PCF-PCC : Les retrouvailles
Après des décennies de distanciation, voilà que le Parti Communiste Français reprend contact avec le Parti Communiste Chinois avec cette interview de son premier secrétaire, Fabien Roussel, accordée à l'issue d'un voyage en Chine. Les relations s'étaient refroidies violemment au début des années soixante lors de la rupture sino-soviétique déclenchée par Kroutchev, et n'avaient, depuis, jamais retrouvé un niveau normal. Il semble même qu'une partie du chemin reste encore à parcourir puisque la semaine dernière, on a lu dans L'Humanité, un article, reprenant largement les critiques antichinoises courantes en Occident.
PARIS, 20 juin (Xinhua) — "Je suis très heureux de pouvoir participer à l'anniversaire du Parti communiste chinois (PCC), qui fête cette année ses 100 ans d'existence et d'histoire au service du peuple chinois et de tous les combats internationaux que nous avons pu mener avec le Parti communiste français (PCF). Nous-mêmes avons fêté nos 100 ans l'année dernière", a déclaré Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, dans une récente interview accordée à Xinhua.
Cette année, la Chine célèbre le 100e anniversaire de la fondation du PCC. M. Roussel a affirmé que le PCF et le PCC jouissaient d'une histoire partagée. Le PCC a en partie commencé avec les jeunes Chinois qui sont venus en France à partir de 1919 pour étudier, et ont par la même occasion découvert les luttes sociales et le marxisme. "Parmi eux, il y avait Zhou Enlai, Deng Xiaoping et d'autres, qui sont devenus par la suite de grands dirigeants du Parti communiste chinois et de la République populaire de Chine. Nous avons donc une histoire commune, et il y a peu de partis dans le monde qui aient une histoire aussi longue et aussi riche", a-t-il indiqué.
Le PCC a fait le choix, avec raison, d'écrire sa propre histoire, en tenant compte de ses propres réalités internes et de la situation nationale et internationale, a estimé M. Roussel. "Le Parti communiste chinois, aujourd'hui avec Xi Jinping à sa tête, fait le choix (...) d'écrire sa propre histoire. Et c'est normal, c'est bien que les choses se déroulent de cette manière", a souligné le chef du PCF.
M. Roussel a salué l'incroyable bond économique réalisé par la Chine en très peu de temps. "Les objectifs fixés par le Parti communiste chinois (...), notamment l'objectif de lutter contre la pauvreté et d'éradiquer la pauvreté en y mettant des moyens importants, et ce tout en gardant le contrôle de son économie, ont véritablement permis à la Chine de réussir un bond remarquable. Cela permet aujourd'hui à la très grande majorité des Chinoises et des Chinois d'avoir un travail et de pouvoir vivre correctement", a-t-il noté.
Concernant les affaires internationales, M. Roussel a fait remarquer que le PCF et le PCC partageaient l'idée que l'ONU est la seule base universellement légitime d'un ordre international respectant l'état de droit et la souveraineté des peuples. "C'est important parce que cet ordre international, ce droit international, est bafoué régulièrement. Il est important de pouvoir redonner tout son poids à l'ONU et de faire respecter les décisions et les résolutions prises par l'ONU, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui", a-t-il affirmé.
M. Roussel a fait l'éloge de la solidarité dont la Chine avait fait preuve avec le reste du monde au cours de la lutte contre la pandémie de COVID-19. "Je le dis régulièrement, s'il a été possible de mettre aussi rapidement au point un vaccin à ARN messager, c'est justement parce que les chercheurs chinois ont été les premiers à décrypter le génome de ce virus, et l'ont rendu librement accessible à tous les chercheurs du monde sans déposer de brevet pour cette découverte. On voit bien que cela a permis de gagner des mois de recherche pour trouver un vaccin", a-t-il ajouté.
Il a également salué la Chine pour l'aide qu'elle avait apportée à de nombreux pays du monde sous forme de dons de vaccins, notamment à beaucoup de pays d'Afrique qui n'avaient pas accès aux vaccins.
Evoquant sa visite en Chine en 2019, M. Roussel s'est déclaré impressionné par les différents lieux qu'il avait visités à Beijing et à Shanghai, et plus particulièrement par une ancienne cité industrielle sidérurgique transformée pour accueillir les Jeux olympiques d'hiver. "J'ai trouvé cela merveilleux, car les architectes ont fait le choix de conserver les hauts fourneaux, de conserver l'histoire industrielle et sidérurgique. Ce mariage entre le travail et le sport, dans une architecture moderne remarquable, j'ai trouvé cela très beau, et sur le fond d'un grand intérêt", a-t-il précisé.
M. Roussel a également salué les efforts de la Chine face au changement climatique. "L'enjeu climatique est très important. La lutte contre la pollution et pour la préservation de notre environnement est très importante. J'ai été très agréablement surpris par les efforts qui sont fait dans les grandes villes, notamment à Shanghai et à Beijing, à travers des choses très concrètes dont peu de Français ont connaissance ici", a-t-il dit.