lundi 24 juin 2013 - par JMBerniolles

Proche orient : Qui tire les ficelles

Syrie, les incohérences et les hésitations de la politique américaine

John Kerry a débarqué au Qatar où les Talibans viennent d'ouvrir un "bureau" qui a tout d'une ambassade, notamment le drapeau. Peut-être Hollande pourra-t-il d'ailleurs y faire une petite visite...

L'image (le Figaro) de John Kerry perdu au milieu de la délégation de l'émirat est presque comique.

Elle amène à se poser la question de qui maitrise quoi dans la situation explosive qui règne actuellement au Proche Orient.

l'Administration Obama confrontée à la réalité du terrain comme on dit, constate que jour après jour la personnalité d'Assad prend une dimension proportionnelle à sa résistance aux assaults des mercenaires "rebelles" et finalement, aux yeux des populations arabes, à l'OTAN et à Israël ;

Il est donc de plus en plus urgent de se débarasser d'Assad. Tout a été tenté au G8-1 :

* convaincre Poutine

* essayer de corrompre l'état major syrien afin d'organiser un putsch militaire contre Assad. Mais qui peut croire à de promesses américaines d'impunité ?

L'option de prolonger militairement l'opération en Jordanie, eager lion, par des frappes sur la Syrie a été discutée. L'état major militaire US n'est pas convaincu par cette option, notamment sur ses suites. On pourrait dire aussi que seul les vendeurs sont convaincus de l'efficacité à 100% des missiles patriot. Et il est clair qu'une frappe syrienne de représaille, à l'effet conséquent, sur Israêl aurait un retentissement énorme dans le monde arabe.

Et puis au sol, les forces du Hezbollah et l'armée syrienne aguérrie par deux années de confrontation au corps à corps presque, constituent des menaces mal contrôlées.

Finalement, dans cette région il convient de se poser la question fondamentale de savoir qui des USA, Qatar et de l'Arabie saoudite tire les ficelles ?

A Doha il y a peu, il y était question du climat pour enterrer l’hypothèse CO2. Bien évidemment ce n’est pas comme cela que ça a été présenté, mais les japonais, un peu gênés de toute manière par leur utilisation maximale du gaz naturel, ont parfaitement compris. Ils sont immédiatement, revenus sur leur engagement de réduire leur émission de CO2 équivalent de 25% en 2020.

C’est dire si nous sommes là dans le royaume de la duplicité.

Il y a des esprits simples qui pensent que le Qatar et l’Arabie saoudite sont des valets des USA

Ceux-là ne se sont sûrement jamais trouvés devant L‘Hôtel Crillon au moment où un émir du Golfe en sortait avec son harem, sa famille, ses conseillers. Ceux-là n’ont jamais entendu Obama supplier l’Arabie saoudite d’ouvrir un peu plus le robinet du pétrole. Ceux là n’ont pas compris que comme toutes les royautés, les monarchies du Golfe se servent de la religion, la plus rétrograde, wahhabite, comme un vecteur de puissance.

Ces monarchies du Golfe ont pour pire ennemi l’Iran. L'histoire est toujours importante pour comprendre. N’oublions pas que Mossadegh déjà soutenu par un ayatollah Abou Al-Qassem Kachani avait déjà nationalisé le pétrole au début des années 50 et osé chasser les britanniques. Les pires répressions sous le Chah d’Iran ayant considérablement affaibli les forces progressistes, notamment le parti communiste, la révolution iranienne s’est faite avec une organisation qui était restée au contact du peuple, le clergé chiite. Avec à sa tête l’Ayatollah Khomeiny. Il ne faut jamais oublier que les vieilles civilisations ne meurent pas, elles sommeillent. A l’occasion des dernières élections l’Iran vient d’ailleurs de donner une leçon de démocratie en élisant un président dit modéré, c’est-à-dire indépendant de la ligne précédente.

Ce qui ne veut pas dire que le nouveau président, Hassan Rohani, ne défendra pas les intérêts et l’indépendance iranienne. Notamment le droit de l’Iran à développer son nucléaire. A ce propos quand on enrichit de l’Uranium à 20% il n’y a aucune ambigüité. On se dirige vers des applications militaires. Personne n’empêchera l’Iran de se doter de cet armement. Et puisque Kerry parle d’un rééquilibrage des forces en Syrie, il sera pris au mot. L’Iran rééquilibrera les arsenaux militaires atomiques au proche orient.

