jeudi 4 juillet 2013 - par Bloom Ulrich

Quand le padawan François devint Dark Hollande

La ministre Delphine Batho et le Président bolivien Evo Morales froidement humiliés. Cette semaine, le jeune apprenti Hollande a achevé sa sinistre formation. Un grand trouble traverse la galaxie PS. Scénario d’une saga catastrophe.

Episode I : Un espoir faiblard

Il n’y a pas si longtemps que cela, au printemps 2012, François Hollande promettait fermement de combattre la finance, cet ennemi qui « n’a pas de visage ». Stratège (!), il n’hésitait pas à faire mine de rassurer les marchés, ces puissantes entités abstraites, minaudant devant la City londonienne : « I am not dangerous ». Caresser d’une main pour mieux cogner de l’autre, aurait-on pu vaguement penser. Prendre la finance en traître. Lumineux ! Sauf que…

Sauf que quelques mois après sa prise de pouvoir, il s’avéra qu’en fait de stratège, François Hollande tenait davantage de la girouette grinçante influencée par des vents mauvais. Jurant un jour de se pencher sur l’amnistie sociale, il décida le lendemain de la fouler aux pieds. Assurant vouloir « renégocier » le nouveau traité européen, il le signa sans en changer une ligne. Ouvrant la porte au mariage des personnes de même sexe, il laissa allégrement pourrir le débat, de manière à cliver la société, à réveiller les vieux démons extrême-droitiers qui s’en donnèrent à cœur joie : amalgames haineux, expéditions punitives dans les milieux homosexuels, manifestations virant à l’émeute agitèrent la France pendant trop longtemps. Sur le terrain militant, la tension monta jusqu’au meurtre. Ayant suffisamment nourri l’extrême droite comme cela, le gouvernement décida de remettre le droit de vote des étrangers - qui travaillent en France et paient leurs impôts - aux élections municipales à… eh ben, après les municipales. Logique. Auparavant, François Hollande accorda un coup de pouce au SMIC si dérisoire qu’il fallut mettre le nez dans la poussière, se coucher plus bas que terre pour le voir. Manifestement, François se moquait de nous. Il poursuivait la même politique que son piètre prédécesseur. Mais au moins, on n’avait plus à subir la peoplisation de l’Elysée, les sorties ridicules de Morano et les charters d’Hortefeux. Du moins le crut-on quelques instants… En coulisses, la force obscure travaillait le gouvernement au corps.

Episode II : « Je ne suis plus président socialiste »

On découvrit que M. Valls détestait les Roms au moins autant que Sarkozy. Que le chômage continuait de trouer le plafond. Que malgré les promesses de Duflot, les logements vides n’étaient pas réquisitionnés. Pis : que Hollande était capable de jeter le Code du Travail aux oubliettes, en se pliant à la volonté de Mme Parisot. Il déclara n’être point président socialiste, mais président de « tous les français ». Si, si : il avait l’outrecuidance de cracher sur les idéaux socialistes et de s’affirmer président de tous les français alors même qu’il tournait le dos aux trois-quarts du pays. Rien n’allait plus, mais l’horreur absolue restait encore à venir : l’affaire Cahuzac. « L’affaire d’un seul homme », assurèrent nos gouvernants d’une unique voix blanche, conscients probablement que ça commençait à faire trop.

Lasses, les forces de gauche s'ébranlèrent par un 5 mai printanier, renouvelant leur pari du 30 septembre contre le TSCG, et presque un an jour pour jour après l’élection de François Hollande. Jean-Luc Mélenchon et le Front de Gauche au grand complet, rejoints par Eva Joly et plus de 100000 citoyens, envahirent les rues dans le calme pour réclamer une vraie politique de gauche et le changement des institutions. La réponse fut bête, méchante et irresponsable : M. Valls promena sa rigidité sur les plateaux TV en affirmant malgré les preuves qu’à peine 30000 (trente mille) personnes s’étaient jointes au mouvement.

La rupture était consommée. Le gouvernement prétendument socialiste n’apporterait rien de bon à la gauche. Il était passé du mauvais côté. Il continua de s’y enfoncer jusqu’à insulter la Terre entière aux premiers jours du mois de juillet 2013.

