samedi 27 juillet 2019 - par Jean Dugenêt

Qui dirige la France ?

 

 Qui dirige vraiment la France ? La réponse que nous apportons à cette question va à l’encontre des idées reçues. Car les véritables dirigeants ne tiennent pas à ce qu’on sache qui ils sont. Ils veulent tirer les ficelles en restant derrière le rideau. C’est tellement vrai qu’un journaliste qui donne ne serait-ce qu’une bride d’information à ce sujet aura rapidement des ennuis. Voyez-en pour preuve la vidéo intitulée : « Natacha Polony : Macron est idéologiquement vide » que vous trouverez sur YouTube. Ce qu’elle déclare ici lui a attiré quelques ennuis. Elle dit à propos d’Emmanuel Macron : 

« C’est que lui, idéologiquement, il est une espèce de truc assez vide, capable de soutenir tout et son contraire, simplement ce qu’il a derrière lui c’est tout simplement des forces financières qui ont envie de poursuivre un programme très précis. Un programme économique. On sait ce que c’est. Il est soutenu par qui ? Il est soutenu par Pierre Berger, Xavier Niel, Patrick Drahi… Enfin voilà ! Il y a derrière des gens qui ont des intérêts financiers à soutenir et donc ils ont trouvé un produit d’appel génial. »

Oui, voilà ce qui est inadmissible. Et en plus, elle cite quelques noms dont nous reparlerons. C’est bien de ceux-là qu’il s’agit. C’est bien eux qui ont vraiment le pouvoir et Natacha Polony s’est faite virer par Europe 1 de sa chronique « L’édito des éditos » alors que son émission avait une très bonne audience. Elle s’est faite virer aussi de Paris Première pour son émission « Polonium » et tout cela alors que son point de vue, certes intelligent et critique, ne visait pas à remettre fondamentalement en cause le système. Mais elle désigne clairement ceux qui ont réellement le pouvoir et qui sont, comme elle dit, derrière Macron. Et ça, évidemment, ils ne peuvent pas le supporter. Elle franchit la ligne jaune quand elle met en cause les pouvoirs financiers qui contrôlent les médias.

Car ce sont bien eux qui dirigent vraiment la France. Nous allons faire la liste de ceux qui possèdent l’essentiel des médias. Pour chacun d’eux, nous mettrons entre crochets leur classement parmi les plus grandes fortunes de France tel qu’il a été donné par le magazine Challenges pour 2018.

Les plus importants sont au nombre de sept. Ce sont des milliardaires français : Bernard Arnault, la famille Dassault héritière de Serge Dassault, Patrick Drahi, Vincent Bolloré, François Pinault, Xavier Niel et les frères Martin et Olivier Bouygues.

  • Bernard Arnault [1ère], PDG du groupe de luxe LVMH, propriétaire de deux quotidiens : Les Échos et Le Parisien, et de la chaîne de radio : Radio classique. Il possède aussi 80% de La Tribune. Il est par ailleurs un des plus gros annonceurs dans toute la presse ;
  • Famille Dassault [7ème], Le Figaro et Le Particulier ;
  • Patrick Drahi [12ème], crée Altice France en s’associant avec Alain Weill. Ensemble, ils regroupent SFR et Numericable qui étaient dans les mains de Patrick Drahi avec NextRadioTV qui était contrôlé par Alain Weill. Ils contrôlent ainsi 14 chaînes de télévision, 2 radios et 5 titres de presse. Les médias les plus connus sont Libération, L’Express, BFM-TV et RMC ;
  • Vincent Bolloré. [11ème], Canal +, CNews, C8, CStar. Le groupe HAVAS possède 100% de l’institut de sondage CSA. Il possède aussi les quotidiens gratuits Direct Soir et Direct Matin Plus ;
  • François Pinault [6ème], Il détient 40% du groupe Pinault-Printemps-Redoute via sa holding personnelle Artémis. Il est propriétaire du magazine Le Point via le groupe Sebdo-Le Point, filiale à 100% de la holding Artémis ;
  • Xavier Niel [13ème], vice-président et directeur d’Iliad, maison mère de l’opérateur de téléphonie Free et copropriétaire de la société Le Monde libre avec le milliardaire tchèque Daniel Krétinski, le groupe de presse espagnol Prisa et Matthieu Pigasse (Journaux Le Monde, l’Obs, Télérama, La Vie, Courrier International, Business Angel)  ;
  • Martin et Olivier Bouygues [28ème], sont propriétaires du groupe TF1 (TF1, LCI, TMC, NT1, HD1) ;

 

Nous trouvons ensuite deux investisseurs étrangers : le milliardaire tchèque Daniel Krétinski et la famillle Mohn qui contrôle le groupe allemand Bertelsmann.

