lundi 26 janvier 2009 - par
S comme Sectaire
Le sectaire est un avatar de l’idéologue et son cheval de bataille, le sectarisme est un sous-produit dérivé de l’idéologie. Poursuivi par une idée également fixe comme celle de l’idéologue, mais un peu plus étroite, le sectaire n’en démord pas. L’espèce n’est pas en voie de disparition et ne l’a jamais été même si, avec le développement de l’éducation et, une instruction devenue publique et obligatoire, on eut pu croire sa survivance menacée à sa base.
Doué d’une belle santé, profitant de toutes les mauvaises occasions, le sectaire n’est pas en peine de satisfaire son amour immodéré des idées reçues à condition qu’elles soient courtes. Partisan intrépide de l’apparence, son esprit critique très développé ne s’attarde pas à scruter le fond du problème, à analyser le pour comme le contre, le tenant aussi bien que l’aboutissant, l’écume des choses lui suffit. Il s’en repaît, il s’en délecte. Le sectaire est l’exception au principe de Peter car son niveau de compétence n’a pas de limite. Autre qualité peu courante, il se croit infaillible comme le pape.
Le sectaire a un champ d’action universel et on le trouve dans tous les domaines de la pensée unique. Son champ d’action est donc considérable et nous ne pourrons en aborder toutes les expressions car d’autres mots de meilleure compagnie aimeraient bien passer à la moulinette.
Le sectaire prospère surtout en politique. Le terreau est riche de matières azotées de première qualité. Il est fécond, bien entretenu par des travailleurs obstinés qui y trouvent de quoi manger, eux, leur famille, la petite et la grande.
Le sectaire, s’il est de droite sait de source sûre que tout ce qui vient de la gauche conduit le pays à la ruine en même temps qu’au désastre. S’il est de gauche, il sait qu’il a raison envers et contre la force des choses accolée au bon sens.
Le sectaire n’aime converser qu’avec les amis de sa secte. Il n’y a qu’avec eux qu’il sent combien l’idée qu’il se fait de la réalité est proche de la vérité.
Bien que sa vue soit habituellement binoculaire, il a une vision unilatérale des choses qui le rend irritable, susceptible et qui peut même le faire tomber dans une nocivité létale quand, sous la conduite peu avisée d’un idéologue notoire à succès indéniable, il se multiplie à outrance au point de se rassembler en foules immenses qui arrivent à s’ébranler dans des défilés monstres dont il faut mieux ne pas se mettre en travers car, emportés par l’élan, ils ont bien du mal à ne pas dégénérer, comme cela s’est déjà vu en des temps qu’il faut mieux oublier.
Aujourd’hui, grâce à l’heure d’été qui ne va plus tarder, à l’avancée de la mer, à la libéralisation des échanges et malgré, hélas, la montée des périls, le sectaire porte plus au rire qu’au pleur, qu’à la peur. Son outrance ne séduit que ceux qui s‘habillent en prêt-à-porter, ne mangent que des plats cuisinés, ne votent que les motions de censure, n’aiment que les succès du jour, ne croient que ce qu’ils aiment entendre.
Le sectaire ne sera jamais convaincu par un sectaire déviant même légèrement et, à une époque, il lui coupait la tête pour moins que ça. Le temps est révolu mais, entre sectaires, la polémique fait rage et je vous conseille de ne pas vous en mêler car, entre eux, les guerres de religion sont permanentes et sans fleurs ni couronnes.
Pour mémoire, et parce qu’il faut bien s’amuser, on peut citer quelques thèmes préférés des sectaires en vogue :
ØLes TSS des deux bords sont les plus virulents du moment. S’ils avaient inventé le vaccin universel contre le cancer, les uns l’auraient accusé d’avoir agi pour les royalties, les autres par vanité personnelle ;
ØLes thuriféraires du tout atomique disent que c’est bon pour la paix, la santé, la fonte des neiges, la couche d’ozone et la production électrique ;
ØLes contempteurs du tout atomique prétendent que la radioactivité est mauvaise pour la paix, la santé, la planète, et bonne pour le cancer, la leucémie, les atomistes ;
ØPour le capitaliste, le socialisme c’est le RMI pour tous ; pour le socialiste, le service public c’est le bien public, le salut public ;
ØPour l’américanophile fanatique, l’antiaméricain c’est l’antéchrist ; pour l’anti-américaniste primaire, l’Amérique, ce n’est pas le Pérou mais l’antichambre de l’enfer ;
ØPour les bio, l’OGM c’est la peste noire mutée sur la grippe espagnole ; pour Monsanto, l’anti-OGM c’est le croisement d’un attardé mental et d’une débile profonde.
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