Quand le roi est nu...
On a beaucoup parlé de l’incident auquel s’est prêté Nicolas Dupont-Aignan lors de son passage à l’émission « C’est à vous ». Rappelons qu’il y était invité dans le cadre de l’obligation faite au service public de donner la parole à toutes les formations en lice électorale pour les Européennes.
Bien que je trouve assez maladroite (à moins qu’elle ne fût délibérée) la remarque qualifiée d’insultante faite par l’invité à l’encontre de Patrick Cohen traité de cireur de pompes de Macron - sous-entendu du régime - je ne peux que constater après réflexion que le diagnostic n’est pas entièrement erroné.
Pour en revenir à l’esclandre lui-même, on ne peut pas non plus écarter l’hypothèse qu’il fut provoqué au seul escient de faire le buzz. Dupont-Aignan est en effet coutumier de la désertion de plateau même si, en cette occurrence, il en fut exclu comme un malpropre.
Auquel cas il faut reconnaître que le député de « Debout la France » a fait carton plein puisque l’animatrice Anne-Elizabeth Lemoine a cru nécessaire de revenir sur l’incident le lendemain, pour apporter des précisions qui me semblaient d’autant plus inutiles que ceux qui suivent l’émission avaient parfaitement saisi le positionnement de Dupont-Aignan et s’était amusé des mines offensées des comparses de l’émission.
J’y vois la preuve s’il en était encore besoin que les réactions outragées des protagonistes n’ont peut-être pas été goûtées comme ils l’espéraient par les téléspectateurs.
La solidarité de groupe a été perçue et ne semble pas avoir été appréciée favorablement.
L’esprit de corps est une réalité dans le milieu journalistique ou assimilé et Nicolas Dupont-Aignan n’est pas le premier ni le dernier à en faire les frais ou à en tirer les bénéfices qui sait ?
Il reste cependant privilégié par rapport à Mélenchon et à la France Insoumise, à qui l’on prête constamment les plus noirs desseins, au sujet de qui on relaye non pas des fake news à proprement parler mais des interprétations malveillantes qui s’évertuent à déceler des ambiguïtés dans le moindre étalage de nuances comme, par exemple, cette accusation d’antisémitisme imaginaire chez le leader de la France Insoumise qui avait osé fustigé l’instrumentalisation éhontée faite par le pouvoir de l’agression verbale subie (ou recherchée) par Finkielkraut, lui-même pourtant grand pourfendeur des Arabes de banlieue ou catalogués tels, dépeints sous sa plume ou dans ses passages médiatiques oraux comme de dangereux ferments de décomposition de la France (on sait bien que la France qu’il évoque est celle des beaux quartiers et des élites financières ou intellectuelles prosternées devant Mamonn qui est au fond leur seul vrai Dieu).
Ce qui est en fait insupportable chez ces élites journalistiques, c’est en réalité qu’ils osent convoquer la liberté à l’appui de leur servilité.
Certes la presse est libre dans ce pays mais ceux qui sont cités en témoignage de cette indépendance donnent leurs analyses ou leurs positions dans des journaux ou revues aux tirages confidentiels et ils n’ont qu’un impact limité voire symbolique sur la manière de penser de la société.
Ajoutons qu’en plus ils dépendent pour leur instrument de travail de l’aide d’état qui se donne ainsi à peu de frais les atours d’une démocratie réelle.
La presse qui fait l’opinion, celle qui obtient l’écho maximum, qui déborde de publicité, cadeau de ses donneurs d’ordre, est souvent celle qui feint l’émancipation sous couvert d’objectivité mais qui répercute in fine et sous des couleurs diverses mais passées le message de la sphère dirigeante qui n’est pas nécessairement le gouvernement mais que composent les marionnettistes qui tirent les ficelles de ceux qu’ils ont portés sur l’avant-scène.
En quoi Dupont-Aignan n’a pas tort sur le fond quand il démasque Patrick Cohen, l’homme qui traite de cerveaux malades ceux qui ne se soumettent pas à la thérapie lénifiante du néo-libéralisme triomphant.
Comme dans le conte d’Andersen, le roi est nu mais il est interdit de le dire sous peine de crime de lèse-majesté.