vendredi 22 décembre 2017 - par Hamed

Pourquoi Dieu ne peut sauver l’Homme ? Et c’est à l’homme de se sauver par la Grâce qui est en lui

 C’est dans une interview célèbre accordée au grand quotidien allemand Der Spiegel le 23 septembre 1966 que Heidegger a lâché cette phrase énigmatique : « Seul Dieu peut encore nous sauver... » Cette phrase de Heidegger demeure aujourd’hui assez énigmatique tant les interprétations émanant des plus grands spécialistes « divergent », écrit Jean-Luc Berlet (1). Aussi, prenons quelques points de cette interview et essayons d’en comprendre le sens. Que peut-on en conclure ?
 

  1. Interview de Heidegger à l’Hebdomadaire allemand Spiegel

 (…) (2)
 Spiegel : Nous devons reconnaître que nous préférons être ici, et de notre vivant nous ne serons sans doute pas non plus obligés d’en partir  ; mais qui sait si c’est la destination de l’homme d’être sur cette terre ? Il n’est pas impensable que l’homme n’ait aucune destination du tout. Mais en tout cas on pourrait voir aussi une possibilité de l’homme dans le fait que de cette terre il étende son emprise à d’autres planètes. Nous n’en sommes sûrement pas encore là d’ici longtemps. Simplement, où est-il écrit qu’il ait sa place ici ?

 Martin Heidegger : D’après notre expérience et notre histoire humaines, pour autant que je sois au courant, je sais que toute chose essentielle et grande a pu seulement naître du fait que l’homme avait une patrie (Heimat) et qu’il était enraciné dans une tradition. La littérature d’aujourd’hui, par exemple, est largement destructive.

 Spiegel : Le mot « destructif » nous gêne ici, entre autres raisons parce que le mot « nihiliste » a reçu de vous-même et dans votre philosophie un sens dont le contexte est très étendu. Cela nous frappe d’entendre le mot « destructif  » rapporté à la littérature, que vous pourriez très bien ou même devriez considérer comme faisant partie de ce nihilisme.

 Martin Heidegger : J’aimerais dire que la littérature dont je parle n’est pas nihiliste dans le sens où je pense ce mot.
 (…)
 
Spiegel : Bien. Alors une question se pose, naturellement : l’individu humain peut-il encore avoir une influence sur ce tissu d’événements qui doivent forcément se produire, ou bien alors la philosophie peut-elle avoir une influence, ou bien les deux ensemble, dans la mesure où la philosophie conduit l’individu ou plusieurs individus à entreprendre une action définie ?
 
Martin Heidegger : (…) Si vous me permettez une réponse brève et peut-être un peu massive, mais issue d’une longue réflexion : la philosophie ne pourra pas produire d’effet immédiat qui change l’état présent du monde. Cela ne vaut pas seulement pour la philosophie, mais pour tout ce qui n’est que préoccupations et aspirations du côté de l’homme. Seulement un Dieu peut encore nous sauver. Il nous reste pour seule possibilité de préparer dans la pensée et la poésie une disponibilité pour l’apparition du Dieu ou pour l’absence du Dieu dans notre déclin, que nous ne fassions, pour dire brutalement les choses que “crever” ; que nous déclinions à la face du Dieu absent.

 Spiegel : Y a-t-il un rapport entre votre pensée et l’avènement de ce dieu ? Y a-t-il là, à vos yeux, un rapport causal ? Croyez-vous que nous pouvons penser ce dieu de manière à le faire venir ?
 
Martin Heidegger : Nous ne pouvons pas le faire venir par la pensée, nous sommes capables au mieux d’éveiller une disponibilité pour l’attendre.
 Spiegel : Mais pouvons-nous aider ?
 
Martin Heidegger : La préparation de la disponibilité pourrait bien être le premier secours. Le monde ne peut pas être ce qu’il est et comme il est par l’homme, mais il ne peut l’être non plus sans l’homme. Cela tient, d’après moi, au fait que ce que d’un mot venu de très loin, porteur de beaucoup de sens et aujourd’hui usé, j’appelle « l’être », est tel qu’il lui faut l’homme pour sa manifestation, sa garde et sa forme. L’essence de la technique, je la vois dans ce que j’appelle le Ge-stell, une expression souvent tournée en ridicule et peut-être maladroite. (…) Le règne du Ge-stell signifie ceci : l’homme subit le contrôle, la demande et l’injonction d’une puissance qui se manifeste dans l’essence de la technique et qu’il ne domine pas lui-même (…). Nous amener à voir cela : la pensée ne prétend pas faire plus. La philosophie est à bout.
 
 Spiegel : Dans le temps passé — et pas seulement dans le temps passé — on a tout de même pensé que la philosophie a beaucoup d’effets indirects, rarement des effets directs, mais qu’elle pouvait avoir beaucoup d’effets indirects, qu’elle a sus cité de nouveaux courants. Si, à ne s’en tenir qu’aux Allemands, on pense aux grands noms de Kant, Hegel, jusqu’à Nietzsche, sans même parler de Marx, on peut faire la preuve que la philosophie, par des chemins détournés, a eu une énorme influence. Voulez-vous dire maintenant que cette influence de la philosophie a pris fin ? Et quand vous dites que l’ancienne philosophie est morte, qu’il n’y en a plus, est-ce que vous pensez en même temps que cette influence de la philosophie, si elle en a jamais eu, aujourd’hui en tout cas n’existe plus ?

 Martin Heidegger : Une autre pensée pourrait avoir une influence médiate, mais aucune directe d’une façon qui ferait dire que la pensée « cause » un changement de l’état du monde.
 Spiegel : (…)

 

 2.L’homme partagé par son être qu’il sait et son non-être dont il n’en sait rien

 
L’interview nous fait dire d’emblée qu’Heidegger est en avance sur le temps. Comme d’ailleurs les questions que pose Spiegel, qui semblent acquiescer dans un certain sens à la vision de Heidegger. Quand le philosophe allemand reproche à la littérature d’aujourd’hui qu’elle est largement « destructive », on ne peut ne pas lier cette idée à la conception qui a donné cette idée. Il y a un mouvement historique qui fait que l’avènement du nihilisme que Heidegger l’identifie au destin de l’histoire occidentale n’est pas venu ex nihilo, c’est-à-dire est un processus de cause à effet. C’est très important d’en comprendre la genèse ? Sinon comment comprendre un nihilisme qui a un effet destructeur selon le philosophe. Pour Heidegger, le nihilisme moderne s’apparenterait à un pessimisme dans l’avenir du monde. Un pessimisme qui s’apparenterait à un « refus de soi, à une renonciation  » dans un monde moderne qui ne rassure pas. Cependant, il faut dire que l’homme n’a pas choisi d’être, il est simplement, il existe parce qu’il est venu au monde malgré lui. Un « Décret a été émis » et toute l’humanité est venue au monde, du même arbre généalogique, du premier homme Adam, chassé du paradis.

