L’interrogation de nombreux françaises et français sur le parler FAUX des femmes et des hommes politiques actuellement à l’affiche a le mérite d’être claire et en cela elle renvoie aux responsabilités des électeurs et électrices de la planète démocratique qui ont laissé se mettre en place le culte de l’irresponsabilité, non coupable, mais démocratique.
Sans réponse, il n’y a pas de communication !
Ainsi s’installe le grand frisson de nos sociétés dites modernes qui, grâce aux technologies de l’information, font plonger chacun d’entre nous au cœur du monde entier, mais, éloigne encore d’avantage chaque citoyen du gouvernement, des élus, des représentants syndicaux, associatifs, des églises ou de toute autre forme d’organisation sociale-économique, c’est à dire de quelqu’un à qui parler, qui vous écoute, qui vous comprend et qui vous répond.
Une fois encore, face à ces problèmes sociologiques majeurs, face à l’avenir d’une société qui ne sait pas valoriser les atouts de sa diversité, qui s’obstine à montrer que certains y arrivent mieux que d’autres, que certains sont favorisés, que d’autres ne le sont pas, que les inégalités se logent dans tous les cerveaux, au point d’en vouloir à l’autre d’exister différemment, la tentation est grande pour les gourous du management par l’illusion de faire croire que la démocratie passe par le territoire numérique, que le citoyen va se rapprocher de l’Administration et ainsi se faire mieux entendre par le biais de procédures informatisées. A l’instar d’un poisson rendu inaccessible par l’environnement hostile de son aquarium, nos dirigeants bâtissent ainsi leur inaccessibilité humaine derrière le casque, le portable, l’écran tactile, le serveur vocal, ou tout autre média à la mode !
Force est alors de constater que l’on ne communique plus, on surfe.... sur le mépris, la naïveté, l’humiliation, la haine, la violence. « C’est Go l’haine », voilà où nous en sommes. L’information sature, le bruit devient enfer, l’air de nos pensées se fait irrespirable, la manipulation des consciences s’amplifie pour tétaniser chaque jour d’avantage chacun d’entre nous, au point que, n’y tenant plus, nous sommes prêts à accepter le sentiment que plus personne ne contrôle plus grand chose. Nous sommes ainsi entrés dans l’ère de l’irresponsabilité globale !
Serait-ce la faute des hommes politiques et des gouvernements ?
C’est la fameuse excuse absolutoire issue de la bipolarisation des modes de fonctionnement de nos démocraties : Une majorité, une opposition. Le gouvernement, voilà un concept facile qui désigne tous les partis, tous les élus en général et personne en particulier.
Cette analyse met en exergue une société schizophrène qui, par exemple en France, dans le même temps, vote majoritairement à 82% pour un président de la République de droite, se plaint que son gouvernement ne pratique pas une politique de gauche et excuse les 40 % d’abstentionnistes qui ont refusé l’exercice du suffrage universel si difficilement acquis par des luttes sociales souvent sanglantes. C’est la même société schizophrène qui dans le même temps plaint les victimes du sang contaminé et excuse les coupables, vitupère contre la banqueroute du Crédit lyonnais et excuse l’Etat de n’avoir rien vu venir, se plaint que le gas-oil est le principal responsable de la pollution automobile et se précipite sur l’acquisition des véhicules diesel, proclame que le nombre de fonctionnaires plombe les comptes sociaux de l’Etat et réclame l’accès et les aides pour tous aux métiers de la fonction publique. C’est la même société schizophrène qui balance à tort et à travers par médias interposés mensonges et calomnies sur les uns et les autres, qui se plaint que les tribunaux sont engorgés et qui pleure les victimes d’Outreau ou d’ailleurs. C’est le culte de l’irresponsabilité de l’individu, cher aux bons penseurs et, ce faisant, à l’instar de Madame la député socialiste impliquée dans l’affaire du sang contaminé, nous devrions accepter que tout cela ne fasse pas de nous des coupables ?!
