jeudi 3 juillet - par Franck ABED

Petite critique sur l’étatisme

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Hier, j’ai publié un court article pour dénoncer les illusions du libéralisme, cette idéologie invoquée partout mais appliquée nulle part, y compris par ses plus fervents défenseurs dans leur propre vie. Il me semble tout aussi essentiel, par souci d’équilibre intellectuel, de dénoncer aujourd’hui une autre impasse : celle de l’étatisme.

 

L’étatisme, c’est cette tentation permanente et insupportable de confier à l’État la responsabilité de tout : penser à la place des Français, agir pour eux, dépenser en leur nom - souvent mal - sans leur demander leur avis. Bref, gouverner sans consentement, au mépris des valeurs démocratiques dont certains nous rebattent pourtant les oreilles chaque jour qui passe...

 

Un exemple frappant : le projet du Rassemblement National de lancer un grand plan d'équipement pour la climatisation, justifié par les vagues de chaleur récentes. La question, simple et fondamentale, est la suivante : qui payera ?

 

Dans une France déjà surendettée, faut-il vraiment continuer à jacobiniser les décisions, à multiplier les dépenses publiques, à écarter ceux qui sont sur le terrain : entreprises, associations, collectivités et les Français ?

 

L’étatisme - économique, écologique, ou autre - même mû par de bonnes intentions est rarement efficace, souvent infantilisant et toujours coûteux. Il écrase la responsabilité, bride l’initiative et entretient l’illusion que l’État peut tout et toujours.

 

Et si, au lieu d’imposer d’en haut des plans uniformes, on faisait enfin confiance à la société civile et aux corps intermédiaires ?

 

Et si l’État redevenait ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être : un facilitateur concentré sur ses missions régaliennes et rien de plus ?

 



10 réactions


  • lecoindubonsens lecoindubonsens 3 juillet 10:33

    Je pense que vous devriez aborder le sujet d’une manière un peu différente ...

    OK avec vous pour déplorer « penser à la place des Français, agir pour eux, dépenser en leur nom - souvent mal - sans leur demander leur avis  »

    et en miroir, donc OK pour mettre en place une organisation qui demande l’avis des français et met en oeuvre au quotidien les choix et grandes orientations ainsi définis. On pourrait désigner cette organisation par le terme « état »

    donc le débat n’est pas état ou pas état, mais bon fonctionnement ou pas de cet état, de cette organisation collective dite démocratie « pilotage par le choix des citoyens ».

    En pratique, je reprends quelques points de mon discours habituel :

    proposition pour une réelle vie démocratique ...

    Le lien donne l’exemple d’une élection présidentielle, mais plus globalement je propose un système basé sur

    • un grand système numérique sécurisé qui permet à chaque citoyen de s’exprimer sur tous sujets, quand il veut (sans contrainte), et même de changer d’avis à sa convenance
    • via tous les autres moyens de comm, certains sujets feront débats, et cet outil permettra donc à chacun de s’exprimer
    • ainsi des orientations et grandes tendances apparaitront (mieux que des sondages)
    • les élus (de tous niveaux) ne devront pas être considérés comme des chefs, mais comme de simples outils devant mettre en musique au quotidien les modalités pratiques des grands choix exprimés ci-dessus
    • ces élus seraient éjectables à tout moment (mais avec un temps de latence pour ne pas être victimes de mouvements ponctuels sous l’émotion) si le peuple considère qu’ils ne mettent pas en oeuvre les choix retenus démocratiquement

    https://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/une-democratie-permanente-prenons-237839


  • lecoindubonsens lecoindubonsens 3 juillet 10:45

    A propos de "Et si, au lieu d’imposer d’en haut des plans uniformes, on faisait enfin confiance à la société civile et aux corps intermédiaires ?Et si l’État redevenait ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être : un facilitateur concentré sur ses missions régaliennes et rien de plus ?"

