lundi 3 octobre 2016 - par Alain Roumestand

Pierre Gattaz : crises migratoires, immigration, intégration

Pierre Gattaz le président du MEDEF cite Albert Camus : "Il faut savoir se prêter au rêve lorsque le rêve se prête à nous". Et ce n'est pas la seule surprise qu'il réserve à ses interlocuteurs. On l'attend sur le credo sur l'entreprise, les propositions sur la fiscalité, les ressources humaines, l'entreprenariat, la formation, le marché mondial et on l'entend donner une analyse étayée sur les crises migratoires, l'immigration et l'intégration. Etonnant ? 

Patrimoine et rêve français

Il part d'une constatation sur le patrimoine français, un héritage à faire fructifier : "Nos savoir-faire pluriséculaires exercent encore un attrait immense auprès des populations étrangères. Notre rayonnement artistique et philosophique est un précieux legs de l'histoire. Les chinois, les russes sont admiratifs de nos grands hommes. Nous devons beaucoup à la période des Lumières, à cette époque où l'Europe parlait français et où les cours du vieux continent s'arrachaient nos penseurs, Voltaire, Diderot ou encore Montesquieu. Quant au concept de"patrie des droits de l'homme" il conserve un pouvoir d'évocation vivace dans les esprits, résonnant comme un espoir pour les peuples opprimés. Le rêve français a longtemps joué un rôle de ciment pour notre nation et notre édifice républicain. C'était la possibilité offerte à tous, de s'arracher à ses conditions matérielles et culturelles pour grimper dans la hiérarchie sociale, vivre mieux que ses parents et contribuer au progrès général du pays. Or avec un ascenseur social en panne, le rêve français est devenu évanescent, ce qui a un impact délétère sur la croissance et la cohésion nationale. C'est aussi notre capacité à vivre ensemble qui est fragilisée par l'absence d'´horizon commun auquel s'identifier".

Banlieues et quartiers : égalité, fraternité 

Et la situation actuelle de la France fait que cette panne d'ascenseur social tombe au plus mauvais moment : "Beaucoup de jeunes qui grandissent en banlieue et dans la France périphérique ont l'impression d'être relégués en seconde zone et privés d'accès à la réussite. Tel est le terreau sur lequel prospèrent les populismes, les extrémistes et l'esprit de résignation. Il nous faut renouer avec l'essence de ces valeurs et l'esprit de 1789. L'égalité c'est l'égalité des chances à la naissance qui favorise le mouvement et la mobilité sociale contre le statu quo, les privilèges et les habitudes. Quant à la fraternité, c'est l'ouverture à l'autre, la main qui lui est tendue avec la conjugaison des diversités et des talents. Notre vivre ensemble repose avant tout sur l'adhésion aux valeurs du pacte républicain, au premier rang desquelles figurent la fraternité et l'acceptation des différences. Dans un pays qui a connu les divisions, la guerre civile et les affrontements religieux, n'oublions jamais que cette culture du respect, au noble sens du terme,reste le meilleur ferment d'unité. Il s'agit également d'un puissant rempart contre la stigmatisation et le communautarisme. Une France qui gagne est une France unie dans l'altérité". Tout en sachant que " l'on bénéficie des droits offerts par notre pays parce que l'on respecte des règles communes et des devoirs sans lesquels le vivre ensemble est inenvisageable".

