vendredi 17 avril 2015 - par Alain Roumestand

Sécurité Insécurité

A un moment où le gouvernement de François Hollande fait passer la loi sur le renseignement, la France n'a jamais été aussi fragilisée face aux enjeux de sécurité actuels

Cette loi gouvernementale sur le renseignement est refusée par l'Observatoire des libertés et du numérique auquel se raccordent le Syndicat de la magistrature, le Syndicat des avocats de France, Amnesty International, Attac,la Ligue des droits de l'homme, le SNJ-CGT, le SNJ, Solidaires, la Quadrature du net, Droit au logement. Cela fait beaucoup !

Avec le mot d'ordre de "protégez nos libertés", ils considèrent que ce n'est pas une loi pour la sécurité, mais un accroissement sans précédent des pouvoirs de surveillance de masse, sans contrôle réel.

Certains pensent que le système mis en place tombant en de mauvaises mains est dangereux ; d'autres y voient la volonté d'un pouvoir battu à toutes les élections,d'un exécutif aux abois, de se maintenir contre vents et marées, en instaurant une surveillance politique, en continuant d'écouter les adversaires, pour instrumentaliser de pseudo-affaires. Y compris à gauche (Front de Gauche, PC, EELV).

Le vote de la loi sur le renseignement avec la procédure accélérée pour limiter les débats entre Assemblée Nationale et Sénat, renforce les craintes des associations citoyennes, syndicats de magistrats et acteurs du numérique.

En effet le gouvernement ultraminoritaire veut mettre en place sur les réseaux des opérateurs, des outils d'analyse automatique pour détecter par une "succession suspecte de données de connexion" une menace terroriste, une menace sur "les intérêts essentiels de la politique étrangère et l'exécution des engagements européens de la France", une menace de "violences collectives de nature à porter gravement atteinte à la paix publique", une menace par des "atteintes à la forme républicaine des institutions". Cela laisse le champ libre à toutes les interprétations.

L'algorithme prédictif détectant une menace, les fausses antennes-relais placées pour aspirer les données des téléphones passant dans leur périmètre, les balises-espion, les micros, les caméras, le piratage informatique, font froid dans le dos.

Les services de renseignement pourront agir sans autorisation en cas d'urgence opérationnelle. Les avocats, les journalistes, les magistrats, les élus, pourront être surveillés après demande d'autorisation du premier ministre. "Il ne peut être envisagé une interdiction absolue de mise en oeuvre des techniques de renseignement pour ces professions".

Au même moment les experts en intelligence économique et stratégique, en renseignement et sécurité, les chercheurs en études stratégiques, les spécialistes de la défense et de la sécurité internationale mettent en place le renseignement stratégique lié aux entreprises, en tenant compte des nouveaux risques sécuritaires et informationnels dans le contexte actuel de guerre économique, de progression de l'espionnage économique.Plus de 3000 entreprises sont visées en France.

Travail de terrain efficace, indispensable, qui n'a rien à voir avec les piètres préoccupations politiciennes de maintien au pouvoir.

Les sociétés de sécurité qui travaillent à l'international réalisent des audits de sécurité pour les collaborateurs des entreprises qui les sollicitent, avec un repérage précurseur dans les pays où les entreprises sont installées. Toujours en tenant compte du droit international humanitaire. Toujours en tenant compte des évolutions du contexte politique local, avec des représentants locaux sur place, qui n'hésitent pas à infiltrer les mafias locales, qui étudient dans les pays privés de liberté les liaisons armée -monde des affaires, et le nécessaire retour d'expériences.

Puis les sociétés de sécurité passent à l'action.Gilets balistiques, radios, accompagnement physique personnalisé qui peut s'élever à 1000 euros par jour.

La protection maritime est aussi en jeu mais ce sont les pays émergents qui emportent souvent les marchés (on passe à 1000 euros par mois) dans les zones à risques, Somalie, Golfe de Guinée...

Sans oublier l'essentiel, la cybersécurité, car il faut le savoir, plus de 60% des entreprises ne prennent pas en compte la cybersécurité qui commence dès l'embauche des personnels recrutés.

Entreprises vulnérables sur leurs plans de développement à venir. Trop d'informations stratégiques circulent sans souci de hiérarchisation des infos à diffuser. Des virus à retardement infectent les réseaux et peuvent détruire les données des clients...Des images pédophiles peuvent être intégrées dans les comptes mails des responsables d'entreprises pour les discréditer.

Pour les spécialistes de la cybercriminalité le pouvoir français actuel est complètement dépassé et les USA par exemple ont 20 ans d'avance sur la France en matière d'intelligence économique.

Les professionnels de la sécurité sont effarés de voir des membres du gouvernement Hollande exhiber leurs téléphones cryptés. La dernière crise avec le piratage de TV5 monde a eu comme première réaction, à la demande de Fleur Pellerin, de réunir les présidents des télévisions publiques pour leur dire de faire attention !



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