lundi 19 juin 2017 - par

Plaidoyer pour Najat

Madame Najat Vallaud-Belkacem, ancienne ministre de l'Éducation, a été battue aux législatives, et les internautes de droite de s'en réjouir aussi sec, et de la railler en long, en large et en travers, d'en rire à gorge déployée. Pendant qu'elle a occupé ce poste, c'était tout comme pour madame Taubira le "Najat Bashing" à qui mieux mieux. Comme si elle était plus responsable que les autres du marasme qui saisit aussi l'école en particulier et l'éducation en général, nationale ou non. La première réforme disons le "hasardeuse" de l'Éducation c'est sous Giscard en 1977 avec la réforme Haby.

Les parents reprochant un peu tout à l'ancienne ministre oublient toujours que l'éducation de leurs enfants, la transmission d'une culture ou de valeurs, c'est aussi eux, et d'abord eux. Et que s'ils ne font pas leur travail, l'école aura le plus grand mal à le compenser. Et qu'ils sont aussi responsables des carences dans ces matières de leurs rejetons que l'Éducation Nationale qui a le dos large. Bien souvent celle-ci, vénérable institution, est surtout considérée comme une garderie pour les grands enfants et adolescents.

Ceux-ci ne lisent plus, ne s'intéressent plus vraiment à la culture, à de rares ilots, le niveau baisse, mais comment le pourrait-il alors qu'ils n'ont jamais vu leurs géniteurs le faire ?

Et qu'iceux n'inculquent même plus à leurs gosses les rudiments élémentaires de la courtoisie la plus basique ?

Et alors que Najat Vallaud-Belkacem n'a fait que suivre une politique déjà largement initiée avant elle par ses prédécesseurs de droite, ou réputés l'être, à commencer par l'introduction du "Gender" dans les programmes : dés 2009 des stages pas obligatoires mais fortement conseillés étaient proposés aux enseignant, sous Luc Châtel. On parlait à l'époque de stages de réflexion sur les théories du Genre d'ailleurs.

C'est également et d'abord une politique d'économies initiée par l'Union Européenne et la Loi d'Orientation Loi de Finances de 2002 sous le gouvernement Jospin, LOLF à laquelle la droite ne s'était pas opposé. Il s'agit de faire maigrir le "Mammouth" non pas pour qu'il soit plus efficace mais pour qu'il coûte moins cher. On sait très bien que cela provoquera un hyper-élitisme et creusera profondément la dichotomie entre les enfants de milieux favorisés et les autres.

On me rétorquera également que même dans les milieux favorisés, la culture n'est plus une valeur tellement importante, les "humanités -dites- bourgeoises" n'ont plus la côte alors que c'était déjà au moins ça...

Le pédagogisme était déjà largement présent rue de Grenelle avant sa nomination sans parler des innovations concernant l'orthographe. Bien entendu n'était pas remis en cause le "Collège Unique" qui est pourtant la seule et unique problématique intéressante. La politique éducative a été laissée aux mains de "spécialistes" profondément installés au ministère. La pédagogie n'a d'ailleurs pas que des défauts, me semble-t-il. Que l'enseignant se demande si son cours a été compris et assimilé n'est pas une question superflue...

L'École n'a jamais été parfaite, elle s'est souvent préoccupée surtout de ceux ayant le plus de facilités à travailler et se couler dans le modèle proposé. Même si l'excellence est bien entendu indispensable à préserver, il en est autant du soutien aux élèves plus faibles. C'est une question qui aura hélas du mal à faire sens dans une société atomisée comme la nôtre où les mieux lotis ne voient plus pourquoi ils devraient être solidaires des populations l'étant moins...

 

Sic Transit Gloria Mundi, Amen

Amaury - Grandgil

illustration empruntée ici




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