Diversité, laïcité, tolérance, respect

Il faut donc rappeler les grands principes et s'y tenir fermement en mettant en place "un pacte des différences " : "Peut devenir français celui qui a la foi en nos idéaux et souhaite ajouter sa pierre à ce bel ouvrage, en devenant militant d'une république généreuse, ouverte mais ferme sur ses valeurs. Avec la première communauté juive et musulmane d'Europe, la France reste une terre de tolérance où chacun est le bienvenu, pourvu qu'il respecte nos valeurs. Grâce à la laïcité qui permet une coexistence pacifiée entre les cultes et délimite clairement le champ du religieux, nous avons bâti une société ouverte à l'Autre". Mais il ne faut pas se voiler la face, des problèmes existent et les statistiques en font foi : "Si l'on croit un baromètre du Défenseur des droits et de l'Organisation Internationale du Travail, publié en février 2015 un tiers des demandeurs d'emplois aurait déjà été victime de discrimination à l'embauche. Parmi les critères considérés comme les plus discriminants figurent les noms à consonance étrangère (60 %). Et selon l'observatoire Cegos et l'université Paris-Dauphine, ce sont l'origine ethnique(71%), l'âge (69%) et le sexe(68%) qui sont les formes de discriminations les plus rencontrées en entreprise". Et pourtant il faut savoir que diversité et performance pour une entreprise vont ensemble : "C'est ce qu'il ressort d'une étude réalisée par Sodexo dans 80 pays. Le taux d'engagement dans les équipes affichant un taux de mixité optimal ( entre 40 et 60%) a augmenté en moyenne de 4 points contre 1 point seulement dans les autres équipes ". Donc les entreprises, cellules de base de la société, cartes privilégiés d'intégration par le travail ont besoin d'avoir recours à des modes de pensée, des parcours différents : "la diversité ne peut plus être considérée comme un sujet polémique et d'affrontements idéologiques ".Même si : "Cela ne signifie pas qu'il faille transiger avec les valeurs cardinales de notre pacte républicain en acceptant tous les comportements et toutes les dérives. L'esprit d'ouverture de la France doit s'accompagner d'une fermeté quant à l'affirmation des principes. C'est la contrepartie essentielle de nos vœux d'intégration. Et il faut être intraitable vis-à-vis des discriminations et du rejet de l'altérité ".

Crises migratoires et immigration naturelle

Encore faut-il s'entendre pour nourrir l'esprit d'ouverture sur ce que l'on nomme crise migratoire et immigration naturelle : "Il convient de démystifier les représentations qui entourent la problématique migratoire. Le débat public est dominé par la confusion entre différents sujets : crise des migrants, immigration naturelle/souhaitable, intégration de la jeunesse française issue de la diversité. Cette absence de distinguo alimente les fantasmes et faux débats. Elle nous empêche de traiter efficacement les défis que pose chacun de ces dossiers, ce qui nourrit les populismes et les réactions identitaires. Cessons de confondre les conséquences des vagues migratoires passées et des défis actuels de l'immigration. Si la France affiche un visage crispé, en refusant tout sang neuf, elle risque de se scléroser. Ni discrimination, ni communautarisme, tel est l'esprit du pacte des différences. Une nécessaire distinction doit s'opérer entre crise des réfugiés et flux migratoires. Que les français s'inquiètent de voir des centaines de milliers de personnes affluer vers l'Europe,depuis la Syrie, l'Irak ou l'Erythrée est normal. Il s'agit d'une situation exceptionnelle qui requiert une coopération à l'échelle européenne en partenariat avec les pays d'Afrique et du Moyen-Orient. Mais on ne peut pas justifier, au nom de cette crise, un arrêt total des flux migratoires. Ce serait contraire à nos intérêts dans un environnement mondialisé. Entre ceux qui prônent la fermeture totale des frontières et ceux qui veulent abolir toute forme de contrôle des flux, il existe un point commun : un manque total de réalisme et une vision floue, voire dogmatique des enjeux soulevés par l'immigration et ses conséquences. Chaque année environ 200000 immigrés ( soit 0,3% de la population) entrent sur notre territoire tandis que 60000 le quittent. Ces gens viennent pour étudier, travailler, apporter leurs compétences ou trouver un asile politique. Près de 50% sont des européens et 30% sont d'origine africaine. Une part d'entre eux a vocation à devenir français. Nous aurions tout intérêt à attirer les profils les plus talentueux pour nous démarquer dans la compétition internationale.

Ainsi dans les débats qui s'ouvrent avec les primaires à droite, au centre, à gauche (les 3 vocables ont-ils encore cours ?), avec les 2 tours de la présidentielle, cette réflexion active et argumentée est à verser aux dossiers chauds français



9 réactions


  • flourens flourens 3 octobre 2016 11:26

    il a égaré son pin’s, ou qu’il est le million d’emplois promis contre les milliards déversés en pure perte ?


    • Francis, agnotologue JL 3 octobre 2016 11:32

      @flourens
       

       Les promesses n’engagent que ceux qui y croient. En attendant, ces milliards ont été déversés par le Pouvoir pour que le Medef lui foute la paix.
       
       Ces milliards, c’est de « l’argent hélicoptère », mais déversés sélectivement.

