mardi 3 juillet 2018 - par Daniel Salvatore Schiffer

Psycho-philosophie du football : des Diables au Paradis

PSYCHO-PHILOSOPHIE DU FOOTBALL

DES DIABLES AU PARADIS

Ainsi l’équipe belge de football – les Diables Rouges – affrontera-t-elle, en quart de finale de la coupe du monde, le Brésil : le Brésil de Neymar et Cie. Il s’en est fallu de peu, pourtant, pour que ces diables, longtemps dominés par les samouraïs japonais, ne finissent, éliminés après une heure de jeu, en enfer. Exit, Belgium, from Russia !

LE MARIAGE DU CIEL ET DE L’ENFER

Mais voilà, le miracle, après l’entrée de deux remplaçants de première classe – Marouane Fellaini et Nacer Chadli – s’est produit : les Diables ont réussi à renverser la vapeur du cratère où ils avaient dangereusement sombré pour l’emporter finalement, in extremis, par le score, sans appel, de 3 à 2. Inespérée, cette envolée au paradis ! Autant dire que ces deux-là – Fellaini et Chadli – furent alors perçus par la nation tout entière, bien plus que comme des « diables rouges », comme les anges gardiens de la Belgique footballistique, où, avant cette résurrection inopinée, même le mythique trio d’attaque – De Bruyne, Eden Hazard, Lukaku, s’était momentanément égaré dans les limbes d’un purgatoire en forme de mort subite. Oui, ce fut là, cette descente aux enfers puis la remontée au ciel, le mariage de ce qu’un grand poète anglais du préromantisme, William Blake, aurait appelé, pour paraphraser le titre de l’un de ses plus beaux textes, « Le mariage du ciel et de l’enfer ». Paradoxal !

NIETZSCHE : CE QUI NE ME TUE PAS ME REND PLUS FORT

A moins qu’il ne faille plutôt s’en référer, pour expliquer ce type de sursaut, où la survie finit par l’emporter sur l’adversité, à ce célèbre aphorisme d’un philosophe tel que Friedrich Nietzsche dans un livre portant l’emblématique titre de « Crépuscule des idoles » : « Ce qui ne me tue pas me fortifie ».

Cette immense et surtout précieuse leçon de courage, Nietzsche, par ailleurs, y affirme encore, en ces mêmes lignes, l’avoir « apprise à l’école de guerre de la vie », qu’il nomme en définitive, d’une expression latine autrefois chère aux Stoïciens, l’ « amor fati », autrement dit, en élargissant la notion d’ « amour », la rencontre, loin de tout fatalisme, avec le destin.

Cet intitulé, « Crépuscule des idoles », n’aura jamais été aussi significatif, du reste, au vu de la manière, parfois aussi tragique que pathétique, dont les actuelles stars du foot, payées à coups de millions de dollars ou d’euros, auront été expédiées, sans ménagement, hors de cette arène internationale : Lionel Messi ou Cristiano Ronaldo n’y auront finalement été, après leurs trois petits tours, que l’ombre d’eux-mêmes.

UN DESTIN : DE LA QUÊTE A LA CONQUÊTE

D’où, après cette victoire à l’arraché de la Belgique contre le Japon, pour en revenir à ce qui deviendra sans nul doute un match, sinon de référence par sa qualité, du moins historique par son déroulement, cette question : ces satanés « Diables Rouges » se seraient-ils donc forgé ainsi, après ce formidable combat contre eux-mêmes plus encore que contre leurs adversaires, une sorte de destin, aussi grandiose qu’inéluctable ? Avec, au bout de la quête, la conquête : la conquête du graal, cette sacrée coupe du monde ? La première étape à semblable réponse, aura lieu vendredi, après le match, probablement de légende lui aussi (mais, espérons-le, dans un autre sens), contre le Brésil !

PSYCHOLOGIE DE LA RESILIENCE

Cette nietzschéenne philosophie du football moderne ne saurait toutefois suffire à expliquer le mobile ultime de pareille victoire, certes inattendue au vu de la dynamique de cette bataille titanesque, des Diables Rouges sur les Samouraïs du Japon.

C’est donc la psychologie contemporaine qui, de ce match énigmatique, mais surtout hautement symbolique, nous fournira, en dernière analyse, la l’intelligible et salutaire clé d’interprétation.

Car, oui, à ce prodigieux dépassement de la souffrance (tant physique que psychique), et donc de soi en ses plus profondes abîmes de détresse, à cette définitive victoire de la vie sur l’adversité, sinon la mort elle-même, les psychologues d’aujourd’hui ont donné, dans le sillage de la dialectique socratique puis hégélienne, un nom : la « résilience », par où la négativité des faits se transforme finalement, pour qui en a la force mentale ou le courage moral, en positivité de l’esprit. Sublimation de la douleur, du mal ou de la laideur ! Transcendance de la conscience en ce qu’elle a de plus noble et magique tout à la fois !

Se surmonter, en allant puiser le meilleur de son âme au tréfonds de son désespoir le plus noir, telle est, en effet, l’impérieuse leçon de vie que ces Diables Rouges, qui ne furent pas là que de simples footballeurs mais bien plutôt de vrais hommes, auront donné, à titre d’exemples pour les générations présentes et à venir, en ce beau soir d’été du 2 juillet 2018. Honneur, à défaut de gloire, à eux !

