Quel jour sommes-nous, citoyen ?
Cela fait longtemps que je suis révoltée...
Toute gosse déjà, je ne comprenais pas qu'il puisse y avoir des gens qui travaillent dur et gagnent une misère alors que d'autres font fortune en se pavanant devant un bureau sur lequel il y a quelques téléphones et une liste de contacts !!
Il était évident qu'une heure de vie de l'un ne valait pas une heure de vie de l'autre et on ne parle même pas de bien être ! Parce qu'il n'y a sûrement aucune comparaison possible entre l'ouvrier qui revient fourbu du travail, supportant un corps rendu douloureux par les efforts de la journée, ne pensant qu'au repos après un repas « nouilles/jambon » et, celui qui rentre tranquillement chez lui se changer pour partir en voiture de luxe à une soirée où un repas de qualité lui sera servi après les petits fours et le caviar.
Pourtant, dans ma petite tête d'enfant, il me semblait qu'on était tous faits de la même manière : de chair et de sang ; qu'on avait tous les mêmes besoins : manger et se loger dans un pays en paix tout en ayant une bonne santé ; que notre vie avait, normalement et approximativement, la même longueur...
Force m'a été de constater avec le temps qu'il n'en était rien et que les inégalités étaient flagrantes.
Il m'a, aussi, été très vite évident que les enfants d'ouvriers n'avaient pas les mêmes chances que les enfants de notables ou de « riches » parce que le suivi des études n'étaient pas le même et que l'argent pour les continuer manquait à certains alors qu'il ne posait aucun problème à d'autres... D'où la reproduction des élites et le leurre de l'ascenseur social !
Puis est venu l'autre questionnement : comment pouvait-on accepter cette injustice ? Comment pouvait-on reléguer au rang de rien du tout la majorité des ouvriers et paysans qui étaient ceux qui faisaient tourner le système, qui le nourrissaient et le faisaient vivre ? Comment pouvait-on cautionner le fait que ceux qui avaient tout en voulaient encore plus en appauvrissant encore plus ceux qui travaillaient le plus dur ?
De là, le pas était franchi ! Cette injustice n'était pas normale et, parce qu'on m'avait parlé de la Révolution Française, je me suis demandé ce qui avait pu déraper. Car n'avait-on pas écrit que cette révolution avait été faite par le peuple et pour le peuple ?
Après avoir mûrement réfléchi aux tenants et aboutissants de cette révolution, l'idée me vint que finalement, celle-ci devait avoir été récupérée (sinon engendrée) par les riches bourgeois de France dans le but de prendre le pouvoir que détenaient les nobles afin d'avoir en main les deux moteurs essentiels d'un pays, ceux-ci ayant déjà le premier. A savoir : l'argent !
Comme cette révolution a été courte ! Comme sa fille, la république Française a été fragile puisqu'il y a eu très vite un petit bonhomme bouffi d'ambition qui s'est empressé de prendre le pouvoir et de se faire sacrer empereur ! Comme il a fallu du temps et du sang ainsi que deux rois, un autre Bonaparte, d'autres révoltes et révolutions pour enfin la retrouver !
Mais tout était dit ! La république n'appartenait plus au peuple ! Même si la liberté faisait encore bonne figure, l'espoir d'égalité était parti et la fraternité déchirée par des manœuvres politiciennes. Déjà !
Que me restait-il de cette révolution ? Que nous reste-t-il finalement ?
La république ? Non ! Puisque nos magnifiques hommes politiques actuels l'ont bradée à la prostituée européenne ! Celle qui lèche le cul des banques, du commerce et de l'empire !
La démocratie ? Mais n'est-elle pas « cause toujours » ? Et ne se transforme-t-elle pas actuellement pour se tourner vers l'un des plus vieux démons des hommes : la dictature ?
J'ai longtemps cherché ce qui pourrait être un vrai signe révolutionnaire (dans le sens de 1789), preuve de résistance à ce monde injuste et pourri en plus de mon action journalière contre le système inhumain mis en place par les salopards au pouvoir.
Puis j'ai trouvé : c'est le calendrier Républicain !
Aujourd'hui, je m'en sert tous les jours pour me rappeler la volonté de liberté, le courage face à l'armée, l'esprit de sacrifice, la force de résistance, le besoin absolu de justice, d'équité et de liberté de nos ancêtres qui ont fait LA Révolution et, au final, pour avoir voulu croire en ceux qui ont pris le pouvoir à ce moment là, se la sont faite voler.
Il est facile à utiliser et représente les 12 ans pendant lesquels une vraie république fût en gestation...
Quel jour sommes nous, citoyen ?
Nous somme duodi 22 Germinal de l'an CCXXII !
Que la révolution soit avec toi !