samedi 9 juillet 2005 - par Luc

Pourquoi tant de haine ?

Pour essayer de comprendre le terrorisme Islamiste, il faut d’abord comprendre ce que c’est que l’Islamisme intégriste.

L’islamisme intégriste, c’est quoi ? C’est un pouvoir religieux absolu, appliquant à la lettre une loi implacable : la Charia. L’application jusqu’au boutiste de cette loi entraîne l’aliénation complète de l’individu, l’asservissement de la femme, des châtiment d’une cruauté hallucinante (voir ce qui se passe en Arabie Saoudite), bref la soumission totale de l’individu.

En face, il y a quoi ? La civilisation occidentale, toute puissante, qui jouit d’une domination arrogante sur la planète. Cette civilisation occidentale prône la démocratie, la liberté individuelle, la Déclaration Universelle des Droites de l’Homme. Bref, c’est l’antithèse de la Charia.

Ces deux mondes ne peuvent pas coexister. C’est l’un ou l’autre : La Cour européenne des Droits de l’Homme, dans un arrêt du 31 juillet 2001, fait « observer l’incompatibilité des règles de la charia avec le régime démocratique ». Dans un arrêt du 29 juin 2004, elle estime que les « dispositions de la charia concernant, entre autres, le droit pénal, les supplices en tant que sanctions pénales et le statut des femmes ne seraient aucunement compatibles avec le principe de laïcité et la Convention [de sauvegarde des Droits de l’Homme et des Libertés fondamentales] »

Les démocraties occidentales dominant le monde, leur modèle de libéralisation contamine le monde, car la plupart des individus rêvent de vivre dans un monde de liberté. Donc, les démocraties occidentales sont une menace pour l’Islamisme intégriste. Leur liberté n’est pas un contexte dans lequel l’Islamisme intégriste peut prospérer.

Mais certains se sentent méprisés, rejetés par les occidentaux. Ceux-là se sentent exclus, et vont se réfugier dans la Charia, un monde dans lequel, au moins, il y a des règles et des repères. Un monde auxquel ils ont le sentiment d’appartenir. Un monde dans lequel ils ont le sentiment d’exister.

Quand l’Occident arrêtera de mépriser les Arabes, on verra peut-être la lumière au bout du tunnel. Un Islamisme modéré n’appliquant pas la charia à la lettre est tout à fait compatible avec la démocratie.

En attendant, Bush bombarde l’Irak, et Ben Laden plante des bombes à Londres.

Pour en savoir plus : 1. La Charia (Wikipedia)



3 réactions


  • A.T. 9 juillet 2005 23:23

    Il ne faut pas oublier que l’intégrisme ne touche pas seulement l’islam mais toute religion. L’intégrisme religieux est aussi répandu chez les catholiques, réfusant de se conformer aux réformes du Concile Vatican II.

    Je ne trouve pas qu’il soit judicieux d’opposer l’intégrisme islamiste aux démocraties occidentales, les sources de ce premier n’ont pour moi rien à voir avec l’Occident, mais plutôt des « dérives » qu’ont pu observer des courants musulmans « réformateurs » par rapport aux principes de la Charia qui est la voie que Dieu a tracée pour les Hommes. L’Occident est tout aussi « irrespectueux » de ces principes. Ainsi les intégristes islamistes luttent-ils contre leurs pairs musulmans « déviants » mais aussi contre l’ensemble de l’Occident.

    La lutte que mènent ces intégristes est avant tout une guerre de religion, et non une lutte contre un système politique comme vous tendez à l’affirmer lorsque vous parlez de la « civilisation occidentale » qui « prône la démocratie, la liberté individuelle ».


