mercredi 27 février 2019 - par houakel

Pourquoi il faut mettre les services publics à l’abri de la main mise des cultes ?

Dans un de mes articles consacré à la laïcité, j'avais écrit ceci ''Toute activité non-religieuse, tel que l'encadrement, la formation, l'enseignement, l'aide sociale… seront interdites à toute organisation ou association cultuelle et à toutes les Églises.''

Une amie, non, je ne vais pas l'accabler par un mot qui limiterait sa liberté d'expression et de jugement. Non, je dirais une lectrice m'avait demandé si je pouvais apporter de plus amples détails et explications. Ce à quoi je vais essayer de m'atteler dans les lignes qui suivent.

À ce sujet, nous disposons d'une banque de donnée suffisamment riche d'exemples pertinents. En 2011, comme un vent de liberté et de démocratie a soufflé sur la rive sud de la Méditerranée. C'était le printemps arabe, Mais très vite, le souffle est tombé et les rêves se sont transformés en cauchemars. En Égypte et en Tunisie, les islamistes ont gagné les élections et se sont installés confortablement au pouvoir. Pourquoi ? Comment se fait-il que des peuples qui ont vécu pendant des dizaines d'années sous la dictature et avides de liberté, à peine débarrassés des anciens tyrans, donnent les clés du pouvoir à des nouveaux dictateurs ?

Dans le cas de l'Égypte, les gouvernements successifs étaient et le sont toujours à la solde de l'occident qui ne voulait pas d'une Égypte forte en face d'Israël, L'Égypte vivait et vit toujours sous perfusion des USA et des monarchies pétrolières. Mais ces deux aides ne se manifestent pas de la même manière. Les USA, pour maintenir l'Égypte sous contrôle, financent des institutions gouvernementales. Dès que le gouvernement essaye de se libérer, il s'en trouve privé de cette aide et dans l'incapacité de payer ses fonctionnaires ou tout au moins une bonne partie. Donc il finit par se soumettre à la volonté de ses maîtres. Tandis que l'aide des pays du Golfe, elle se présente sous forme de financement privé incontrôlable de projets d'investissements et par la même occasion de très nombreuses associations cultuelles toutes inféodées, au point que les frères musulmans ont remplacé l'état dans ses fonctions régaliennes à savoir, la santé, l'éducation et l'aide sociale. Ainsi, ils ont constitué un énorme stock d'électeurs(profiteurs) et à travers les mosquées financées entièrement par les pays du Golfe qui servaient comme des lieux de campagnes, ils n'avaient plus qu'à cueillir le mure fruit du Wahhabisme et rafler la mise. Heureusement que les intérêts des alliés (américains et saoudiens) ne sont toujours pas convergents. En 2014, les USA ont exigé de leurs pions militaires de reprendre le pouvoir par la force des mains des frères musulmans. Imaginons que les intérêts des américains convergeaient avec ceux des saoudiens ? On aurait une Égypte islamique wahhabite.

Venons-en à la Tunisie. La révolution de 2011 était pacifique et personne ne pensait aux islamistes. Le dictateur est parti, et le pays se préparait à vivre une nouvelle ère démocratique. Sauf que personne n'a vu venir l'interventionnisme du Qatar et d'Aljazira(chaîne TV). En très peu de temps, ils ont inondé de dollars les rares islamistes du pays et énormément de pauvres profiteurs se déclarant d'un jour à l'autre islamistes. En un rien de temps, ils ont créé un parti politique puissant et sont intervenus massivement pendant les élections pour acheter les voix et les consciences. Ils ont affrété des bus entiers pour déplacer gratuitement même des morts aux bureaux de vote en indemnisant et en payant même les repas des électeurs. Cette technique est empruntée à l'Italie. Pendant des dizaines d'années, le pouvoir, à travers ses ambassades et consulats payait les déplacements et les repas des électeurs établis en Europe. Comme il y avait autant d'Italiens à l'extérieur qu'à l'intérieur de l'Italie, l'affaire était conclue d'avance. C'était toujours les mêmes qui gagnaient. Lors des élections de 2012, les plus pauvres échangeaient leurs voix contre un sandwich. Depuis, le hijab et les gants gagnent du terrain, des crèches coraniques, des écoles privées coraniques et même des polices(milices) religieuses ont vu le jour. Des matières religieuses ont infecté les programmes scolaires, le service public est soumis au culte (ramadan, l'horaire des prières) de nouvelles fêtes religieuses ont surgi dans le calendrier, la récitation du coran dans la rue, les taxis, les cafés…

Revenons en France, Il est connu de tous que les sectes recrutent exclusivement les personnes faibles, en détresse. Une personne qui a faim et qui a froid, accepte n'importe quel marché de dupe, elle accepte n'importe quelle proposition malhonnête (voir les réseaux de la prostitution). Le social et l'éducation sont les socles d'une société saine. Si on laisse le social et l'éducation dans les mains des associations cultuelles, elles en font une arme de recrutement redoutable. Le bénéficiaire se détache de l'État, de la République et de sa citoyenneté pour devenir un ardent défenseur du culte auquel il appartient. Quels seraient les problèmes qui en découleraient ?