  • Daniel Kretinski détient CMI (Czed Media Invest) un groupe de médias en république tchèque. Il a créé la filiale CMI France qui regroupe les titres : Marianne, Elle, Version Femina, Art & Décoration, Télé 7 Jours, France Dimanche, Ici Paris, Public. Il détient par ailleurs une participation minoritaire dans Le Monde acquise auprès de Matthieu Pigasse ;
  • La famille Mohn est propriétaire de RTL, Gala, Femme actuelle, VSD, M6, W9, Fun, Voici, Capital… ;

 

Nous trouvons encore cinq grosses fortunes françaises qui ne sont pas milliardaires : Jean-Paul Baudecroux, Arnaud Lagardère, Alain Weill, Marie-Odile Amaury et Claude Perdriel.

  • Jean-Paul Baudecroux [178ème], fondateur et principal actionnaire du groupe audiovisuel français NRJ Group dont il possède 82 % des parts. Il détient les radios NRJ, Nostalgie, Rire et Chansons et Chérie FM. Il détient aussi les chaînes de télévision NRJ 12, NRJ Hits et Chérie 25 ;
  • Alain Weill [268ème en 2017] ; 01 Informatique, Micro Hebdo, L’Ordinateur Individuel. 20% de La Tribune. Il est associé avec Patrick Drahi dans Altice France.
  • Marie-Odile Amaury [258ème], est propriétaire de L’Équipe, France football, Vélo magazine. (Son groupe est, par l’une de ses filiales, organisateur notamment du Tour de France) ;
  • Arnaud Lagardère [361ème], propriétaire d’Europe 1, Paris Match, du JDD, de Virgin radio, RFM, Gulli Télé 7 jours  ;
  • Claude Perdriel [359ème], unique propriétaire de Sophia Publications (La Recherche, L’Histoire, Historia, Le Magazine Littéraire). Il possède aussi Sciences et Avenir et Challenges ;

 

Citons maintenant deux milliardaires qui ont peu investi dans les Médias : Françoise Bettencourt et Iskander Safa.

  • Les héritiers de Françoise Bettencourt [4ème], financent L’opinion.
  • Iskander Safa [81ème], milliardaire d’origine libanaise, propriétaire du très réactionnaire Valeurs actuelles.

 

Il faut préciser qu’il reste des médias qui échappent aux appétits privés.

  • France Télévision est le premier groupe audiovisuel en France en termes d'audiences, la société regroupe les chaînes France 2, France 3, France 4, France5, France Ô et le réseau La 1ère  ;
  • ARTE France (anciennement La Sept puis La Sept-Arte). Détenu à 45 % par France Télévisions, à 25 % par l'État français, à 15% par Radio France et à 15 % par l’INA. ARTE France contrôle 50% de ARTE et les autres 5% sont contrôlés par ARTE Allemagne.

Il faut aussi nous intéresser à ceux qui dirigent les instituts de sondage car ils ont eux aussi dans les mains des outils puissants de manipulation de l’opinion publique. Ils ont les moyens de connaître les intentions des différentes couches de la population par âge, par sexe, par milieu socio-professionnel. Ils peuvent voir comment les opinions évoluent avec notamment l’influence de la presse. Ils savent mesurer l’impact sur l’opinion publique de la participation de tel ou tel leader politique à un grand débat lors d’une campagne électorale et peuvent ainsi décider de ne pas inviter, quoi qu’il en coûte, ceux qu’ils estiment dangereux (Cf. le cas de François Asselineau interdit lors du dernier débat des européennes sur BFM). Ce sont aussi des outils qui permettent de jouer avec les « prédictions autoréalisatrices ». Rappelons-nous notamment comment Macron avait été donné « vainqueur » quelques secondes après l’unique débat avec les 12 candidats lors de l’élection présidentielle de 2017. Pendant longtemps des milliardaires comme Bernard Arnault ou François Pinault ont été directement actionnaires d’instituts de sondage. Aujourd’hui il ne reste plus que Vincent Bolloré qui a investi dans l’institut CSA mais nous avons un nouveau venu avec Norbert Dantressangle qui a pris le contrôle d’ISOP. Les autres milliardaires se contentent d’être des clients de ces instituts par l’intermédiaire de leurs sociétés de presse ce qui est suffisant pour les utiliser à leur guise. Regardons ci-dessous à qui appartiennent ces principaux instituts.