 L’humanité est partie d’un homme. Ceci nous fait dire qu’on existé, mais on aurait pu ne pas exister si cela n’a pas été Décrété. Si aujourd’hui on existe, d’autres nous ont précédé. Demain on sera ceux qui ont précédé parce que, comme l’écrit Heidegger, nous sommes des être-pour-la-mort. Nous existons pour ne pas exister.
 Et le nihilisme que reproche Heidegger à l’Occident touchera forcément aussi le reste du monde. L’humanité est une et indivisible dans son essence. Chaque peuple, chaque humanité passe par des stades historiques mais toutes convergent vers le même but d’être. Le reste du monde qui n’a pas encore les avancées technologiques et organisationnelles de l’Occident a cependant des pare- feux qui le sécurisent. La religion, par exemple, lui permet de s’adapter à l’accélération de la vie moderne.

 L’Occident, malgré ses avancées, est confronté à cette « accélération de la vie moderne ». L’Occident l’a-t-il voulu ? Faut-il dire à Heidegger N’a-t-il pas été livré aux contingences de l’histoire contre lesquelles il ne pouvait rien. La science a connu un développement considérable. Et cette science est venue ainsi. Le monde pouvait-il être autrement ? Quand l’Occident a découvert l’Amérique au XVe siècle ? L’a-t-il voulu ? N’a-t-elle pas été la marche de l’histoire ?

 « Oubli de soi », « changer d’être », ou être la proie du nihilisme répond à la question que Spiegel a posée : « l’individu humain peut-il encore avoir une influence sur ce tissu d’événements qui doivent forcément se produire, ou bien alors la philosophie peut-elle avoir une influence, ou bien les deux ensemble, dans la mesure où la philosophie conduit l’individu ou plusieurs individus à entreprendre une action définie ? » L’homme, ou simplement l’être humain, n’est-il pas partagé entre l’être qui est en lui, propre à lui, et cet être qui n’est pas à lui mais le dirige dans le monde ? Cette partie de lui dont il ne sait rien mais qui est associée à son existence. Un peu comme être et ne pas être. Sans la pensée, l’être n’est pas, n’existe pas.
Et cette pensée active aussi dans son devenir.


 Cette pensée de l’être n’est-elle pas le socle de l’homme qui le sort du non-être, et le propulse dans le devenir ? Ainsi l’essence de l’homme apparaît comme un processus tiré du non-être pour venir à être. Dès lors, « le non-être n’est pas matériel », mais exprime l’« idée », par lequel l’être est, l’être existe. Et ce « non-être » définit les instances même qui expriment les fonctions du psychisme humain. D’où proviennent-ils les fonctions du psychisme humain « qui ne sont pas, n’existent pas matériellement, donc relevant d’un non-être dans le sens que les instances qu’il renferme sont simplement ressenties et donne existence à l’homme ? Il est évident qu’elles proviennent de l’Essence du Créateur des mondes, c’est-à-dire Dieu.

 Quand Heidegger répond par une réponse qu’il juge massive. « La philosophie ne pourra pas produire d’effet immédiat qui change l’état présent du monde. Cela ne vaut pas seulement pour la philosophie, mais pour tout ce qui n’est que préoccupations et aspirations du côté de l’homme. Seulement un Dieu peut encore nous sauver. » Il demeure cependant que l’être n’a pas à attendre qu’un Dieu le sauve, en réalité, « Dieu est déjà en lui et l’être lui doit son existence » par l’essence de l’Esprit du monde qu’il lui a insufflée. Et toute création est œuvre de Dieu.

 Et cette essence lui octroie aussi un libre-arbitre qui fait de l’homme un être complet dans la finitude. Un être complet dans l’infiniment grand et petit. Cependant, doté de l’essence d’être et d’un libre arbitre, il reste néanmoins lié à son non-être dont il ne sait rien et qui l’a amené à être.
 

 3. Sans l’idée du non-être, il ne peut y avoir l’idée d’être

 

 Dans l’existence de l’humanité, et du monde, il y a la main de Dieu, et cette « main qui est invisible » peut être visible par la pensée, par la « con-science ». Dans le Coran, Sourate 16, An-Nahl (Les abeilles), il est écrit au Verset 9 : « Il appartient à Allah [par Sa grâce, de montrer] le droit chemin car il en est qui s'en détachent. Or, s'Il voulait, Il vous guiderait tous. » Au Verset 93, « Si Allah avait voulu, Il aurait certes fait de vous une seule communauté. Mais Il laisse s'égarer qui Il veut et guide qui Il veut. Et vous serez certes, interrogés sur ce que vous faisiez ». Ce qui signifie que l’homme peut se rapprocher de Dieu pour peu qu’il le veuille, pour peu qu’il le cherche vraiment, pour peu qu’il cherche le sens de son existence, ses relations avec autrui et le monde.
 Quand Heidegger énonce : « Le monde ne peut pas être ce qu’il est et comme il est par l’homme, mais il ne peut l’être non plus sans l’homme. » (2) C’est qu’il existe entre l’homme et le monde une telle symbiose que l’un ne peut aller sans l’autre. C’est par l’homme qu’il y a le monde, et par le monde qu’il y a l’homme. Sans l’homme, sans l’être et le non-être, il n’y a ni monde, ni vide, ni néant. Rien n’aurait existé.
 
La réflexion de Heidegger sur la philosophie et le constat de son impuissance relève de son dépassement par l’histoire. « La seule possibilité de préparer la pensée et la poésie une disponibilité pour l’apparition du Dieu ou pour l’absence de Dieu dans notre déclin, que nous ne fassions, pour dire brutalement les choses que « crever » ; que nous déclinions à la face du Dieu absent », dit-il. Heidegger. Malgré toute la puissance de sa réflexion, Heidegger se trouve à penser cet « Etant » à travers la disponibilité de l’être pour l’apparition du Dieu ou pour l’absence de Dieu dans le déclin. Mais y a-t-il réellement déclin ? Y a-t-il réellement absence de Dieu dans le déclin ? Et si ce déclin n’est qu’apparent, et qu’en réalité, il y a progrès. Et Dieu a toujours été présent par l’instance même qui donne vie à notre être. Par cette « Grâce » en lui qui n’est que rarement pensé par l’homme. Ou pensé dans les durs moments où Dieu devient l’ultime recours à son existence.