  • Didier Vincent Didier Vincent 10 juillet 2005 07:07

    Permettez moi d’être qu’assez peu d’accord avec votre analyse qui est, ne le prenez pas mal, le reflet de la pensée dominante chez nous mais pas forcément la réalité. D’abord une remarque : vous opposez l’inrégrisme islamique qui se veut,se prétend une référence sprirituelle à nos Démocraties qui elles se veulent une référence politique. Quelquechose ne va pas car ni l’un ni les autres ne sont ce qu’ils prétendent être. L’islamisme est une aliénation de la pensée par la perversion du sacré, nos Démocraties occidentales sont une aliénation de l’homme par l’argent qui se cache derrière un emballage vertueux. A ce jeu d’ailleurs, on pourrait par provocation dire que l’islamisme, et tous les intégrismes d’ailleurs, ont l’avantage de la clarté ! Mon analyse est la suivante : dans sa soif de savoir et devant les profits qu’il pourrait en tirer, notre monde occidental à céder à la science, porteuse qu’elle apparaissait jusqu’encore très récemment de progrès matériels qui pourraient se substituer au spirituel pour le bonheur de l’homme, spirituel qui dominait le monde jusqu’alors. L’illustration presque parfaite de cela est la manière dont ce sont développés les USA, crées par des émigrants en rupture d’Europe mais qui se sont empressés de recréer les mêmes schémas de domination que l’Ancien Monde, certes sous une forme un peu différente. Or, cela ne fonctionne pas. La notion de progrès telle qu’elle a été défendue au XXème siècle par les avancées de la science n’a pas pu satisfaire le besoin de spirituel inné chez l’homme et ont ce soi disant progrès a engendré des horreurs. Le fait démocratique, aussi réel qu’il soit, n’a été en fait qu’un système pervers pour permettre à certains de garder le pouvoir, de maintenir leur domination, mais à bien y regarder que sont nos Démocraties aujourd’hui ? Les citoyens se sont mus en consommateurs et ne raisonnent qu’à cette aune. Dans ce contexte, il n’est pas étonant que ceux qui se sentent rejetés se jettent dans les bras de ceux qui prétendent les écouter. C’est donc à une profonde reflexion sur les places respectives de notre « avoir » (la sciences, la technologie, notre bien être matériel) et notre « être » (notre identité, nos aspirations spirituelles, nos relations sociales etc. ) que nous devons nous pencher car le Mal de l’intégrisme n’existe pas en soi, il est engendré par le disfonctionnement de nos sociétés. Dire cela n’est évidemment pas condamner ni le progrès ni la Démocratie, c’est s’interogger sur leur utilisation et leur finalité respectives.


  • Grellety (---.---.145.120) 10 juillet 2005 11:58

    Si « L’islamisme intégriste (...) C’est un pouvoir religieux absolu, appliquant à la lettre une loi implacable : la Charia. », ce n’est pas alors le phénomène qui est designé par le « on », mais ce qui est en vigueur dans des pays comme l’Iran, l’Arabie Saoudite, le Soudan. Ce qui équivaut à confondre ces Etats et ces peuples avec « l’islamisme intégriste ». C’est votre droit, mais comment désigner alors le phénomène Al-Qaeda ? Car « la Base » lutte pour renverser les régimes en place et coordonner ces pays autour d’une théologico-juridico-politique, « la charia » ! Mais nous venons de le rappeler, « la charia » est déjà en vigueur en Arabie Saoudite, au Soudan... Est-ce qu’Al Qaeda représente un mouvement qui tente d’exporter l’Arabie wahhabite dans l’ensemble du monde musulman et au-delà ? Il semble bien que des Saoudiens le comprennent ainsi, puisqu’ils soutiennent financièrement la nébuleuse. Mais si la famille Al Saoud dispose d’un « pouvoir religieux absolu », il n’en va pas de même avec Ben Laden et Zarquaoui, qui, pour l’heure, ont perdu.