  • BVA L’actionnaire principal est Naxicap qui semble appartenir à Natixis lequel appartient à banque populaire/caisse d'épargne ;
  • IPSOS Didier Truchot [485ème en 2017], le fondateur de l’institut est l’actionnaire principal depuis 2015 suite au décès de son associé Jean-Marc Lech ;
  • SOFRES Appartient à l’entreprise britannique WPP qui est détenue en partie par des fonds d’investissement ;
  • IFOP Norbert Dentressangle[55ème] est actionnaire majoritaire ;
  • CSA : Le groupe français Bolloré possède 100% depuis l’été 2008.

Pour tenir compte des instituts de sondage nous ajoutons donc deux noms : Didier Truchot et Norbert Dantressangle.

Nous ajoutons la famille des Rothschild bien qu’un seul membre (Benjamin) ait investi dans les médias avec le magazine en ligne slate.fr ce qui n’est pas un gros investissement au regard de leurs moyens car les quatre branches des Rothschild vivant en France possèdent un empire dans les vignobles et la finance. De plus la famille Rothschild joue un rôle de premier plan sur la scène internationale. Elle forme un réseau très puissant.

  • Benjamin de Rothschild et sa famille [21ème] Il est le principal actionnaire de la version française du magazine Slate.
  • Philippe Sereys de Rothschild et son frère et sa sœur [114ème] ;
  • Eric de Rothschild et Robert de Rothschild [161ème] ;
  • David de Rothschild et Edouard de Rothschild [247ème] ;

Rappelons que nous cherchons à savoir qui dirige la France en partant de l’hypothèse que la possession des médias est un des principaux outils de pouvoir auquel il faut ajouter les instituts de sondage. Nos investigations nous ont amené à citer 18 noms auxquels il faut ajouter les Rothschild. Tous ceux qui ont exploré les mêmes pistes que nous citent au moins les 8 noms suivants : Bernard Arnault, la famille Dassault héritière de Serge Dassault, Patrick Drahi, Vincent Bolloré, François Pinault, Xavier Niel, les frères Bouygues et Arnaud Lagardère.

Nous tenons à cet exercice qui consiste à rechercher les noms de ceux qui ont réellement le pouvoir. Nous voulons ainsi montrer qu’il s’agit d’une réalité on ne peut plus concrète. Il reste que la discussion est possible notamment en jouant sur le choix des noms à ajouter à la liste minimale des huit noms qui font consensus. Il est d’ailleurs possible d’ajouter d’autres noms comme Pierre Gattaz [274ème] qui était le patron du MEDEF jusqu’en juillet 2018 ou Elizabeth Badinter (75ème) qui dirige Publicis. Elle fait en effet partie de ceux qui ont décidé de donner une prime de fin d’année à leurs employés dans l’espoir d’apaiser le mouvement des gilets-jaunes. C’est en étant ainsi attentif aux faits que nous avons de bonnes chances de voir qui sont les vrais dirigeants.

Il serait possible aussi d’ajouter Matthieu Pigasse président de la banque d’affaires « Lazard frères SAS ». La page de la wikipédia qui lui est consacrée nous apprend qu’il a été placé en 2003 à la tête de l’activité « conseil au gouvernement » de la banque Lazard. Nous invitons ceux qui douteraient que nous sommes bien à la recherche des véritables dirigeants de l’état français à méditer le fait que des banques ont un service qui s’appelle : « conseil au gouvernement ».