Dans leurs aventures coloniales anglais et français ont toujours fait l’effort de comprendre les peuples qu’ils asservissaient. Cela conférait d’ailleurs aux colonialismes anglais et surtout français un caractère particulier que l’on pourrait qualifier de "progressiste" pour les colonisés au niveau de l’enseignement, de l’administration, de l’exploitation des richesses, certes majoritairement récupérées mais mises en valeur. En Algérie on en était ainsi arrivé à une situation où l’Algérie indépendante, pays potentiellement riche, aurait eu un grand intérêt à conserver ses français de souche, majoritairement non colons. Que cela n’ait pas été possible à cause d’extrémismes imbéciles de part et d’autre reste un traumatisme majeur pour la France et l’Algérie.

Les américains ne cherchent absolument pas à comprendre les peuples à qui ils apportent la "démocratie". Dans les pays qu’ils occupent, ils restent cloitrés dans des bases et des bâtiments d’administration. Et ils finissent inéluctablement par se faire rejeter.

Au Proche orient, c’est assez typique de cela. D’une part les américains ne comprennent rien aux subtilités des équilibres régionaux et nationaux, d’autre part ils se font entrainer par la politique du fait accompli des dirigeants sionistes d’Israël.

Cela ne peut que mal se terminer pour eux. Et peut-être par conséquence directe pour Israël qui pourrait bien se retrouver, pour la première foi de sa jeune histoire, devant une forte coalition arabe que la politique de ses responsables politiques extrémistes et l’irresponsabilité américaine sont en train de créer.

Cette valse hésitation de l'administration Obama, entre agression militaire de la Syrie et négociations pour preserver les intérêts américains, traduit bien un manque complet de maitrise des problèmes et des événements. Il est évident qu'une telle situation peut amener à des actions extrèmes mal réfléchies ;



14 réactions


  • Robert GIL ROBERT GIL 24 juin 2013 10:32

    On nous sert le même scénario que les débuts de la guerre afghane, avec les talibans héros contre les russes, armés par l’occident, puis devenus ensuite les diables de l’enfer contre la population civile, et combattus par l’occident. Quelle est la bonne version ? On connaît nos classiques, on se souvient des mensonges pour inciter l’opinion à soutenir les interventions humanitaires, à la Bush, à la Kouchner ou à la BHL… ; et justement maintenant, comme pour l’Irak, on nous parle d’armes  chimiques................

    voir : SYRIE, L’IMPASSE AVANT L’IMPLOSION


  • etrange etrange 24 juin 2013 10:44

    Ah, ah, ah... Merci ! Comme il est bon de rire de bon matin ! Israel, le toujours victime, pourrait , selon vous, se retrouver devant une coalition de pays arabes à son encontre ...I Nous parlons bien d’Israel, 4ème vendeur d’armes au monde, premier en trafic en la matière à l’échelle planétaire, celui-là meme qui possède moult tetes nucléaires, etc, etc.. ??? Il pourrait, à vous lire, se retrouver en délicatesse face à des voisins « belliqueux », lui qui, pourtant, ne regrette qu’une chose, c’est que la conflagration générale de la région ne se produise via une attaque contre l’iran dans le but, entre autres, de réaliser son reve messianique, ou son délire, c’est selon, de l’Eretz Israel ! Vous avez raison, l’auteur, pauvre petite paquerette....tout comme vous, je tremble pour lui !


    • lambda 24 juin 2013 10:52

      @ étrange


      en effet il y a de quoi être MDR en voyant Israël comme victime entourée de barbares qui veulent l’éliminer  smiley

      Comment le pourraient-ils ? Ces « terroristes » -vous savez ceux qui se défendent contre l’invasion de leurs terres, ils ont assez à faire à enterrer leurs morts après les attaques Israéliennes qui foulent aux pieds les droits de l’homme depuis des décennies


  • SamAgora95 SamAgora95 24 juin 2013 12:17

    Vous êtes plus qu’à coté de la plaque ! Vous avez une vision Nabilaesque* du monde dans lequel nous vivons.


    Assad n’intéresse personne en réalité, le but n’est ni la démocratie ni le bien être de la population, il est tout simplement de déstabiliser un pays assis sur d’énorme resserves de gaz et de pétrole et circonstances aggravantes potentiellement dangereux pour l’expansion d’Israël.

    Regardez ce qui se passe en Irak (dans le chaos et en guerre civile entretenue depuis 11 ans !!! ) et la Libye est engagée dans la même voie.



    * Nabilaesque : Personne naïve à la limite de la débilité.



    • etrange etrange 24 juin 2013 13:51

      SamAgora95
      Cessons de prendre des femmes, en permanence, en parangon de la sottise, alors que les exemples ne manquent pas dans nos rangs... ! Balayons devant notre porte, MERCI.


    • JMBerniolles 24 juin 2013 14:17

      Merci pour l’appréciation et la leçon....

      Mais là vous enfoncez des portes ouvertes.

      Puisque que vous maîtrisez la situation, il ne vous a pas échappé que le scénario Lybie est plus difficile à appliquer en Syrie.

