lundi 17 décembre 2012 - par Julie Dep

Questions d’outre-hécatombe sur les armes virtuelles

A d'autres, plus patients et compétents, de plancher sur les ressorts d'une e-vie qui, substituée aux échanges traditionnels, semble avoir pour effet de multiplier les robots et les fous furieux. Mais il serait temps qu'ils s'y missent.

On ne sait encore si, à l'instar d'un Breivnik ou d'un Merah, le jeune Américain qui fait les unes se piquait de politique. Il passait en tout cas plus de temps, selon ses proches survivants, aux jeux video qu'au sport d'équipe.

Le hobby des armes virtuelles

Comme si cette froide folie, cet impérieux besoin de vaincre dans le carnage une insupportable frustration allait se résoudre par l'interdiction ou la régulation des armes à feu, on passe peut-être à côté de l'essentiel : les raisons que trouvent à s'en servir, depuis relativement peu de temps, des gens élevés normalement, par des parents ni plus ni moins dérangés que d'autres.

"Je jouais bien à la guerre, moi.. !"

Trop souvent le parallèle demeure, chez le rassurant adulte, entre le jeu de la guerre à la papa, régulé, qu'il passe par les petits soldats, la sarbacane ou le corps à corps, et ces invitations désincarnées, rendues obsessionnelles par la répétition liée au score, au massacre le plus lâche, anonyme, morbide et gigantesque possible.

Quand la voix off devient petite musique

Les parents assez curieux pour tester ce qu'ils offrent tombent, effarés je l'espère, comme je le fus, sur des spécimens tels que celui-ci, "très populaire" m'a-t-on dit : un pilote, survivant à un bombardement, et retenu à son hélico par un bout de parachute, se retrouve exposé au tir du joueur. Il appelle au secours.

Que dit la voix off au joueur (de + de 8 ans, quand même, pourvu que soit respecté le conseil de la pochette) ? "Va l'aider !" ? Que nenni ! "Tire ! Qu'est-ce que tu attends ? Tire !" Plus vite tu tires, plus de points tu gagnes.

En vente libre, utilisé à satiété pendant que les vieux béats s'occupent ailleurs, le message peut finir par trouver un chemin.



15 réactions


  • Shawford34 17 décembre 2012 11:07

    Armes virtuelles ?

    Question : le colt de John Wayne, les fusillades dans Le jour le plus long, la Winchester de Steve Mc Queen dans Au nom de la Loi pour souvenirs télévisuels aussi lointains qu’ils me reviennent, sont ils, étaient ils à classer dans la catégorie arme virtuelle ?

    Car mettre ça sur le compte des jeux vidéo en particulier n’est pas concluant, et ce n’est pas la dernière tuerie qui le rendra plus concluant :
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Controverse_autour_du_jeu_vid%C3%A9o

    « Cependant, certaines études importantes menées par des groupes notoires tels que le Harvard Medical School Center for Mental Health, le Journal of Adolescent Health et le British Medical Journal4 ont montré qu’il n’existait aucun lien concluant entre l’utilisation des jeux vidéo et l’usage de la violence dans la vraie vie
     »

    Clairement, on est dans le marronier, le pathos... comme dans les médias mainsteam quoi !


    • Shawford34 17 décembre 2012 19:28

      Euh, vous avez lu mon post, edelweiss vous êtes sûr(e ?) ?


    • Shawford34 17 décembre 2012 19:50

      Voui...

      mais où voyez vous une seule seconde que j’engage le débat sur les jeux vidéo, je vous suivrais peut être même dans vos conclusions dans un tel cas et à l’occasion (mais bon je le répète aussi : la violence est PARTOUT).

      Là c’est le pathos de l’auteur dont je parle... et je vous remets ma conclusion sous l’article plus bas :
      Qu’ils interdisent les armes en libre service d’abord, on verra pour les jeux vidéo ensuite :

      D’accord, pas d’accord ?


    • foufouille foufouille 17 décembre 2012 20:13

      c’est un bon jeu de massacre
      surtout avec bullet time


    • Shawford34 17 décembre 2012 22:21

      Donc je vous montre par A+B que je dis juste à l’auteur qu’elle regarde le doigt quand il faudrait regarder la lune, et vous vous me dîtes, oui oui Shawford, moi aussi je préfère regarder le doigt.

      Vous permettrez que je quitte ce débat sans queue ni tête.

