jeudi 6 avril 2017 - par

Paris contre le reste de la France

Plutôt que de m'attarder sur les « affaires » politco-judiciaires, en ce moment c'est une par jour, j'ai préféré m'intéresser aux discours des candidats à la Présidentielle. Après tout, parmi nos grands personnages historiques, certains ayant sauvé le pays, il en est beaucoup qui se sont aussi enrichis dans le même temps, qui n'étaient pas des saints. Bien sûr, cela devient problématique lorsque le politique se réclamant de valeurs morales ne se les applique pas à lui-même avant toute chose.

Ecoutant attentivement les grandes déclarations d'intentions j'ai cependant vite déchanté de par la brosse à reluire le bon peuple bien démagogique le caressant dans tous les sens du poil...

J'ai par exemple remarqué que les onze candidats partageaient un élément de langage commun qui revient dans tous leurs discours prononcés en province qui est d'opposer Paris, peuplée comme chacun sait de bobos prétentieux, et les régions. Tous les prétendants à la magistrature suprême nous font le coup. Ils évoquent qui « ces messieurs de Paris » qui décident sans consulter les autres français, ils vantent l'authenticité et la vérité qui seraient l'apanage des provinciaux, ils flattent ceux-ci dans une perception qui sort tout droit du « cerveau » d'un « créatif » de pub pour bouffe « bio » ou dite « bio ».

L'un parle de son tracteur, de ses bottes bien entendu toujours crottées de quasi-agriculteur, de ses chevaux qu'il bouchonnerait tous les week-ends, l'autre de son enfance soi-disant rurale, l'autre encore voudrait nous faire croire qu'il était un genre de petit paysan fûté en sabots et non un « fort en thème » un peu fayot travaillé par son complexe d'Oedipe...

S'ils emploient tous ces élements c'est bien que cela fonctionne, que cela étonamment encore en 2017 a un écho qui ceux qui écoutent. C'est principalement cette résonnance utilisée cyniquement qui m'effare. Comment de tels clichés aussi ridicules peuvent-il encore fonctionner de nos jours ? Comment certains français peuvent-ils encore se revendiquer « paysans » alors que ni agriculteurs, ni éleveurs ou quelque profession que ce soit en rapport avec la Terre ? Et que les paysans les vrais ne sont plus qu'une infime minorité de la population active ?

Sans doute est-ce dû à l'atomisation de la société française ? Au fait que de par la destruction de l'identité nationale ne demeure que le fantasme d'une identité régionale ou locale qui n'a dans la majorité des cas jamais existée. D'un point de vue plus positif on pourrait penser aussi que finalement l'identité rurale de la France est toujours bel et bien présente même si c'est sous une forme abâtardie et caricaturale le plus souvent.

Donc plus c'est gros plus ça passe ?...

Apparement curieusement, la plupart des électeurs nostalgiques de cette paysannerie rêvée, idéalisée, de tout ce « lothentique » de pacotille, ne penseraient pas une seule seconde conseiller à leur progéniture de travailler dans l'agriculture ou l'élevage voire d'exercer un métier en lien comme maréchal-ferrant ou que sais-je encore ? Ils rêveraient plutôt pour la plupart d'habiter Paris et d'avoir les manières dédaigneuses qu'ils pensent être celles des vrais parisiens. A défaut d'aucuns vont s'installer à Versailles, au Vésinet ou Saint Germain en Laye, villes qui sont du provincial en concentré pour ce que la province a de plus désagréable.

Je passerai rapidement sur l'excuse maintenant très galvaudée de l'ignare qui est de qualifier de « bobo » forcément parisianiste quiconque possèdera un tout petit peu plus de culture que lui...

 

Sic Transit Gloria Mundi, Amen

 

Amaury – Grandgil

 

Sources : déclaration de monsieur Macron à ce lien

déclaration de monsieur Fillon dans la Sarthe à ce lien

déclaration de monsieur Mélenchon sur la province à ce lien

 

illustration empruntée ici




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