 L’essence de l’Etant est l’existence. Mais comment accéder à l’essence de cette existence ? Heidegger le nomme « Dasein », la voie pour accéder à l’Etant, dans le sens d’une prise de conscience de cet être-là, de cette présence-là, de cette réalité humaine. Cela nous ramène à l’«  être » qui existe et le « non-être », son antithèse qui n’existe pas mais existe parce qu’elle est ressentie par l’énoncé même de l’idée qui se fait du non-être. Et rien ne saurait être vrai que par l’idée.

 « Si l’idée d’une chose ou d’un sens n’existait pas », par exemple, le non-être en tant que concept n’aurait pas été énoncé, n’aurait pas eu une existence conceptuelle. Et le non-être a un sens conceptuel. Comme, par exemple, par essence métaphysique, l’idée de faux existe parce qu’elle trouve sur sa négation, qui est le vrai. Et réciproquement, l’idée de vrai tire son existence de l’idée de faux. Il en va de même pour le blanc et le noir, le jour et la nuit, le bruit et le silence, le riche et le pauvre, la vie et la mort… Et il en va de même dans l’idée pour tout concept qui détient son contraire comme pour ceux qui n’en détiennent pas mais sont des archétypes universels, donc des universaux. Comme, par exemple, la Terre qui n’a pas son opposé, une non-Terre, le Soleil qui n’a pas de non-Soleil ou de Dieu qui n’a pas de non-Dieu. Toute idée a un sens existentiel.

 Pour l’homme, l’idée d’être-là dans l’existence a besoin de l’idée de négation, son contraire, et de l’idée-archétype qui dépasse la négation. L’homme donc, dans son non-être, n’existe que parce qu’il est l’opposé de ne pas exister. Pourtant il peut ne pas exister. Sa mort ne met-elle pas fin à son existence ?

 Le non-être a beaucoup de sens, contrairement à ce qu’écrit Gorgias, un penseur de la Grèce antique, qui dit : « Le non-être n'est pas car si le non-être existe, il sera et à la fois il ne sera pas : il sera en tant qu'il existe et il ne sera pas en tant que non-être. Il est tout à fait absurde que quelque chose soit et ne soit pas à la fois. Donc le non-être n'est pas » (3), relève de la sophistique, un discours qui n’a pas de valeur scientifique, plus pour séduire par un raisonnement futile.

 Pour tenter d’avoir une idée concrète du non-être et de cette conception de l’existence de Dieu dans chaque être, il est intéressant de narrer une histoire vécue par un enfant au cours de sa vie. Evidemment, l’approche sur cette histoire vécue dépendrait de la vision que l’on de la métaphysique de l’être. Cependant que l’on accepte ou non ce qui ressort de cette histoire, il est intéressant de s’interroger sur le pourquoi du phénomène. Aussi, parlons de cet enfant. 

 Un enfant qui était pour ainsi dire normal. Des capacités intellectuelles ordinaires. Peu curieux de la vie dans son quotidien, et des choses, il les vivait naturellement, sans question. Contrairement à des enfants qui sont curieux, éveillés et posent des questions aux adultes sur la signification des choses, ou des mots qui retiennent leur attention. Un comportement spontané, naturel pour ceux-là comme pour ceux qui ne questionnent pas.
 Les premières années à l’école pour cet enfant primaire étaient ternes. Sans intérêt pour les études, cet enfant n’aimait pas étudier, cela lui était difficile, ardu voire même au-dessus de ses forces. Et c’est ainsi que sans enthousiasme, il allait à l’école parce qu’il se sentait obligé et cela a duré plusieurs années, avec des résultats scolaires médiocres, moins que passables. Pourtant, ne brillant pas d’intelligence, il passait quand même aux classes supérieures. Un jour, tout se retourna pour lui. A l’occasion d’un changement de ville – ses parents déménagèrent –, inscrit dans une nouvelle école, au cours moyen de 2ème année (CM2), une classe d’examen pour l’entrée en sixième, il se découvrit des dons incroyables.
 

 4.L’enfant mû par son non-être ?

 

 La classe comptait 24 élèves dont 20 français et 4 arabes. Cet enfant était le seul algérien de la classe. Le premier jour de classe, l’instituteur qui était aussi le directeur de l’école, de confession juive, posa la question suivante aux élèves : « Qui est fort en calcul ? » C’est-à-dire les mathématiques. Quatre élèves levèrent le doigt, 3 français et cet enfant algérien qui était pourtant faible.

 A la sortie de l’école, cet enfant s’est posait la question : « Quelle mouche l’a piqué pour avoir levé le doigt sachant pertinemment qu’il était faible en calcul ? Qu’il n’avait jamais eu de bonnes notes en calcul, et de surcroît cette matière ne l’a jamais vraiment intéressé ni comprise dans les années antérieures qu’il fit à l’école. » Evidemment, il avait menti. La question était pourquoi. Evidemment, il y avait des filles françaises surtout que l’école se situait dans un quartier huppé de la ville. Peut-être cet enfant voulait faire l’intéressant, ce qui est possible. Une crainte cependant que tout va se savoir, qu’en fait il était faible et pas seulement dans cette matière. 

 Mais les jours de classe qui vont suivre vont démontrer le contraire et changer le cours du destin de cet enfant. D’enfant faible, il va passer brusquement passer à très fort partout. Incroyable. La seule note où il avait la mention a bien était le français. En calcul, c’était incroyable. Tout exercice, tout problème était résolu et mis au propre dans le cahier de classe dans les 3 ou 4 minutes que l’instituteur prit pour expliquer aux élèves les données du calcul demandé. Au début, dès que l’instituteur dit aux élèves de commencer, l’enfant levait la main pour dire : « Monsieur, j’ai terminé ! ». Trois ou quatre fois, il lui demanda le cahier de classe. Debout devant son bureau, il attendit. La seule réponse a été : « rejoignez votre place et ne parlez-pas ! » Ce processus lui est devenu systématique. L’instituteur de son bureau cessa de prendre son cahier et lui intima de temps en temps de ne pas parler. Et toujours après les trois ou quatre minutes d’explication, les exercices et problèmes étaient résolus et mis au propre. Il passait donc une année entière à attendre en silence que les élèves terminent leurs calculs –bien que des élèves souvent lui chuchotent de les aider. Pas une fois, et quel que soit l’exercice, le problème des leçons enseignées, il n’a excédé les 3 ou 4 minutes de temps pour les résoudre.

