jeudi 3 novembre 2016 - par papijef

Plus de paysans ???

Plus de paysans ???

L’autre jour, je lisais l’article où tu dis qu’il n’y a plus de paysans, et ça me met en colère. J’ai failli mettre un commentaire, mais je préfère rédiger quelque chose de plus construit. D’abord, ça me fout en rogne parce que quand on dit « il n’ya plus de paysans » c'est faux intellectuellement. Parce que c’est une généralisation, et que toute généralisation est fausse. On peut tout de suite y trouver un contre exemple.

J’ai tout de suite pensé à ces fellahs en Egypte ou ailleurs, aux paysans qu’on voit aux infos, dans des très brèves images. Ces millions de paysans. En Chine, en Inde, en Amérique du Sud, en Afrique. Et je me suis dit « il raconte n’importe quoi ce gars ».

Au fil de l’article, on s’apercevait que c’était de la France dont tu parlais. Oui, mais on peut pas généraliser à partir d’un pays, mon gars. Et puis, je me disais, il est jamais sorti de son trou le gars, où est-ce qu’il a vu qu’il n’y a plus de paysans ? Il est allé voir sur le terrain s’il n’y a plus de paysans ? Non, tu déroulais une histoire toute intello sur le machinisme, et patati, et patata. Oui, ça, on sait.

Le machinisme. Oui. Et on est un vrai paysan que si on travaille sans machines ? Tu as un peu étudié la géographie et l’histoire de l’agriculture ? L’araire, c’est pas une machine ? et la houe, c’est pas une machine ? Et fin 19è, début 20è, quand ils travaillaient avec des botteleuses, des faneuses, c’étaient pas des paysans ? Et aujourd’hui, ceux qui travaillent avec un tracteur, c’est pas des paysans ?

Moi, il me semble que des paysans, j’en vois beaucoup. IRL, à la télé, dans des vidéos, les infos ... Des vieux, des jeunes, des futurs. Des qui veulent garder leurs terres, et d’autres qui voudraient bien des terres dont s’occuper. J’en voyais, il y a peu, dans une vidéo où ils avaient sorti leurs bâtons pour défendre leur terre :

 

C’est quoi un paysan ? C’est un gars qui vit en presque autarcie sur un bout de terre où il a mis sa maison. Pour vivre en autarcie faut commencer par vivre de façon très simple et passer du temps à cultiver ses légumes, son blé, couper son bois pour le chauffage, filer la laine de ses moutons, ... tout ça et plus. Et je me disais, ce gars-là, qui écrit son article, qu’est-ce qu’il fout à écrire son article au lieu de prendre sa binette et d’aller planter des salades et autres légumes pendant qu’il est encore temps ? Si ça se trouve, il vit dans une maison avec une pelouse de béton vert autour qu’il tond tous les dimanches, que je me disais, et même pas qu’il y plante trois légumes. Si ça se trouve il vit dans un studio à Paris et il pleure qu’il n’y a plus de paysans.

Tiens, pas plus tard que ce soir, aux infos, sur Arte, y’avait un court sujet sur un photographe, sur les lieux, les gens qu’il connait depuis son enfance. Il y avait un couple qui cherchait un repreneur, un sourcier aussi, dont les talents seront perdus si on ne va pas se former auprès de lui.

Ce serait-il pas mieux que d’écrire des articles d’intello à la con comme je suis en train de faire ?

Sur le même Arte un documentaire sur le Colorado dont les eaux ont peu à peu été monopolisées par la Californie pour produire les fruits secs et les amandes que nous mangeons en regardant la télé et fournir l’électricité des data centers de Los Angeles, Silicon Valley pour ce putain d’internet où je vais essayer de publier ce billet.

Tout y est dans ce documentaire. Un fleuve transformé en ruisselet qui se perd dans le désert, plein de boues toxiques, et dont les barrages ont été construits par les esclaves produits par la crise des années 20. Les gros et gras américains d’aujourd’hui en polluent les eaux avec leurs hors-bords et leurs activités de loisir.

