jeudi 10 janvier 2008 - par TTO

Retrouver le sens et le chemin du vivre ensemble

Après une année 2007 très difficile et au moment de présenter les voeux pour l’année 2008, j’émets le souhait que nous retrouvions le sens et le chemin de l’action politique seule capable de nous permettre de mieux vivre ensemble.

L’année 2007 aura vu le triomphe du tout argent, habillé d’oripeaux plus ou moins séduisants et trompeurs. Finie la solidarité, place à la compassion et la pitié. Terminé le projet de construire une Europe où mieux vivre ensemble, place à la concurrence de tous contre tous. Finie la reconnaissance de la création et de l’imagination, place à la valorisation de la rente et des héritiers. Terminé le respect du travail et du labeur, place à l’exploitation sans limite des salariés avec la disparition de toutes les règles et garanties. Fini l’espoir d’une vie plus longue et meilleure grâce aux progrès de la médecine, place au travail tout au long de la vie. Il serait facile de sombrer dans le désespoir, le cynisme ou le repli sur la seule famille.

Mais l’année 2007 aura aussi vu émerger, parfois de façon surprenante, des éléments d’espoir. Prise de conscience que nous habitons et partageons une terre dont les ressources sont limitées. Quarante ans après, retour du message de mai 1968 - même si c’est parfois pour le combattre - de l’impasse d’une civilisation basée sur le seul cycle production/consommation. Et, plus surprenant et intéressant, retour de l’action politique - même si c’est sous des formes personnelles et dévoyées - dans une société malade du tout gestionnaire. La présidence de Sarkozy en France, représente une chance historique pour les quelques hommes et femmes qui, à gauche, ne confondent pas politique et gestion. Ils sont peu nombreux (Royal, Fabius, Mélenchon, Besancenot...), souvent en désaccord, et sans ligne cohérente. Mais ils partagent, avec, à droite, le seul Sarkozy, le goût et l’envie de l’action politique. C’est l’opportunité de sortir de l’engourdissement qui, depuis 1983 (tournant de la rigueur par la gauche au pouvoir en France) puis 1989 (chute du Mur de Berlin) a gagné toute la vie politique française et européenne.

La conférence de presse du 8 janvier 2008 aura été particulièrement significative. J’invite les femmes et hommes de gauche à sortir de la facilité de la critique, justifiée, du « Sarkoshow » et à s’interroger. Comment se fait-il que c’est à droite que la question de la civilisation est posée ? Pourquoi les travaux d’Edgar Morin ne sont-ils pas parvenu à irriguer la pensée et l’action de la gauche ? La question du pouvoir d’achat, et plus largement du travail, peut-elle être le centre d’une politique, alors qu’elle enferme les individus dans l’impasse d’une vie consacrée uniquement à produire et consommer ?

Il nous faut sortir de la seule vision gestionnaire (dominante à droite mais contaminant beaucoup la gauche) et sociale (très dominante à gauche mais quasiment ignorée à droite). Cinquante après la publication, en langue anglaise, d’un de ses livres majeurs, The Human Condition, la pensée de Hannah Arendt, qui a consacré sa vie à découvrir, après la rupture de la tradition qu’ont provoquée les horreurs inédites des totalitarismes du XXe siècle, les nouvelles conditions du vivre ensemble, est particulièrement actuelle. Sa vision, le plus souvent ternaire (travail, œuvre, action - pensée, volonté, jugement) de la condition et des capacités des êtres vivants que nous sommes, son besoin irrépressible de « comprendre ce que nous faisons », sa volonté d’agir et de penser par elle-même et avec les autres, sont totalement adaptés aux enjeux de ce siècle.

En 2008, c’est dans ce sens, que je poursuivrai l’action, entamée début 2007, de favoriser et faciliter l’accès des citoyens et politiques à cette pensée, notamment à travers les outils que fournit Internet : blogs [1], sites de journalisme alternatif....



2 réactions


  • takakroar 11 janvier 2008 07:35

    Pour l’instant, pas de commentaire sur votre communication. Serait-ce qu’il touche un sujet sans intèrêt ? Comme le livre d’Edgar Morin ? Je viens de regarder un autre article sur la dégringolade sociale d’un bobo et qui lui déclanche les passions.

    Comme disent les journalistes et les dirigeants du parti socialiste, ce qui intéresse les gens c’est le pouvoir d’achat (attention, je ne nie pas l’importance vitale de la question), mais enfin la direction que l’on a pris, le sens que l’on donne à la vie, c’est quand même bien çà qui nous conduit à la situation actuelle. Et à ce niveau de pouvoir d’achat.

    On aimerait bien que ceux qui font carrière dans la conduite de la nation aient quelques idées, avant de prendre le volant, sur la destination du voyage où ils nous embarquent. Or la réponse que l’on entend de tous les côtés c’est qu’il n’y a pas d’autres directions que de suivre le mouvement général. Certains nous proposent seulement d’aménager autrement les pauses pipi ou la sono qui nous accompagne.

    Certes Sarkozy semble avoir des idées sur la question. Mais il semble surtout que ce soit le fait d’avoir des idées qui le satisfait. Cà lui donne une dimension supplémentaire de guide, de grand timonier. Pour le contenu c’est plutôt la continuité avec une touche de religion qui contribuerait sans doute à donner bonne conscience aux riches et nécessité de la soumission aux autres (comme dans l’entourage de W Bush).

    Mais c’est vrai. Quelques frémissements dans le monde remettent en question les valeurs dominantes qui nous ont mené là où nous sommes. En même temps on sent bien qu’un changement essentiel ne se fera pas autrement que dans la douleur et la violence. Alors là aussi çà fait peur.


    • TTO TTO 11 janvier 2008 10:02

      Merci pour votre commentaire.

      Agoravox confirme l’engourdissement généralisé et la paresse intellectuelle. Nous sommes englués dans la gestion et le social et avons complètement abandonné le champ de l’action, à une exception près , celle, très dangereuse, du développement de la science et des technologies. Dès 1958 Hannah Arendt avait perçu ce fait et toute son oeuvre s’est attachée à trouver les conditions de son dépassement.

      J’avoue ne pas comprendre le(s) créateur(s) d’Agoravox. Pourquoi un tel outil si c’est pour reproduire tous les défauts des médias traditionnels et en perdre les rares qualités. Il faut s’abstraire de la dictature du chiffre (du nombre en fait) qui conduit à des comportements moutonniers et au traitement des sujets sans intérêts déjà présents dans la presse professionnelle.

      Quant à moi, m’inspirant d’Arendt, j’utilise Agoravox comme un moyen de pensr et réfléchir à voix haute.

      Deux sites de journalisme citoyens sont beaucoup plus intéressant qu’Agoravox : Cent Papiers et Esprits Libres.


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