 Il est devenu une machine à calculer, il ne raisonnait pas, il cherchait à aller vite avec ses mains, comme si l’enjeu était le temps et non le problème. Le facteur temps lui importait plus que le raisonnement du calcul. Un jeu d’enfant ? Il ne révisait jamais ses cours à la maison et passait son temps à jouer avec ses copains. A l’école, dans toutes les matières hormis la rédaction (assez bon), il était excellent. Lors des examens, les seules matières qu’il révisait était l’histoire, la géographie et la leçon de choses. La veille, sous une bougie parce que ses parents dormaient et il ne pouvait pas déranger ou allumer la lumière, il n’apprenait pas, il passait seulement son « regard » sur toutes les leçons. Et de ce regard, il « photographiait » pour ainsi dire intelligemment dans sa mémoire ces leçons. Et la note est identique au calcul.

 Un jour, l’instituteur qui donne des cours payants le jeudi l’invita à venir pour y assister. Sans payer. Même processus, 3 ou 4 minutes pour résoudre les exercices que l’instituteur donnait à résoudre. Dès les premiers cours, le maître le pria de ne plus venir. Il était évident que cet enfant dérangeait en restant assis en silence pendant que les élèves travaillaient pour résoudre leurs exercices.

 Au cours des récréations, cet enfant est toujours entouré des meilleurs élèves de la classe, tous des français. Un jour, durant les récréations, il posa la question pourquoi il est classé toujours 3ème ou 4ème, et pourquoi il n’est pas le premier de la classe. D’autant plus qu’au cours des récréations, à la fin des examens, il lui arrivait de calculer le nombre de points reçus dans les examens passés qu’il confrontait avec ceux de ses camarades (les premiers de la classe). Il s’apercevait qu’il les devance toujours de quatre ou cinq points. Les explications que lui fournissaient ses camarades de classe ne le satisfaisant pas, l’enfant, un jour, s’enquit auprès de l’instituteur de ce « décalage ». Le maître lui expliqua que c’est la note d’assiduité en classe qui fait baisser sa moyenne générale.

 Pourtant, en matière d’assiduité, cet enfant n’avait rien à se reprocher. Excellent élève de la classe, reconnu par tous ses camardes y compris par l’instituteur qui parfois lui fit faire des commissions pour sa maison, en plein cours de la classe. Très estimé, très modeste, l’enfant ne voyait pas pourquoi il n’était pas assidu. Cependant, il comprit que c’est une affaire de statut social. Venant souvent avec des vêtements rapiécés, conduisant une veille bicyclette de son père, alors que ses camarades étaient attendus par leurs parents ou leurs chauffeurs dans des voitures rutilantes. L’explication venait d’elle-même, l’instituteur que j’estimais était tenu de respecter le rang social des élèves. Ce qui n’affectait pas outre mesure l’enfant. Ce n’était pas d’un grand intérêt d’autant plus que l’enfant n’aspirait pas à être le meilleur, puisqu’il l’était déjà et sans grand zèle. La Providence s’en chargeait.
 Au secondaire (lycée), il ne fit que quatre classes au lieu de sept, trois années ont été « sautées » pour des raisons de changement de villes, de pays et autres erreurs d’inscription. La terminale, cet enfant devenu un jeune homme l’a faite dans un lycée de la région parisienne. Une matière cependant dans cette classe, le rebutait, c’était la « philosophie » qui lui paraissait trop irrationnelle, et cela est dû peut-être par son côté très rationnel des choses.



 Si la puissance intellectuelle que cet enfant s’est découverte durant son jeune âge a été d’un grand apport pour lui, il reste que sa vie d’adulte n’a pas été de tout repos. Ses études supérieures ont été tumultueuses comme d’ailleurs, plus tard, sa vie active, mais il faut le dire avec beaucoup d’attrait sur le plan scientifique, et beaucoup de réussites dans son existence – même si elles étaient modestes. L’adulte qui l’a été est resté simplement lui-même attaché à ses pensées qu’il estimait juste, malgré l’adversité.

 Plus tard, il s’est toujours questionné sur cette découverte particulière de soi. Pourquoi n’y a-t-il pas eu une affirmation progressive de son intelligence dans ses études ? D’une situation d’un enfant de très médiocre, qui n’a pas été préparé à ce saut, il se transforma brusquement en une formidable puissance de comprendre. Comme si tout à coup il avait un autre cerveau, une autre intelligence. Et surtout que « cet enfant n’a rien fait pour que ce don arrive ». Cela est arrivé parce que cela a été prédestiné pour cet enfant, doit-il conclure ? Comment enfant, et « cet enfant est l’auteur de ces lignes », ai-je pu résoudre des exercices ardus, sans préparation, sans révision, sans lecture profonde du livre de calcul qui, pour mon jeune âge, étaient complexes, alors que durant des années entières de scolarité jusqu’à cette classe, je n’étais pas seulement médiocre, je n’existais pratiquement pas pour les études tant celles-ci me paraissaient difficiles, inintéressantes voire « au-dessus » pour mes forces d’enfant.
 Et surtout dans cette classe, un rituel s’est crée, toujours le même, jamais pas même une fois je n’avais dépassé les 3 ou 4 minutes imparties pour résoudre exercices et problèmes posés par le maître d’école. Tout s’effectuait en quelques minutes sans pratiquement y penser – le temps n’était pas suffisant pour réfléchir juste pour calculer et écrire la solution au propre. J’avais cette impression que les leçons données par l’instituteur préexistaient presque en moi. Aussitôt lues ou écoutées une fois, elles se gravaient en moi. Je ne me rappelle jamais avoir révisé une leçon d’école, mis à part le soir du dernier jour, à la veille de l’examen.

 Je comprenais tout non pas par intuition, non par intelligence ou par raisonnement mais plutôt par un instinct intelligent comme si celui-ci m’était inné ou se greffait en moi. Le mot de Heidegger « ek-sister » que j’avais retenu dans une de mes lectures s’appliquait mieux à ma pensée d’être. Il souligne, comme le dit Heidegger, que l’idée d’un être en dehors de moi me fait mouvoir. Et ma pensée, ma conscience, mon intelligence sont ce par ce que je suis et ce que je ne suis pas. Il me semble que ce « ek-sisté » se superpose à ce « existé » en moi, deux êtres un en présence et un en dehors s’associent pour donner ce que je suis. Et je comprends alors que ce n’est pas un don qui m’a été donné, bien qu’on puisse l’appeler un don provenant de la Providence, en fait, ce don a été plus qu’un don puisqu’il m’a révélé mon « non-être » par lequel mon « être » est, par lequel je suis cette présence-là dans le monde.

