vendredi 7 février - par Bertrand Loubard

« Procès Onana » : maintenant, l’appel. A quel prix ?

« Être un ennemi des États-Unis est dangereux, mais être un ami est fatal »

Henry Kisssinger

Cette « sortie » de Kissinger, semble particulièrement d’actualité concernant le clan Kagame, suite à la défaite de la bande à Clinton, aux élections US de 2024, et aux prises de positions triomphalistes de la camarilla de Trump. En effet la situation du Ikigeri FPR[1] pourrait devenir particulièrement inquiétante et intenable, vu la troisième guerre du Congo en cours, de Goma à Bukavu, et le « retrait » US de certaines de ses « appuis-interventions humanitaires » à l’étranger, sous fausses bannières.

Mais pour commencer par l’« Administration Trump 2.0 » : déclassifier les dossiers des assassinats de John -Fitzgerald et Robert Kennedy (†1963-† 968) et celui de Martin Luther King (†1968) est un bon premier pas et un signe positif pour la crédibilité de l’historiographie « eurotanesque » récente principalement à propos de ses « chapitres » africains, si du moins il s’agit bien de déclassifier !!!! …. Serait-ce un exemple pour la « Communauté Internationale[2] » à propos du Génocide des Tutsis du Rwanda ?[3]

Peut-on aussi espérer avoir des déclassifications en ce qui concerne les assassinats de Dag Hammarskjöld (†1961-S.G. ONU), de Melchior Ndadaye (†1993 - Président du Burundi), de Juvénal Habyarimana (†1994 - Président du Rwanda), de Cyprien Ntaryamira (†1994 - Président du Burundi), de Joseph Désiré Kabila (†2001 - Président de la RDC), tous assassinats dans lesquelles les USA semblent bien avoir été impliqués en Afrique des Grands Lacs, sous False Flag, comme « dab » ?

En guise de déclassification, les Belges, eux, ont déjà fait leur mea-culpa et leur acte de contrition pour ce qui est de l’assassinat, sur ordre de la CIA, de Patrice Lumumba (P.M. de la République du Congo, †1961†). De même pour le Génocide des Tutsis du Rwanda qui a fait, rappelons-le, « entre 800.000 et 1.200.000 morts en moins de trois mois, principalement des Tutsis et accessoirement des Hutus modérés, suivant les chiffres de l’ONU »[4]. En effet Guy Verhofstadt, Charles Michel (tous deux ex-PM) et Alexander de Croo (néo-ex PM) ne se seraient-ils pas exprimés, quant à leurs « sentiments » (donc ceux des Belges), à ce sujet, à l’« occasion[5] », sans arrières pensées, semble-t-il, et sans directives de la De Beers et des diamantaires belgo-anversois ….. ? Ce qui est étonnant, c’est qu’entre le Rwanda et la Belgique règne, malgré tout, un « froid diplomatique » qui ne semble pas vouloir dire son nom. L’ère Trump II opère-t-elle déjà une influence ? Apportera-t-elle un changement (> ou < 0) à ce gèle potentiellement significatif ?

La France, elle, s’est auto-flagellée « modérément » avec le rapport Duclert. N’empêche ! Macron avait intérêt à satisfaire Kagame pour obtenir que l’APR participe à la « Joint Task Force [6] » de protection des installations « Total » dans le gisement méthanier mozambicain de Gabo Delgado. Cependant la publication de ce rapport n’aurait-elle pas vraiment été un prix trop « élevé » à payer en échange ?[7]. En effet, ce qui est étonnant, c’est qu’entre le Mozambique (la France ?) et le Rwanda il semblerait qu’il y ait, diplomatiquement, de l’eau …. dans le gaz …. (Sic). Mais « avril 2027 » sera-t-elle une échéance aussi intéressante dans le cas de la Présidentielle française que l’aura été celle de 2024, pour la Présidentielle US ?[8] Surtout que le moment est peut-être venu, hic et nunc, de prévoir des réorientations ? Certains ne se sentent-ils pas déjà obligés de retourner leur veste ?