C’est tout ça qui me mettait en colère.



16 réactions


  • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 3 novembre 2016 16:34

    « Ce serait-il pas mieux que d’écrire des articles d’intello à la con comme je suis en train de faire ? »


    J’te l’fais pas dire !

    • papijef papijef 3 novembre 2016 16:52

      @Jeussey de Sourcesûre
      « J’te l’fais pas dire ! » bin non, puisque je le dis moi-même !

      Mais, merci, il y a quand-même au moins un lecteur. et peut-être des commentaires sur les résistances des paysans de par le monde...


    • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 3 novembre 2016 17:08

      @papijef

      J’habite à la campagne, en pleine forêt et ne fréquente plus comme citadins que les gens de ma famille, de temps en temps.
      Je peux vous dire que non seulement les gens, ici, ne résistent pas, mais ils foncent tête baissée dans la destruction à court terme de l’héritage de leurs parents (qui , soit dit en passant, s’étaient enrichis en récupérant pour rien les terres abandonnées pendant l’exode rural entre 1870 et 1914).
      Le paysage lui-même est passé du bocage aux plantations d’épicéas qui acidifient le sol et désertifient le biotope.
      Qu’ils soient forestiers, cultivateurs ou éleveurs, ils pratiquent des techniques équivalentes à celles de la terre brûlée : après moi le déluge. Ils ne respectent ni les animaux ni les arbres ni la terre et leur font subir des dénaturations monstrueuses.
      Ce qui marque la disparition des paysans n’est pas la motorisation, mais l’introduction de la chimie et de la génétique dans l’agronomie. Pour ce qui est des potagers, mes voisins vont faire leurs courses au Leclerc, comme tout le monde, même s’il reste quelques jardiniers. Mais un paysan n’est pas un jardinier.

    • papijef papijef 3 novembre 2016 17:41

      @Jeussey de Sourcesûre
      d’abord, c’est quoi un « paysan » ? quelqu’un qui habite un bourg et prend soin de la terre, pour moi. Si je me contente de regarder les choses de loin et de pleurer et faire le constat qu’il y a des salopards, c’est peut-être un début, mais j’aimerais personnellement, aller plus loin. et je sais que bien d’autres sont sur le même chemin.

      un paysan n’est pas un jardinier ? j’en suis pas si sûr, et j’aimerais que plus de gens fassent pousser des plants sur leurs balcons, se nourrissent de graines germées, etc. ça me parait un pas de plus vers l’état de paysan.
      on peut habiter le faux- bourg saint antoine et faire ce pas, lent. le paysan marche lentement, non ?


    • hunter hunter 3 novembre 2016 17:55

      @Jeussey de Sourcesûre

      C’est exact, pareil chez moi, aucun respect pour l’écosystème ( ’savent même pas que ça existe ) !

      Engrais, pesticides, tout le toutim ! brûlage de plastiques en plein air (dégagement de dioxines), balançage d’huiles ça et là, (terres et eaux), dézinguage d’espèces protégées au 12 (les buses par exemple), déversage de round-up au litre dès qu’apparaît une « mauvaise herbe » (parfois dilué dans le gasoil le round-up, car « ça tient mieux »), bref les pires horreurs environnementales, et aucun contrôle, par exemple pour les buses !

      Volià ce que c’est que d’avoir au fil des siècles, appris aux gens que l’environnement devait être contrôlé et fermer sa gueule !

      Enfin encore quelques années, et de toute façon tout se régénérera en quelques siècles, une fois l’espèce humaine auto-anéantie !