    Lorsque vous écrivez que « L’application jusqu’au boutiste de cette loi entraîne l’aliénation complète de l’individu, l’asservissement de la femme, des châtiment d’une cruauté hallucinante (voir ce qui se passe en Arabie Saoudite), bref la soumission totale de l’individu. », il s’agit de ce que nous percevons, mais pas de ce que les islamistes, au pouvoir en Arabie et ailleurs, et ceux qui luttent contre eux, percoivent ! « Cruauté hallucinante » ? Ils perçoivent eux « justice » juste parce que rigoureuse, divine. Nous avons le même problème, je vous le rappelle, avec certains Etats des Etats-Unis qui appliquent eux aussi la peine de mort - et avec un Etat fédéral qui, dirigé par Georges W. Bush, s’est « re-théologisé »... Ce que nous qualifions « d’aliénation complète de l’individu » est pour eux au contraire son accomplissement ! Il y a donc un problème si des mêmes faits peuvent être perçus de manière si contradictoire... Si nous parlons des femmes, de leur place, il faut bien voir que notre civilisation, dont vous parlez après, a fait de « la » femme la matrice de la puissance esthétique, du Beau. Mais pendant des siècles, elles furent des esclaves domestiques, et le couple est encore aujourd’hui son moyen. Nos chers Arabes de la péninsule arabique sont comme les autres : habitués au train de vie conditionné par le nombre et la qualité des esclaves, je crois qu’ils ont du mal à s’en passer, ou à imaginer de pouvoir s’en passer. Et nous ? L’instrumentalisation humaine n’a jamais été aussi prégnante et dominante à travers ce que nous qualifions d’« économie ». Les esclaves sont certes « salariés », mais ce « droit » accordé aux descendants des esclaves, qu’ils soient serfs des régimes féodaux d’Europe, ou esclaves d’Afrique, représente seulement une concession nécessaire pour créer les conditions d’une certaine « paix » sociale, mais surtout pour accroître de manière internationale « la main d’oeuvre disponible ». La Chine est aujourd’hui le réservoir humain de l’Occident, mais également des dirigeants chinois, évidemment non-communistes.

    « En face, il y a quoi ? La civilisation occidentale, toute puissante, qui jouit d’une domination arrogante sur la planète. Cette civilisation occidentale prône la démocratie, la liberté individuelle, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Bref, c’est l’antithèse de la Charia. »

    Ce point de vue, excusez-moi, n’est-il pas superficiel ? Les libertés sont, par essence, limitées. Et elles le sont de plus en plus... Par contre, il est une liberté fondamentale que défend notre politique économique : l’enrichissement. Si l’enrichissment illégal est interdit, il est néanmoins important, et il représente même un fantasme, avec le « chef mafieux », le gangsta rap... Dans les pays sous « charia », il semble qu’il n’y ait pas de passe-droit pour cela..., il semble. S’il est un point remarquable dans l’évolution de notre civilisation, c’est que nous semblons aujourd’hui convaincus que nous ne devons pas faire preuve de cruautés à l’égard de ceux qui le sont ou à l’égard de ceux qui ne respectent pas les lois sociales réputées fondamentales ; un serial killer, arrêté, ne sera pas exécuté, ou ne sera pas traité de manière dégradante ; un escroc d’envergure internationale, s’il est un « politique », pourra profiter d’une impunité inscrite dans une loi conventionnelle. Les pays sous l’influence de la charia s’autorisent cette cruauté, comme certains Etats des Etats-Unis. N’est-il pas intéressant que ce qui paraît si différent, paraît, selon les apparences, se rencontrent, et se face face, comme dans un miroir ?

    « Ces deux mondes ne peuvent pas coexister. »

    Notre compréhension de leur identité et de leurs différences doit être affinée. Car pour l’heure, ils coexistent, mais ils coexistent peut-être d’autant plus qu’ils ont des affinités que nous ne voyons pas...