1) L'État et la République s'affaiblissent en cédant du terrain aux cultes.

2) La laïcité sera affaiblie. Le culte qui dispose de la plus importante masse financière en tirera le plus de profits y compris politiques.

3) Les lois seraient dictées par une majorité appartenant au culte le plus actif. Il arrivera même que des alliances entre cultes se constituent pour réaliser des réformes régressives de nos lois civiles(Remise en cause de l'IVG, du mariage pour tous, de la reconnaissance de l'homosexualité…).

4) Égalité devant le droit : Tant que l'État reste en charge d'une prérogative, celle-ci est garantie équitable et non discriminatoire pour les citoyens. Par contre, si l'aide sociale est du ressort des organisations cultuelles, elles ne peuvent nullement garantir l'équité de traitement quand bien même elles seraient ouvertes à tous. Imaginez un citoyen athée qui doit aller chercher sa soupe auprès d'une association cultuelle. Il sera mis en face d'une propagande religieuse blessante pour lui et pour son esprit, du genre : des prospectus faisant l'éloge du culte et de sa divinité, récitation de versets de livres ''saints'', invitations à des évènements, horaires des cultes dans le quartier… sans parler des actions qui sont organisées dans des lieux de cultes. Une association non cultuelle comme les restos du cœur est plus à même à prendre en charge de telles actions. Il faut que le bénéficiaire se sente toujours chez lui et respecté en tant que citoyen. Un juif qui doit aller chercher à manger dans une mosquée en plein ramadan, ou une SDF habillée un peu court, ils seront traités comment ? Le service public n'en tient aucune rigueur et n'en fait aucun jugement.

5) Éducation : La République garantit un enseignement laïque et neutre vis-à-vis des convictions personnelles des citoyens. Alors que celle donnée par des organisations cultuelles ne peut garantir une totale neutralité même si elles prétendent respecter à la lettre le programme établi par le ministère de l'éducation. Je vous donne des exemples simples : Dans la salle de la ''bibliothèque'' on n'aura pas autant de livres et de documents mettant en cause le culte dont dépend l'organisation. On ne trouvera pas non plus facilement d'ouvrages traitant du communisme, du matérialisme et d'autres cultes. On vous mettra la poudre aux yeux avec quelques documents médiocres et très bien dissimulés à l’abri des regards, alors que ceux qui feraient l'éloge et la propagande du culte dont dépend l'établissement scolaire seront nombreux et impossibles à éviter. Sans parler de trouver une salle de prière et de la propagande à des évènements liés au culte. À défaut de considérer cela comme moyen d'endoctrinement ou de recrutement, nous pouvons sans la moindre difficulté le qualifier de propagande non-laïque.

6) Formation : Si l'État se décharge de cette tâche, les organisations cultuelles se presseront pour les monopoliser. Imaginez que les médecins ou des professeurs soient formés par les cultes. On aura droit à toutes les formes de bénédictions, tous les signes ostentatoires et tous les comportements prosélytes. On aura aussi des services par cultes, les médecins musulmans ne voudraient pas pratiquer avec les chrétiens. Les protestants refusent de partager le même service que les catholiques… C'est la fin du service publique.

Laisser le social et l'éducation aux mains des cultes c'est favoriser le communautarisme. C'est donner les moyens aux cultes de se constituer en tant que centres d'intérêt autour desquels graviteraient des communautés repliées chacune sur elle-même. C'est aussi participer à faire voler en éclat la notion du citoyen, puisque chaque individu se reconnaît dans sa communauté plutôt que dans la République.

Les cultes ne peuvent se tenir à carreau que quand ils sont en position de faiblesse. Dès qu'ils retrouvent un peu de force, ils deviennent irrespectueux, prosélytes et envahissants.



9 réactions


  • Pascal L 27 février 2019 16:48

    Il n’y a pas de bonne solution. En Europe, les principaux services sociaux ont été créés par des organisations religieuses. Sans ces organisations ils auraient vraiment tarder à exister. Que l’Etat en reprenne la gestion lorsqu’il se sent assez fort, soit, mais ce n’est pas non plus sans inconvénients. Le pédagogique dans les écoles publiques française est bien l’illustration que l’Etat peut se fourvoyer tout autant que des groupes religieux. Toute idéologie est néfaste dans la mesure où les idéologies proposent des visions totalitaires du monde. La moins pire des solutions passe par le pluralisme et la liberté de choix et à condition que cette liberté soit réelle.

    Toutes les organisations de pouvoir dans le monde sont confrontées au problème la stabilisation de l’organisation. Il est donc nécessaire de placer quelque chose au-dessus du citoyen pour qu’il ne se sente pas libre de suivre ses seuls instincts. Les gouvernements sont tentés d’instrumentaliser les religions. L’islam est une création des califes dans ce but et le christianisme a été utilisé à contre emploi dans ce but avec le concordat au XIXème siècle. Dans un excès inverse, l’Etat français s’interdit aujourd’hui de regarder ce qui est enseigné par les religions au nom de la laïcité et ce n’est pas mieux. La liberté ne sera réelle que si il y a une transparence sur les objectifs et les moyens de chacun.