Episode III : La semaine de la honte

Première partie : la ministre Delphine Batho éjectée du pédalo. Le mardi 2 juillet 2013, Delphine Batho, coupable d’avoir critiqué les restrictions budgétaires affectant le ministère de l’écologie, fut promptement convoquée puis limogée. Alors même que l’affaire Cahuzac avait traîné des mois durant, jetant l’opprobre sur un média indépendant (Médiapart), l’affaire Batho fut vite torchée, et ce pour quelques malheureux mots. Delphine Batho avait le tort d’être une femme ne faisant pas allégeance aux décisions budgétaires du gouvernement, quand Cahuzac, lui, pouvait virilement mentir « les yeux dans les yeux » devant le Président, l’Assemblée Nationale et les citoyens… Deux poids deux mesures en somme. La main de Hollande apparut définitivement gantée de noir.

Seconde partie : l’avion d’un Président étranger cloué au sol. Le mercredi 3 juillet, on apprit que l’avion du Président bolivien Evo Morales avait du atterrir la veille à Vienne afin que l’on vérifie que le dangereux défenseur des libertés Edward Snowden ne se trouvait pas à l’intérieur. Inquiets de cette possibilité qui donnait sans doute des sueurs froides à l’Empereur, la France et l’Italie avaient ainsi refusé l’accès à leur espace aérien au chef d’Etat bolivien. François Hollande qui quelques heures auparavant faisait semblant de se fâcher tout rouge contre l’ingérence états-unienne dans les affaires européennes se révélait soudain farouche défenseur de cette même ingérence. Schizophrénie ? Non. Simple et désespérante déclaration de guerre contre tout ce qui constitue la moelle idéologique de la notion de « gauche » : respect des libertés et des droits de l’Homme, fraternité dans l’adversité, résistance à l’impérialisme nord-américain… A travers le corps de François Normal, tenant d’une pseudo-gauche molle sociale-libérale, perça soudain l’armure en acier trempé d’un Dark Hollande férocement… de droite. Le gouvernement dit « socialiste », après avoir longuement moqué la gauche sud-américaine, passait brutalement aux actes.

Outre la monumentale erreur diplomatique, une étape supplémentaire venait d'être franchie dans l’affront fait par le gouvernement « socialiste » à l’idée de gauche. Aux espoirs de gauche, à la philosophie de la gauche.

Lors de son dernier débat télévisé face à Jean-Luc Mélenchon, le fougueux poulain Cahuzac affirmait que la lutte des classes n’existe pas. Non seulement la lutte des classes existe factuellement, indépendamment de toute idéologie, mais le gouvernement autoproclamé « socialiste » a désormais ostensiblement choisi son camp : celui de l’obscurité, de la raillerie et de la guerre contre tous ceux qui se situent en bas de l’édifice. Le camp des dominants impunis, des vainqueurs déshumanisés, de ceux qui divisent non seulement pour régner, mais pour asphyxier, mépriser, prendre à la gorge, oserai-je ? violer.

Le gouvernement Hollande viole tout ce que contient la notion historique et philosophique de gauche. L’épisode IV risque d'être violent, et Dark Hollande dira que ce n’est pas de sa faute…

 



14 réactions


  • Gandhi 4 juillet 2013 09:38

    Merci..et la comparaison marche bien !

    ceci est cependant positif, le PS ne peut plus être perçu comme "étant de gauche, on progresse donc..ici, un drapeau brulé.......


  • Gandhi 4 juillet 2013 09:42

     

    UNASUR to hold emergency summit over ’virtual kidnapping’ of Bolivian president

    Following refusal by countries in Europe, including France, Portugal and Spain to grant the Bolivian head of state’s aircraft entry into their airspace, a group of South American nations is set to hold an emergency summit on Thursday. The meeting of the 12-nation UNASUR bloc will be held in Cochabamba, Bolivia, with the presidents of six nations confirming their attendance so far, including Bolivia, Ecuador, Venezuela, Argentina, Uruguay and Suriname. President Evo Morales was en route to the capital of La Paz from an energy summit in Russia when his plane was forcefully rerouted to Austria on Wednesday, due to suspicions that NSA whistleblower Edward Snowden was being on board. Morales refuted speculation that Snowden had stowed away on the plane, with Austrian officials later confirming his absence. Several days earlier, Morales had indicated that a request for asylum for Edward Snowden would be considered. The move to detain the presidential plane triggered a wave of furious rhetoric from Latin American leaders who alleged it had been “kidnapped by imperialism.” “This is an excuse to try and frighten, intimidate and punish me. An excuse to try and gag us in the fight against the dominant economic powers,” said Morales.

