lundi 19 juillet 2021 - par Bruno Hubacher

Post-vérité

MSNBC est une chaîne d’information continue américaine d’obédience libérale, proche du Parti démocrate, issue de la fusion entre la société « Microsoft Network », partie du groupe « Microsoft », (9%) et le groupe audiovisuel « National Broadcasting Company » NBC, partie du groupe « NBC Universal » (91%), partie de son côté du groupe de médias « Comcast ».

« NBC Universal Media » fut créé en 2004 à la suite de l’intégration des activités du groupe français « Vivendi Universal Entertainment » (20%) acquises par le propriétaire, le conglomérat General Electric, qui les vendra à son tour au groupe de médias « Comcast ».

« Vivendi Universal Entertainment », crée en 2000 par le groupe français « Vivendi Universal », initialement spécialisé dans les services aux collectivités territoriales françaises, plus connu sous le nom de « Compagnie Générale des Eaux », fondée par Napoléon III, découlant des idées du philosophe et économiste français Claude-Henri de Rouvroy, Comte de Saint-Simon (1), transformé en conglomérat de « nouvelles technologies » par l’homme d’affaires français Jean Marie Messier, plus connu du public par ses initiales J6M, Jean-Marie Messier moi-même maître du monde, est le produit de la fusion avec les activités « divertissements » du fabricant de whisky canadien « Seagram ». (Wikipedia)

La journaliste et animatrice de télévision Rachel Maddow, aux sensibilités politiques quelque peu confuses, anime depuis 2008, un magazine d’information sur la chaîne de télévision MSNBC, le « Rachel Maddow Show », attirant jusqu’à 3 millions de spectateurs chaque mois. Diplômée des universités de Stanford et Oxford, elle se déclare d’obédience libérale et admiratrice du Président Dwight D. Eisenhower, un Républicain, qui, lui, était tout sauf un libéral, en revanche, un fervent opposant de l’expansion militaire des Etats-Unis dans le monde et de la toute-puissance du « complexe militaro industriel », contrairement à Rachel Maddow. Cherchez l’erreur.

Toujours est-il, le fonds de commerce, si l’on puit dire ainsi, de la sémillante animatrice est devenu, depuis le 8 novembre 2016, ce qu’on appelle communément le « Russia bashing ».

Suite à la défaite, le 8 novembre 2016, de la candidate démocrate à la présidence, Hillary Clinton, potentiellement la première femme à la Maison Blanche, face au semi-républicain Donald Trump, les caciques du Parti démocrate et l’élite libérale partirent en roue libre.

Après une « analyse approfondie » des raisons de cet échec, le « Democratic National Committee » DNC, décréta la « culpabilité » du Kremlin, chargeant ses offices de communication officieuses, de répandre la bonne parole. Si le « show » populaire de « l’égérie de la diversité et de l’inclusion » se démarque par sa singulière virulence, c’est, à ce jour le paysage médiatique américain « in corpore » qui participe à la chasse aux sorcières, médias alternatifs inclus.

Faute de trouver un argument valable pour discréditer un adversaire il est devenu coutumier dans le paysage médiatique américain de le taxer d’espion russe, ce que fit, une fois de plus, en 2019, la journaliste Rachel Maddow, accusant « One America News Network » OAN un groupe de médias conservateur de tendance droite radicale, proche de l’ancien Président Donald Trump, d’être une officine du « Kremlin », faisant référence à un article, paru dans le magazine online « Daily Beast », article constatant qu’un des reporters d’OAN était d’origine russe, travaillant simultanément pour l’agence de presse « Sputnik ».  

« One America News Network » porta plainte contre Rachel Maddow, son employeur MSNBC, ainsi que contre le propriétaire « Comcast ». Le jugement, commenté par le journaliste américain Glenn Greenwald sur son site « Substack » le 22 juin 2021 et avec lequel celui-ci semble être en accord, craignant l’utilisation de la plainte pour diffamation comme outil de censure, fut rendu par la juge fédérale progressiste Cnythia Bashant nommée par le Président Barack Obama.

Extraits du jugement :

« Certes, les téléspectateurs qui consultent les chaînes d’information, telle que MSNBC, le font dans le but d’obtenir des informations sur l’actualité dans le monde. Toutefois, ceci doit être juxtaposé au fait que l’allégation, supposément diffamatoire, dont fait l’objet cette action en justice, doit être considérée dans le contexte d’une émission d’opinion, telle que le « Rachel Maddow Show », dans lequel la journaliste exprime la sienne, tout en invitant ses clients à la partager. »

« Rachel Maddow ne cache pas son opinion politique. Son public doit donc s’attendre à un langage subjectif conforme à ses convictions. »

« Dans ce sens « Rachel Maddow Show » diffère d’un segment d’actualité ordinaire, car l’information y est toujours accompagnée d’un commentaire personnel. La Cour estime légitime de faire confiance à la capacité des téléspectateurs de faire la différence entre une information et une opinion. »

« Les téléspectateurs qui regardent son programme s’attendent à ce qu’elle y exprime son opinion personnelle et subjective. Ainsi, la déclaration litigieuse (espion russe ndlr), supposément diffamatoire, doit être vue dans un contexte plus large, car, en commentant l’article paru dans le magazine online « Daily Beast », il s’agit d’une opinion personnelle, exprimée de façon outrancière et exagérée, certes, mais à laquelle on peut s’attendre en regardant son « show ». 

« Quand Rachel Maddow ajoute ses commentaires, utilisant un langage fleuri, ricanant de manière sous-entendu (Non, mais cela paraît évident) l’exagération des faits, comme, appeler le journalisme d’OAN de propagande russe, ne devrait pas être pris au sérieux par les téléspectateurs qui ne peuvent pas sérieusement penser que OAN soit au service du gouvernement russe. Au lieu de cela ils analyseront l’article du « Daily Beast » et tireront leur propres conclusions »

Du point de vue du journaliste et sa gilde, informée et « vaccinée », la crainte de l’utilisation de la plainte pour diffamation comme outil de censure, est compréhensible à la limite, attendre du citoyen dont l’activité professionnelle et quotidienne ne touche pas à l’actualité et qui dépend des médias, qui de plus en plus forment une entité plutôt qu’une diversité, comme seule source, de faire la distinction entre propagande et information, en revanche, est tout de même un peu présomptueux. 

  1. Le saint-simonisme repose sus le concept d’une récompense universelle par l’industrialisme morale, la condition à l’atteinte du bonheur, la liberté et l’émancipation dans le but de passer de l’âge théologique et féodal à l’âge positif et industriel d’une aristocratie de talents et non de naissance. (Wikipedia)

https://greenwald.substack.com/p/a-court-ruled-rachel-maddows-viewers



4 réactions


Réagir