 Je suis donc un être partagé avec mon non-être. Tout brillant que je suis, je peux être aussi médiocre, comme je l’étais et même je pourrais l’être. Parce que je ne commande pas véritablement mon moi. Au final, je crois me déterminer mais c’est mon « non-être » qui me détermine en dernière instance dans mon essence. Si je fais du bien, par exemple, c’est en dernière instance mon non-être qui est en moi, qui s’assimile aussi à la Grâce que m’a octroyé Dieu – car sans celle-ci je ne peux exister – qui me permet d’être auteur du bien. Si je fais du mal, c’est aussi en dernière instance mon non-être qui est en moi, qui s’assimile à la Grâce que m’a octroyé Dieu, mais me laisse avec mon acte parce que l’Essence de Dieu m’a laissé libre et c’est là le « sens de l’existence ». Et si Nous sommes responsables de nos actes de bien et du mal que l’on fait devant les hommes, nous le sommes surtout devant Dieu. Parce que cette Grâce que nous donne Dieu est le Témoin, le Livre où sont enregistrés tous nos actes de l’infiniment petit à l’infiniment grand au cours de l’existence. La moindre pensée est enregistrée dans le Livre ouvert de notre vie jusqu’à notre mort.

 Dès lors, peu importe que l’être en moi réussisse dans les études, la réussite n’est qu’une partie du message de cet « ek-sisté » de Heidegger. Comme d’ailleurs la non-réussite ou la médiocrité n’est aussi qu’une partie du message puisqu’il m’a été permis d’en prendre connaissance dans mon existence. Dans les deux cas, l’être « ek-siste », c’est-à-dire est dépendant de son non-être. Ce qui importe pour l’être en situation, l’être en Etant, c’est que combien même il ne commande pas cet étant, il doit s’efforcer à prendre conscience.
 
Aussi pourrait-on dire de l’humanité entière, qu’elle n’existerait pas s’il n’existait pas son non-être. Coupé de son non-être, elle ne serait même pas un néant, même pas un rien, même pas un vide. Un inexistant peut-il avoir existé ? L’humanité aurait-elle existé si elle n’avait pas existé cette Grâce en elle ? Et c’est pourquoi l’humanité entière « ek-siste » par elle-même et en dehors d’elle-même.

 Evidemment cela paraît peu concevable cette vision, difficile à admettre le « concept de non-être » mais celui-ci existe bel et bien et pas seulement en concept abstrait. La difficulté pour l’homme est d’aller à lui-même. Et c’est là l’intérêt de l’homme qui lui arrive à réfléchir sur soi, à comprendre son existence, sa vie, sa raison d’être. 
 

 5.Comment appréhender le monde dans notre « Ek-sistence » ? Le libre-arbitre limité

 

 Heidegger parle de l’absence de dieu, et lui associe le déclin. Peut-on penser alors que Dieu peut être absent dans notre être ? Si nous ne sommes pas nous, cet être-nous qui repose sur notre réalité d’existant et que témoigne notre corps et notre pensée, que sommes nous alors sans cette Grâce dans notre être ? Nous ne serions pas. Impossible d’exister, sans la Grâce, sans l’Esprit qui souffle en nous. L’Esprit de Dieu est présent dans notre conscience sans que nous le sachions. Par conséquent, nous le sommes par notre conscience, notre pensée qui dit que nous sommes. Nous « ek-sistons » par cette substantialité – ou le Dasein d’Heidegger – par laquelle nous ne faisons rien pour qu’elle soit mais fait que nous soyons. Forcément cette substantialité ne relève pas de nous mais d’une Puissance extérieure à nous, qui met en jeu cet Etant heideggérien dans lequel nous baignons. Ce qui signifie que nous sommes nous mais en même temps un nous qui s’impose à nous.

 Dès lors que nous sommes partagés entre l’être réel, matériel, présent qui est nous, et cette substantialité ou notre « non-être » qui est abstrait, n’est palpable que par ce « ek-siste » en nous et qui regroupe toutes nos instances psychiques supérieures (pensée, conscience, intelligence, intuition…).

 Et pour désigner à travers ces instances psychiques cette Grâce, et en prenant le court chemin, elle ne peut être que venant du Créateur, donc Dieu. Notre existence est redevable donc à Dieu. Et Dieu ne peut jamais être absent à notre existence. Une absence signifierait la fin de notre existence, ou encore notre retour, après notre mort, à Dieu. Dieu reprend ce qu’il a crée.
 
 « Tout ce que nous pensons, ce que nous faisons de bon ou de mauvais  », Dieu forcément le sait. Et les textes bibliques l’Evangile, la Torah et l’Islam le confirment.

 Dieu est plus proche de nous que nous de nous-mêmes. L’homme ne peut exister sans la Grâce qui est insufflée en nous-mêmes. Par conséquent, son existence devient une « ek-sistence » dont parle Heidegger, c’est-à-dire un être qui est à la fois inspiré par Dieu et libéré de Dieu par son libre-arbitre [octroyé par Dieu] mais aussi rattaché au dessein divin du monde. Et c’est là le miracle : l’homme produit par un détour ek-sistentiel fait l’histoire du monde. Et dans cette histoire humaine, l’action divine se déploie implicitement dans l’infinité des temps.

Beaucoup pense que l’humanité va à sa ruine. Les guerres d’hier et d’aujourd’hui, les milliards d’êtres humains grâce au progrès dans la technologie et dans la médecine, les crises économiques, etc., font peser de lourdes menaces sur l’humanité. Mais le Dieu qui nous a créés peut-il nous laisser aller vers le chaos dans cet « ek-sistence » ? Il est évident en tant que garant de sa Création, Il a déjà mis tout pour que notre histoire continue dans ce mouvement sans fin du monde que l’on appelle l’Univers.

L’humanité ne commande pas le devenir, ni le progrès mais subit ce qu’elle devient. Le progrès est une nécessité pour un devenir toujours nouveau sans fin. Quant aux maux qui intoxiquent, comme « les crises, les guerres, la volonté de puissance », ils font partie de l’ek-sistence. Sans eux, et contre lesquels s’opposent des forces laissées au bien, l’être ne peut se sentir exister. Une vie qui pratique un hédonisme sans fin pourrait-elle se sentir ek-sisté ? Sentir la joie de vaincre un mal qui a tant fait souffrir disparaîtrait du panorama humain. Même le progrès n’aurait pas de sens, puisque l’on est déjà satisfait de ce que l’on détient.