KANT : METAPHYSIQUE DES MOEURS

Il est vrai que ces « Diables Rouges » ont l’habitude, à présent, de côtoyer les hautes sphères de la critique psycho-philosophique. N’est-ce pas, en effet, à Kaliningrad, jadis appelée, sous le règne prussien, Königsberg, ville natale et professionnelle du grand Emmanuel Kant, immortel auteur de la majestueuse « Critique de la raison pure » et autres « Fondements de la métaphysique des mœurs », que ces diables de Belges battirent il y a quelques jours seulement, lors de cette même coupe du monde, les Anglais, dont le légendaire flegme ne leur aura guère servi, en l’occurrence, d’existentiel viatique ? Un autre exploit, même si moins spectaculaire tant dans son fond que dans sa forme !

Morale de ce beau conte philosophique en forme de ballon rond ? God save Belgium and the King !

DANIEL SALVATORE SCHIFFER*

*Philosophe, professeur à l’Ecole Supérieure de l’Académie Royale des Beaux-Arts de Liège et professeur invité au Collège Belgique (sous le parrainage officiel du Collège de France), auteur notamment du « Traité de la mort sublime – L’art de mourir de Socrate à David Bowie » (Alma Editeur, Paris, 2018). A paraître : « Léonard de Vinci ou la vie comme œuvre d’art ». 



7 réactions


  • Jean Roque Jean Roque 3 juillet 2018 15:52

     
    Petit commentaire à censurer par le collabobo négrier gocho de service sorosien.
     
     
    L’ÉMIR DU QATAR FAIT ENLEVER LE BERCEAU CHRÉTIEN SUR LE LOGO DU PSG
     
    http://www.rtl.fr/sport/football/le-psg-devoile-son-nouveau-logo-sans-berceau-7758643273
     
    Le gland remplacé supporter gocho en a éjaculé.
     
     
    L’ÉQUIPE SUISSE AFFRONTE 2 FOIS BOOBALAND ?
     
    dessin humoristique
     
     


  • Carl V 3 juillet 2018 16:31

    Ou comment...en 1016 mots, parler pour ne rien dire. Caqueter en utilisant Nietzche et Kant pour parler de gugusses qui court derrière un ballon...bon, il aurait comparé cela aux jeux romains à l’époque de Jules César - panem et circenses/ du pain et des jeux pour (contrôler) le peuple - là, on aurait pu acquiescer, mais ici...


    • Daniel Salvatore Schiffer Daniel Salvatore Schiffer 3 juillet 2018 16:50

      @Carl V

      Monsieur, 

      Avant de pontifier de la sorte, apprenez l’orthographe la plus élémentaire : Nietzsche s’écrit avec « s » entre « z » et « c ». Quelle inculture, en plus de la cuistrerie, que la vôtre ! Ridicule !

      Vous n’avez jamais lu non plus, manifestement, les célèbres « Mythologies » de Roland Barthes, où il analyse, lui, la signification philosophique, par exemple, du catch aussi bien que du steak frites !

      A bon entendeur !

      DSS

    • Carl V 4 juillet 2018 16:53

      @Daniel Salvatore Schiffer
      il me semble que la pontification est plutôt de votre côté, quand on voit la pédanterie avec laquelle vous pérorez sur un sujet qui ne le mérite pas, tant dans votre article que dans votre réaction. Si tout ce que vous avez trouvé dans mon commentaire est le « s » qui ne se trouvait pas comme il se doit entre le « z » et le « c » de Nietzsche, ça montre que vous n’avez beaucoup d’argument. Si votre vanité vous rend incapable d’accepter des commentaires moins positifs à votre article, n’écrivez pas, car votre égo souffrira inutilement. Et, non, je n’ai en effet jamais lu les « Mythologies » de Barthes...par contre je peux vous dire sans crainte de me tromper que, de même que le z de Nietzsche se trouve entre le s et le c, votre trou du cul se trouve au centre, entre vos deux fesses, ce qui nous met hélas (pour moi) au même niveau. En d’autres termes, arrêtez donc de péter plus haut que votre cul et accueillez la critique comme une bénédiction, elle signifie que votre article a été lu et que vous existez.



  • zygzornifle zygzornifle 3 juillet 2018 17:36

    Philosophie ? j’aurais plutôt suggéré crétinisme , Hanounatisme , Nabilatisme ....


  • velosolex velosolex 4 juillet 2018 10:33

    Bien que je dénonce le sport spectacle, je suis comme tant d’autres, comme un enfant devant l’écran. Avec des embryons de partialité politique, voir de refoulement catholique. Impossible souvent de ne pas être derrière le petit Poucet. Le parti pris stupide des journalistes cocardiers, et les postures de matadors de certains péteurs de plomb nationaux, leur mépris parfois, me font souvent aussi prendre le parti des adversaires de l’équipe de France. 

    Cette coupe du monde est très riche, car shakespearienne, avec des surprises étonnantes, la révélation que les équipes se nivellent, des rebondissements en fin de match. L’équipe d’Iran a surpris, la Corée a été lumineuse contre l’Allemagne. Cette grâce orientale, faite d’esprit collectif, de sublimation et d’énergie totale, a été aussi le fait de cette équipe japonaise. Rapides, hardis, sur tous les coups, les japonais ont failli passer. Après avoir tant défendu, ils se sont lâchés, peut être un peu trop et se sont fait punir à l’ultime seconde du match. Ils auraient mérité au moins la prolongation contre cette équipe de Belgique qui est revenu de loin. C’était l’esprit des samouraïs, purs et directs dans l’engagement. Je retiendrai aussi, et c’est bien que les journaux l’ai relevé, que les japonais sont partis en nettoyant leur vestiaire, ce qui est peu coutumier dans ce milieu ou au contraire certaines équipes ont parfois tout casser, toute à leur furie et à leur infantilisme. Et un petit mot de remerciement en prime. J’ai pensé à Kawabata, à Mishima, et aux fleurs de cerisiers. Le foot, cela continue après le coup de sifflet, et la résilience commence parfois par une serpillière et un balai.


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