      Bonne soirée


  • titi titi 17 décembre 2012 11:40

    ce débat n’est pas nouveau.

    Le jeux vidéo est devenu une bonne excuse pour dédouaner les parents : « il a fait un carnage c’est la faute aux jeux vidéo ».
    Bien évidemment l’éducation donné pour les parents n’y est pour rien.
    Que les deux cas donnés exemples soient des enfants à la cellule familliale instable n’y est évidemment pour rien.
    Que dans le cas de Merah le frère soit un gogol fou de dieu, ou dans le cas du jeune américain que la mère collectionne les armes de guerre , n’interfère bien évidemment pas dans le comportement des gamins...

    C’est la faute aux jeux vidéos... évidemment...


  • Julie Dep Julie Dep 17 décembre 2012 12:25

    Je donne un sentiment personnel, inspiré par une expérience personnelle et par l’observation des changements de comportement. Certains jeux appellent clairement à détruire gratuitement, sans faire le détail, un maximum de choses et de gens. Ce n’était pas le cas, même chez John Wayne.

    Par ailleurs, et dans un même temps, on voit de plus en plus de garçons disjoncter sans raison apparente. Le phénomène, autant des tueries gratuites perpétrées par des jeunes au niveau intellectuel correct, que d’une transformation de la communication me paraît digne qu’on s’y penche. Y compris chez les fabricants de jeux, et même s’ils ne sont pas seuls responsables.


    • Shawford34 17 décembre 2012 13:27

      Si on est dans les sentiments personnels et en liaison avec mon premier commentaire, il y a dès lors une évidence d’une logique imparable dans le fait de condamner et prescrire d’abord tout programme de télé ou de cinéma où le spectateur est passif devant le prgramme avant de s’attaquer aux jeux vidéos et aux personnes qui y jouent activement (jeune ou pas d’ailleurs, les gamers désormais sont de tous ages)

      Dans le premier cas, devant l’accumulation de violence, le spectateur frustré aura bel et bien l’envie peut être de reproduire l’acte violent dans la réalité, alors que dans le jeu vidéo, le joueur peut assouvir cette pulsion directement, c’est même le but même de l’exercice.

      Donc je le répète, mettre une quelconque flambée de violence sur le compte des jeux vidéo et non pas sur toute violence possible sur support virtuel ou pas est un non sens clair et définitif !

      A tout le moins votre prise de position a de quoi légitimer au demeurant les prises de position iniques des tenants du port d’arme aux USA dont le premier mantra est : « ne vous en prenez pas à l’outil mais à celui qui s’en sert »
      Vous vous faîtes donc vous aussi prendre au collet.
      Qu’ils interdisent les armes en libre service d’abord, on verra pour les jeux vidéo ensuite : CQFD


    • Shawford34 17 décembre 2012 19:29

      Euh, vous avez lu mon post, edelweiss vous êtes sûr(e ?) ?


  • Montagnais .. FRIDA Montagnais 17 décembre 2012 12:50

    De temps à autres un zombi se réveille, rejaillit dans la réalité sans palier de décompression.. et on compte les tas..l’industrie de l’amusement publique laissant faire.


    ..faut juste faire en sorte que les zombis se réveillent pas, qu’ils restent bien collés au spectron, jeux, ciné, video, loto, foot, fureurs, massacres, hécatombes, brûlaisons, pendaisons, déchiquetages, trucidations à jets continus.. les grandes messes télévisuelles où s’excitent les foules.

    ..que se perpétue le rôle de catharsis.

    Bah ! ça nous empêche pas d’être de bons citoyens, droite-gauche, nous battre pour la paix et la démocratie.

    Les armes virtuelles ?.. Faut en développer la Qulture, jusqu’à saturation.. y’a pu le choix. 

  • Julie Dep Julie Dep 17 décembre 2012 13:11

    Brr... ! Pauvres générations à venir smiley


  • Loacoon 17 décembre 2012 14:38

    En voilà un discours des plus énervants...
    C’est jamais les parents, c’est jamais l’école, c’est jamais la possibilité de se procurer une arme au moindre coin de rue c’est..... les jeux vidéos.... Al Quaeda aussi c’est la faute aux jeux vidéos...

    Y a des centaines de millions de gens qui jouent aux jeux vidéos, on frôle l’hécatombe alors en effet... Tiens c’est marrant, l’opéra en Angleterre avait la même réputation au milieu du 18eme siècle.... Je l’ai appris dans un jeu vidéo.

