Qui va « en prendre une » ?
Qui va « en prendre une » ?
Chacun connaît le contenu des règles « de base » des traités dits « européens ».
La liberté de faire ce que l’on veut en matière financière, commerciale et économique est proclamée. Elle est mise en œuvre par des organismes indépendants (du genre « Haute Autorité », « Commission », « BCE ») …des Etats.
Les Etats perdent leur pouvoir de s’immiscer dans ces affaires et sont même obligés de recourir à l’emprunt auprès des détenteurs de capitaux privés pour financer leur fonctionnement (1). Avec tout ce qu'on peut tirer de la « dette », pour tailler en pièces les services publics, la solidarité, etc … Traités « européens » qui n’ont en réalité rien de proprement européen au sens matériel.
Et qui sont des dispositifs juridiques imaginés outre Atlantique par des malins qui ont eu l’astuce, en utilisant des relais locaux (avec au départ Robert Schuman ou Jean Monnet), de faire entrer ces textes dans le droit des Etats par l’entremise de politiciens acquis qui ont signé les textes en question.
Textes dont le contenu intéressait les affaires des financiers et des industriels d’Outre Atlantique qui avaient besoin d’un « hinterland » (et accessoirement les financiers et les industriels de l’ouest européen).
L’origine et l’objet véritables de ces règles furent camouflés de ce côté-ci, par l’usage systématique du label « européen » (communauté « européenne » - du charbon et de l’acier, - de l’énergie atomique, … , « union « européenne », … ).
Avec l’argument que ces traités empêcheraient l’Allemagne de refaire la guerre à ses voisins.
Et, pour couronner le tout, avec un verrouillage pour empêcher la sortie du protectorat (1).
Le tout fut complété par la mise en œuvre (acceptée passivement par les mêmes politiciens acquis à la cause) de l’exterritorialité de la loi américaine et par l’intégration (acceptée activement par les mêmes) de la zone géographique dont on parle dans le dispositif militaire de l’OTAN. Qui, matériellement, permet de préparer une confrontation économico-militaire avec les blocs économiques et financiers concurrents (le bloc russe pour commencer, puisque c’est celui qui touche la partie occidentale du continent européen, puis le bloc chinois qui s’y introduit).
Sans que l’on s’en soit beaucoup rendu compte (rares sont les auteurs qui ont écrit sur ce sujet ; encore plus rares les politiques qui y ont pensé) ces mécanismes ont transformé les « fondamentaux » de la société.
La poursuite de l’enrichissement personnel a été substituée à la recherche de l’intérêt général, à l’idée d’égalité, de droit au bonheur.
Les prosélytes de cette sorte de religion (2) , dans laquelle le libre jeu du marché serait le fondement de la cohésion sociale, ayant à leur disposition de multiples relais d’ « endoctrinement » : leurs « thinks tanks » (3) ; leurs médias et même certaines universités et écoles à la mode dont l’enseignement (2) traduit le dogme en théories et trouve des algorithmes pour sa mise en oeuvre.
Le rôle des politiciens a été, et continue aujourd’hui encore plus qu’hier (avec leurs nouvelles annonces), à être double :
1. Casser tout ce qui dans la société s’oppose au dogme (communautarismes contre les valeurs communes, émiettement des pouvoirs de l’Etat entre divers organismes indépendants de lui (publics et privés), dépeçage des biens et des services de l’Etat au profit d’opérateurs privés, abandon du concept d’intérêt national au profit de la mise en œuvre du « tout vendre, tout acheter sans entraves » , enrichissez-vous quelles qu’en soient les conséquences, etc…)
2. Faire subir ce changement de civilisation aux citoyens (sans qu’on leur demande s'ils le veulent, et sans que ces derniers s’en rendent compte) , notamment en leur faisant croire que l’élection légitime ce que leurs « responsables » font, et qu’il n’y a rien d’autre à faire ( … « c’est la mondialisation, que voulez-vous ! »).
A cet égard la vente d’Alstom (entreprise qui intéresse au plus haut point la souveraineté), comme la vente des aéroports, font se demander ( après que même des services régaliens comme la police ont commencé à subir leur démembrement au profit de sociétés commerciales) quand la Tour Eiffel sera vendue à des ferrailleurs ou quand Notre Dame sera transformée en carrière de pierre.