Précisément, dans cet « ek-sistant » ou ce que nomme Heidegger le « dasein », il y a ce qu’on peut séparer, par l'esprit et bien qu’ils ne sont pas séparables, ce que tout ce que l’on peut opérer par nos sens, nos corps, nos volontés, nos actes dans l’existence, et, de l'autre, ce qui permet et sous-tend ce par quoi nous opérons, i.e. par quoi nous sommes. Donc il y a « nous en tant qu’êtres conscients » et il y a « un autre nous qui est étranger à nous et porte ce conscient dont nous sommes », et qui fait que nous ek-sistons et non nous existons, ce dernier dérivant du premier. Ou ce que la philosophie heideggérienne nomme la substantialité qui ne relève pas de nous mais d’une Puissance extérieure à nous, qui met en jeu cet Etant heideggérien dans lequel nous baignons. Ce qui signifie que nous sommes deux nous en un.

Et c’est la raison pour laquelle l’humanité ne peut se suicider parce qu’elle n’a pas les moyens pour le faire. Les arsenaux nucléaires, par exemple, sont là pour que les grandes puissances prennent conscience de ce qu’elles leur coûtent si elles dépassent la « ligne rouge » qui leur est imposée, ou qu’elles se sont elles-mêmes imposées pour prévenir une destruction mutuelle assurée. Mais si on regarde le progrès auquel les grandes puissances sont arrivées, il demeure que le progrès leur a été imparti par l’histoire puisque de progrès en progrès, elles sont arrivées à cet âge nouveau, qui rompt avec les âges passés. Dès lors ce progrès a un sens à la fois historique, anthropologique et ontologique. Et s’il repose sur ces trois versants de la nature humaine en tant qu’essence et corps de cette ek-sistence, « l’humanité ne peut se détruire », sauf si l’Essence le décrète. Et c’est la raison pour laquelle Dieu ne peut sauver l’homme, l’humanité. Et c’est à l’homme de se sauver par la Grâce qui est en lui.

Ce qui signifie que quoique fasse l’homme, même à franchir la « ligne rouge », i.e. utilise ses arsenaux nucléaires, en se lançant dans une guerre nucléaire, il ne peut le faire que si l’Essence le décrète. Mais cette Essence est aussi la Grâce de Dieu qui est en lui, et combien même l’homme ne se sauve pas par la Grâce qui est en lui, et détruisant et s’autodétruisant, il demeure que la Grâce de Dieu restera toujours la Grâce qui le sauvera. De plus l'homme en tant qu'être créé, détenant la raison octroyée par l'Essence, son existence a un sens dans l'univers, Et c'est la raison pour laquelle, selon le décret de l'Essence, et vu l’histoire passée, l'histoire de l’humanité' continuera à se faire et se refaire dans son éternel recommencement dans l’espérance.

 

Medjdoub Hamed
Auteur et Chercheur indépendant en Economie mondiale,
Relations internationales et Prospective
www.sens-du-monde.com

Notes :

1. « Seul Dieu peut encore nous sauver... », par Jean-Luc Berlet. 25 octobre 2007. http://www.accordphilo.com/article-13339294.html

2. « Entretien avec le Spiegel de Martin Heidegger »

https://pkaccueil.files.wordpress.com/2014/12/heidegger_spiegel1976_pk_wp.pdf

3. Sextus Empiricus, Contre les mathématiciens, VII, 66



14 réactions


  • pallas 22 décembre 2017 13:53
    Hamed

    Bonjour,

    L’Humanité n’a aucune importance car elle n’existe plus depuis bien longtemps.

    Ne restant que des corps et uniquement.

    Un exemple schématique, un ordinateur sans logiciel d’exploitation, auquel le bios sur la carte mère, déréglé, car la pile est morte.

    Les humains (nos ancêtres) ont fait un choix, nous en sommes le résultat, l’échec.

    L’évolution de la vie continu sur cette planète, et de nouvelles espèces émerges, d’autres évoluent, certaines restent elle même (Les Requins, Araignées, Fourmis, reptiles) viellent de plusieurs dizaines de millions d’années voir centaines ( les arachnides).

    Les humains ne représentent rien à l’échelle réel de la vie sur cette planète, 100 000 ans au mieux, un vulgaire crachat insignifiant.

    Salut


    • Mejad 22 décembre 2017 17:00

      @pallas

      Vous êtes pessimiste. Et que représentent toutes ces nouvelles espèces qui émergent sans ce « crachat humain ». Une existence dans l’inexistence.


  • JC_Lavau JC_Lavau 22 décembre 2017 15:00

    Grande idée ! Demander à ce qui n’existe pas de « sauver » ce qui existe !


  • fileva 22 décembre 2017 15:06

    Hamed, Un article remarquable qui interpelle en cette période de fêtes

    Il porte à s’interroger personnellement sur notre existence et le sens que nous voulons lui donner, avec ou sans Dieu. 

    Merci



  •  C BARRATIER C BARRATIER 22 décembre 2017 18:07

    Nous tournons en rond si nous avons à recours aux dieux, que nous inventons pour refuser d’être dans l’univers. comme tout le reste. Ce nombrilisme fausse nos perceptions, Rien de grave tant qu’on Noé s’entretue pas, Ce qui a toujours été idiot.


  • genrehumain 22 décembre 2017 19:22


    « La philosophie ne pourra pas produire d’effet immédiat qui change l’état présent du monde. Cela ne vaut pas seulement pour la philosophie, mais pour tout ce qui n’est que préoccupations et aspirations du côté de l’homme. Seulement un Dieu peut encore nous sauver.


    L’ étude dénuée de préjugés des textes religieux révèle leur unité de vision en ce qui concerne l’éthique et la promesse de paix et d’unité attendue par tout le genre humain .

    Sur un plan historique, la religion a été l’un des moteurs les plus puissants du changement d’attitudes et de comportement de l’homme.

    La venue de nouveaux Messagers représente des moments primordiaux dans l’histoire. Chacun déclenche un nouvel élan spirituel, stimule la remise en cause personnelle et le progrès social. Parmi eux se trouvent les Fondateurs des grandes religions du monde : Moïse, Krishna, Zoroastre, Bouddha, le Christ et Muhammad .

    Les contextes environnementaux et sociaux contenus dans ces textes sont relatifs à l’époque de leur révélation et donc soumis aux changements comme toute loi sociale, mais leur message spirituel transcende les âges.

    Les images utilisées pour marquer les esprits font appel à notre inconscient collectif et ne sont que des paraboles destinées à nous mettre en garde, n’en faisons pas des « idoles »

    Spinoza explique "que le Dieu de l’Ancien Testament adaptait son discours à la faible capacité de compréhension du peuple hébreux auquel il s’adressait."