      Adishatz

      H/


    • Sozenz 3 novembre 2016 21:45

      @Jeussey de Sourcesûre
      Ce qui marque la disparition des paysans n’est pas la motorisation, mais l’introduction de la chimie et de la génétique dans l’agronomie.

      bien sure que si la motorisation a été le premier pas vers la disparition des paysans et la destruction des bocages , des petites exploitations , et de la maltraitance des sols
      pour preuve :
      https://www.youtube.com/watch?v=Fp5u45GDKss
      ( adieu paysans)
      https://www.youtube.com/watch?v=vzMhB1fgWew
      (Claude Bourguignon)
      Après tout le monde n est pas d accord, sur le caractère hyper alarmiste de Bourguignon
      http://www.forumphyto.fr/2014/11/19/bourguignon-agronome-specialiste-des-sols-et-a-la-derive/

      mais nous pouvons encore trouver des personnes comme Pierre Rabhi qui donne à mon avis une vision comme elle devrait être de notre relation à la terre. Et l’Extension de la motorisation aide les grosses entreprises à absorber les petites entreprises agricoles et par la même favorise l’utilisation de la chimie et de la génétique dans l’ agronomie.
      https://www.youtube.com/watch?v=-bd_OY4cOOo

      Vous n avez pas vu le glissement progressif de l’agriculture traditionnelle vers l’agriculture intensive


  • Spartacus Lequidam Spartacus 4 novembre 2016 10:51
    Faut pas prendre l’info de Arte pour la réalité.... smiley

    C’est pas de l’info, l’info sur Arte c’est un divertissement pour gauchistes et ringards....

    Une sorte de caricature permanente de tout ce qui est capitaliste et un point de vue de journalistes qui votent tous Communistes... 

    Rassurez vous, résumer le Colorado, région plus grande que la France à la culture de fruits sec est une caricature....
    On se baigne plus dans le fleuve Colorado que dans la Seine ou le Rhône et il est plus beau.

    Un conseil...changez de chaîne.


    • Francis, agnotologue JL 4 novembre 2016 10:56

      @Spartacus
       

      ’’C’est pas de l’info, l’info sur Arte c’est un divertissement pour gauchistes et ringards....’’

       Très européanisants tout de mêmes, hein !?

    • Sozenz 4 novembre 2016 11:26

      @Spartacus

      https://www.youtube.com/watch?v=BydD8pcMOvE

      Pas de télé !


    • howahkan 4 novembre 2016 12:14

      @Spartacus

      Bernard-Henri Lévy préside le conseil de surveillance d’Arte, il est membre du conseil de surveillance du Monde, il est actionnaire de Libération, il dispose d’une chronique hebdomadaire dans Le Point. Et la célébration du vingtième anniversaire de sa revue, La Règle du Jeu, que presque personne ne lit, a néanmoins donné lieu à une réception extravagante à laquelle ont accouru la plupart des responsables des grands médias. La dégradation du crédit de la presse est-elle tout à fait étrangère à la surface médiatique qu’occupe, quoi qu’il advienne, quoi qu’elle fasse, une personnalité au crédit à ce point frelaté  ?


    • papijef papijef 4 novembre 2016 14:34

      @Spartacus
      vu ce que tu en dis, tu n’as pas dû regarder le documentaire sur Arte ! un documentaire n’est pas la réalité, une photo n’est pas la réalité, un mot n’est pas la réalité (le mot chien n’aboie ni ne mord).
      Dans ta hâte à décrier Arte, tu as dû oublier de voir que je parlais plus précisément de la Californie, qui concentre à la fois l’agriculture, les industries militaires et informatiques :
      https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89conomie_de_la_Californie


  • lloreen 4 novembre 2016 12:15

    Penser global et agir local est la clé de la réussite.
    Il ne faut pas fermer les yeux non plus au fait que de plus en plus de personnes se déresponsabilisent et c’ est à ce niveau qu’ il faut réagir aussi.
    La terre est un paradis à reconquérir mais cela demande une prise de conscience généralisée et surtout un changement radical d’ état d’ esprit.