    Evident que le champ d’action de chaque couche administrative doit être précisé en évitant toute redondance (pour l’efficacité, tout dossier ne doit être traité que par une seule entité administrative

    http://lecoindubonsens.unblog.fr/2019/03/23/harmonisation-des-structures-administratives-pas-de-redondance-pour-etre-efficace/

    Avec l’organisation proposée, chaque niveau (du très local au mondial) a son rôle clairement défini. Les personnes concernées par son périmètre s’expriment via l’outil proposé, et les élus (éjectables) associés mettent en oeuvre en suivant les choix faits par les citoyens. Pas d’opposition entre état et autres, pas d’opposition entre état et société civile ... juste une organisation efficace pour permettre de vivre ENFIN en démocratie = les choix et orientations des citoyens sont mis en oeuvre.


  • Rinbeau Rinbeau 3 juillet 14:31

    Et si l’État redevenait ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être : un facilitateur concentré sur ses missions régaliennes et rien de plus ?

    Et quand cet Etat idyllique a t-il existé en France ?

     smiley


  • Sylfaën.H. Sylfaën.H. 3 juillet 16:04

    « On » appelle çà l’ Etat-providence.
    1°) Il suffit de le décrire, en détails, en Droit, pour (T=1)
    2°) Comparer avec situation actuelle-(T=0)
    3°) Définir une Transition dans le respect de l’Ordre-Vè
    par émission de demande-proposition aux concernés ;

    en considérant qu’il y aura en tous-lieux d’en assurer
    sa légitimité vis des vis de La Population, en-Ordre ;

    etc ...
    Cà traine en pdf ci et là

    Cà se diffuse par mail pour l’instant


  • Sylfaën.H. Sylfaën.H. 3 juillet 16:11

    J’aime bien l’image.


  • La Bête du Gévaudan 3 juillet 23:44

    L’État, c’est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde.

    Frédéric BASTIAT in « L’Etat ». 


  • La Bête du Gévaudan 3 juillet 23:47

    Me voilà discrédité à tout jamais ; et il est maintenant reçu que je suis un homme sans cœur et sans entrailles, un philosophe sec, un individualiste, un bourgeois, et, pour tout dire en un mot, un économiste de l’école anglaise ou américaine.

    Oh ! pardonnez-moi, écrivains sublimes, que rien n’arrête, pas même les contradictions. J’ai tort, sans doute, et je me rétracte de grand cœur. Je ne demande pas mieux, soyez-en sûrs, que vous ayez vraiment découvert, en dehors de nous, un être bienfaisant et inépuisable, s’appelant l’État, qui ait du pain pour toutes les bouches, du travail pour tous les bras, des capitaux pour toutes les entreprises, du crédit pour tous les projets, de l’huile pour toutes les plaies, du baume pour toutes les souffrances, des conseils pour toutes les perplexités, des solutions pour tous les doutes, des vérités pour toutes les intelligences, des distractions pour tous les ennuis, du lait pour l’enfance, du vin pour la vieillesse, qui pourvoie à tous nos besoins, prévienne tous nos désirs, satisfasse toutes nos curiosités, redresse toutes nos erreurs, répare toutes nos fautes, et nous dispense tous désormais de prévoyance, de prudence, de jugement, de sagacité, d’expérience, d’ordre, d’économie, de tempérance et d’activité.

    F. BASTIAT, in « L’Etat » http://bastiat.org/fr/l_etat.html


  • La Bête du Gévaudan 3 juillet 23:53

    Les bienfaits de l’état minimal régalien (droit naturel). Les deux phrases soulignées par mes soins, ouvrent quelques perspectives de méditation pour un royaliste et conservateur. 

    Donc, s’il est une chose évidente, c’est celle-ci : La Loi, c’est l’organisation du Droit naturel de légitime défense ; c’est la substitution de la force collective aux forces individuelles, pour agir dans le cercle où celles-ci ont le droit d’agir, pour faire ce que celles-ci ont le droit de faire, pour garantir les Personnes, les Libertés, les Propriétés, pour maintenir chacun dans son Droit, pour faire régner entre tous la Justice.

