samedi 7 août 2010 - par
Quand les bonapartistes font du révisionnisme historique
Un haut chef d’œuvre du révisionnisme historique a vu le jour en juin. Intitulé « hors-série numéro 13 », le magazine « Napoléon Ier » a publié un hors-série entier destiné à prétendre que la Bérézina fut une victoire Napoléonienne.
Le ton est donné dès l’éditorial du rédacteur en chef, Monsieur David C., intitulé « la Bérézina, une ultime victoire » qui qualifie la défaite de Napoléon de « légende tenace » et affirme que « comme face à Nelson en Méditerranée, Napoléon avait su déjouer le plan de ses ennemis. » (on considère ainsi qu’en fait Napoléon a gagné contre Nelson)
Nouvelle surenchère dans l’introduction de Monsieur Alain P., cité comme « docteur d’histoire ». Il ne faudra qu’aller 66 pages plus loin pour voir écrit en bas en italique que cet homme n’est autre que le délégué du souvenir Napoléonien en Bourgogne… Ceci explique fort bien ses paroles : « L’armée française parvint à s’échapper (…) si l’expression « c’est la Bérézina doit être utilisée, c’est bien chez les Russes qu’on doit l’appliquer ». (L’histoire officielle considère la Bérézina comme une bataille décisive gagnée par les Russes malgré le fait que l’armée française parvint à s’échapper, au prix de lourdes pertes)
Tout au long du texte, et de la prétendue « description de la bataille » on retrouve toutes sortes de propagandes. Ainsi, Napoléon n’est pas appelé ainsi mais on le retrouve dans l’immense majorité des cas sous le nom d’« Empereur ». L’éloge des Français est fait, en témoignent les expressions utilisées. Ainsi page 36, le général français Eblé est qualifié d’« admirable » et ses soldats de « surhumains ». A l’inverse, le général russe Koutouzov, qui fut le vainqueur de cette bataille, est qualifié de « vieux général borgne en disgrâce » p.27, et le général Tchitagov, un autre général russe, se voit dénigrer constamment par des témoignages qui en font un « homme dur et grossier, (…) qui avait tous les vices du cœur ».
On affirme encore que « seuls quelques milliers de traînards tombèrent aux mains des Russes ». (L’histoire officielle, citée par le site historique hérodote.net, évalue à 50.000 le nombre de prisonniers et de déserteurs qui tomberont aux mains des Russes.)
Enfin, on fait l’éloge de Napoléon, qui a eu une « attitude au-dessus de tout éloge » p.61, car « le gros des troupes va passer sans problème la Bérézina ». Voilà ce que dit l’histoire officielle, citée par le site hérodote.net « Au sortir de la rivière, Napoléon dispose encore de 25.000 combattants et 30.000 non-combattants. 20.000 retrouveront leurs foyers... On évalue à 50.000 le nombre de prisonniers et de déserteurs qui feront souche en Russie.
Une grande partie des pontonniers ont péri de froid dans l’eau glaciale de la Bérézina. Six seulement survivront à la retraite et Eblé lui-même mourra d’épuisement à Königsberg. »
Le rédacteur fait l’impasse sur ces évènements pour pouvoir affirmer après avoir réécrit l’histoire « la Bérézina est une victoire française d’un point de vue purement militaire » en guise de conclusion.
Ainsi, c’est à force de propagande que les Bonapartistes veulent maintenant glorifier leur héros « l’Empereur » qui « gagna la victoire contre les Russes ». Si on peut admettre leur opinion, on ne peut pas admettre que ce révisionnisme soit présenté comme une réalité historique, et tant que les Bonapartistes s’enfermeront dans leurs croyances, il ne pourront pas s’assurer une certaine crédibilité.