Quelques réflexions ou presque rien sur un peu tout
Il y a une quinzaine de jours, Jean-Luc Mélenchon a annoncé officiellement sa probable candidature à l’élection présidentielle de 2022.
On peut jusqu’à l’infini discuter de l’opportunité de cette candidature ou de sa légitimité à Gauche mais ce ne sont que spéculations oiseuses derrière lesquelles se cachent d’autres intérêts partisans dont on peut tout autant dénoncer l’inopportunité.
Cela grenouille chez les Verts où certains essayent de se placer et les retours médiatiques plus ou moins réussis d’Arnaud Montebourg et de Ségolène Royal ou encore le ballon d’essai lancé par l’entourage d’Anne Hidalgo n’ont pas d’autres motivations que présidentielles même si tous masquent leurs intentions derrière leur contribution désintéressée aux voies et moyens d’extirper de la crise une cinquième république exténuée.
Il est plus étrange de constater que des organes de presse ont à peine consenti à évoquer le sujet en entrefilet ou le plus souvent avec des commentaires désobligeants se retranchant derrière la crise pandémique et les contraintes qui frappent actuellement tous nos citoyens pour quasi dénier au leader parlementaire des Insoumis le droit de faire de la politique en proposant un horizon à ses concitoyens.
Dans ce jeu de dupes l’apparence ou le côté superficiel des choses continuent de terrasser le fond.
C’est évidemment le droit de tout un chacun de se fixer des priorités et c’est la liberté des médias de focaliser l’attention du public sur un problème dont il est vain de nier la gravité mais enfin cette pandémie ne devrait pas parasiter jusqu’à l’étouffer l’ensemble du débat national : en fait, on pourrait tout aussi bien se demander si ces beaux esprits ne saisissent pas l’opportunité de la crise de la Covid 19 pour poursuivre leur entreprise de décérébration des consciences.
Cela semble en tout cas un commode prétexte pour passer au bleu d’autres sujets qui fâchent...
Toujours les premiers à disserter sur tout et n’importe quoi mais surtout à éviter de nouveaux éclairages sur la vraie nature des problèmes, se laissant bercer par le ronron de leurs idées creuses mille fois ressassées, certains éditorialistes célèbrent à longueur de colonnes la grand-messe de la Covid 19.
Si rien ne dit que les gouvernants soient eux-mêmes les instigateurs de ce bourrage de crâne, ils en sont sans conteste les bénéficiaires.
Certes la pandémie est un mal qui en l’occurrence frappe mortellement essentiellement les plus pauvres même si pas exclusivement mais on ne pousse pas trop l’analyse sinon des effets que l’on ne mesure pas vraiment dans leur totalité (et personne ne devrait jeter la pierre aux supposés « sachants » car les connaissances scientifiques ne sont pas infinies) mais des causes qui sont sans doute à chercher dans certaines transgressions des lois de la nature et dans les agressions productivistes de l’environnement.
Ainsi donc pour d’aucuns il serait incongru voire mal séant pour Mélenchon de continuer son combat, de vivre en fait sa vie de politicien - qui est de faire de la politique comme pour un ouvrier tourneur de fignoler son ouvrage - quand tout est fait médiatiquement pour figer la situation et désarmer la réflexion dans un carcan qu’on appelle confinement et dont la justification n’apparaît pas toujours évidente pour tout le monde et dans tous les cas (mais c’est un autre débat et je n’ai pas les compétences pour y apporter ma pierre)
Plus profondément le désintérêt, le mépris ou les condamnations qui accompagnent Mélenchon dans sa démarche mettent en cause l’essence même du débat démocratique.
Si encore ceux qui écrivent actuellement la partition étaient compétents et de manière irréfutable apportait la solution à tous les problèmes posés à la population dont la pandémie n’est tout de même qui l’arbre qui cache opportunément la forêt des innombrables cafouillages, on pourrait à l’extrême limite comprendre que l’on fustigeât ceux qui estompent la norme mais malheureusement, confrontés à des situations qui échappent à leur entendement, ils tâtonnent, bafouillent, vasouillent à qui mieux mieux, s’entêtent dans des chemins sans issue puis effectuent des changements de cap radicaux.
Bref, sans que leur omniscience consentît à l’admettre, ils expérimentent la bonne vieille méthode empirique des essais et erreurs et espèrent trouver ainsi une sortie de crise.
Mais en attendant la vie continue avec ses petits cortèges de misères qu’accroît encore le désarroi des gouvernants.
Il y a une leçon tout de même à tirer de toutes ces avanies : il est démontré par l’absurde que la Sécurité sociale et sanitaire n’était pas le poste où il fallait faire des économies en sabrant dans les moyens et les effectifs comme cela a été fait mais qu’elle va devenir l’enjeu principal sur lequel doivent se concentrer les énergies et les moyens.
Alors il y a tout de même quelque paradoxe à exiger de Mélenchon qu’il arrête en quelque sorte ses activités dont sa candidature est un élément et se tienne en retrait ( dans une sorte de fausse unité nationale contre un ennemi, la Covid 19 qui ne s’en laisse toujours pas compter même si l’espérance renaît à la nouvelle d’essais concluants avec des vaccins semble-t-il prometteurs ) quand les mêmes persistent - tout à fait légitimement - à attendre des travailleurs qu’ils continuent à bosser dans l’industrie pour maintenir des capacités de production.
Non qu’il y eût dans cette attitude de gouvernement une incohérence coupable ou une inconséquence mortifère, je n’en discute même pas le principe car enfin il faut bien vivre et continuer d’apporter sa contribution à l’œuvre collective.
Alors quand le président de la chambre Castaner juge l’annonce de Mélenchon inappropriée en ces temps troublés, on devrait lui rétorquer que ses propos offensent gravement la démocratie.