Bref, il y a dans nos sociétés des individus qui acceptent de faire cette besogne.
Et qui, à ces fins, cherchent à accéder aux postes qui leur permettront de le faire en contrepartie d’avantages directs ( train de vie lié à l’exercice des fonctions) et indirects ( tirés de l’exploitation des réseaux tissés dans les palais nationaux).
Soit en se faisant nommer par ceux qui sont en place, soit en se faisant élire (parfois après avoir été choisis et financés par les bénéficiaires de la mise en œuvre de l’ idéologie sociétale).
D’où la question posée de manière abrupte dans le titre.
Alors même que tous ces gens ont agi parfaitement « légalement » ; alors même que les « chefs » ont été mis en place par des élections, tous ces gens ont été et sont les acteurs de la substitution d’une société à une autre. Ils ont modifié le droit dans le sens, en réalité, d’une forme de destruction (le droit constitutionnel devenant le droit qui prive les organes de l’Etat de leur pouvoir de décision : l’autorité judiciaire s’effaçant de plus en plus devant l’arbitrage, les services publics étant soumis à la logique de la compétitivité, les salariés (quand il y a matière à en avoir) du secteur privé et du public ne devant, aujourd'hui plus encore qu'hier, leur salaire qu’à la satisfaction des intérêts des spéculateur.
Certains ont même utilisé les dispositions constitutionnelles pour faire participer leur pays à des « sanctions » contre des Etats pour que les malheurs subis par les populations poussent ces dernières à de débarrasser de dirigeants qui avaient précisément tenté de s’intéresser à elles. Voire à des opérations militaires pour l'élimination plus directe des dirigeants, lorsqu’il n’était pas possible d’obtenir de la population qu’elle le fasse. Toujours pour le même objectif.
Question, qui peut être posée également sous cette forme : certains penseurs et propagandistes finiront-ils (pas pour les mêmes raisons et … mutatis mutandis) comme Brasillach ? Des chefs d’Etat ou de gouvernement finiront-ils (pas pour les mêmes raisons, et…) comme Pétain, Laval ou bien d’autres qui ont été frappés « d’indignité nationale » ?
Cette question se pose, même si on ne pense pas encore, actuellement, à la poser.
Parce que la page de ces gens et de leur idéologie n’est pas, faute de grand « chambardement », tournée.
Et parce que les dirigeants en place, raisonnant dans le cadre des protections juridictionnelles de l’instant, croient et font croire que ces protections seraient éternelles.
Ce qui nous paraît être une erreur. Surtout, s’agissant de notre pays – on pourrait en évoquer d’autres –, après que l’on a constaté que s’y développe une prise de conscience d’assez mauvais augure pour quelques dirigeants. Qui « tiennent » ostensiblement par des techniques de manipulation. Lesquelles sont d’autant moins efficace qu’elles sont de plus en plus connues et qu’elles sont pratiquées de manière assez peu subtile.
Prise de conscience qui a commencé par se concrétiser à travers les citoyens qui ont osé le faire à visage découvert et qui ont porté un gilet jaune.
Prise de conscience, qui, faute d’aucune solution envisagée et envisageable, (pas de changement d’idéologie des dirigeants ; pas de marge de manœuvre - ni financière, ni juridique du fait des traités-) peut déboucher sur une forme de « chambardement ».
C’est la raison pour laquelle il nous paraît tout à fait envisageable que des dispositions équivalentes aux ordonnances de 1943 et de 1944 du Gouvernement provisoire de la République française relatives à l’épuration puissent être introduites à terme dans le droit.
Sans compter que les textes existants suffisent. Et que le juges peuvent décider, en s’inspirant de la responsabilité pécuniaire de l’administration et de ses agents, que les privilèges et immunités dont jouissent certains « responsables » (comme le président de la République, ou les ministres) ne valent que pour autant que les faits par eux commis, ne sont pas détachables de leurs fonctions en raison de leur nature ou de leur gravité au regard des règles élémentaires de la fonction.