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  • Gandhi 4 juillet 2013 09:57

     L’ UNASUR va tenir un sommet en urgence à propos du « kidnapping virtuel du président Bolivien.

    après le refus de certains pays Européen, dont la france , le Portugal et l’Espagne, d’autoriser le survol de leur espace aérien par l’avion du président Bolivien, un groupe de nation Sud Américaine , va organiser un sommet en urgence Jeudi. La réunion des 12 nations UNASUR se tiendra à Cochabamba en Bolivie ; avec pour le moment les présidents de 6 nations confirmant leur participation , incluant la Bolivie,l’ Équateur, le Venezuela, L’ Argentine, L’ Uruguay et le Surinam .
    (puis vient le rappel des évènements et la conclusion) : l’action de »retenir en détention" l ’ avion présidentiel a déclenché une vague de discours furieux de la part des leaders Sud Américains qui prétendent qu’il a été kidnappé par l’impérialisme.Ceci est une excuse pour essayer de me faire peur et de m’intimider ainsi que de me punir (dixit Evo Morales). Une excuse pour essayer de nous museler dans le combat contre les pouvoir économiques dominant, dit morales..

    ceci est sur Russia today.....

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    • Gabriel Gabriel 4 juillet 2013 10:18

      Voilà une preuve supplémentaire à tous ceux qui doutaient encore comme quoi la France et l’Europe sont gouvernés par des valets à la solde des USA.


  • Alpo47 Alpo47 4 juillet 2013 10:20

    F.Hollande est un faible, et comme tous les faibles il a des comportements ou attitudes velléitaires.
     A partir de là, on peut analyser certaines de ces décisions qui ne sont que des « coups de menton » pour montrer -faire croire- combien il est capable de décider.
    Evidemment, comme les faibles sont souvent lâches, il choisit ses adversaires, toujours plus faibles et incapables de se défendre, il n’assume pas davantage les conséquences.

    Hélas, Flamby est encore là pour 4 ans et les dégâts qu’il va faire pourraient bien devenir très importants, sinon catastrophiques.


    • Cocasse Cocasse 4 juillet 2013 15:16

      Partons du principe que ce que vous dites est vrai : c’est un faible.
      Mais quelle sorte de faible ?
      On parle tout de même d’un type qui a pu grimper tous les échelons du pouvoir au sein d’un système rempli d’ambitieux où tous les coups pourris sont permis. Tout en donnant cette apparence de faible.
      On ne peut sous-estimer ces gens qui sont à la demi-tête du système de prédation.
      Lâche, hypocrite, roublard, cynique, menteur, cupide, manipulateur, immoral, je veux bien le croire, mais faible ne me semble pas le terme approprié.

      Quant aux dégâts, ils seront de nature irrémédiable : naturaliser au maximum, avec droit de vote des étrangers, afin d’aller à la pêche électorale communautaire et diversitaire, comme à leur habitude. Faire en sorte que le peuple héritier de la France perde à tout jamais le moyen de la reprendre par les urnes.


    • diogene 4 juillet 2013 20:55

      @Demosthène
      Tout à fait d’accord.... mais concrètement, comment on fait pour « remplacer la classe politique » ?
      On sort les armes et on affronte les robot-cops ? On vote pour machin ou chose qui nous promettra la lune, lui aussi, puis nous entubera avec, peut-être, un peu plus de douceur, pour aller encore plus profond ?
      Parce-que, si tu attends le réveil des foules, il te faut prévoir un bon fauteuil et t’y installer dans la durée.
      Pour être constructif, je propose d’appliquer la stratégie des frelons... mais même pour cela il faut parvenir à s’organiser, et ça, c’est pas gagné.


  • LE CHAT LE CHAT 4 juillet 2013 10:54

    et dire qu’un président dont la cote va tomber sous les 20% et son parti qui ne pèse plus guère plus et qui continue à avoir une majorité absolue à l’assemblée vont encore sévir des années !!!

    le divorce avec la réalité de l’opinion est total !

    la France a honte !


  • subliminette subliminette 4 juillet 2013 12:00

    Sarko était veule, lâche, couard, lécheur de bottes capitalistes et prêt à nous brader contre un plat de lentille. On l’a viré.

    On a pris son frère siamois. Sauf qu’au lieu de brailler il bégaie.


  • Serpico Serpico 4 juillet 2013 13:43

    Le PS est une supercherie. Il n’a rien de socialiste et n’est pas du tout de gauche.

    En plus, il est sioniste, anti-peuple et bourré d’affairistes.

    Sans compter son légendaire double langage.


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