Certains proposent de mettre systématiquement dans la liste les quatorze milliardaires français. Ceux-ci ont vu leur patrimoine cumulé augmenter de 78 milliards de dollars (68,8 milliards d'euros) entre le 31 décembre 2018 et le 15 mai 2019, soit une augmentation de 35%. C’est un bond d’un tiers en un semestre. A ce rythme, leur fortune va doubler en 18 mois. Une progression beaucoup plus importante que celle enregistrée dans les autres pays. (Cf. index « Bloomberg billionnaires » et France Soir du 2 juillet 2019).

Pour notre part, nous ajoutons aux huit noms déjà cités des principaux dirigeants : Daniel Kretinski, la famille Mohn, Jean-Paul Baudecroux, la famille Bettencourt, Norbert Dentressangle, Matthieu Pigasse et David de Rothschild. Nous avons ainsi une liste de quinze noms pour désigner les véritables dirigeants de la France. Les deux derniers cités sont les dirigeants des deux principales banques d’affaires : les banques Lazard et Rothschild.

Quels que soient les ajustements que chacun pourra faire, on voit en effet que ce sont au plus quelques dizaines de personnes qui dirigent la France au nom de quelques centaines de grandes fortunes sur lesquelles nous pouvons aussi mettre des noms puisque la liste des 500 plus grandes fortunes est publiée tous les ans par le magazine « Challenges ». Bien évidemment les règles qui s’appliquent au commun des mortels en matière de fiscalité ne concernent pas ces quelques personnes. Comme l’a déclaré Henri Guaino « toutes les fortunes de France négocient leurs impôts ». Rien n’a changé à ce sujet depuis le Moyen Age. Les impôts sont une invention des riches pour faire payer les pauvres.

Si ces 15 personnes et familles font le choix d’investir dans les médias, ce n'est pas parce que c’est un secteur en lui-même rentable. Seul le groupe Lagardère fait assurément exception à cette règle puisque l’édition, la production et la distribution de contenus constituent son activité principale depuis qu’Arnaud Lagardère a abandonné la branche EADS mais rappelons qu’il a hérité d’un empire construit par un marchand d’armes. La marque Matra que le grand public associe à des voitures de sports a fait la fortune de Jean-Luc Lagardère essentiellement par la construction et la vente de missiles. Le cas de Patrick Drahi peut aussi être considéré comme une exception puisqu’il a annoncé que le secteur des médias qu’il contrôle va devenir rentable. Il est vrai qu’il licencie à tour de bras partout où il devient acquéreur. Nous reviendrons plus en détail sur les cas d’Arnaud Lagardère et Patrick Drahi. Pour l’essentiel, ceux qui choisissent d’investir dans les médias le font afin de défendre et protéger le secteur d’activité principal dans lequel est investi l’essentiel de leur fortune en évitant que soient exposés les procédés qui leur ont permis d’amasser ces fortunes. Aucune fortune n’a été constituée en pleine transparence par des procédés moralement exemplaires. Nous ne connaissons pas d’argent propre à ce niveau. Xavier Niel exprime cela à sa façon : « Quand les journalistes m’emmerdent je prends une participation dans leur canard et après ils me foutent la paix ». Ainsi, toutes ces grandes fortunes attendent, comme retour sur investissement, d’avoir l’assurance que leur secteur d’activité principal ne sera jamais violemment critiqué. Par ailleurs, les instituts de sondage leur sont également utiles non seulement pour connaître les opinions des populations mais aussi pour formater ces opinions en choisissant et en orientant les sondages qu’ils veulent publier.

