Si les profs de Vitry étaient des Conti !
Ils sont vraiment nuls, ces profs !
Ils se contentent de "raconter leur peur" face aux violences scolaires. Le tableau, il est vrai, est impressionnant mais en dehors d’un constat désabusé : "On n’a plus les moyens de faire obéir les jeunes", rien de plus que l’expression d’une angoisse au quotidien (Le Parisien).
Pensons à ces enseignants du lycée Adolphe-Chérioux de Vitry-sur-Seine où un élève a été "passé à tabac et blessé avec un couteau, plus un coup de fusil tiré en l’air". Parce que les conditions de sécurité ne sont plus remplies dans cette cité scolaire comportant, selon le ministre de l’Education nationale, 22 bâtiments répartis sur plusieurs hectares, les professeurs s’obstinent à poursuivre leur mouvement de protestation. Certes, trois mineurs impliqués dans l’agression ont été déférés au parquet de Créteil mais cela ne leur suffit pas. Ils ne veulent pas en démordre. Ils continueront le 8 février à camper sur leur position qui est de refuser "des médiateurs de réussite scolaire" dont le contrat sera provisoire alors qu’à l’évidence il faut, pour le lycée, "un personnel fixe, stable, qui puisse développer des rapports de confiance et d’autorité avec les élèves". C’est le point de vue du secrétaire départemental du SNES, Jean-Michel Gouezou (JDD.fr). Le ministre les menace d’amputer leur traitement, les considérant en grève. Ils n’en ont cure et affirment qu’ils utiliseront tous les moyens acceptables que leur combat impose, par exemple le droit de retrait permis aux agents de l’Etat (France Inter, Le Monde, Le Figaro).
Ils ont raison mais manifestement les profs n’ont rien compris à la modernité. Ils demeurent opposants mais courtois, respectueux des règles. Ils ne sont pas loin de lever le doigt en espérant que le pouvoir politique les écoutera, les respectera et comprendra la validité de leur cause. Je les trouve très en retard sur le plan de la revendication. Ils en sont encore à croire qu’une action n’est belle que sans violence alors que tout démontre, dans la vie sociale et syndicale du pays, qu’au contraire c’est la violence qui légitime la contestation, en fait le prix, en assure la résonance et fait fondre les médias sur ceux qui ont eu l’habileté d’en "mettre une couche" alors même qu’ils prônaient le dialogue. Deux fers au feu, toujours. La foudre et la main tendue. Cela marche.
Sans vouloir porter atteinte à leur magnifique fonction - capitale dans une République digne de ce nom -, je me demande si les enseignants en général, et ceux de Vitry-sur-Seine en particulier, suivent l’actualité, s’ils se tiennent informés des soubresauts, des révoltes, des démissions de notre pays. Si c’était le cas, n’auraient-ils pas adopté la seule tactique qui vaille ?
Ils auraient dû imiter les Conti. Un beau, un bon saccage de sous-préfecture, si possible filmé et diffusé dans les journaux télévisés. Rien ne leur interdisait, même si leur lutte n’avait pour but que de réduire, dans ce lycée, l’affrontement au quotidien entre eux-mêmes et les élèves rebelles, entre les élèves eux-mêmes, de détruire, de dégrader un peu le décor, de mettre à bas leur outil et leur lieu de travail, de faire peur d’abord avant de discuter. Ils auraient eu le droit, ensuite, de participer, comme des vedettes célébrées et sacrées, à des émissions télévisées où seuls peut-être Eric Zemmour et Frédéric Lefebvre auraient osé, mais du bout des lèvres, les contredire. Consacrés comme les nouveaux humanistes du monde du travail, ils auraient attendu avec confiance le jugement du tribunal correctionnel, à supposer que la justice les ait poursuivis. Une décision trop sévère ? A nouveau le recours aux hurlements et indignations médiatiques plus le soutien de quelques personnalités politiques spécialisées dans la réparation des dégâts. En appel, aucun problème. Le temps a passé, ce n’était qu’un saccage et il convient que le judiciaire perçoive ses limites. L’Etat de droit, d’accord, mais la politique a ses droits aussi, non ? Ils auraient été condamnés à de dérisoires peines d’amende. Pas de doute, les Conti, eux, ont su y faire !
Ils sont vraiment nuls, ces profs. Il leur suffisait d’imiter.
Ils ne l’ont pas fait, ne le feront pas. On les aime pour cela.