    Fondamentalement, cependant, le message spirituel de ces Messagers a été le même
    Chacun a souligné l’importance de l’amour de Dieu, de l’obéissance à sa volonté, et de l’amour du prochain. Les mots ont varié, mais l’enseignement essentiel tourne autour du principe de base, à savoir que chacun doit traiter les autres comme il aimerait être traité lui-même.
     Finalement *qu’est ce qu’un Chrétien ? sinon qu’ un Juif qui a reconnu le Christ et qu’est ce qu’un Musulman ? tout simplement aussi un juif devenu chrétien qui a reconnu Muhammad .
    Ttoujours les fondateurs de grande religion ont reconnu leurs prédécesseurs et authentifié leurs écrits et annoncé un retour, mais malheureusement toujours aussi leurs adeptes ont souvent par ignorance et préjugés rejetés le messager qui suivait.
    Le message religieux comme le dit le mot religion (religare) est un message d’unité et a pour but de relier les hommes, descendant tous du même couple originel, habitant tous une même planète et ayant tous un même créateur,seuls les lois sociales et les coutumes ont différés au cour du temps il est évident que ce qui prévalait il y a des siècles ne peut s’appliquer au temps présent ( on apprends pas les mêmes choses à la maternelle qu’à l’université , mais c’est toujours l’école ), mais la loi d’Amour est, éternelle seule les lois sociales évoluent c’est ce qui est rappelé dans le Coran quand il est dit que Dieu abroge ou certifie ce qu’il veut ou encore quand le Christ dit j’ai beaucoup de chose encore à vous dire mais vous ne pouvez les supporter .
    Pour conclure ,peut être cette citation de Léon Tolstoi (1828-1910) apporte un élément de réponse à l’attente de Martin Heidegger et donc à notre attente aussi.
    « Le monde est en désarroi, la clé de tous ses problèmes se trouve entre les mains du Prisonniers de Saint-Jean d’Acre,  »
    – Léon Tolstoï, Lettre à F. Wadelbekow
    • *

    • Mejad 22 décembre 2017 20:32

      @genrehumain

       « Tout ce que vous avez écrit reflète l’histoire des religions du monde, telle qu’elle est connue. Par contre, la citation de Léon Tolstoi (1828-1910) « Le monde est en désarroi, la clé de tous ses problèmes se trouve entre les mains du Prisonniers de Saint-Jean d’Acre, » n’apporte pas d’élément de réponse à l’attente de Martin Heidegger ni à » notre « attente aussi.
       
      Elle l’apporte à votre attente comme votre être voit la chose. Vous ne pouvez étendre votre conviction qui est personnelle. De plus le monde n’est pas en désarroi, il est en »étant heideggérien« , ce qui est différent. Le sens est » existant dans un cours nécessaire et passant. " 

    • Pascal L 22 décembre 2017 23:33

      @genrehumain
      « L’ étude dénuée de préjugés des textes religieux révèle leur unité de vision en ce qui concerne l’éthique et la promesse de paix et d’unité attendue par tout le genre humain »

      Les promesses de paix et d’unité n’existent de fait que dans les religions messianistes comme l’Islam ou le marxisme qui envisagent un royaume de Dieu ou le grand soir sur terre. C’est justement au nom de cette paix attendue qu’il faut combattre ceux qui n’y croient pas par un étrange renversement des valeurs. Le Judaïsme et encore plus le Christianisme n’attendent rien de notre monde. Le salut se fait non par une éthique ou une morale, mais par l’amour et ce salut n’est pas de ce monde. Ce salut ne peut s’acheter, il ne dépend que de ce que nous sommes et non de nos actes.

      « Spinoza explique »que le Dieu de l’Ancien Testament adaptait son discours à la faible capacité de compréhension du peuple hébreux auquel il s’adressait. « 
      Les hébreux de cette époques n’étaient pas moins intelligents que nous mais ils disposaient de moins d’outils pour appréhender notre monde et analyser ce qu’ils découvraient de Dieu. Dieu s’est toujours révélé aux hommes, mais qui peut dire que nous savons tout sur Dieu ? Ce que Dieu nous révèle s’avère toujours aussi incompréhensible à notre époque. Si notre compréhension s’était améliorée, il ne devrait plus y avoir d’athées (ou plus de croyants).

       »Fondamentalement, cependant, le message spirituel de ces Messagers a été le même« J’ai beau relire la Bible et le Coran, je ne vois pas trop ce qui rapproche les messages. Un Dieu amour et miséricorde dans un cas, un Dieu qui juge et punit dans l’autre. Il ne peut s’agir du même Dieu.

       »qu’est ce qu’un Chrétien ? sinon qu’un Juif qui a reconnu le Christ et qu’est ce qu’un Musulman ? tout simplement aussi un juif devenu chrétien qui a reconnu Muhammad"
      Il n’y a rien de plus faux que cette affirmation d’autorité. L’Islam s’oppose fondamentalement au Judaïsme et au Christianisme et a basé son développement sur cette opposition récitée 17 foi par jour par tout Musulman dans la Fatiha (le prologue du Coran) dans son dernier verset. Si vous supprimez le Judaïsme et le Christianisme, l’Islam devient une coquille vide et perd sa raison d’être. L’Islam est parti de la foi d’une secte hérétique juive (les Nazaréens ou Judéonazaréens) et sa nature hérétique a été conservée et renforcée au cours des siècles. Il ne peut donc s’agir d’une continuité.

  • Nestor 22 décembre 2017 22:31

    Salut Arthes !

    « Oui, il faut cultiver son jardin dit le grand Rutabagat !!! »

    Ce qui veut dire aussi s’occuper du navet au font du jardin qui a le pauvre le poireau complet dans les choux et qui en a même pris du coup la couleur des tomates ... smiley ... Le navet sera t-il ce soir ignoré une foie de plus au font du jardin ? Les concombres se rapprocheront-ils plus prés ? Craquera t-il à leur propositions  ? Ou continuera t-il de rêver à espérer qu’un jour une Arthes vienne gentiment le cueillir pour le cuisiner à toutes les sauces ? smiley smiley

    Pendant tous ce temps les limaces avancent furtivement et se dirigent vers la salade ... Elles sont persuadées d’avoir un total self control de la situation ... Attention ... La salade et une fausse, c’est une fosse, un piège ... C’est une salade carnivore génétiquement avide de limage et cagouille qui malheureusement en ce déplaçant à moins de deux centimètres/jour ne leur laisse peu de chance ... smiley  


  • Taverne Taverne 22 décembre 2017 23:50

    C’est beau un Dieu qui crève

    (pour écouter c’est ici)

    C’est beau un Dieu qui crève la vie,
    Qui sort du ventre de sa mère.
    Puis qui en est banni à vie,
    Et qui pleure des larmes amères,

    Un dieu qui chante et mord la vie,
    qui s’amuse et qui meurt d’ennui,
    un dieu qui vomit parmi nous,
    qui tombe parterre à genoux,

    Un dieu qui se bat comme un diable,
    Diable qu’il tire par la queue,
    Perclus d’arthrose et variqueux,
    Flanqué d’un sort irrémédiable.