    Un exemple est l’ initiative des incroyables comestibles dont l’ idée est que la nourriture peut et (doit) être gratuite car tout comme l’ eau et l’ énergie, c’ est un besoin vital pour l’ être humain.
    http://lesincroyablescomestibles.fr/

    Un autre exemple qui gagne à être suivi est celui de Marinaleda, qui prouve également que c’ est localement que les solutions existent lorsqu’ il existe une volonté commune de vivre une alternative à l’ empoisonnement collectif par le cartel chimique et pharmaceutique.
    http://www.consoglobe.com/espagne-marinaleda-autogestion-cg

    Les solutions existent, elles gagnent à être largement relayées surtout sur les réseaux sociaux.
    De nombreux jeunes se tournent à nouveau vers l’ agriculture, vivent en petites communautés et travaillent en échange du le gîte et du couvert.


    • papijef papijef 4 novembre 2016 14:40

      @lloreen
      oui, c’est un peu ce que je voulais dire : le discours intellectuel sur la disparition des paysans est une manière de se déresponsabiliser. on fait un beau discours sur la question, ce qui évite de passer à l’acte. l’acte consistant à planter sa salade, sans faire de salades, ou ramasser les châtaignes dans les bois.


  • abcd 4 novembre 2016 13:28

    https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=7&cad=rja&uact=8&ved=0ahUKEwjklfHDio_QAhVLVhQKHeLIAlAQFghDMAY&url=https%3A%2F%2Fwww6.paris.inra.fr%2Fdepe%2FMedia%2FFichier%2FExpertises%2FComportements-alimentaires%2FComportements-Alimentaires-Rapport-Complet&usg=AFQjCNETq2ySnxofv8vWC_3VaLY4rJYpGA&sig2=PJSoTorb5hQ_JQjwfHEVWg
    Bon ceux qui feuilleront cette synthèse des comportements alimentaires faites par l’Inra, ils s’apercevront que plus les générations avancent plus elles consomment des produits industriels (y à que les vieux qui globalement vont aux petits commerçants et qui évitent la restauration collective), bien sur il y a quelques épiphénomènes chez les cadres d’un retour au local, mais globalement la consommation de produits industriels va augmenter.
    Par conséquent soit on fait comme pour le reste en ce voile la face (non mais les usines ça polluent et puis le travail disparait et on importe des produits de pays pauvres avec des normes de pollutions moindres et surtout aucune retraite ni prestation de santés pour les ouvriers qui font nos chaussures, assemblent nos grilles pains et font d’autre gadgets, car sinon c’est la guerre) et on importe des produits industriels, soit on les fait (et au moins y aura des retraites de payés dans votre tomate), soit y à toute une réflexion globale (pub, court de cuisine, etc...) à faire, comme on dit le client est roi (mais il peut ne pas assumer ses choix).


  • alinea alinea 4 novembre 2016 13:43

    Je suis bien d’accord que si l’on sort de l’hexagone, et plus largement de l’empire vampire, on trouve des paysans, qu’ils soient sans terre ou résistants, ils existent fort heureusement.
    Cela n’enlève pas la réalité d’une envie irrépressible de les détruire, envie portée par un petit nombre dont le pouvoir est tel qu’on a bien du mal à imaginer comment le détruire si on ne s’y met pas tous !
    Le constat est premier mais il n’est pas heureux de s’y complaire ; faire le colibri n’est pas une honte, boycotter l’industrie animale ou végétale, un devoir, et jamais ne s’avouer vaincu.


    • papijef papijef 4 novembre 2016 15:07

      @alinea
      « si on ne s’y met pas tous » : oui, c’est aussi une des choses que je voulais dire. voilà pourquoi le « chant des bâtons », la 1ère vidéo, me semble fort intéressante, car ces bâtons signifient qu’on résiste.

      je dirais même : commençons par nous armer de bâtons et à pratiquer cet art (de paysans) pour créer notre armée, car il faut être une armée (pacifiste) pour dire halte aux prédateurs. non ?
      cette armée (de colibris, de boycotteurs d’industrie alimentaire, etc) est à l’oeuvre en bien des points, jusqu’en Amazonie, et ce serait dommage qu’elle perde la « bataille » : elle est bien plus nombreuse que celle des prédateurs.
      A Alep des gens se sont mis au jardinage.


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