POM-POM-POM-POM... (Symphonie nº 5 de Beethoven) Les français parlent aux français
Chaque jour de la semaine sur France Inter dans l'émission Par Jupiter à partir de 17 heures, dans le moment Meurice, Guillaume Meurice diffuse des extraits des radios-trottoirs qu'il réalise dans Paris. Sur divers sujets d'actualité, on entend ce qu’en pensent des français et ce qu’ils en disent aux autres français. C'est le verbatim de quelques un de ses moments que je retranscris ici.
Les violences policières.
Une dame approuve l'action de la police et affirme qu'elle serait encore plus vache.
Guillaume Meurice : " qu'est-ce que vous feriez de plus vache ? "
On ne sait pas pourquoi, elle parle des Roms et des africains : " je prendrais les papiers, je les déchire et je les renvoie chez eux."
Guillaume Meurice : " et les français alors, qu'est-ce qu'on en fait, ceux qui sont interpellés ou dans les manifs ? "
La dame : " déjà pour la RATP, je les foutrais en l'air. Je mettrais l'armée pour conduire les métros. Déjà je privatiserais et deuxièmement, il veut pas bosser et bien pas de chômage, rien, on les vire ! "
Ensuite il interroge un monsieur espagnol qui vit en France depuis longtemps.
Celui-ci déclare qu'en démocratie il faut respecter la police.
Guillaume Meurice : " mais la démocratie, c'est avoir une police qui arrache des mains, qui éborgne..." Coupé par le monsieur : " non mais c'est pas vrai, vous exagérez (...) mais c'est tout à fait normal ; mais y a eu quelques petits problèmes, dans la vie normale même dans les couples y a des problèmes, mais c'est tout à fait logique ; entre vous et moi y a des problèmes. "
Bon, mais ça compte pas vraiment parce qu'il n'est pas un vrai français. "
L'évasion de Carlos Ghosn.
Une première dame, sans allusion à quiconque.
" Comment il s'est évadé, c'est le champion du monde. "
Guillaume Meurice : " donc vous le soutenez ? "
" A moi à 100 pour 100. Quand t'es bon t'es bon. Il faut arrêter dans ce pays, dès que t'es bon, dès que t'as de l'argent, t'es un voleur. Non, il est bon, quand tu réussis, c'est que t'es bon, t'es meilleur que les autres. Aux Etats Unis, en Chine, quand t'es bon t'es bon, t'es reconnu. Ici, non."
Guillaume Meurice : " et au Japon ? "
" Bon au Japon alors, il faut pas oublier qu'ils étaient du côté de Hitler. "
Guillaume Meurice : " l'accusation... "
Coupé par la dame : " d'abord est-ce qu'il est prouvé ? Déjà avant de juger, avant de condamner, il faut prouver les faits. "
Guillaume Meurice : " mais est-ce que pour prouver il faut pas un procès ? "
Si. Y a pas non plus... C'est pas un criminel de guerre non plus, faut arrêter. "
Guillaume Meurice : " mais pourquoi a-t-il refusé d'être jugé au Japon ? "
" C'est des chiens, des chiens, oui. "
Guillaume Meurice interroge maintenant un monsieur : " qu'est-ce que vous pensez de l'évasion ? "
" Totalement satisfait."
" C'est vrai ?
" Oui."
" Pourquoi ? "
" Il a bien raison de dire - je n'ai pas fui la justice, j'ai fui l'injustice - parce qu'il était détenu dans des conditions de prison très dures. "
Guillaume Meurice : " mais alors, est-ce que tous ceux qui ont des conditions de détention dures doivent s'évader ? "
" Ah, non, non, non ! "
Guillaume Meurice interroge ensuite une dame : " la justice française est laxiste ? "
" Elle est un peu trop et surtout sur les jugements. "
" Et alors au Japon, elle n'est pas assez laxiste ? "
" Au japon, elle l’est. On n'enferme pas quelqu'un qui n'est pas jugé. "
" Mais en France il y a plein de gens en préventive, non ? "
" Il y en a pas beaucoup. "
" Il y en a combien ? "
" Il y en a pas beaucoup. Y a, heuuuu, comment y s'appelle là, le maire de Levallois."
Guillaume Meurice interroge encore une dame.