    Ce serait beau un dieu enfin
    Qui tremble et qui crève de faim,
    Compositeur devenu sourd,
    Ou poète qui se meurt d’amour.

    Mais un dieu, ça n’est pas comme ça !
    Ca nous regarde de Là-Haut,
    Ca nous balance des fléaux
    Et ça pète dans des draps de soie.

    C’est comme un prince, un président,  
    Ca se moque qu’on n’ait pas de dents,
    Quant à l’Homme qui a cru s’y fier
    Un jour, nous l’avons crucifié !


  • Étirév 23 décembre 2017 04:33

    Bonjour,

    Si nous cherchons l’arrière-fond de la pensée des hommes sur cette théorie de la Grâce, vieille comme le monde, nous constatons que l’idée première est restée intacte, la substitution des mots seule a créé l’obscurité. Si nous remettons le mot « Déesse » où les modernes ont mis le mot Dieu, nous allons comprendre ce qu’était la « Grâce », et aussi ce que signifiaient les livres tels que le Minokhired iranien (mot qui signifie Intelligence céleste, ou sagesse céleste) ou le Livre des morts égyptien, et qui tous demandaient à l’homme l’aveu de ses fautes comme condition de la «  grâce  ».

  • zygzornifle zygzornifle 23 décembre 2017 10:46

    Pourquoi Dieu voudrait t’il sauver l’homme ?


    Est ce que vous vous arrêtez au bord du fossé pour séparer 2 fourmilières qui se font la guerre ? Non alors pourquoi le ferait t’il .....

    Parmi les milliards de mondes habités nous sommes insignifiant et notre disparition ne gênerait que nous même et ne changerait rien au destin de notre univers .....

  • Crab2 23 décembre 2017 11:16

    Le président Macron n’a reçu aucun des représentants de l’athéisme ni aucun représentant des associations laïques ?

    https://laicite-moderne.blogspot.fr/2017/12/laicite-entache.html


  • ADEL 24 décembre 2017 01:07
    Soit un segment à longueur indéfinie dont il lui est assigné par convention un point pris comme milieu dont prennent le départ de manière opposée 2 curseurs, l’un vers une direction appelée être et l’autre nommée Esprit de l’univers /multivers. Ce point du milieu- départ des curseurs symbolise l’adhérence complète de l’esprit de l’univers/multivers et du non-être du monde ; ce point focal est le royaume de la modalité humaine unifiée du non-être dans l’esprit de la création. Le curseur 1 de l’être du monde, en se déplaçant en sa direction Y fait déplacer en sens inverse à une vitesse un peu supérieure, dans une direction Z le curseur 2 de l’Esprit. En se mouvant vers sa direction Y tout en se dégageant de ce point -milieu focal, le non—être s’éteint et l’esprit de l’univers se détache au fur et à mesure du déplacement du curseur 1. Commence alors à éclore la dichotomie de l’étant et de l’être. L’être va alors consacrer tout son effort à vouloir comprendre et joindre les étants, phase qui lui fait oublier l’esprit et chemin faisant s’ouvre un processus croissant de déspiritualisation de l’être au monde. En cette circonstance, des forces « maléfiques », si ce n’est « sataniques », mais créatives, opératoirement intelligentes et à subtiles manifestations de par la prégnance intégrale d’un système social totalitaire à fondamentaux le conceptuel scientifique et d’ingénierie d’un côté, et de réalisation matérielle technologique//technique de l’autre, trainent l’existence vers le seul levier de la volonté de puissance à base du du fric -dieu, de l’apparat et de la marchandisation de toute chose, de la pensée mutilée et de la soft propagande pour soumission au main stream system.Ils prennent le dessus sur les forces de l’authenticité, et au fur et à mesure que le temps passe et que les curseurs avancent, ils dictent de plus en plus au monde leurs règles du jeu, comme il en est aujourd’hui.La disponibilité dont parle Heidegger philosophiquement, qui est aujourd’hui à puissance infinitésimale peut se fortifier par un retour du curseur 1 vers le milieu du segment . Ce retour ne peut être assuré que par l’homme via de ceux qui aspirent à l’authenticité de l’être, étape primordiale et nécessaire pour pouvoir tendre à atteindre, le point focal du non-être.Ce n’est pas le créateur qui fait les préliminaires et quelques liminaires pour se sortir des ténèbres, mais bel et bien l’homme. Une fois enclenchée cette phase du reflux du satanique, une onde de « grâce » enveloppe le monde, et le créateur accourt « à grandes enjambées » pour rapprocher un grand nombre d’hommes de l’authenticité vers le pont focal, et ainsi inverser le cours de l’existence humaine vers plus de bénédiction, de compassion et de miséricorde. C’est , me semble t-il, en ce sens que l’exclamation de Holderlin reprise à sa manière par Heidegger : « seul un dieu peut nous sauver », peut-être appréhendée. D’ailleurs, ils ne sont pas les seuls à être arrivés à cette halte. 
    L’islam par exemple à travers un hadith dit kudsi, c’est -à-dire des paroles d’Allah non mentionnées dans le coran, mais dites toujours via l’ange Djibril, annonce que :
    Quand le croyant sincère enclenche son rapprochement vers Moi, en pratiquant les bonnes oeuvres de la bénédiction, de la compassion, de l’amour, de l’entraide humaine, etc, je me rapproche de lui à grandes enjambées.Et en persistant dans ce chemin du bien en luttant contre son égocentrisme, je serais la main dont il tient avec, les yeux dont il voit avec.
    Et un passage du coran dit : Dieu ne change pas la situation d’un peuple tant que ce peuple n’enclencherai pas par lui-même les liminaires du changement vers le bien.
    Jiddu Krishnamurti, un sage indien ne professant aucune religion formelle sauf l’apprentissage de l’authenticité de l’être parle de la vie heureuse : « Il faut mourir pour bien vivre ». cette sentence renvoie à ce qui est vécu par l’homme authentique dans l’atteinte du point focal-milieu du segment : Une évaporation du moi par extinction de l’égocentrisme. Justement, les soufis appellent cette phase de la voie : la station de l’extinction, qui veut dire faire un avec le créateur via sa lumière. 

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