A nos yeux, ces 15 personnes et familles forment donc le véritable gouvernement de la France et cela même si l’élaboration de leur politique se fait sans concertation et si leur action n’est pas formellement coordonnée. S’ils devaient se réunir, leur assemblée ressemblerait fort à une réunion des parrains de la mafia car la concurrence entre eux est féroce et pas seulement pour le contrôle des médias. Les hostilités sont ouvertes pour le contrôle des télécoms entre les trois opérateurs privés : Patrick Drahi pour SFR, Xavier Niel pour Free et la famille Bouygues. La guerre est sans doute plus féroce encore depuis 1999 entre Bernard Arnault et François Pinault pour le partage du juteux marché du luxe ce qui ne les empêche pas de faire la fête ensemble avec la « bande du Fouquet’s ». Ce sont donc bien souvent des adversaires voire même des ennemis qui s’affrontent mais ils ont aussi des intérêts communs et une stratégie qui les unit. Ils se rangent tous derrière la politique de l’oligarchie euro-atlantiste et de ses grands organismes que sont l’UE (Union Européenne), l’OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique Nord), la BCE (Banque Centrale Européenne), et le FMI (Fonds Monétaire International). Ils sont pour toutes les privatisations et les déréglementations du droit du travail, pour l’allongement du temps de travail par semaine, par année (moins de jours de congés) et pour toute la vie (recul de l’âge de départ en retraite). Ils veulent aussi en finir avec les règles concernant les salaires et tout particulièrement avec le SMIC. Ils sont pour l’ubérisation de la société avec une déréglementation des professions libérales (avocats, huissiers, ambulanciers…). Ils veulent réformer l’imposition pour faire payer davantage encore les plus pauvres notamment en augmentant la TVA. A l’opposé, ils veulent supprimer les impôts sur la fortune et diminuer les taxes sur les sociétés pour augmenter les profits des actionnaires. La stratégie pour parvenir à leurs fins consiste à tout faire pour que soient appliquées les GOPE (Grandes Orientations de la Politique Economique) élaborées à Bruxelles par une administration entièrement sous contrôle.

C’est bien dans cette perspective qu’ils ont lancé sur orbite Emmanuel Macron en assurant sa promotion au cours de l’année 2016 avec 70 000 articles de journaux, 75 couvertures de magazines et des centaines d’heures dans les médias-audiovisuels. C’est eux aussi qui ont décidé que, dès lors, les sondages le donneraient tous les jours comme le meilleur des candidats dans tous les débats et comme le prochain vainqueur des élections : prophétie autoréalisatrice. C’est eux encore qui ont largement participé à l’élimination de François Fillon qui était son principal concurrent. Ils ont en effet gonflé à souhait l’affaire du Pénélope-Gate se faisant parfois les enquêteurs en allant rechercher des documents audio-visuels de plus de vingt ans.

Ces 15 personnes et familles font et défont les présidents de la république et les gouvernements qui, en fait, ne décident de rien mais obéissent à leurs ordres. Nous n’aurions peut-être pas osé écrire cela auparavant mais il est maintenant clair, depuis l’élection d’Emmanuel Macron, que c’est ainsi que s’exerce le pouvoir en France.

Entre la couche des politiciens que nous appelons les histrions de la politique et les milliardaires nous situons une couche intermédiaire : les grands-kapos qui sont directement au service des milliardaires et se chargent de la mise en place de leur politique. Les grands-kapos se répartissent en plusieurs catégories :

  • Les soi-disant experts : Jacques Attali, Bernard-Henry Lévy, Alain Finkielkraut…
  • Les conseillers occultes connus de longue date : Jean-Pierre Jouyet, Jacques Attali, Alain Minc, Stéphane Fouks, Alain Bauer, Bernard Squarcini…
  • Les nouveaux venus comme Bernard Mourad, Ramzi Khiroun, Michèle Marchand dîtes « Mimi », Ismaël Emilien…
  • Les « grands journalistes » comme Delphine Ernotte, Jean-Pierre Elkabbach, Jean-Marie Colombani, Laurent Joffrin, Patrick Cohen, Christophe Barbier, Yves Calvi, Ruth Elkrief…
  • Des directeurs de grandes entreprises : Stéphane Richard (Orange), Carlos Ghosn (Renault-Nissan), Patrick Pouyanné (Total), Emmanuel Faber (Danone) et Isabelle Kocher (Engie)…
  • Des banquiers comme François Henrot de la banque Rothschild et Cie. François Henrot qui confie dans une vidéo sur YouTube intitulée « Macron vu par son ancien directeur… » qu’Emmanuel Macron a appris avec lui à manipuler, à raconter des histoires.

Remarquons que certains grand-kapos peuvent apparaître deux fois dans ce classement. Ainsi Jacques Attali qui est souvent présenté comme expert en tout et n’importe quoi est conseiller occulte auprès des Présidents de la République de gauche ou de droite. A ce titre, il agit dans l'ombre notamment en recrutant, formant et entrainant une écurie de "futur grands cadres". Il se vante d’avoir déjà dans son écurie la pouliche qui succédera à Emmanuel Macron dans cinq ans. Il a confié que ce sera une femme d’un grand talent (Bien sûr, comme Emmanuel Macron !). On trouve aussi l’ineffable Bernard-Henry Levy qui intervient comme spécialiste de (accrochez-vous !) "philosophie" mais on l'a vu aussi intervenir, pour le pire, comme conseiller de Nicolas Sarkosy dans le conflit en Lybie.

