jeudi 1er octobre 2009 - par alberto

Silence, on empoisonne…

Bouffez notre poison en silence, telle pourrait être en effet l’injonction lancée vers les associations qui se préoccupent de savoir si les aliments mis à la vente en rayons sont bien exempts de produits pouvant présenter des nuisances pour les consommateurs

Résumé de l’affaire : Cinq ONG européennes, dont le MDGRF, (Mouvement pour les Droits et le Respect des Générations Futures) pour la partie française, ont eu l’outrecuidance de publier les résultats d’analyses de denrées alimentaires dont ils ont eu le culot de les faire analyser par un laboratoire, indépendant, par-dessus le marché.

La première étape de cette enquête concerne les raisins de tables vendus sous 16 enseignes différentes en Italie, France, Pays-Bas, Hongrie, France.

Les résultats montrent que la quasi-totalité (123 sur 124 !) des échantillons analysés, prélevés sur des raisins issus de l’agriculture intensive, contenait des résidus de pesticides bien au-delà des limites maximales « autorisées » mais aussi des résidus de DDT, produit pourtant interdit depuis bien longtemps !

Si la plupart de ces raisins étaient d’origines étrangères, majoritairement de Grèce et d’Italie, (mais aussi du Brésil, d’Espagne, Turquie, Afrique du sud…) 9 de ces échantillons sur 124 étaient toutefois issus de plantations françaises.

Les analyses ont révélé la présence dans certains de ces pesticides de substances particulièrement dangereuses pour la santé des consommateurs, cancérigènes, neurotoxiques, ou perturbateurs endocriniens… Et 20% des échantillons étaient contaminés par 10 ou plus de 10 de ces substances !

Après avoir pris connaissance de ces résultats, qui pourrait penser qu’ils devaient rester au fond des tiroirs ?

Le MDRGF a donc publié fin novembre 2008 les résultats de cette enquête sur son site, ainsi que l’ont fait les différentes ONG européennes.

La publication de cette enquête a cependant eu l’heur de fâcher certains : en effet par voie de presse le MDGRF apprend fin janvier 2009 qu’une Fédération Nationale des Producteurs de Raisin de Table (FNPRT) vient de tenir une conférence de presse avec son avocat pour annoncer qu’il ont décidé d’assigner en justice le MDGRF, pour avoir, selon eux, « dénigré » le raisin de table !

C’est ainsi qu’une assignation datée du 2 février devant le tribunal de grande instance de Paris a été transmise au MDGRF, la partie plaignante ne demandant pas moins de 500.000€, la publication du jugement dans au moins dix médias nationaux, (car bien entendu sûrs d’un jugement favorable à n’en pas douter !) et, surtout, la suppression du dossier de l’enquête sur le site internet du MGDRF.

Derrière cette assignation, c’est bien évidemment la peau du MDGRF que l’on veut, et l’on peut deviner que toute une machinerie frico-politique va s’organiser pour rayer de la carte cette association qui a l’outrecuidance par ses alertes vers le consommateur, de perturber le courant bien établi des flots de pognon d’une filière qui demandait qu’à perdurer.

Cette affaire n’est cependant pas si anodine qu’elle pourrait sembler, quoique pour ma part j’ai toujours tenu pour grave le fait de cacher aux consommateurs les substances nuisibles pouvant accompagner les produits alimentaires ou autres.

Le problème qu’il y a derrière cette affaire, dans une république ou l’on souhaite dépénaliser le droit des affaires, ou des petits amendements aux lois sont introduits en douce le soir quand l’Assemblée roupille, c’est que cette attaque s’inscrit dans une stratégie internationale de lutte pour contrer les manifestations de mobilisations citoyennes.

En effet, depuis plusieurs années, aux Etats-Unis, mais aussi au Canada, des « poursuite baillons », ou SLAPP (Stratégic Lawsuit Public Participation), sont entreprises pour faire taire la libre expression des citoyens. 

Ces poursuites sont bien entendu diligentées contre les groupes communautaires, des consommateurs ou des citoyens qui critiquent publiquement les produits ou services ou plaident pour un changement quelconque de l’ordre établi.

Conclusion évidente : but de ces assignations étant de ruiner financièrement les associations de citoyens ou de les dissuader d’agir.

Alors, pour le MGDRF, SLAPP or not ?

Affaire à suivre…



25 réactions


  • alberto alberto 1er octobre 2009 12:45

    Cet article reprend une info publiée par la revue mensuelle et gratuite : Biocontact

    Bien à vous.


  • ZEN ZEN 1er octobre 2009 12:53

    Bonjour Alberto
    Pertinent rappel
    C’est décidé, j’arrête le gros rouge !


  • Francis, agnotologue JL 1er octobre 2009 13:38

    Merci pour cette info.

    Si l’on compare aux OGM : la position des lobbies est de dire que personne n’a démontré la dangerosité de leurs produits. Et pour cause : quand quelqu’un s’y essaie, ils lui brisent les reins !