    • Alren Alren 28 février 2019 13:56

      @Pascal L

      « En Europe, les principaux services sociaux ont été créés par des organisations religieuses. Sans ces organisations ils auraient vraiment tarder à exister. »

      Vous confondez œuvres de « charité » et services sociaux.
      Les miettes de leur festin que les dames de charité concédaient aux pauvres n’avaient pas d’autre objet que de créer en retour une gratitude à bon marché des plus démunis afin de maintenir un ordre social profondément inégalitaire.

      La bénéficiaire de cette charité, car le plus souvent il s’agissait d’une mère de famille, devait avoir une conduite « conforme » : aller à la messe, ne pas fréquenter les « Rouges » ni vivre en concubinage etc.

      Les efforts des républicains, des syndicalistes, des socialistes (au sens de Jaurès) et des mutualistes furent de substituer à cette humiliante « charité » des services sociaux définissant un droit pour le bénéficiaire sans qu’il ait à rendre compte de sa « conduite ».

      Et naturellement ces service sociaux furent combattus par les privilégiés de droite soutenus par l’Église. Ce fut une bataille que l’on a gagnée et qu’il faut conserver aujourd’hui face à l’oligarchie.


  • maQiavel maQiavel 27 février 2019 18:30

    D’accord avec l’article. Maintenant , comment mettre les services publics à l’abri des cultes ? 

    Deux propositions : 

    -La stricte application de la loi de 1905 : la République ne doit reconnaitre aucune communauté et aucun culte. 

    -L’interdiction de financements étrangers pour les associations ( qu’elles soient religieuses ou non). 

    -Mise en place d’un conseil citoyen constitué entre autre par tirage au sort dont le rôle sera exclusivement de sanctionner tout élu qui dérogerait au principe de séparation de la religion et de l’Etat. La finalité de cette institution serait d’en finir avec le communautarisme électoral. 


  • ddacoudre ddacoudre 27 février 2019 19:16

    Bonjour Intéressant article qui ne peut englober ce sujet existentiel du besoin de l’humain de croire. Ce ne Dony pas les entité en soit suo posent problème mais la capacité de l’humain d’émerger d’un cerveau « débile » qui a fait tout au long de son existence des découvertes essentielles pour survivre, protéger son existence face dangers qu’il découvrait ou comprenait et dévot le plus souvent l’attribuer a une divinité pour l’enseigner et sortir l’humain du cloaque ou le conduisait la sédentarisation et la surpopulation dans des cités. C’est toujours d’actualité la laïcité par des choix libéraux issus de notre histoire sorti du moyen orient et de la Grèce à développé un apprentissage « scientificisé » moins borné mais qui vise aux mêmes fins l’humain ne peut pas vivre sans croire au réel et a ses perceptions ignorantes qu’il théorise avant de les réaliser en se trompant toujours. Cela fait plus de 2000ans que les hommes l’on compris, et l’un d’entre eux a dit l’essentiel pour vivre heureux est d’aimer l’autre et de pardonner à celui qui vous blesse. Cordialement ddacoudre over-blog.


  • Louise Louise 27 février 2019 20:49

    Pourquoi si peu de réponses ?...

    Est-ce parce que les plus anciennes activités « altruistes » en Europe sont le fait de l’Eglise catholique ? Bien sûr.

    Les premières écoles, les premiers hôpitaux, les premières associations d’aide sont l’oeuvre de l’Eglise. Jusqu’à l’association « Abbé Pierre » récente...

    Et il en est beaucoup d’autres.

    L’Etat a pris le relais, ainsi que des associations laïques ; parfois pacifiquement, parfois non...

    Parfois on apprend que telle association catholique ne l’est plus ; pourquoi ? Je ne sais pas. C’est le cas de l’association « Petits frères des pauvres ».

    Je suppose que l’auteur a de bonnes raisons de souhaiter que les différents cultes ne se mêlent plus de ces affaires... Surtout quand, dans certains pays, les cultes se réclament d’une légitimité supérieure à la simple solidarité humaine.


  • Jeanlaquille 28 février 2019 08:14

    Tout en étant un affreux religieux fondamentaliste protestant....

    je suis tout à fait d’accord avec ce développement...

    L’église protestante à au 19ième siècle laissé ses écoles et ce fut bien...

    Chacun doit être à sa place.... Sinon.... misère.... 


  • Pimpin 28 février 2019 10:07

    Il faut arrêter de se voiler la face, de jouer les hypocrites, ce ne sont pas « les cultes » qui posent problème, mais un culte : l’islam. Partout dans le monde cette religion pose de graves problème. En France avant l’augmentation inquiétante du nombre de musulmans il n’y avait aucun problème avec « les cultes » ni avec la laïcité.


  • Pimpin 2 mars 2019 18:13

    Et bien ces écoles existent depuis longtemps et n’ont jamais posé de problème. C’est l’islam qui vient semer la zizanie, c’est l’islam qui sème la discorde et la terreur partout dans le monde où les musulmans sont assez nombreux pour peser sur la vie des gens et pour imposer les préceptes de leur religion.


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