mardi 4 avril 2017 - par Coeur de la Beauce

Quand les quatorze morts de Saint-Petersbourg dérangent notre passionnante campagne électorale

Etrange hiérarchie des valeurs, comme d'habitude me direz-vous. Un énième attentat a coûté la vie à quatorze citoyens russes dans l'indifférence quasi-générale de l'opinion publique hexagonale. Il est vrai que c'est loin, Saint-Petersbourg, donc le français moyen préfère tourner la tête et regarder ailleurs.

Surtout, nos médias ont rapidement fait l'impasse sur l'évènement pour se concentrer sur l'élection du calife de la république, plus essentielle à leurs yeux que le sort d'une dizaine de brave gens. On accordera que les attentats font désormais partie de la routine, comme les bombardements (toute proportion gardée) durant la deuxième guerre mondiale.

Il faudra donc s'habituer à prendre le métro (à Paris comme dans les villes de province) sous bonne garde de militaires en tenue, davantage présents pour amuser la galerie et tenter de montrer que les pouvoirs publics protègent la populace, que pour lutter contre le terrorisme concrètement. On voit mal comment ils pourraient empêcher un fou de se faire sauter dans le métro, comme cela s'est déjà fait à Paname.

La désinvolture médiatique, hier lundi 3 avril 2017, est inquiétante. Les journaux télévisés ont restreint au maximum les commentaires de l'évènement, allant jusqu'à ne pas écarter d'autres pistes que l'attentat (!). La palme revient à la chaine C-news (ex-ITV), qui n'a pas jugé utile de consacrer un traitement de l'évènement sur sa tranche 20h-20h30, pour lui préférer le journal du foot, plus porteur en terme d'audience donc de recettes publicitaires. Une hiérarchie de l'info basée sur les impératifs de rentabilité, la Russie étant moins porteuse que le football pour le spectateur lamba qui dîne en famille devant sa télévision, mais aussi influencée par les impératifs politico-économiques.

Il ne faut pas choquer et réveiller l'opinion publique à quinze jours d'une élection présidentielle qui ne galvanise pas les foules. Et pour cause. Le peuple est lassé de se déplacer aux urnes pour cautionner les mandats d'individus qui se comportent en rentiers autant qu'en donneurs de leçons. Comment peut-on se déplacer le 23 avril pour élire un grand duc rémunéré 15000 euros par mois avec les avantages en nature, afin d'entretenir ses proches aux frais de la princesse, tout en obeissant aux directives des banques d'affaires ? Ces mêmes démagogues qui ont supprimé les frontières, détruit nos services publics, installé le clientèlisme, la loi de la jungle dans les quartiers populaires avec les islamistes en garde-chiourmes, et participé au déclenchement de guerres en soutenant des extrêmistes contre des dirigeants reconnus par l'ONU (Lybie, Syrie etc.). Cerise sur le gâteau, cette minimisation de l'acte terroriste de St Petersbourg ne doit pas engendrer "l'extrêmisme", c'est-à-dire donner des électeurs supplémentaires au FN, l'épouvantail qui risque de prendre les places de leurs concurrents.

Pour les braves gens, la mort tragique de quatorze prolos dans le métro comptera toujours plus que les mandats de rentiers qui les méprisent. Les médias ne changeront pas cette donne, ni les instituts de sondage. L'abstentionnisme massif prévisible le 23 avril prochain sera une traduction du rejet populaire à l'égard de ceux qui ne les protègent plus, comme d'autres se révoltèrent contre des aristocrates parasites entretenus par Versailles. Vivement la prochaine révolution !

 



4 réactions


  • Laulau Laulau 4 avril 2017 18:01

    Vivement la prochaine révolution !

    D’accord, mais les révolutions ne partent pas de rien. La révolution Française a commencé par l’élection des états généraux. L’abstention ne sert à rien, il faut profiter du scrutin pour essayer de déséquilibrer l’état oppresseur, ensuite l’action révolutionnaire pourra peut être en découler.

    Pour le reste de l’article, bravo !

     


Réagir