Elle s'extasie : " je trouve son évasion formidable. Il a foutu une claque à tous les crétins qui ne comprennent même pas tout ce qu'il a fait pour nous. Voilà ! "
Guillaume Meurice : " il a fait une Twingo. "
" Oui, des Twingo je m'en fous. Mais il a défendu des entreprises, des industries. "
" Il y en a qui lui reproche d'avoir aussi licencié beaucoup ? "
" Bah, il faut vivre. L'espèce de procès moral qu'on lui fait chez vos connards de médias français sur l'histoire de la fête qu'il a donnée à Versailles. "
" Mais est-ce qu'il y a pas une question de décence ? "
" De toute façon c'était pas son argent qu'il redistribuait, c'était l'entreprise. "
Guillaume Meurice : " oui, ben, est-ce qu'il aurait pas dû mieux payer ses ouvriers ? "
" Lui, c'était pas son entreprise, il n'était que le patron. La seule chose qu'on apprend aux enfants français, c'est d'aller toucher des allocations machin et des allocations truc. Y a un problème en France, c'est l'inculture économique du français qui commence dès l'école, hein, parce qu'il y a une chose dont on parle jamais à un enfant français c'est qu'est-ce que c'est un franc ! "
Les régimes spéciaux de retraite.
Guillaume Meurice : " Les régimes spéciaux ? " à une dame.
" Et bien moi je suis assez contre. "
" Contre les régimes spéciaux ? "
" Ben oui. Je serais pour un calcul logique basé sur la pénibilité bien sûr. "
" Donc vous êtes pas contre les régimes spéciaux ? "
" Mais si je suis contre ! "
A un monsieur qui est contre les régimes spéciaux.
" Ouais, ouais. "
Guillaume Meurice : " mais alors même pour, par exemple, les policiers ? "
" Après il faut tenir compte des cas particuliers, mais bon, universel c'est pas forcément, absolument tout, mais bon. "
" Ah, ben moi je croyais qu'universel, ça voulait dire absolument tout ? "
" Ah, ah, ah, ah (hésitation), vous croyez le... C'est l'universel séquencé ! "
" Est-ce que l'universel séquencé ça reste de l'universel ? "
" Oui, c'est l'universel. Mais tout le monde n'est pas pareil. Un danseur de l'opéra, à 42 ans il doit s'arrêter et donc on va pas lui dire de danser jusqu'à 60 ans. "
Guillaume Meurice : " alors, est-ce que c'est pas un régime spécial finalement un danseur à l'opéra ? "
" Non, pas forcément, parce que... "
Et l'interview s'arrête sur un silence du monsieur.
L'avis d'un dernier monsieur : " Je trouve tout à fait normal qu'on mette en place quelque chose de sérieux. Il faut tailler dans le vif, monsieur. Quand vous avez un cancer, on met pas de l'aspirine... On coupe ! "
Conseils aux pauvres.
Guillaume Meurice s'est rendu au salon nautique dans l'espoir de trouver des premiers de cordée qui voudraient donner des conseils aux pauvres pour les aider.
Un premier monsieur : " je suis venu voir les nouveaux bateaux. Comme j'en ai déjà deux, je voulais en changer un, donc voilà. "
Guillaume Meurice : " deux bateaux déjà. Est-ce que c'est pas un de trop ? "
" Non, non, non,non. En ces temps difficiles, il faut diversifier. "
A un autre visiteur.
" C'est pas un loisir de riche ? "
"C'est pas du tout un loisir de riche. Y a pas de budget pour se faire plaisir et prendre du bon temps. "
" Y a pas de budget. Mais il faut quand même un petit budget ? "
" Non, franchement. "
" Qu'est-ce que vous avez comme premier prix ? "
" On en a à peu près à tous les budgets. Vous pourrez démarrer avec un 5 mètres semi-rigide, heu, dans les 15 000 euros. "
A un troisième amateur, sur le thème de la séparation entre riches et pauvres.
" Ah, ça m'énerve ça. Un pauvre entre guillemets, si c'est malheureusement celui en train de râler parce que il a même pas 1 000 euros. Non, par contre ce qu'il faut c'est être optimiste et puis bosser surtout, hein, bosser. En France celui qui réussit un petit peu, c'est un nanti. C'est tout, hein. On a la définition, hein. "
Guillaume Meurice : " c'est de la jalousie, quoi ? "
" C'est de la jalousie. "
A un quatrième bon samaritain, des conseils pour les pauvres.
" Continuer à ramer, du mieux qu'on peut, tout en se disant qu'on est dans un pays où y a quand même pas tant de choses qui vont si mal que ça. "
Guillaume Meurice : " vous conseillez aux pauvres de continuer à ramer ? "
" Oui mais différemment, en étant enthousiaste. "
" Le pauvre a tendance à pas être enthousiaste ? "
" Oui, il peut par certains moments. "
Enfin à un dernier pour remonter le moral du pauvre.