Nous considérons que les histrions de la politique ne sont que la troisième couche du dispositif après les milliardaires et les grand-kapos. Il s'agit des membres de toutes les institutions - lieux de vote et de discussion - qui en donnant une apparence de démocratie au système global cachent la réalité du dispositif à l’instar du Parlement Européen qui cache les 28 commissaires européens. Ces institutions n’ont en fait aucun pouvoir. Elles exécutent les décisions prises dans les couches supérieures à coups de 49.3 si c’est nécessaire. Ce sont les diverses assemblées : parlement, sénat, conseil constitutionnel mais aussi les soi-disant organismes de contrôle comme le CSA (Conseil Supérieur de l'Audiovisuel), la CNCC (Commission Nationale des Comptes de Campagne) ou la HATVP (Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique) dont nous verrons qu’ils ne contrôlent que ce qu’ils veulent bien voir. Répétons-le une fois de plus : ils ne servent à rien. Les comédies qu’ils jouent et dans lesquelles chacun sait quel est son rôle se terminent toujours de la même façon : les directives de la commission européenne sont appliquées.

Le dispositif pyramidal est maintenant complet. Rappelons que nous trouvons de haut en bas : quelques dizaines de grandes fortunes ; les grands-kapos ; le théâtre des histrions et le peuple. Rappelons aussi que les quelques dizaines de grandes fortunes qui dirigent ainsi la France sont intégrées dans l'oligarchie euro-atlantiste et jouent à fond la carte de ses institutions : UE (Union Européenne), OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique Nord), BCE (Banque Centrale Européenne), FMI (Fonds Monétaire International). C'est donc bien, à partir de ces organismes, qu'avec le plein accord des grandes fortunes qui dirigent le pays, est élaborée la politique de la France que les larbins (grands-kapos et gouvernement) sont chargés de mettre en œuvre.

Nous allons discuter maintenant de la pertinence du schéma que nous venons d’esquisser en le confrontant à d’autres analyses.

Comme pratiquement tout le monde nous décrivons donc la société avec une structure pyramidale en plaçant les détenteurs du pouvoir au haut de la pyramide et le peuple en bas de cette pyramide. Notre conception de la société, selon ce schéma, mais avec cinq couches, est cependant plus complexe que celles qu’on trouve la plupart du temps. D’autant plus que nous adjoignons à la pyramide un ensemble décisionnel placé à côté qui comporte l’oligarchie « euro-atlantiste » et les institutions internationales qu’elle pilote avec notamment l’UE (l’Union Européenne).

Dans la conception classique, on trouve le Président de la République et le gouvernement au haut de la pyramide. Le sommet de la pyramide est ainsi une émanation de la base qui le met en place par des élections et c’est ensuite ce sommet qui exerce le pouvoir sur le peuple. Ce schéma est implicite dans tous les discours journalistiques qui présentent les jeux de pouvoirs comme des luttes d’influence avec des accords et beaucoup de désaccords entre politiciens affiliés à des partis. C’est le schéma classique qui correspond à un fonctionnement démocratique de la société. Nous avons vu qu’il ne s’applique aucunement à ce qui se passe aujourd’hui en France. Bien sûr Emmanuel Macron a été élu mais nous savons dans quelles conditions et nous en reparlerons. Nous avons vu que depuis des décennies les décisions importantes sont prises à Bruxelles par les commissaires européens et des fonctionnaires qui n’ont jamais été élus. Ces décisions sont sans rapport avec les programmes annoncés par les candidats. Le caractère anti-démocratique de tout cela est particulièrement flagrant quand elles sont prises sans aucun vote en vertu du 49.3. Le déni de démocratie a aussi été flagrant avec le référendum de 2005 qui n’a jamais été pris en considération. Les deux dernières décisions qui ont été prises sans l’accord de l’oligarchie euro-atlantiste ont été la réalisation d’une dernière campagne d’essais de bombes atomiques dans le pacifique en 1995-96 et le refus de participer à la guerre d’Irak en mars 2003. Elles ont été prises toutes les deux par Jacques Chirac. Il n’y a plus eu aucune exception depuis. A l’évidence le schéma d’une société démocratique ne s’applique pas à ce qui se passe actuellement en France.

