jeudi 29 décembre 2011 - par Scribe

Séparation des pouvoirs en Démocratie

Pensez-vous que Montesquieu qualifierait la 5ème république de démocratique, surtout dans sa version actuelle ? Sans doute pas. En effet, peut-on faire semblant de croire que le pouvoir législatif est indépendant du pouvoir exécutif alors que le président décide de tout ? De même peut-on parler d'indépendance de la justice alors que la seule parcelle d'indépendance -constitué par le rôle du juge d'instruction- est menacée de disparition ?

Et pourtant, si nous nous libérons des habitudes et des préjugés et ambitions des carrièristes politiques :

  • une justice indépendante des pouvoirs législatif et exécutif ; est-ce difficile à imaginer ? Ne suffirait-il pas que le garde des sceaux soit élu par le peuple et que cette élection soit la première du cycle des élections afin de ne pas être influencée par les campagnes législative et présidentielle ? Pourquoi le peuple ne pourrait-il pas élire le chef de la hiérarchie judiciaire, soit au suffrage universel, soit au suffrage des grands électeurs ?

  • Rendre le pouvoir législatif indépendant ; cela ne commence-t-il pas par mettre les élections législatives avant l'élection présidentielle au calendrier ? Comment a-t-on pu accepter, dans la constitution d'un pays qui se veut un modèle de démocratie, que le gouvernement établisse l'ordre du jour des travaux de l'assemblée ? Il faut au contraire que seul le parlement décide du contenu et de l'ordre de ses travaux et donc que les lois de la république soient exclusivement élaborées et promulguées, mais aussi abrogées, par le parlement.

  • Quant au pouvoir exécutif -le gouvernement et le président de la république- son rôle n'est-il pas d'abord de faire appliquer les lois de la République ? Certes il a aussi un rôle de ˝pompier˝ : prendre des décisions à chaud et les mettre en application immédiate face à des situations non prévues : Pourquoi ne pas régler ces cas par décret ? Ces décrets du gouvernement ne pouvant pas, évidemment, être contraires à la loi et restant d'application provisoire limitée à la durée du gouvernement, en attendant que le parlement légifère sur le sujet. L'élection présidentielle, dans cette logique, se déroulerait immédiatement après les élections législatives et le président nommerait un gouvernement cohérent avec la ligne politique choisie par le parlement élu. On voit ici que le rôle du président est de présider, c'est à dire de conduire, coordonner et exercer un rôle de médiateur et de représentant de la nation mais que l'on attend pas de lui qu'il propose ou impose un programme ni qu'il intervienne à tous les niveaux.

Scribe



8 réactions


  • raymond 29 décembre 2011 12:30

    Bonjour Scribe, élir le garde des sceaux parmi un panel de professionnels oui peux être, mais surtout pas comme aux US les juges, ce serait la chasse aux résultats et donc...


    • Axel de Saint Mauxe Axel de Saint Mauxe 29 décembre 2011 13:39

      Merci de confirmer que le suffrage universel est une connerie.


    • Scribe Scribe 29 décembre 2011 18:36

      Réponse à Axel...
      Non le suffrage universel n’est pas une connerie mais il ne faut pas croire qu’élire au suffrage universel un président qu’ on laisse accaparer tous les pouvoirs est de la démocratie. D’ailleurs considérer la 5ème république comme démocratique est déjà très discutable. Et ce n’est pas parce que nous sommes dans la merde qu’il ne faut pas essayer d’en sortir et rechercher l’air embaumé des jardins de roses !


    • Axel de Saint Mauxe Axel de Saint Mauxe 30 décembre 2011 01:00

      Vous savez très bien que le suffrage universel ne peut que nous tirer vers le bas. Le suffrage universel c’est mécaniquement la prime à la médiocrité.


      D’ailleurs, régulièrement la démocratie tombe dans l’ornière.

      Regardez De Gaulle, le plus respecté (et respectable) des chefs d’état français au XXème.

      Jamais pourtant il n’a pris le pouvoir de manière démocratique.

  • speeder speeder 29 décembre 2011 12:45

    C’est ce que la gauche voulait ?

    Séparation des pouvoirs, c’est super comme idée, pour l’instant, la 5ème république ne le permet pas trop avec les guignols que l’on a au pouvoir depuis 30 ans ! et ce n’est pas l’ordre inverse des élections qui changera quelque chose sur le sujet !

    Le président de la République est élu pour conduire le pays vers un projet cohérent, il doit apaiser et maintenir un cap qui permet au pays et à son peuple de progresser dignement.

    Le problème, c’est de choisir son futur président, malheureusement, les sociétés de communications sont passé par là !
     On nous vend un président comme un camembert aujourd’hui sans que personne ne regarde son projet pour le peuple et pour la France, plus il passe à la télé, mieux il est coté ???

    C’est tout de même incroyable ! non

    Comment séparer les pouvoirs, c’est simple, il faut ajouter de la proportionnelle aux législatives, ainsi des mouvements politiques qui dépassent 5 % aux présidentielles dans ce pays pourront siéger au parlement, ce qui est rarement le cas à ce jour.

    Ainsi la donne sera changée en ôtant le bipartisme qui règne depuis 30 ans et les lois seront votées avec l’ensemble des élus du peuple et la chambre des députés ne sera plus une chambre d’enregistrement du bon vouloir du président

    Pour le Garde des sceaux, il pourra être ainsi proposé au vote des députés avec plus de pragmatisme que par le simple choix du président

    Il ne faut pas inverser les rôles, dans une entreprise, c’est le patron qui dirige, pas le responsable commercial

     


  • Scual 29 décembre 2011 15:09

    La clé du pouvoir législatif dans une démocratie devrait être... les médias.

    Tant que l’information ne sera pas libre, nous ne serons pas dans une démocratie.

    La démocratie ne peut se construire qu’autour de notre opinion qui est façonnée par les informations dont on dispose. Tant que ces informations sont contrôlées, c’est nous qui somme contrôlés.

    Il faut réorganiser les médias à travers une optique de liberté du journaliste et non pas de son patron et dans un objectif de service publique comme la police ou la justice et non pas comme une activité commerciale. Ensuite on aura de vrais débats, vraiment publiques et on pourra vraiment avoir une opinion libre. C’est ça le chemin, et en fait le seul et unique moyen d’aboutir un jour à une vraie démocratie.


  • enréfléchissant 30 décembre 2011 00:11

    Nous ne vivons pas en démocratie mais en oligarchie.


  • heraclite 30 décembre 2011 00:47

    La démocratie selon Montesquieu est un leurre. In n’en était d’ailleurs pas dupe. Il est en effet impossible qu’un système puisse fonctionner avec une séparation rigoureuse des trois pouvoirs. 

    La prétendue démocratie dans laquelle nous vivons est en fait une oligarchie. Le concept de souveraineté du peuple est une niaiserie idéaliste, car le peuple ne sait pas ce qu’il veut. Hegel l’a bien vu et c’est ailleurs qu’il voit le moteur de l’histoire.
    Rousseau lui-même dans un moment où sa raison n’était pas égarée disait que seul « un peuple de dieux pourrait se gouverner démocratiquement ».
    Alors que les médias et les politiciens qui n’ont que ce mot à la bouche, cessent de nous importuner avec un problème qui les dépasse.

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