La vision du monde qui nous entoure semble on ne peut plus dysfonctionner. Notre cerveau s’y perd entre virtuel et réel, au point que, n’y tenant plus, nous pensons faire alors que nous n’existons déjà plus. Ce qui était n’existe plus, un monde nouveau est apparu où l’on entre sans comprendre. Les déceptions, les souffrances, les catastrophes vécues sont alors d’autant plus vives que, petit à petit l’essentiel de notre énergie se perd précisément dans le temps de bavardages, forums, tables rondes, A.G et autres débats citoyens parfaitement insipides et anesthésiants. Nous faisons du sur-place !
C’est ainsi que se révèle le pouvoir irrésistible de l’information dans le vécu quotidien pour celles et ceux qui savent lire, écrire et parler plusieurs langues. Cette matière empreinte des temps, des décisions, de la mémoire, de la réussite, des catastrophes, des incompréhensions, des illusions, des guerres, est globalement partie intégrante de tout. Ce qui fût jadis considéré comme la propriété de quelques-uns uns, tend, par médias interposés à devenir indéchiffrable pour le plus grand nombre des sinistrés intellectuels précoces de notre machine éducative défaillante. Ainsi ballotés par des efforts de compréhension insurmontables, par le vacarme assourdissant d’images et de sons véhiculés par des entreprises sans foi, ni loi, dégouttés de l’effort produit, les citoyens les plus fragiles s’en retournent grossir les rangs des exclus et se promettent bien de ne plus remettre les pieds dans un bureau de vote dont ils ne perçoivent plus l’utilité.
Codes sociaux, rites, protocoles, pactes, traités, fêtes et modes, signes humains en tous genres, nous échappent ainsi pour que nous puissions leur donner un sens. Le langage lui-même ne cesse de nous étonner à défaut de nous enrichir. Chaque jour passé est alors une nouvelle épreuve d’éclipse, d’obscurité, d’interrogation, et, sous la force de l’habitude nous rend un peu plus incapables de décrypter avec clarté ce qui nous apparaissait dans l’instant pouvoir être parfaitement compris. C’est ainsi que, peu à peu, celles et ceux qui par leur haute fonction devraient aider les moins favorisés à comprendre les phénomènes socio-économiques les plus compliqués ne produisent plus que d’affligeantes banalités et finissent par donner le ton d’une langue de bois insupportable.
Emiettement des efforts, rivalités stériles, duplication d’actions, amalgames destructeurs, manque d’enthousiasme, communication peu structurée, imprévisibilité d’actions, conduisent ainsi un nombre croissant de citoyens et de citoyennes à se dérouter des politiques aux pratiques qui conduisent à l’échec. Or ce n’est pas le moment, car, dans l’univers agité de ce début de siècle « explosif », la France doit, comme la plupart des pays industrialisés, faire face à la résorption de sa dette publique, à l’absence de véritable redémarrage de la croissance économique, à une concurrence très sévère des pays émergents de l’Asie Pacifique et à des incertitudes géopolitiques qui menacent gravement la paix dans le monde et à ses portes.
L’économie a changé de cap, pris une autre dimension, pour se développer désormais dans le flou, de manière instable, dans une logique de chaos et de fractures socio-économiques lourdes où macro et micro-économie se télescopent au quotidien sous l’effet d’une hypermédiatisation des actions en cours. Face aux changements économiques profonds qui consacrent ainsi le déséquilibre démographique entre le milliard d’individus des pays du Groupe des 9 et les 5 milliards d’hommes et de femmes qui peuplent le reste du monde , en période de crise, prôner la flexibilité , la réduction du temps de travail , le recentrage sur ses métiers ,les services d’aide à la personne, comme axe de développement durable , ne constituent pas en soi une stratégie gagnante, mais plutôt un jeu défensif suicidaire d’où seuls sortent vainqueurs le chômage, l’exclusion et une plus grande pauvreté .Vraie ou fausse horreur, ces nouveaux enjeux d’une mise en relation plus performante des différents acteurs, Etat et citoyen(e)s, civils et militaires, enseignants et entreprises, de la nécessaire optimisation de leurs efforts, constituent de véritables défis pour faire face aux nouvelles formes de dysfonctionnements lourds d’une France qui ne sait plus lire l’heure à sa pendule. Pour y parvenir il nous faudra certainement faire beaucoup d’effort, car le culte de l’irresponsabilité non coupable, mais tellement démocratique, nous éloigne un peu plus chaque jour des pays qui gagnent.