      Obama qui croyait sans doute vraiment qu’il n’avait qu’un mot à dire « Assad doit partir » pour que cela se réalise est en train de toucher les limites de sa puissance.

      Assad est toujours là. Les USA envisagent donc la solution de frappes sur la Syrie à partir d’un prétexte monter de toutes pièces. Effectivement, non pas pour gagner mais pour établir le chaos en Syrie.

      Cette option est en débat aux USA et il est malheureusemnt possible qu’elle soit mise en oeuvre.
      Si l’état major militaire américain est contre cette escalade, il y a une raison évidemment militaire à cela.

      De même que les Talibans sortent victorieux de l’affrontement avec les américains et autres dont nous, parce qu’ils avaient une forte base arrière au Pakistan, la Syrie a aussi de fortes bases arrières. Avec l’Iran, le Hezbollah, l’Irak et même les Kurdes qui en viennent à combattre les mercenaires salafistes.

      La question est compliquée. Si l’affrontement militaire tourne mal, les conséquences au moyen orient et dans le monde [il ne faut pas oublier les querelles de l’extrême orient ..] risquent d’être graves pour l’empire anglo-saxon ;




    • Hijack Hijack 25 juin 2013 16:14

      Samagora,
      .
      Désolé, mais le pétrole ... n’est pas le seul blème. En Irak, les zuniens, ne retirent que très peu de bénéfs !
      .
      Non, le problème est tout autre.


  • Serpico Serpico 24 juin 2013 17:10

    A force de chercher la merde, Israel va la trouver....


  • doctorix, complotiste doctorix 25 juin 2013 00:26

    Ce qui serait bien, c’est qu’on entende Assad.

    Il parle, mais il n’est pas diffusé. La diabolisation est poussée à ce point que personne n’ose en dire le moindre bien, sous peine d’excommunication.
    Pourtant, ce n’est nullement le monstre qu’on nous décrit. C’est un médecin ophtalmologiqte, qui a fait sa spécialisation en Angleterre.
    Bashar est élu président par une large majorité de la population à la mort de son père (qui était fort« différent »), et est largement réélu en 2007. Personne n’a évoqué de fraude, et il est aimé de la grande majorité de son peuple (sans quoi, depuis deux ans, il en aurait profité pour l’éjecter : il faut bien reconnaître que ce n’est pas le cas).
     Il est assez émouvant de regarder son interview de 18 minutes faite par le reporter allemand Jürgen Todenhöfe et datant de juillet 2012, et d’entendre la description qu’il fait des rebelles soutenus par l’étranger, et dont la violence a provoqué la mort de milliers de Syriens qui soutenaient l’État syrien. http://www.youtube.com/watch?v=hEh1VClsnFM
    Mais il faut entendre l’Allemand. En France, on ne l’entendra pas.
    Je sais que pour une fois je vais me faire moinsser abondamment : tant pis, j’ose.
    Il serait temps que chacun remette en question ce qu’il entend dans les merdia. Même ça.      

    • doctorix, complotiste doctorix 25 juin 2013 00:37

      Je n’ai pas trouvé la traduction de l’interview, mais j’ai trouvé un autre article de Mars 2012 de Todenhofe, qui connait bien la Syrie, et qui a le même point de vue que moi. 

      Si, si, ça existe, je vous assure !
      Peut-être qu’après ça, vous connaîtrez mieux cet homme, et que vous pourrez en parler autrement.

    • JMBerniolles 25 juin 2013 08:58

      Chez nous la presse est complétement inféodée. 

      Les médias sont essentiellement des officines de propagande, axés sur le fait de maintenir les français dans l’ignorance de la situation réelle de leur pays.

      Un journal comme Le Monde est descendu bien bas dans la manipulation grossière des informations, peut-être ambitionne-t-il d’être racheté par le Qatar !

      Récemment Bassam Tahhan a fait une analyse élogieuse des discours de Bashar El Assad.
      Mais ces discours sont entendus en Syrie et dans le monde Arabe.

      S’il y a des élections en 2014, il les remportera sans doute largement.
      Au fur et à mesure de sa résistance à l’OTANet Israël, il prend une stature qui pésera sur le monde arabe.

      Mieux vaut ignorer en France, la manière dont Hollande est perçu à l’étranger.

      Sans une presse libre, il n’y a pas de démocratie. Nous allons sans doute nous réveiller dans un pays verrouillé au pouvoir autoritaire...




  • Crab2 25 juin 2013 10:01

    Comment le Présidant Hollande peut-il dire, lors de sa visite, que le Qatar est un pays ami de la France, alors que ce royaume est un des pays, parmi les plus grands, de l’esclavage moderne ( * : voir, notes 1 ) ?


    http://laiciteetsociete.hautetfort.com/archive/2013/06/24/statut-de-la-femme.html


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