    • alberto alberto 1er octobre 2009 15:49

      Bien vu, JL,

      Pour saint Luc « le malheur s’abat sur celui qui cause le scandale ».

      Aujourd’hui, le malheur s’abat sur celui qui dénonce le scandale...

      Bien à toi.


  • foufouille foufouille 1er octobre 2009 13:55

    ca montre bien que la dictature est proche
    toutefois les assos qui defendent les citoyens contre la caste d’en haut et ses larbins connait ce probleme depuis longtemps
    en pratique, il suffit de fouiller dans les textes de lois qui protegent les citoyens pour voir que ceux ci ne sont pas applique
    le bureaucrate estime en general que vu qu’il est pas concerne ........

    c’est comme qu’on peut voir de la viande verte dans certains super


    • alberto alberto 1er octobre 2009 15:55

      Oui, fourfouille, ça commence par une dictature molle, et puis peu à peu...
      Ce que je veux montrer, c’est que tout ça semble avoir été initialisé depuis les « Chicago-boys » puis mi en musique par la bande à Bush et commence à se répandre dans le monde dit libre !

      Bien à toi. 


    • TSS 2 octobre 2009 10:23

      actuellement nous sommes dans ce que l’on appelle « une dictature constitutionnelle »  !!

      toutes lois ou décrets liberticides sont écrits et tournés de telle façon qu’ils soient toujours

      conforme à la constitution donc légaux  ! mais il n’empêche que la cloture qui nous entoure se

       rétrecit tous les jours... !!


  • Surveyor SURVEYOR 1er octobre 2009 14:07

    La logique continue.......


  • LE CHAT LE CHAT 1er octobre 2009 14:33

    merci Alberto pour ce rappel , aux States comme en Europe les lobbies intriguent auprès des politiques pour nous imposer la malbouffe ! bientôt des poursuites pour ceux qui sur Agoravox n’admireront pas béatement les OGM de Monsanto et les pesticides de Dupont de Nemours ?


  • alberto alberto 1er octobre 2009 16:04

    Oui, LE CHAT, sais-tu qu’aux States mais peut-être bientôt en Europe, il est interdit de spécifier sur l’étiquette d’un produit :« produit élaboré sans utilisation d’OGM » ! Ceci évidemment afin d’éviter d’éventuels boycotts de la part d’enfoirés dans mon genre qui n’apprécient pas qu’on leur fasse bouffer n’importe quelle saloperie. D’ailleurs, j’ai observé mon chat, y fait pareil, humant longuement le parfum de la marchandise avant de se l’envoyer !

    Bien à toi 


  • Lisa SION 2 Lisa SION 2 1er octobre 2009 16:39

    Bonjour Alberto,

    Chez nous, aux Etats Unis d’Europe, unis avec les lois de notre modèle transatlantique, nous devons une à une, subir la disparition de quantité de nos spécialités locales jugées insane chez eux, mais défendues encore chez les gastronomes qui nous gouvernent. En effet, beaucoup de toqués du Michelin ramassent dans les champs des herbes qui font leur notoriété et qu’ils revendent illico à un prix exorbitant en toute impunité et sans le moindre contrôle.

    Les nouvelles normes européennes ont mis à terre des quantités de petits producteurs de fromages entièrement bio et de qualité au dessus de tout ce qu’on peut trouver sur le marché afin de nous faire bifurquer sur l’hyper du coin où l’on trouve que des erzatz infâme. J’ai même remarqué à je ne sais plus quelle occasion que tout le contenu d’un pourtant bien paré plateau de fromage, avait pratiquement le même goût, et proche de la vache qui rit...

    Notre dernier espoir est entre les mains de José Bové, notre Astérix si bien nourri dont nous pourrions être la potion magique morale. Merci de relever cette info de plus dans le panier des disparitions de droits citoyens.


    • alberto alberto 1er octobre 2009 17:25

      Je te suis (du verbe suivre) Lisa !

      Ça a commencé avec l’OMC qui a dicté les nouveaux commandements de l’ordre mondial sur ce que l’on devait vendre et comment le fabriquer, et qui aujourd’hui retombe en pluie fine jusque dans nos assiettes sur ce que l’on à ou non le droit de se servir à table.

      Déjà que les amateurs de fromages au lait cru sont des délinquants en devenir !

      Oui, José Bové montre l’exemple : résistons !

      Bien à toi.


  • Ramila Parks Ramila Parks 1er octobre 2009 16:48

    500 000 euros et dix publications dans les médias !!!
    vous avez raison, ils sont sûrs de leurs coups, on se demande pourquoi c’est à ce point...

    Merci pour toutes ces infos+++


    • alberto alberto 1er octobre 2009 17:30

      C’est bien ce qui est inquiétant, Ramila, c’est cette certitude que la justice leur donnera raison : souhaitons qu’il y ait encore quelques juges indépendants par les temps qui courent...

      Bien à toi.