Et Charles Onana[9] pendant ce temps-là ? Justement il faut attendre que l’appel de la sentence du 07/12/2024 soit « reçu »[10]. De la recevabilité dépendra les autres étapes et il est prévoir que cela devrait prendre, le cas échéant, au total, probablement +/- 2 ans (vu qu’entre le dépôt des plaintes des parties civiles, et le verdict du procès actuel, il a fallu attendre plus de 4 ans !!! ). L’opportunité est à saisir d’affiner l’analyse et de mettre en forme l’argumentaire à destination d’une juridiction d’appel « au goût du jour de ce moment venu de 2027 (?) ». A moins que, subitement, une accélération dans les procédures ne vienne couper l’herbe sous les pieds des accusés-appelants !!!

Les plaidoiries auront peut-être à trouver dans les documents déclassés par l’administration Trump (surtout ceux qui concernent les stratégies du clan Clinton pour provoquer le « regime change » de 1993 au Burundi, de 1994 au Rwanda et de 1997 au Zaïre) encore plus de « preuves » que celles déjà avancées depuis belles lurettes, non seulement par Charles Onana (dans les ouvrages qu’il a produit avant celui qui lui a valu le procès actuel), mais aussi par un très grand nombre d’autres auteurs, journalistes, historiens, juristes, observateurs, investigateurs et lanceurs d’alertes[11]. On pourrait ajouter les « sorties du placard » du silence [12] » quasi-officielles de certaines personnalités publiques ayant fait leur Chemin de Damas.

 

Mais cela suffira-t-il à ce que le verdict de cet appel n’ait plus ces relents politiques de la première instance vu les rumeurs croissantes de censure, de contrôle de la pensée, de la jésuitique direction de conscience, de la fabrication des convictions, etc. Car à l’heure de la légitime défense préventive, du droit d’ingérence humanitaire, des grâces présidentielles « anthumes »[13] les doutes s’installent dans les esprits. Finalement ce qui semble bien avoir été dans ce procès un façonnage de l’histoire, risque d’être reconnu comme une « simple erreur » : « Circulez, il n’y a rien à corriger ». Car comme aurait dit Hillary Clinton : « Il faut s’écarter des faits et imposer une narration, car qui contrôle les mots, contrôle l’histoire ». C’est un des « 10 Principes élémentaires de propagande de guerre » d’Anne Morelli[14]. Il apparait que le jugement condamnant Onana pourrait être ce « contrôle des mots » qui écarte les faits. Or les mots condamnés étaient là pour confirmer la narration des faits de telles sortes que l’avenir et le projet pour la future guerre soient dénoncés : la balkanisation de la RDC

Mais si le « présage-menace » contenu implicitement dans les mots de Kissinger repris dans mon épigraphe devait se réaliser, il est angoissant d’imaginer l’avenir dans la région des Grands Lacs Africains. Il y a peu de chance qu’une « Restauration » apaise les tensions communautaires : la RDC voisine est trop grande et trop riche…..

Comprendre Onana c’est comprendre la menace qui pèse sur Kagame et donc sur la RDC …. Combien de temps faudra-t-il pour comprendre les signaux que Kagame lance à travers ses « codes ésotériques » qu’il utilise dans les structures « ubwenge » de ses déclarations[15] ? Car le détenteur d’un pouvoir totalitaire ne laisse, après sa disparition, rien derrière lui que le néant, le contraire de la totalité, le vide !!! Or la nature a horreur du vide, et dans le monde rien ne se crée, rien ne se perd tout se transforme. Onana nous met en garde contre ce qui pourrait paraître comme une « transformation naturelle », mais ne serait qu’une ruse de Kagame : la RDC resterait, selon Onana, l’Objectif n° 1….

De ce qui se passe au Rwanda : « on n’en dit rien, personne ne s’en soucie, tout le monde s’en fout »[16] …Mais ce « on », ce « personne », ce « tout le monde » ; c’est qui ?. Nous ? Le centre du monde ? Nous, Européens ? Nous, Français de France. Nous, Franciliens ? ….. Evidement !!!!! les « autres » ne sont pas comme nous !!!!….CQFD !