C’est parce que longtemps nos organisations ont vécu à l’abri conceptuel, somme toute confortable, d’un MUR dont la seule vertu a toujours été de masquer les réalités les plus dérangeantes, que nous sommes aujourd’hui les victimes psychologiquement désignées comme les plus faciles à atteindre. Cette incompréhension nous conduit à dénoncer les idées fausses de notre culture du cloisonnement de nos organisations. A cette incompréhension s’ajoute la lâcheté.
Obsédés par l’action, la plupart de nos dirigeants, par une sorte de fuite en avant, accordent un prestige exorbitant à la décision, croyant que tout avance avec elle. Seulement voilà, orgueil, angélisme, utopisme, laxisme, imprévoyance ou naïveté au regard des faits réels, conduisent trop d’acteurs dans l’aveuglement , la rupture avec le peuple et la distanciation s’installe jusqu’au déclenchement de crises, voire, de catastrophes pour consacrer ainsi les lâches qui ne considèrent pas les événements ou les situations aux conséquences les plus pénibles ou les plus dramatiques sous prétexte qu’elles sont les moins probables, les plus difficiles à entrevoir ou les plus dérangeantes à examiner d’un point de vue politique.
Ces mystères du comportement humain dans un pays démocratique mettent ainsi à rude épreuve les capacités des organisations, y compris les plus performantes, à échapper aux défaillances. La mise en échec des plans de développement bâtis à la hâte, dans l’urgence, toutes affaires cessantes, sur le mou de décisions bâties sur l’intime conviction d’un savoir ego centré devient d’autant plus inacceptable que l’ère n’est plus à l’économie spectacle des technocrates ou des gourous du management par l’illusion. Cette réalité comportementale, maintes fois démontrée au cours des derniers épisodes des banlieues, des grèves lycéennes, étudiantes et autres, prouve, s’il en était encore besoin, qu’il faut aussi se méfier des certitudes de ceux qui, précisément élevés dans le culte de la rationalité, prônent que, finalement, nul ne peut être tenu pour responsable, encore moins coupable de phénomènes socio-économiques exceptionnels, réputés imprévisibles !
Lorsque la démocratie se conjugue sur fond d’évitement des conflits, lorsque l’on ne voit que par ses charentaises, alors que l’essence même de la démocratie c’est de résoudre de manière apaisée les conflits et non de feindre les contourner par de discours alambiqués , où le parler vrai pour ne rien dire donne un tournis exaspérant, d’autres plus avides de pouvoirs, moins sots que la majorité des citoyen(ne)s, se sont donnés les moyens d’un contrôle plus efficace de la planète bleue, le plus souvent en usant des concours de toutes les formes de compromission, chantage, corruption et de manipulation des hommes politiques en place par « lobbying » interposé.
On pourrait ajouter à ce questionnement une autre interrogation qui conduit aux mêmes constats : Est-il acceptable qu’un sportif de haut niveau ou qu’un chanteur à la mode perçoive plus de fric qu’un Président de la République qui préside aux destinées d’un pays ou qu’un chirurgien qui sauve des vies à longueur de journée ? Lorsque les électeurs et les électrices marchent sur la tête, dans un monde de fric, de frime et de triche,...selon la pub en vogue...tout est possible, tout est réalisable .
Attention, la constitution piétinée, les institutions à hue et à dia, les fonctions régaliennes de l’état parties en fumée dans les banlieues ou ailleurs, sont de nature à menacer le fonctionnement de n’importe quel état et, à ce titre, la paix dans le monde est en danger dès qu’un état n’est plus capable de régler une crise de l’intérieur. Corruption, subversion et compromissions de tous ordres parachèvent alors la faillite des politiques incapables de maintenir l’ordre dans les institutions. La défaillance est alors au rendez-vous des populations dont les conditions de vie ne vont finalement que se dégrader chaque jour d’avantage.
Les causes du naufrage d’un gouvernement apparaissent nombreuses : inefficacité, absence de vision stratégique, manque de discernement, distanciation trop importante avec le peuple, manque de moyens, exécutif sans courage politique, sans caractère etc.... Le divorce entre une société et son gouvernement est malheureusement souvent synonyme de chaos. La France est-elle en mesure d’en faire l’économie ?