    Un jour il va falloir arrêter de passer son temps à chercher des boucs émissaires, et se remettre en question... Il jouait trop aux jeux vidéos ? Que faisaient les parents pour éviter ça ?
    C’est sur, un parent ne va pas dire « c’est de ma faute, je l’ai négligé et l’ai laissé livré à lui même » non ! Il va dire « il jouait trop au jeux violents bouh c’est de leur faute ». Mais bon, il était étudiant, il s’est pas payé le jeu tout seul hein ?!


  • joelim joelim 17 décembre 2012 18:57

    C’est un vrai sujet. Il est clair que, pour des raisons marketing, les jeux vidéos tirent vers l’ultra-violence, à l’instar des films commerciaux américains. Et donc, les jeux les plus immersifs, avec les plus beaux paysages, nécessitent pour être parcourus :

    — d’assassiner une cible (Skyrim, Assassin’s creed)
    — de torturer pour avoir certaines missions (Skyrim et sa « chambre de torture » heureusement optionnelle et épiphénoménale)
    — de zigouiller pour le principe (?) le type à qui on a soutiré des infos (automatique - on n’a rien à faire - dans Assassin’s Creed)

    Certes, dans Skyrim la cible te dit parfois un truc désagréable (ou alors est quasi-dépressive, genre on lui rend service smiley), donc ça fait moins mal au cœur. Et dans Assassin’s Creed, l’assassiné te parle avant de mourir en te foutant le gros doute sur les soi-disant bonnes raisons de l’avoir occis (pas mal trouvé smiley ).

    Et encore, les jeux de guerre (je ne parle pas des simulations qui elles ont un sens : remémoration et respect des soldats morts au combat) sont pires, et d’ailleurs les pilotes de drônes aux USA les utilisent pour s’entraîner, c’est vraiment Sodome et Gomorrhe...

    Ce qui est intéressant, c’est qu’on ne peut pas dire : il faut interdire la violence dans les jeux vidéos. La réponse doit être plus nuancée que cela. Peut-être doit-on imposer qu’un jeu violent puisse être parcouru (pour ses paysages, etc.) sans être obligé de tuer ? Et que les adultes pourraient verrouiller le jeu sur cette version « soft » pour leurs mômes ? Pourquoi pas, au moins la liberté de chacun serait respectée. Ce sont des jeux pour adultes, ne l’oublions pas.

  • nemotyrannus nemotyrannus 17 décembre 2012 19:07

    Vous savez , à mon avis les discours extremistes mensongers et irrationnels , la bêtise ambiante , les parents irresponsables , les mauvaises fréquentations , la possibilité de mettre la main sur de vraies armes , la schizophrénie...etc Sont bien , mais alors bien plus susceptibles de pousser des gens au meurtre que les jeux vidéos.

    A la limite eux ils désensibilisent notre rapport à la mort , nous la font l’accepter mais ne la rendent pas plus attractive pour autant.

    Au fait vous savez que ce sont d’ailleurs les joueurs qui sont les plus aptes à distinguer le réèl du virtuel ? 
    Vous savez aussi qu’avant on tenait le même discours à propos des jeux de rôle , encore avant c’était la BD , encore avant le cinema , avant celà les mauvaises lectures de romans policiers et d’aventure.. ?
    A chaque fois c’était parce que des gens n’y connaissant rien n’arrivaient pas à comprendre l’attrait pour quelque chose et que par conséquent ce quelque chose était indigne d’intérêt et donc à éliminer.

    Vous parlez de Merah , il dit qu’il jouait... la belle affaire , il a dit qu’il y a joué oui pas qu’il y passait son temps ni même qu’il s’en servait pour s’entraîner... 
     


  • strato1 strato1 17 décembre 2012 23:06

    Je pense que c’est avant tout un déséquilibre mental, et un jour, tout pète dans le crane et on passe a l’acte.

    Je suis même étonné a l’heure actuelle qu’il n’y est pas plus de tuerie que ça, car des déséquilibrés, des malades, des sans repères, il y en a pourtant énormément. 
    Je pense même aux armes a feu, si un type a véritablement choisit de tuer, un petit tours en magasin de bricolage, on peut y trouver largement de quoi faire un bain de sang.

    Toute époque a eu son bouc-emissaire pour justifié des comportements abérants, je pense simplement que ces gens, lorsqu’ils décident de tuer, n’ont nullement besoin d’un média pour les inciter.

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