    Et s’il existait un peuple constitué sur cette base, il me semble que l’ordre y prévaudrait dans les faits comme dans les idées. Il me semble que ce peuple aurait le gouvernement le plus simple, le plus économique, le moins lourd, le moins senti, le moins responsable, le plus juste, et par conséquent le plus solide qu’on puisse imaginer, quelle que fût d’ailleurs sa forme politique.

    Car, sous un tel régime, chacun comprendrait bien qu’il a toute la plénitude comme toute la responsabilité de son Existence. Pourvu que la personne fût respectée, le travail libre et les fruits du travail garantis contre toute injuste atteinte, nul n’aurait rien à démêler avec l’État. Heureux, nous n’aurions pas, il est vrai, à le remercier de nos succès ; mais malheureux, nous ne nous en prendrions pas plus à lui de nos revers que nos paysans ne lui attribuent la grêle ou la gelée. Nous ne le connaîtrions que par l’inestimable bienfait de la Sûreté.

    F. BASTIAT, in « La Loi »


    • Sylfaën.H. Sylfaën.H. 4 juillet 19:12

      @La Bête du Gévaudan

      l’état minimal régalien (droit naturel)

      Public : ASSURER le MINIMUM à tout un chacun, de naissance à mort, ce qu’il Faut, pas plus ; et voir Privé pour pib-externe

  • La Bête du Gévaudan 4 juillet 00:05

    Ainsi, dans le public deux espérances, dans le gouvernement deux promesses : beaucoup de bienfaits et pas d’impôts. Espérances et promesses qui, étant contradictoires, ne se réalisent jamais. 

    N’est-ce pas là la cause de toutes nos révolutions ? Car entre l’État qui prodigue les promesses impossibles, et le public qui a conçu des espérances irréalisables, viennent s’interposer deux classes d’hommes : les ambitieux et les utopistes. Leur rôle est tout tracé par la situation. Il suffit à ces courtisans de popularité de crier aux oreilles du peuple : « Le pouvoir te trompe ; si nous étions à sa place, nous te comblerions de bienfaits et t’affranchirions de taxes. » 

    Et le peuple croit, et le peuple espère, et le peuple fait une révolution.

    Ses amis ne sont pas plus tôt aux affaires, qu’ils sont sommés de s’exécuter. « Donnez-moi donc du travail, du pain, des secours, du crédit, de l’instruction, des colonies, dit le peuple, et cependant, selon vos promesses, délivrez-moi des serres du fisc. » 

    L’État nouveau n’est pas moins embarrassé que l’État ancien, car, en fait d’impossible, on peut bien promettre, mais non tenir. Il cherche à gagner du temps, il lui en faut pour mûrir ses vastes projets. D’abord, il fait quelques timides essais ; d’un côté, il étend quelque peu l’instruction primaire ; de l’autre, il modifie quelque peu l’impôt des boissons. Mais la contradiction se dresse toujours devant lui : s’il veut être philanthrope, il est forcé de rester fiscal ; et s’il renonce à la fiscalité, il faut qu’il renonce aussi à la philanthropie.

    Ces deux promesses s’empêchent toujours et nécessairement l’une l’autre. User du crédit, c’est-à-dire dévorer l’avenir, est bien un moyen actuel de les concilier ; on essaie de faire un peu de bien dans le présent aux dépens de beaucoup de mal dans l’avenir. Mais ce procédé évoque le spectre de la banqueroute qui chasse le crédit. Que faire donc ? Alors l’État nouveau prend son parti en brave ; il réunit des forces pour se maintenir, il étouffe l’opinion, il a recours à l’arbitraire, il ridiculise ses anciennes maximes, il déclare qu’on ne peut administrer qu’à la condition d’être impopulaire ; bref, il se proclame « gouvernemental ». 

    Et c’est là que d’autres courtisans de popularité l’attendent. Ils exploitent la même illusion, passent par la même voie, obtiennent le même succès, et vont bientôt s’engloutir dans le même gouffre.

    F. BASTIAT in « L’Etat »


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