Un autre schéma classique est une caricature du marxisme qui consiste à dire qu’il y a des exploiteurs qui dirigent du haut de la pyramide et des exploités à la base qui obéissent sauf s’ils se révoltent. Ce schéma est implicite chez les deux organisations issues du trotskisme que sont le NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste) et LO (Lutte Ouvrière). La forme par laquelle se fait l’exploitation n’a pour eux guère d’importance. Que le régime soit plus ou moins totalitaire ou démocratique, la seule chose qui importe c’est que les exploités se battent pour défendre leurs conditions de travail et de vie contre les patrons et les capitalistes qui sont une minorité de privilégiés. Voici exactement la description de la société que donne Nathalie Arthaud lors du grand débat de la présidentielle du 4 avril 2017 : « Je veux faire entendre le camp des travailleurs, les intérêts des ouvriers, des employés, des caissières, des femmes de ménage, des cheminots et j’inclus évidemment les chômeurs qui sont des travailleurs condamnés à l’inactivité. J’inclus les retraités. Je pense aussi aux travailleurs indépendants, aux artisans, aux commerçants, qui sont eux-aussi étranglés par le grand capital et je voudrais dire qu’ensemble nous produisons toutes les richesses y compris les superprofits qui sont encaissés par une minorité, y compris les produits de luxe qui sont réservés aux plus riches. Tous les progrès, toutes les prouesses techniques, les progrès de la médecine, des transports, c’est nous. Nous sommes indispensables à la bonne marche de la société. Alors oui, nos intérêts sont mille fois plus légitimes que ceux de la minorité capitaliste qui prospère en attaquant nos emplois, nos salaires, nos conditions de travail et de vie. Dans cette élection, j’appelle le monde du travail à affirmer tout simplement leurs revendications, leurs besoins vitaux élémentaires : avoir un emploi, un salaire correct, un minimum de 1800 €, aussi pouvoir se faire soigner, se loger dignement, avoir une retraite et une pension correcte ».

Cette vision de la société est complétement atemporelle. Peu importe que le régime soit démocratique ou totalitaire. Peu importe que la France soit un pays indépendant ou qu’il soit sous occupation allemande ou encore sous domination de l’UE (Union Européenne). La question de l’Europe est pour Olivier Besancenot « un faux débat ». Cette vision caricaturale de la société n’a en fait rien à voir ni avec le marxisme ni avec le trotskisme. J’invite les néophytes qui auraient besoin de s’en convaincre à consulter le « programme de transition » élaboré par Léon Trotski. Ils verront qu’il y est question du « gouvernement ouvrier et paysan » et de « l’assemblée constituante ». J’invite aussi ceux qui auraient besoin de se convaincre que Léon Trotski pouvait trouver certaines situations de compromis plus intéressantes que d’autres à se souvenir qu’il a participé à des négociations avec le Reich. Celles-ci ont permis, au prix de conditions humiliantes, de signer le traité de paix de Brest-Litovk, le 3 mars 1918. Mais, peu nous importe que le NPA et LO soient des néo-trotskistes ou des trotsko-renégats, il est certain que leur vision caricaturale de la société ne correspond pas à la réalité.

Pourtant, en fait, les deux schémas que nous rejetons contiennent chacun un morceau de vérité. Il est vrai que le gouvernement est élu par le peuple. Il est tout autant vrai que les capitalistes dominent les exploités et que, de tout temps, le fait de posséder les médias a été une arme puissante dans leur main. Mais, en règle générale ces deux aspects du pouvoir se combinent. Cependant, il nous semble qu’un changement important vient de se produire sous nos yeux avec l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence. C’est la première fois qu’il est aussi clair que le président de la république est une marionnette. Ce n’est donc plus une combinaison de schémas divers qui s’applique mais un schéma unique où, comme nous l’avons montré, le pouvoir au sommet de la pyramide est entièrement dans les mains d’une petite oligarchie qui agit de concert avec l’oligarchie euro-atlantiste. Notre analyse est totalement validée par les derniers développements de la politique en France.

 




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