  • Kamilla Kamilla 1er octobre 2009 17:10

    Alors là ça ne m’étonne pas du tout que les lobbies de l’agro-business essaient de plomber cette étude. Ils sont les mieux placés pour savoir que la plupart de leurs fruits et légumes contiennent des produits nocifs, suite aux traitements phytosanitaires à haute dose. Si ça pouvait ne pas trop se savoir ça les arrangerait beaucoup...
    Dans un supermarché si vous passez de l’étal raisin de table au rayon herbicides-engrais-pesticides, vous retrouvez exactement la même odeur tout à fait désagréable. 
    Pour manger ces raisins il faut carrément nettoyer les grains un par un et encore on a l’impression de s’empoisonner à chaque raisin mis en bouche... Et en plus au bout de 3 jours la moitié des raisins qui restent est pourrie. 
    Je suis passée dernièrement au bio pour les fruits et légumes ; les dernières grappes de raisin achetées sentaient.... le raisin (pas les produits phytosanitaires) et en plus d’avoir très bon goût, ce qu’il en reste au bout d’une semaine n’est pas du tout attaqué par la pourriture... 

    Merci pour l’info, en tout cas.


  • alberto alberto 1er octobre 2009 17:38

    C’est vrai, Kamilla, il y a eu cette étude faite sur les raisins, mais la même étude faite sur les pommes, les fraises, ou les oranges aurait donné, j’en suis sûr, les mêmes résultats !

    C’est vrai aussi que les fruits et légumes certifiés bio sont une solution...tant qu’on les tolèrent !

    Bien à toi.


  • prolapsus 1er octobre 2009 19:25

    Heureusement que les industriels ne peuvent nous forcer à acheter ces poisons, quoique avec la raréfaction de l’offre qualitative on y arrive peu à peu.

    Les consommateurs que nous sommes tous sont de plus en plus regardant quand à la qualité de la nourriture et malgré les combines légales (mais pas morales) et les pièges qui nous sont tendus, si nous consommons bio et local en masse, l’industrie se pliera au mouvement.

    Il faut avoir déjà savouré des fruits et légumes (des vrais) pour être en mesure de faire la différence. Dans ce sens les nouvelles générations sont défavorisées car elles naissent dans un environnement ou les produits de la terre ont un goût et une odeur de plastique régurgité.

    C’est un peu le rôle des anciens qui connaissent le goût des bonnes choses de faire leur éducation et de transmettre leurs savoirs (exemple de Pierre Rabhi et son oeuvre en Afrique et dans le reste du monde).

    Pour ce qui est des semences originales d’antan dont la plupart ont quasiment disparues de la circulation (à part peut-être dans l’arche du jugement dernier ou de joyeux philanthropes ont investi), je crois qu’il y a des associations comme Kokopelli qui diffusent des variétés autrement introuvables. Cependant, ces structures doivent batailler ferme contre des aberrations légales qui transforment de simples graines, des produits bons pour notre santé en substances illégales et interdites.

    Le mieux que l’on puisse faire au niveau individuel est de les soutenir, sinon nos belles paroles n’auront pas grande valeur si elles restent au niveau du discours.


  • alberto alberto 1er octobre 2009 20:10

    Cher Prolapsus

    Pour ce qui est des procès, Kokopelli a déjà donné !

    D’ailleurs, les attaques contre Kokopelli s’inscrivent dans le sujet de cet article : laisser à l’industrie agro-alimentaire et d’une manière générale à la machine à générer le pognon toute latitude à générer le pognon quoiqu’il advienne au mépris de la santé du consommateur.

    Bien à toi.


  • pascal 1er octobre 2009 23:09

    Bon article et merci d’en parler.


  • gnaume 2 octobre 2009 09:01

    voir « Le bien commun : l’assaut final » : édifiant !
    Sans oublier : « le monde selon monsanto »

    Bel article merci.


  • TSS 2 octobre 2009 10:02

    Arrive le temps béni des pommes ,les belles pommes bien luisantes des hyper avec leurs

     17 traitements en moyenne qui penetrent jusqu’à 4/5 mm à l’interieur mais quelle importance

    ,elles ont toutes la même grosseur ,un goût de« flotte » mais surtout elles BRILLENT !!


  • sheeldon 2 octobre 2009 10:26

    bonjour

    bon article , il y a aussi l’affaire kokopelli , de nos jours il est plus facile de faire une centrale nucléaire que de distribuer des graines bio !

    cordialement


  • jack mandon jack mandon 15 novembre 2009 11:44

    @ Alberto
    Merci au défenseur du naturel épris de jardinage et de nature.
    Les informations circulent, les gens s’accrochent à la vie
    et sont aujourd’hui concernés plus qu’hier.
    Regardez à l’époque de notre enfance...c’était hier,
    les jardiniers utilisaient des produits d’une rare violence,
    proscrits maintenant comme la peste.
    La seule différence, nous n’en avions pas conscience.
    Maintenant, l’information est criante et spectaculaire,
    nous sommes comme vous concernés

    Merci pour la lumière


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