    "C’est l’un ou l’autre : La Cour européenne des Droits de l’Homme, dans un arrêt du 31 juillet 2001, fait « observer l’incompatibilité des règles de la charia avec le régime démocratique ». Dans un arrêt du 29 juin 2004, elle estime que les « dispositions de la charia concernant, entre autres, le droit pénal, les supplices en tant que sanctions pénales et le statut des femmes ne seraient aucunement compatibles avec le principe de laïcité et la Convention [de sauvegarde des Droits de l’Homme et des Libertés fondamentales] »

    De ce point de vue, les différences sont nettes, car nous n’avons plus besoin d’une main d’oeuvre parfaitement obéissante. Dans notre rapport aux femmes, les hommes occidentaux ont même développé un certain goût pour le « masochisme », avec le goût du risque, de la séduction, de la perte, de la souffrance. Sur les terres d’Arabie, les hommes ne paraissent pas envisager de pouvoir souffrir « pour » une femme. Celle-ci est une propriété, point à la ligne. Nous n’avons pas chez nous abolie la propriété ; une femme, dans un couple, est bien, selon le mari, « ma » femme ; il a des droits sur elle. Mais pour qu’il la désire, il préfère qu’elle soit aussi désirée par ces congénères. En somme, il faut qu’elle arbore un certain décolleté et une jupe courte, afin que les autres hommes admirent son trésor. Pour nos amis Arabes, islamisant, le trésor se cache, car, c’est bien connu, il y a des voleurs, et le coeur des femmes... Leur « polygamie » est le pendant d’une « monogamie » : les femmes n’ont qu’un seul mari, et un époux a le droit à plusieurs femmes. Nous, notre « monogamie », nous le savons, est parfaitement hypocrite, mensongère, illusoire, mais nous nous plaisons à ce jeu, avec un code juridique qui nous permet de jouer... Tandis qu’ils refusent de jouer, et défendent un code qui refuse le jeu, en apparence au moins. De ce point de vue, ils peuvent arguer que leur modèle est plus « moral », mais c’est une morale qui s’impose à des acteurs qui n’ont pas les mêmes intérêts et les mêmes droits. Pour que le Grand Jeu ait lieu, il faut, pour nous, laisser libre cours au désir - mais le désir est aussi une force manipulée, et chez nous la manipulation de l’humain atteint des sommets, tandis qu’ils vivent et défendent des conditions archaïques de vie, la stabilité, la continuité, la tranquillité. Combien d’Occidentaux stressés par la vie moderne ne sont pas intéressés par une telle perspective ?

    « Les démocraties occidentales dominant le monde, »

    Les Etats et les multinationales non plutôt que les démocraties ? Car l’Etat saoudien, mais aussi l’Etat japonais, et l’Etat iranien ne sont pas, me semble t-il, des « démocraties occidentales », et pour autant ils ont une influence importante dans la vie du monde, sans parler de la fameuse Chine... La question est : comment se fait-il que ce pouvoir mondial partagé, dont la « géopolitique » fait son délice, soit si facilement caricaturé par ceux qui dominent et décident et les autres ? Les autres ont des pouvoirs, de fait, et des pouvoirs supplémentaires encore, s’ils croient en eux ! Pour l’Arabie Saoudite qui dispose de moyens financiers considérables, il fut préférable de faire régler le problème irakien par les soldats US que par ses propres troupes. Il est du coup très habile de la part des Saoudiens de se faire passer pour des « bédouins » pacifiques et sans moyens, menacés par de « méchants » voisins. Sans compter qu’une telle logique a permis de nourrir le phénomène Al Qaeda et d’attaquer concrètement les Etats-Unis, ce qui, je crois, n’est pas pour déplaire à tous les Saoudiens, y compris dans l’Etat saoudien.

    Pour conclure ces développements provisoires, j’ajoute que, de Ben Laden, il est possible de dire qu’il a concentré et focalisé une révolte sociale, trans-nationale, dans les pays arabes et musulmans, pour la détourner vers les étrangers, les Etats-Unis, l’Occident. Les Al Saoud peuvent lui dire merci...

    Les choses sont plus complexes que ne le laissent croire les apparences. Nous devons donc être plus forts que celles-ci, pour ne pas être piégés... Car pour l’heure, les seuls qui patissent de ces mouvements sont les civils, qu’ils soient non-musulmans ou musulmans... Il faut donc s’interroger sur le prolongement historique de cette guerre des guerriers contre les civils, commencée par la Seconde Guerre Mondiale...


Réagir