    • V_Parlier V_Parlier 3 octobre 2016 22:58

      @JL
      En tout cas ce type est un véritable tract vivant pour les identitaires les plus coriaces et les plus impitoyables : "Mais on ne peut pas justifier, au nom de cette crise, un arrêt total des flux migratoires. Ce serait contraire à nos intérêts dans un environnement mondialisé".

      Ouaoh, chapeau dites donc ! Ca met en confiance...


  • Parrhesia Parrhesia 3 octobre 2016 11:48

    >>> « Il faut savoir se prêter au rêve lorsque le rêve se prête à nous ». <<< et dans la foulée : >>> Diversité, laïcité, tolérance, respect...Etc. Etc...<<<

    Quel beau discours !
    Allez ! Dormez ! Je le veux !
    Cela nous permettra de prolonger notre éternel rêve personnel, à nous les gros Nounours du MEDEF : le rêve de l’Oncle Picsou !!!

    Et bonne nuit les petits !!!

  • AmonBra QAmonBra 3 octobre 2016 15:34

    Merci @ l’auteur pour le partage.

    Le ci-devant P. Gattaz se gargarise avec des mots dont il n’en a cure, en se gardant bien d’exprimer l’essentiel et le fond de sa pensée, nettement moins lyrique : Le MEDEF est très intéressé par une M.O. de réfugiés à 3 €/heure, voir moins, comme en Allemagne, merci a Fabius, Sarko et autre BHL pour ce flot providentiel et, aussi, merci à Soros pour l’ouverture des vannes et l’accompagnement de ce tsunami d’immigration !

    Rien de plus efficace pour calmer les « sans dents », que de leur faire comprendre que le peu qu’ils leur reste, ils peuvent aussi le perdre pour plus affamés qu’eux. . .


    • AmonBra QAmonBra 4 octobre 2016 10:20

      @QAmonBra

      . . . Et par mesure de précaution, sait on jamais avec tous ces gueux, on promeut un E. Zemmour pour planter la zizanie . . . 


  • popov 3 octobre 2016 16:57

    J’aimerais bien qu’on m’explique pourquoi la France continue à importer des travailleurs non qualifiés en provenance de pays islamiques. Ces gens n’auront jamais de travail et ils ne pourront certainement pas payer les pensions des retraités avec leurs allocations de chômage.

     
    Le patronat veut une main d’œuvre abondante pour faire pression sur les salaires. Ils recueillent les bénéfices de l’immigration et laissent la collectivité en payer le coût. S’ils ne peuvent trouver en France la main d’œuvre dont ils ont besoin, qu’ils aillent contracter cette main d’œuvre ailleurs, mais alors, qu’ils se portent garants de leurs recrues, payent les frais de logement et un salaire décent pour que ces gens ne doivent pas faire appel à toutes sortes de prestations sociales. Le patronat se rendrait compte, qu’à ce prix (qui est le prix réel que paye la société), ils serait plus avantageux d’augmenter les salaires pour attirer des Français.

    Et la gauche ne vaut pas mieux. Elle est heureuse d’avoir une masse d’assistés qui voteront pour eux.

    Alors, toutes ces belles idées sur une société multiculturelle, c’est du bluff pour essayer de camoufler leur cupidité dans le cas de la droite, et leur clientélisme dans le cas de la gauche.

    L’islam n’a rien à apporter à la France. Il salit et casse tout ce qu’il touche. Incapables de se hisser au niveau des autres peuples, les islamiques essayent de les ramener à leur niveau moyen-âgeux. Il suffit de voir comment ils pèsent de tout leur poids sur l’éducation nationale pour en abaisser le niveau.

  • epicure 3 octobre 2016 20:51

    On est le 1er avril ?

    Eh pierrot enlèves le tournevis que tu as mis qui bloque l’ascenseur social !


  • ENZOLIGARK 4 octobre 2016 05:40

    $%$ TANT QUE PARLE L ’ ECONOMIE # $%$ ... [ Music / VIDEO en VO by ... ] . ... # mOOOdifiee , alteree , changee , transformee , boulversee , pipee , ( ... ) par les ecoutes des blairOOOs de la N$A - U$ - ( Goude morninge  ! ... from РОССИЯ * ) . ... AFF ISS ...


Réagir