dite d’« empire » pour bien marquer sa conquête sociale, puis à rivaliser avec l’Angleterre dans une conquête géographique en Afrique et en Asie pour constotuer un domaine colonial qui a permis d’accumuler des capitaux et constituer un matelas équivalent au grand rival sur le dos des colonisés.

    Les deux guerres mondiales ne sont rien d’autre que des tentatives de redistribution quand la bourgeoisie allemande a compris qu’elle était exclue du jeu et qu’elle avait un retard encore plus grand à combler.

    Diderot, Voltaire et Rousseu n’ont rien à vois là-dedans. Les infrastructures précèdent les superstructures et pas le contraire.


    • Clark Kent NEMO 3 novembre 2018 17:50

      @NEMO

       pour laquelle ne new deal« Précision concernant les deux guerres mondiales :

      1 — La guerre de 14-18 a fait s’affronter deux puissances coloniales (F-GB) et une nouvelle puissance qui n’était jusque là qu’une mosaïque de petites principautés (D)

      2  L’Allemagne ayant été vaincue et le risque évident que la population se tourne vers l’exemple montré par le peuple russe, la bourgeoisie allemande a joué son va-tout en sacrifiant (elle aussi) sont pouvoir politique transféré aux nazis pour conserver son pouvoir économique (industriel essentiellement. 

      3  Le parti nazi était en réalité financé par des banques internationales ayant mis plusieurs fers au feu en soutenant sur la planète des régimes antinomiques e, outre les industriels de la chimie et de la sidérurgie allemands, quelques industriels américains don Ford qui ne se sont pas contentés de soutenir »l’effort de guerre« allemand en fournissant des camions, mais ont également relancé l’industrie américaine qui du coup a pu sortir de la crise de de 29 pour laquelle le »new-deal" keynesien avait eu l’effet d’un emplatre sur une jambe de bois

      4  la déclaration de guerre par Hitler mettait l’Angleterre en grand danger, et Churchill a réussi à convaincre les Américains à choisir son camp, ce qui n’était pas évident. Quel était l’enjeu ? La naissance d’un nouvel empire, l’empire américain qui, du coup est devenu le plus puissant des quatre (GB, F, URSS et USA) en a vassalisé deux et a combattu le dernier jusqu’à la situation actuelle, incertaine mais dans laquelle la Chine pourrait bien devenir le principal acteur.


  • mecexav 4 novembre 2018 03:14

    Merci pour cette version des faits :D

    Je vous invite a réfléchir très sérieusement a constituer une force armée chargé de protéger la futur constitution et la loi remise a plat, des modification futures quel qu’elles soit a moins qu’elle n’ai été voté par le peuple.

    Pas une armée de professionnels de la guerre ou de la sécurité, pas une armée de spécialiste du droit, ou du renseignement, mais une armée de moindres élus, choisis en nombre, par nous, parmi nous. Qui garanti le respect de la constitution.

    La confiscation du pouvoir par les représentant mal-élus, la domination des partis sur la vie politique, sont les leçons a tirer de la 5éme. La constituante de Décembre 2018 (in-chat-la) devra en tenir compte, et pour longtemps.

    La révolution est un régime, ce n’est pas une période, c’est l’état d’une population qui a pris le pouvoir et ne le lâche pas, ne le délègue pas, ne le commerce pas ! Vivre dans un pays révolutionnaire c’est exercer chaque jour sa part du pouvoir !

    Continuez a raconter des trucs !


    • nono le simplet 4 novembre 2018 04:23

      @mecexav
      La révolution est un régime

      un régime amaigrissant le plus souvent smiley

      "La révolution n’est pas un dîner de gala ; elle ne se fait pas comme une oeuvre littéraire, un dessin ou une broderie ; elle ne peut s’accomplir avec autant d’élégance, de tranquillité et de délicatesse, ou avec autant de douceur, d’amabilité, de courtoisie, de retenue et de générosité d’âme. La révolution, c’est un soulèvement, un acte de violence par lequel une classe en renverse une autre." Mao Tse Toung



  • Olivier 5 novembre 2018 10:51

    « le Sacré Coeur, qui domine toujours aujourd’hui telle une grosse pâtisserie vomie les hauteurs de Montmartre. »

    Tout à fait révélateur de la réalité des idées de l’auteur. On parle de « liberté » et de « fraternité », mais apparemment ça ne s’applique pas aux catholiques qui ont commis le crime de construire une église. C’est vrai que les HLM à racaille pondus par la république actuelle sont eux par contre des chefs d’oeuvre d’architecture démocratique ! 


    • Mmarvinbear Mmarvinbear 5 novembre 2018 14:55

      @Olivier
      Je n’ai rien contre les édifices religieux mais j’attends d’eux qu’ils soient un minimum esthétiques. Il faudrait réserver les mochetés architecturales aux endroits cachés...


    • Didier-David Maurice Didier-David Maurice 5 novembre 2018 18:08

      @Mmarvinbear
      comme toute oeuvre, le Sacré Coeur est caractéristique d’une époque. Au même titre que Beaubourg, la Tour Eiffel (que des gens comme vous voulaient abattre) ou le palais du Trocadéro...)
      cela reste un des endroits les plus emblématiques et les plus visités de la ville ; mais vous avez raison, il faudrait le remplacer par une tour de Jean Nouvel.


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