Les défaillances d’un état sont, quoi qu’on en dise, d’abord une affaire d’hommes ou de femmes et, forts de ce constat, nous comprenons mieux pourquoi la jurisprudence de la ministre socialiste impliquée dans l’affaire du sang contaminé - ni responsable, ni coupable - résonne définitivement faux !
Cela permet au moins aux citoyen(ne)s de base, ceux de la France d’en bas, de ne pas être déçu par le bavardage politique qui se spécialise de plus en plus dans le parler vrai pour ne rien dire et finit par donner l’étrange sentiment, à celles et à ceux qui sont les plus attentifs à la chose démocratique, que les limites de la médiocratie, mantenant appelée médiocritude, fondent le désordre social et nous ouvre les portes des nouvelles grèves, manifestations sociales ou électorales sans perspective d’issue franchement positive. On feint de vous écouter et on ne vous répond pas positivement, voilà le dilemme.
Le dérèglement du rapport entre la citoyenneté et le contrat social français, ne serait-il pas une source de possibles révoltes au travers de mesures qui finissent par complexifier encore d’avantage le rapport entre les individus, entre les générations, entre le citoyen et l’Etat, entre le citoyen et les territoires ?
La question, maintenant que cette phénoménologie de l’absurde a pris de l’ampleur, est de savoir si l’on peut revenir à des pratiques moins schizophrènes et moins déstabilisatrices pour les états démocratiques. Selon un avis tout personnel : oui à condition de le vouloir.
Les Talibans, selon mes sources, n’ont pas renoncé à remettre les musulmans d’Afghanistan et d’autres pays dans l’axe qu’ils défendent. On peut certainement le critiquer fortement, s’étonner de l’échec de la mission que s’étaient attribuée les USA et leurs alliés en allant mettre la Démocratie à portée de mains de ces populations , mais en ce moment, ce sont bien les musulmans qui donnent des leçons de respect de leurs règles et pratiques psychologiquement structurantes .
Comment redresser la barre, redonner une force à la démocratie par l’obligation du vote et le respect de nos institutions par un retour aux DEVOIRS du citoyen en juste équilibre des droits qu’il réclame sans cesse de manière plus abondante. La clé unique d’entrée en démocratie passe par le respect des devoirs, à commencer par celui du vote. Ne pas voter est synonyme de désintéressement du cadre et des règles de vie dans la société et de tout ce qui l’accompagne.
Et dire que selon un sondage récent, rapporté sur France Europe Express, 30% des électeurs disent qu’ils n’iront pas voter aux prochaines élections présidentielles !
D’autres pays avant nous ont décidé de lutter contre le fléau de l’abstentionnisme. A nous de mettre en place à la fois des mesures positives et des mesures contraignantes :
Récompenser une série longue de votes sans défaillance pour des citoyens exemplaires et pénaliser l’accès à des services spécifiques pour les abstentionnistes (hors cas de force majeure dûment établi). A nous, par ailleurs, de refuser des résultats à minima qui ne signifient plus rien et donnent à des minorités de blocage, voire fantoches, toute la capacité de nuisance possible et aux manipulateurs toute latitude de corruption. Ne pas accepter par exemple des élus à moins de 50% des inscrits ou appeler à une nouvelle consultation, si moins de 80% de votant, apparaîtraient comme des mesures de salut public.
La France par celles et ceux qui se retroussent les manches positivement peut sortir du « bourbier » démocratique actuel qui sévit en premier lieu dès la naissance, l’école primaire, se prolonge dans le secondaire, dans les études supérieures, au niveau de l’apprentissage permanent, pour in fine se poursuivre dans la vie professionnelle et citoyenne.
Recherchons donc la compagnie de gens sérieux, fustigeons les politiques exaspérantes qui fabriquent de l’exclusion et en cela tout ira mieux pour chacun et pour tout le monde si nous conjuguons correctement : liberté, égalité, fraternité par un DEVOIR de vote pleinement accompli et l’abandon de nos charentaises ou de nos cannes à pêche. JC BAERT