mardi 26 juillet 2011 - par Raphael JORNET

Réforme de la médecine du travail ou mise à mort ?

Décidément, l'indépendance de la médecine, cet été, occupe le devant de la scène. Les salariés aussi, à leur corps défendant.
On a vu il y a quelques jours comment la médecine libérale accepte de se faire acheter un pan de son indépendance par une prime honteuse qui sera obtenue à la performance, dont l'un des critères est de baisser les arrêts de travail.

Aujourd'hui, c'est au tour de la médecine du travail de se voir démantelée. Le démolisseur à l’œuvre depuis 2007 veut finir sa tâche.

 
Glissée en douce dans la réforme des retraites, le Conseil constitutionnel avait censuré la réforme. Là revoilà, votée à la hussarde le 8 juillet 2011 au parlement et parue dimanche 24 juillet 2011 au Journal Officiel.
 
La prévention, caractéristique de la médecine du travail, en prend un sérieux coup, à l'avantage des intérêts financiers : les salariés se voient traités de façons différentes selon leur secteur ou leur contrat de travail, les professionnels de santé se voient déqualifiés. On délègue. On ne cherche pas à régler les causes de pénurie des professionnels de santé. Certains risques seront occultés. On espace les visites. Les intervenants de santé deviennent des contrôleurs et sanctionnent.
La dépendance aux employeurs s'installe, eux qui attendent en plus une baisse conséquente de leur financement et un éloignement des médecins du travail des lieux de travail... C'est encore un projet du MEDEF qui devient réalité. L'authentique médecine du travail est morte.
 
Le 27 juillet, six syndicats( CFTC, CFE-CGC, CGT, FO, SNPST, Solidaires), faisant le constat que cette réforme fait des intervenants de la médecine du travail de simples exécutants, subordonnés à l'employeur, « détruit les fondements de la médecine du travail  » et que « l’indépendance des professionnels de santé au travail (est) en danger » ont fait une lettre aux parlementaires de l'opposition de saisir le Conseil constitutionnel afin "d'obtenir le retrait" de deux articles du texte de loi.
Étrangement, la CFDT, elle, ne s'y est pas jointe, se contentant d'y voir un certain nombre d'avancées, considérant qu'il s'agit d'un "texte de compromis ». Elle « sera très vigilante » !...
 


4 réactions


  • Gabriel Gabriel 26 juillet 2011 10:23

    La mise en esclavage des travailleurs pas la destruction du bouclier social est le but principal de ce gouvernement avec l’énergique complicité du MEDEF et celle servile et bienveillante des médias et tout cela sous les ordres dictatoriaux des marchés financiers !... Alors pensez donc, la santé des travailleurs, ils s’en foutent comme de leur première chemise …


  • frugeky 26 juillet 2011 10:24

    La cfdt... arf, arf....
    On est où de cet autre scandale des fonds de la médecine du travail qui servait à payer les bureaux du medef et autres petits avantages indus ?


  • gaijin gaijin 26 juillet 2011 10:36

    « ...de simples exécutants, subordonnés à l’employeur,..... »
    tout est dit
    ça devrait permettre de faire de faire baisser significativement le nombre d’accidents du travail etc


  • ZenZoe ZenZoe 26 juillet 2011 11:27

    Il faut dire que la médecine du travail actuelle n’est pas très performante ni même utile. Dans la boîte où j’ai travaillé longtemps, il y avait chaque année un grand nombre de graves dépressions. Alerté, le médecin du travail a voulu un entretien avec notre pdg. Et s’est fait envoyer balader. Affaire close. Il y avait aussi beaucoup de tendinites, des problèmes opthalmos. Le médecin du travail là aussi a voulu visiter les locaux afin d’évaluer l’ergonomie des machines. Là aussi, on l’a envoyé balader en lui disant que de toute façon, il n’y avait pas d’argent pour changer quoi que ce soit. Affaire close. Et ainsi de suite. En parlant avec mon entourage, je me suis aperçue que ma boîte n’était pas un cas isolé.
    Alors, si c’est juste pour aller faire pipi dans un tube, toucher ses orteils avec ses mains et lire les lettres sur le mur, autant faire des économies. En plus, ce système est inéquitable car il exclut les exclus du travail, de plus en plus nombreux. S’il s’agit de faire de la prévention, je miserais plutôt sur le bilan gratuit de la sécu tous les 5 ans et accessible à tous, et les dépistages organisés pour certains cancers, avec un suivi par le médecin traitant.
    La médecine du travail est un leurre et une injustice, vive la médecine pour tous, tout simplement.


Réagir