 

[1] FPR - Front Patriotique Rwandais. Kagame du clan Bega

Pierre Smith - https://www.persee.fr/doc/hom_0439-4216_1997_num_37_143_370309

https://music.africamuseum.be/instruments/french/rwanda/ingoma.html

[2] Et la France en particulier

[4] Remarquons les guillemets qui ne sont pas un signe de « complicité de contestation du Génocide » puisqu’il s’agit d’utiliser une expression employée par autrui.

[5] A l’occasion des Cérémonies annuelles de Commémoration au Kigali Genocide Memorial

[9] « Procès Onana » : le verdict, le jour d’après, suite et pas fin ?... Mais pas que ! in :

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/proces-onana-le-verdict-le-jour-d-258379

Onana et al. in :

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/onana-et-al-257945

Onana : « J’accuse » ? in :

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/onana-j-accuse-257480

[11] Je pourrais fournir une liste d’environ une centaine de noms ….

[12] Their coming out from silent

[13] Et non posthume comme avec Sacco et Vanzetti  !!!!!

[16] https://www.youtube.com/watch?v=2V4YBAnDfPU – 1 :43’:12’’(Alain Juillet – janvier 2025)



4 réactions


  • rogal 7 février 09:38

    « Être un ennemi des États-Unis est dangereux, mais être un ami est fatal ».
    Tandis qu’être trop ami du Luxembourg n’est que modérément dangereux.


    • Bertrand Loubard 7 février 12:26

      @rogal
      Merci pour votre réaction. Je dois dire que je ne suis pas à même de vraiment comprendre le sens exact de votre texte : «  De Kissinger à Luxembourg » ???? . Je veux prendre le temps de relire vos précédentes interventions sur Agora Vox (que je découvre et qui m’intéressent). Bien à vous


  • Panoramix Panoramix 9 février 18:23

    ’’ les USA semblent bien avoir été impliqués en Afrique des Grands Lacs, sous false flag comme « dab »’’

    Si l’on part de l’a priori que tout ce qui se passe où que ce soit est une machination américaine (ou occidentale plus largement), alors l’argument du false flag est le joker qui prouve tout.


    • Bertrand Loubard 10 février 20:28

      @Panoramix

      Merci pour votre réaction

      Vous dites : « Si l’on part de l’apriori que tout ce qui se passe où que ce soit, est une machination américaine (ou occidentale plus largement), alors l’argument du false flag est le joker qui prouve tout. » En l’occurrence le mot « apriori » ne me semble pas judicieux.

      En effet , est-il aussi évident que cela puisse paraître, que la présence des troupes de l’US Africom- Stuttgart à Bujumbura au cours de la semaine précédant l’attentat du 6 avril sur le Falcon 50 ne soit pas purement fortuite. ? Cette présence avait-elle été, sollicitée, autorisée par le Gouvernement Burundais ou effectuée à l’insu du plein gré des autorités légitimes burundaises ( ?)

      (« The decision to send marines to neighboring Burundi[1] to stand by as backup in case « things get ugly, » as one official put it, was made by President Clinton on Friday night as he left a town meeting on health care in Minneapolis, the officials said «  : Vendredi le 8 avril alors que les troupes US sont déjà à Bujumbura depuis avant le 6 avril ????)

      Est-il aussi évident que cela puisse paraître[2] que la présence de Charles Vukovic à Kigali la veille de l’attentat ne soit purement accidentelle  ?(« U.S. defense attaché Lt. Col. Charles Vuckovic USA was posted to the U.S. Embassy in Cameroon, but he also had responsibility for Rwanda-thousands of miles across the African continent. Coincidentally, Vuckovic had arrived in Rwanda on April 5th. Given his background, his reporting proved useful to Washington policymakers and his presence contributed to the evacuation of American citizens » …

      Est-il aussi évident que cela puisse paraître que la présence de Roger Winter[3] à Mulindi, la veille de l’attentat, soit une pure coïncidence ?

      L’appareillage de l’USS Peleliu de Mogadiscio en Somalie pour effectuer une mission de débarquement amphibie de troupes US à Mombassa et héliportées jusqu’à Bujumbura aurait-elle été, spontanée, « improvisée » ? Cette opération US « Distant runner » était-elle réellement coordonnée avec l’opération belge « Sylverback » ?

      Voilà des « apriori » qui ne semblent pas des jokers qui prouvent tout et son contraire !!!

      Bien à vous.


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