Dispositions qui seront, le cas échéant, mises en œuvre comme il est d’usage quand les gens en place perdent la main, tant par les juges que par les fonctionnaires.
Par les juges qui trouveront cent raisons de pouvoir les mettre en application ou qui estimeront simplement que le fait d’utiliser l’élection contre le principe même du « gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple » leur ouvre en grand la possibilité d’entrer en voie de condamnation.
Par les fonctionnaires qui auront la bonne raison d’avoir à conserver leur emploi.
Avec, pour les politiciens les moins « mouillés » et les plus mous, l’adaptation au sens du vent (v. La citation d’Edgar Faure « ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent ») et la signature de CDI supplémentaires, avec les nouveaux leaders. Comme notre histoire ancienne et contemporaine l’enseigne,
Les organisateurs de débats à la télévision, s’il restent en place et si on leur demande de continuer à « meubler », pourront quant à eux poser la même question : « que va-t-il se passer demain ? »
On entend déjà les « spécialistes » répondre : « Les plaques de rues portant le nom des « pères de l’Europe » et de certains politiciens ayant exercé d’éminentes fonctions dans l’Etat disparaîtront. Le public fréquentera les mêmes établissements qui changeront eux-aussi de nom ».
Sur les vivants, on entendra dire, que « ceux qui échapperont à l’emprisonnement (soit parce qu’ils sont âgés, ou soit parce qu’ils auront donné aux « restaurants du cœur »), vivront plus chichement ».
Et il restera, comme d’habitude, à imaginer des garde fous, qui empêcheront que les mêmes causes (humaines) reproduisent … trop rapidement, les mêmes effets (sociaux) .
Marcel-M. MONIN
m. de conf. hon. des universités
(1)
(2)
Voici comment Milton Friedman, maître à penser dans certaines universités et écoles à la mode qui forment les esprits (v. la liste et le contenu des cours) à ses théories économiques, enseigne (aux spectateurs d’une série télévisée américaine « free to choose », comme au catéchisme (où avec d’autres métaphores, on traite de la virginité de Marie qui va de soi, ou de l’évidence la Sainte Trinité), que l’économie de marché est essentielle pour promouvoir l’harmonie et la paix entre les peuples du monde . http://www.youtube.com/watch?v=47lazI9h_SE « Le bois dont ce crayon est fait vient peut être d’un arbre coupé dans l’état de Washington. Pour couper cet arbre, il a fallu une scie. Pour faire la scie, il a fallu de l’acier. Pour faire de l’acier, il a fallu du minerai de fer. Le centre noir, […], la graphite, je pense qu’elle vient de mines en Amérique du Sud. La gomme, un bout de caoutchouc, vient probablement de Malaisie, d’où les arbres à caoutchouc ne sont même pas originaires. Ils y ont été importés d’Amérique du Sud par des hommes d’affaires, avec l’aide du gouvernement britannique. […] Il a fallu que littéralement des milliers de gens coopèrent pour fabriquer ce crayon. Des gens qui ne parlent pas la même langue, n’ont pas la même religion, qui se haïraient peut être s’ils se rencontraient. Quand vous allez au magasin et que vous achetez ce crayon, en pratique, vous échangez quelques minutes de vos temps contre quelques secondes du temps de ces milliers de gens. Qui est-ce qui a poussé tous ces gens à collaborer ? Pas un commissaire envoyant des ordres d’un quelconque bureau central. C’est la magie du système des prix. C’est l’opération impersonnelle des prix qui les a rassemblés pour faire ce crayon et pour que vous puissiez l’avoir pour une somme modique. C’est pourquoi l’opération du marché libre est si essentielle – pas seulement pour promouvoir l’efficacité productive, mais encore plus, pour promouvoir l’harmonie et la paix entre les peuples du monde. » Le concept du « gouvernement mondial », dont les trois derniers chefs d’Etat français annoncent avec conviction et ferveur l’avènement ( v. notre article sur Agoravox : « déjà le gouvernement mondial » ; v. la note 3 ci-dessous) s’inscrit exactement dans cette logique.
(3)
v. , entre autres, quelques éléments dans : https://www.youtube.com/watch?v=1wzWX5g44pU