" On est quand même dans un pays par rapport à d'autres pays. Y a des pays comme le Bangladesh, Madagascar... "
Guillaume Meurice : " alors le pauvre il faut qu'il se dise que c'est pire ailleurs ? "
" Oui, le fait de savoir qu'il y a pire ailleurs, oui. "
" Vaut mieux être pauvre en France ou riche au Bangladesh ? "
" Pauvre en France c'est déjà plus riche qu'au Bangladesh. "
Guillaume Meurice : " qu'est-ce que les riches souhaitent aux pauvres ? "
" La richesse de l'intérieur et d'être content d'être en vie. "
" La richesse, c'est intérieur ? "
" Ouais. "
Les grèves.
Guillaume Meurice à un monsieur : " vous soutenez le grèves ? "
" Non parce que… Non parce que c'est prendre en otage les gens."
A une dame, " qu'est-ce qu'elle pense des grèves ? "
" Et ben, qu'est-ce que je pense des grèves, ils ont qu'à travailler, c'est des fainéants. "
" Tous ceux qui vont faire grève, c'est des fainéants ? "
" Voilà, qu'ils crèvent ! "
A un monsieur, la grève des cheminots ?
" Y a la SNCF communiste cent pour cent. "
" La SNCF est communiste ? "
" Oh, ben là. Les rouges, les rouges comme on dit. Ya les staliniens, y a encore des poches énormes. "
Guillaume Meurice : " y a des poches de staliniens à la SNCF ? "
" Ben, tout le monde sait ça. "
La grève à un monsieur ?
" Scandaleux ! "
Guillaume Meurice : " scandaleux à ce point-là ? "
" Scandaleux, c'est l'aspiration de tous les médiocres. Je pense que les cheminots et la RATP sont des privilégiés, bon. "
" Est-ce que les privilégiés, c'est pas plutôt les actionnaires qui empochent des dividendes sans rien faire ? "
" Mais sans rien faire tout en risquant leur patrimoine. Le cheminot ne risque pas son patrimoine. "
Le cœur de la réforme à une dame ?
" Moi je trouve il faut aller de l'avant. "
Guillaume Meurice : " qu'est-ce que vous aimez bien dans cette réforme ? "
" Dans la réforme, ben, y a... J'ai pas tout en tête. Si vous voulez, heu, ben, bon, que je vous dis, il faut aller de l'avant, il faut faire les choses et y a un effort à faire, il faut le faire. "
A un monsieur, comprendre la réforme des retraites ?
" Il faudra travailler plus longtemps bien sûr parce que l'espérance de vie est beaucoup plus longue, donc que..."
" Mais si l'espérance de vie est beaucoup plus longue, est-ce que c'est pas parce qu'on travaille moins longtemps ? "
" Non, mais si, non, c'est différent, ça n'a rien à voir. "
" Ah, vous êtes sûr ? "
" Non. "
Guillaume Meurice : " pourquoi on part pas à la retraite plus tôt pour laisser la place aux jeunes ? " à un autre monsieur.
" Plus vous avez des cotisants, plus vous avez des gens qui cotisent et plus vous touchez votre retraite. "
" Ben justement, alors ? "
" Voilà. "
"Pourquoi on repousse l'âge de départ à la retraite et on laisse pas rentrer les jeunes ? "
" Ben oui. Mais y a du chômage, y a pas du travail, ben y a du travail, heu, et, et, et y a pas de travail. Qu'est-ce que vous voulez faire ? "
Guillaume Meurice : " ce serait pas une bonne idée de partir à la retraite plus tôt et de laisser rentrer les jeunes ? "
" Ben oui, ça serait plus... Moi là, je sais, là, je sais plus . "
A un dernier monsieur : "êtes-vous contre la réforme des retraites ? "
" Non, je suis pas contre la réforme des retraites. Au contraire, c'est primordial, il va falloir la faire. "
" Vous êtes pour mais vous ne savez plus pourquoi ? "
" Euh, "nène", ouais, c'est, vous savez c'est très compliqué. "
Tout ce qui est rapporté ici peut être écouté en replay sur le site de France Inter : https://www.franceinter.fr/emissions/le-moment-meurice.
Pour ma part cela m'a conduit à rédiger un article que je soumettrai à la publication sur Agoravox, prochainement, comme on dit au cinéma :
NON, MAIS ! ON EST EN DéMOCRATIE, QUAND MÊME !
« Chose étrange de voir comme avec passion
Un chacun est chaussé de son opinion ! »
MOLIÈRE (Jean-Baptiste Poquelin, dit)